𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟓

Le match contre Nose fut remporté par Raimon, deux à un. Les suivants permirent à Raimon de s'approcher un peu plus des phases finales. Il ne restait désormais plus que trois matchs à jouer. Raimon contre la Teikoku Gakuen, et Occult contre Shuuyou Meito, puis le match final.

« Minna, on y est presque ! Jouons et amusons nous avec la Teikoku !

— Raimon contre Teikoku, hein... Les gens vont se lasser, au bout d'un moment, fit Kidou.

— On sait tous que tu as hâte de jouer contre Sakuma, glissa Matsuno.

— Et s'ils perdent, tu iras le réconforter, hein ? Renchérit Handa.

— Je vous interdis d'insinuer quoique ce soit ! Répliqua le stratège, rouge de gêne.

— Il va falloir que je fasse un nouvel article... "Les joueurs de football du Japon, tous des LGBT+" !

— Haruna !! »

Kana roula des yeux. La scène devant elle ne l'intéressait pas vraiment. Elle rangea ses affaires, et sortit du local de football. Elle jeta un œil à son téléphone portable, et décida de rentrer. Elle ouvrit la porte de chez elle à vingt heures, et sourit en voyant le visage de son père. Il l'accueilla en lui demandant si tout allait bien à l'école, dans le club de foot. Sa réponse fut toujours la même. Un oui. Même si ce n'était qu'à moitié vrai.

Chaque matin, elle avait peur d'arriver au club, elle avait peur de voir sur leurs visages qu'ils savaient. Elle avait peur de se faire à nouveau mettre de côté.

« Demain, on joue contre la Teikoku Gakuen ! Fit-elle, se sortant de ses pensées.

— C'est vrai ? C'est super, ça !

— Ouais ! Encore deux matchs et on est en phases finales !

— Je suis fier de toi, ma chérie. »

Il lui caressa la tête doucement, avant de poser un baiser sur son front. Après leur repas, Kana entra dans sa chambre pour faire ses devoirs et réviser un peu. Elle tomba sur son lit vers vingt-deux heures, se promenant sur Internet. Elle n'avait qu'un seul message.

La Hanaaka sourit devant son portable. Elle espérait que son entraînement porte ses fruits et qu'elle puisse se hisser au même niveau que les autres joueurs. Elle posa son téléphone. Ils n'avaient pas l'air trop méchants à Raimon. Même s'ils savaient, peut-être que grâce à Endou, ils ne la mettraient pas de côté ?

Elle se fourra sous sa couverture, préférant ne plus y penser.

◤❦◢

« BORDEL DE MERDE ! »

Une tornade rousse passa dans le couloir. L'adulte l'observa passer, prêt. Et elle qui avait assuré qu'elle serait à l'heure.

« Enfoiré de réveil de mes couilles !

— Il n'a pas sonné ?

— Bah non ! Pile le jour où j'ai match ! Mais quand j'ai cours d'art à huit heures, là il sonne, bizarrement !

— Au fait, ma chérie, je dois te rappeler que tu n'as malheureusement pas de testicules.

— Mes couilles sur le front de Kidou, ça fait des Kinder sur-prise. »

Kana sortit de la salle de bain, absolument pas coiffée, mais en tenue. Son père pouffa, et ils partirent.

« Merci p'pa. Je t'adore. »

Arrivés devant la Teikoku, Kana courut jusqu'au vestiaire. Elle avait à peine raté dix minutes de match. Elle arriva auprès du coach, des manageuses et des remplaçants, épuisée.

« Kana ! On se demandait où tu étais ! Lâcha Aki.

— Désolée... Panne de réveil.

— Ça se voit, fit Shishido en pouffant.

— Est-ce-que je m'échauffe, coach ?

— Pas besoin. Tu ne rentres pas.

— En seconde mi-temps ?

— Aujourd'hui, tu es sur le banc. »

Kana se tut. Comment ça, elle restait sur le banc ? Elle était pourtant titulaire !

« Coach, pourquoi ? Juste à cause de mon retard ?

— Ne cherche pas de raison. Si je dis que tu es sur le banc, c'est que tu es sur le banc. Maintenant va t'asseoir. »

Elle déglutit, cherchant à répliquer quelque chose, mais vaincue, elle préféra s'asseoir aux côtés des remplaçants. Elle s'était entraînée dur ces derniers jours, alors pourquoi ? Quelle faute avait-elle commise ? Son regard dévia sur le score du match ; un partout. Ça lui faisait mal, mal de voir que eux jouaient et pas elle. L'arbitre siffla une touche. Elle observa les joueurs adversaires, qui semblaient eux aussi s'amuser.

Elle vit Fudou s'essuyer le front. Il tourna la tête vers elle, lui lançant un regard qui semblait vouloir dire « Qu'est-ce que tu fous sur le banc ? ». Il finit par sourire, sans doute amusé.

« Je croyais que tu devais me mettre une raclée... »

Kana serra les poings. Elle voulait jouer. Lui faire ravaler son regard arrogant. La première mi-temps se finit sur le un partout. Endou s'approcha de la joueuse.

« Ça a pas l'air d'aller !

— Tout va bien, capitaine. Je suis juste déçue de ne pas pouvoir jouer avec vous.

— Coach, vous la punissez parce qu'elle a du retard ? Demanda Gouenji.

— Je suis perplexe, moi aussi. Expliquez-nous, renchérit Kidou.

— Y-a-t-il une bonne raison ? »

Kudou fixa Ichinose quelques minutes avant de lever les yeux vers la Hanaaka.

« Disons que tant qu'elle jouera comme elle le fait, elle ne retournera pas sur le terrain.

— Je comprends rien... Souffla Kurimasu.

— Moi non plus... Kana a fait un truc de mal ?

— Ma manière de jouer ? »

Kidou but une gorgée d'eau. D'après les observations de sa sœur, elle avait un jeu agressif, semblable à celui de Fudou. Mais vu comment la Teikoku jouait, son comportement passerait inaperçu. Donc ce n'était pas ça qui posait problème au coach.

« Retournez sur le terrain, le match va reprendre.

— Bonne chance ! Et ne perdez pas, surtout ! » Fit Natsumi.

Endou, Kidou, Gouenji, Someoka, Domon, Ichinose, Kabeyama, Kurimasu, Matsuno, Handa et Tobitaka entrèrent sur le terrain, face à la Teikoku Gakuen.

« Z'êtes prêts les gars ? On va passer les qualif's, cette année !

— Ouais ! On va y arriver ! Acquiesça Sakuma.

— Je te rappelle que si on perd, tu me dois mille yen ! Lança Sakiyama.

— Ouais ouais, c'est ça. Bon, on y va ?»

Le coup de sifflet retentit. Kana fixait le terrain. Les actions. Les techniques. Les passes, les tirs. Qu'est-ce qui n'allait pas chez elle ? Qu'est-ce qu'elle faisait sur le banc ? Elle voulait jouer. Elle serra les poings, regardant le match de sa place. La Teikoku marqua vers le milieu de la seconde mi-temps. Endou sourit en récupérant le ballon. Kana se leva tout à coup, et se dirigea vers le coach.

« Coach, laissez-moi entrer sur le terrain.

— Pourquoi devrais-je te faire cet honneur ?

— Pour que je puisse jouer avec mes camarades et m'amuser avec eux.

— Pourquoi joues-tu, Hanaaka ?

— Parce que je veux m'amuser ! J'aime le football, et je veux jouer avec mes camarades ! »

Jamais elle n'aurait cru dire ça un jour. C'était donc ça, Raimon. Kudou leva la main pour demander un changement de joueur.

« Va. Et amuse-toi. La vengeance n'a pas lieu d'être.

— Coach... »

Elle hocha la tête et courut jusqu'à l'entrée du terrain. Handa s'approcha, et lui présenta sa main, levée.

« Fais-nous gagner, Kana.

— Compte sur moi ! » répondit-elle en frappant sa main contre la sienne.

La rousse posa enfin les pieds sur le terrain de la Teikoku. Fudou, amusé, lança :

« Eh bah c'est pas trop tôt !

— Désolée. Tu sais bien que les filles se font toujours attendre. »

Le brun leva les yeux au ciel. La Hanaaka se tourna vers Kidou et Ichinose, avant de leur sourire.

« Je ne sais pas comment tu as fait pour le convaincre, mais bienvenue dans le match !

— Merci, Ichinose. Je peux prendre ta place sur l'aile droite ?

— Aucun souci ! »

Le magicien du terrain lui sourit, et le match reprit une dizaine de secondes plus tard. Sakuma leva les yeux vers Endou et ses cages. Il devait marquer un autre but, pour être sûr de passer les qualifications.

« Jimon, Fudou ! On va aller en marquer un autre !

— Je te suis !

— Ouais, moi aussi. »

Kana vit les joueurs se diriger vers l'aile gauche. Elle fit quelques pas en direction de Domon, et lorsqu'il eut le ballon, elle lui vola. Le ballon entre ses pieds, elle courut vers les cages adverses, suivie par Someoka.

« Sakiyama ! »

L'intéressé tenta sa chance, mais Kana réussit – de peu – à passer le vert, et faire la passe à Someoka. Le rose tira en direction de Genda, et à peu de chose près, égalisa. Endou félicita l'équipe depuis ses cages.

« Alors, Zombie ? Contente ? »

Elle leva les yeux vers Fudou, puis lui sourit.

« Ouais. Très même. Je me suis jamais autant amusée. »

Elle se surprit elle-même à dire cela. Pour une fois, elle n'avait pas menti. Ni à Kudou, ni à Fudou. Elle repartit vers son poste, plus déterminée que jamais. La reprise débuta entre les pieds de Sakuma, qui fit une passe en arrière. Fudou sourit.

« Bon, on a un match à gagner. »

Il s'élança avec les deux attaquants. Il dribbla Gouenji, fit la passe à Sakuma, qui se retrouva devant Kidou. Ils se disputèrent le ballon quelques secondes, avant qu'il ne soit récupéré par Fudou. Kana se dressa sur sa route. Il sourit et lui lança le ballon au niveau du torse, avant de venir taper dans celui-ci pour l'éloigner, puis, il continua sa route.

« Putain, l'enfoiré... » Souffla la rousse en passant une main sur son diaphragme.

Elle se redressa et repartit à l'attaque. Tobitaka récupéra le ballon détenu par Sakuma, et le dégagea. Il atterrit dans les pieds de Kidou, puis ceux de Kana, démarquée. Cette fois, Fudou apparût devant elle. Elle lui envoya le ballon, et sans vraiment réfléchir, elle exécuta la même technique que Fudou quelques minutes plus tôt. Elle continua d'avancer, fit la passe à Ichinose, qui l'envoya ensuite à Gouenji, devant les cages.

A quelques secondes de la fin, Raimon marqua son troisième but.

« On a gagné !! Cria Endou. Bravo tout le monde, vous avez bien joué ! »

Kidou lâcha un soupir de satisfaction, avant de se tourner vers Sakuma. Ils semblaient avoir une discussion un peu gênante. Kana s'approcha de Fudou, souriant doucement.

« Je t'avais dit que je te mettrais une raclée.

— Tss... J'ai perdu de la thune, à cause de toi, rétorqua le brun, les bras croisés au dessus de sa tête.

— Et tu m'as presque brisé les côtes.

— Dit-elle alors qu'elle a fait pareil cinq minutes après.

— Ça va ! J'avais pas d'autre idée ! Se défendit-elle.

— Ton coup était un peu mou, quand même. Mais bien joué, pour une première fois.

— Merci, Fudou. »

Il lui tendit sa main en souriant.

« Va jusqu'en finale. Et si tu croises la Drag Queen, fais-lui un kiss de ma part.

— Sur la bouche ?

— Même pas cap.

— Excuse-moi, mais il me semble que Afuro est trop narcissique pour se laisser embrasser.

— C'est pas faux. »

Kana glissa sa main dans celle de Fudou. Il la tira à lui, pour murmurer quelques phrases à son oreille. Son sourire s'évanouit.

« Quoi ?

— Fais gaffe à toi. Faites gaffe à vous, même. »

Fudou passa une main dans les cheveux de la rousse avant de rejoindre son équipe. Elle resta là quelques secondes, éberluée. Si il disait vrai...

« Kana ! Tu viens ?

— Oui, pardon ! »

Elle courut vers Matsuno, ayant repris ses esprits. Elle chercha Tobitaka du regard. Et quand elle le trouva, elle le vit sur son visage. Lui aussi était au courant de ce qu'il se passait dans les rues d'Inazuma.

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