𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐

Le tournoi Football Frontier Inter-Lycées (abrégé en FFIL), organisé pour la première fois cette année, était un peu comme le Football Frontier, mais pour les jeunes adultes entre quinze et dix-neuf ans. La seule chose qui changeait, par rapport au FF, c'était que le FFIL laissait jouer les filles.

Et ça arrangeait Kana.

« Minna ! C'est l'heure de l'entraînement !

— Décidément, il est en forme... Rit Gouenji doucement.

— Et après je m'étonne de le voir dormir en cours.

— Tiens donc ? Hanaaka, c'est rare que tu viennes aux entraînements matinaux, dit Kidou, un sourire aux lèvres. Tu as renoncé à dormir ?

— C'est parce que j'ai envie de jouer avec vous au football ! Et puis le FFIL approche ! Je compte bien participer, moi aussi ! »

Premier mensonge de la journée. Ça commençait bien. Endou, ravi de voir la joueuse, l'invita à s'entraîner au tir.

« D'accord ! Et après, je m'entraînerai aux dribbles ! Tu voudras bien faire avec moi, Kidou ?

— Pourquoi pas ? Après tout, je ne veux pas me faire prendre ma place de titulaire en tant que milieu. »

Kana fit un grand sourire bien niais, avant de prendre un ballon. Les autres membres de l'équipe s'entraînaient eux aussi sur le terrain de football du lycée, et les manageuses avaient l'air de se geler. Cette journée s'annonçait longue et difficile.

◤❀◢

« Hanaaka, tu seras responsable de la salle après les cours. »

Très longue. Cette journée s'annonçait très longue. Les cours débutèrent. Endou somnolait à son bureau. Gouenji, lui, suivait attentivement le cours. La voisine de Kana, la brunette de la veille, lui parlait. Elle n'avait sans doute pas vu que la rouge ne l'écoutait pas. Elle n'écoutait même pas le cours, à vrai dire. Elle tourna la tête vers la droite, où se trouvait le mur. Elle aurait bien voulu se mettre près de la fenêtre, mais sa voisine l'avait traînée de force ici.

Elle aurait voulu avoir la vue sur l'extérieur, plutôt que sur des "JTM SHINAGAWA" ou des dessins de parties génitales masculines. La pause arriva finalement. Cette heure lui avait semblé bien longue.

« Hanaaka-chan, Hanaaka-chan ! »

Et elle repartait. Cette fille était inarrêtable. Cette fois, elle parlait de son petit ami. Un certain Totsuki. Kana sourit, l'écoutant à contrecœur. Elle n'en avait pas envie. Elle avait envie de l'étrangler. Elle voulait qu'elle arrête de parler, de lui poser des questions. Elle se leva tout à coup, haletante.

« Hanaaka-chan... ? »

Elle ne répondit pas. Elle courut en dehors de la classe. Elle descendit les escaliers rapidement, et arriva enfin dehors. Elle inspire. Expire. Inspire. Expire. Et enfin, le calme à nouveau. Ses mains tremblaient. Tant pis. Il fallait juste qu'elle tienne encore un peu. Une dizaine d'heures. Elle retourna en cours avec un peu de retard, le teint plus livide que d'habitude.

◤❀◢

Le dernier cours de la journée se termina enfin. Les élèves saluèrent le professeur, et partirent dans leurs clubs respectifs. Kana alla prendre un balai, lorsque ses affaires furent rangées. Son camarade responsable ne semblait pas être resté. Elle rangerait et nettoierait seule. Elle soupira à cette idée. Elle ne dénoncerait pas le sécheur. Cela ne servirait à rien.

« Tu es Hanaaka Kana ? »

La jeune fille releva la tête, puis retourna son corps vers la porte.

« C'est moi.

— Le principal te demande dans son bureau, dit un garçon qu'elle ne connaissait pas. Je vais prendre ta place.

— Ah, d'accord ! Merci beaucoup ! »

Le garçon inconnu sourit. Il lui prit le balai et la laissa partir. Elle sortit de la salle. Il lui fallut environ cinq minutes pour atteindre le bureau de M. Raimon, le père de Natsumi. Elle toqua une fois devant, et poussa la porte au "entrez".

« Vous vouliez me voir, Raimon-san ?

— C'est à propos du FFIL. Raimon va y participer, je sais. Mais toi, joueras-tu ?

— Oui. Je ne demande qu'à jouer aux côtés de mes coéquipiers.

— Très bien. Tu peux te le permettre, avec tes notes actuelles. Voudrais-tu que tes professeurs t'envoient les cours que tu rateras ?

— Oui, s'il vous plaît.

— Très bien. Le premier match des préliminaires se déroulera samedi.

— Samedi ? Très bien. Nous devrons reporter notre match amical.

— Vous affronterez le lycée Mikage Sennou. Je compte sur toi pour en informer Endou-kun et les autres membres.

— Vous pouvez compter sur moi. Sur ce, veuillez m'excuser. »

Elle se courba quelques secondes, puis partit. Elle courut d'une manière cliché jusqu'au terrain de la rivière, ne voyant personne sur le terrain sur lycée, et interpella les joueurs avec un grand sourire :

« Les gars ! J'ai une super nouvelle !  »

Son sourire bien trop niais disparut. Elle se désespérait elle-même. Endou s'approcha de Kana, lui demandant ce qu'était la nouvelle. Elle lui fit un résumé de l'entrevue qu'elle avait eu avec M. Raimon. 

« MAIS C'EST TROP BIEN !

— Tu vas enfin jouer avec nous dans un vrai match, Hanaaka.

— Attention, Kidou. Si ça se trouve, je vais être titulaire et pas toi. »

L'adolescent aux dreadlocks, amusé, sourit. Il lui rétorqua que ça l'étonnerait. L'entraînement commença sous un "SAKKA YAROUZEE" de la part du capitaine, et les rires des manageuses.

« Voyons si tu arrives à me dribbler, aujourd'hui, fit Kidou, sûr de lui.

— J'ai le droit d'être nulle en dribble !

— Tu n'es pas nulle. Enfin, juste contre moi.

— Je vais te faire ravaler tes paroles, Kidou Yuuto. »

Kana lui laissa le ballon. Elle s'élança vers lui, déterminée à lui montrer que l'entraînement porterait ses fruits. Kidou, toujours aussi adroit de ses pieds, réussit à la dribbler. Une fois. Deux fois. A la troisième, la jeune Hanaaka tomba au sol.

« Déjà fini ?

— J'ai pas dit mon dernier mot ! »

Endou se pencha vers Kana, allongée au sol, reprenant son souffle.

« Ça va aller ?

— Où est Kidou ?

— Je suis là, je t'attends.

— Aide-moi, capitaine... »

Endou lui sourit, avant de l'aider à se relever. Elle le remercia, puis fixa le stratège de Raimon. Il souriait. Comme s'il la mettait à l'épreuve.

« Très bien... »

Elle courut vers Kidou, s'arrêtant juste devant lui pour essayer de dégager le ballon. Sa pointe de pied tapa le ballon, le faisant reculer.

« Ne bouge plus ! »

Et en même temps qu'elle parlait, d'étranges poupées entourèrent la tête de Kidou, comme si elles flottaient. Elles se mirent à rire, déconcentrant le joueur. Il recula d'un pas et tomba au sol. Les poupées disparurent. Kana écarquilla les yeux. Et à vrai dire, elle n'était pas la seule.

« C'était... Une technique ?

— J'ai fait une technique ? Souffla Kana.

— Trop bien ! Tu as ta technique, maintenant ! » S'exclama Endou.

La rouge aida son coéquipier à se redresser. Il se frotta la nuque, encore un peu décontenancé par ce qu'il lui était arrivé.

« C'était des poupées vaudou, je crois.

— Hein ?

— Autour de moi. C'est malin, je vais faire des cauchemars ! Fit Kidou, ironiquement.

— Des poupées vaudou, hein ? Répéta Megane, replaçant ses lunettes. Cette technique s'appellera donc "Ningyou wodou"* !

— La simplicité à l'état pur, souffla Natsumi.

— Moi, je trouve ce nom super ! Lâcha Haruna.

— Attention, tu vas gonfler son égo. » ricana Domon.

L'entraînement se poursuivit après un fou rire collectif. Domon et Ichinose partirent les premiers de l'entraînement du soir, avec Aki ; Natsumi et Gouenji suivirent, avec la majorité du club. Il ne resta que Endou, Tobitaka, Toramaru et Kana.

« Ahh... J'ai hâte d'être l'an prochain pour rejoindre le club de football du lycée ! Lâcha Toramaru.

— Pfiou... Je n'en peux plus... Ajouta Tobitaka. Va falloir y aller.

— Mais il est à peine vingt et une heure ! Râla Endou.

— Quoi ?! S'exclama Toramaru. Il faut absolument que je rentre aider ma mère !

— Je ne vais pas tarder non plus, fit Kana. Désolée, capitaine.

— Bah, ce n'est rien. Tu as fait pas mal de progrès, Kana, aujourd'hui !

— Merci ! »

Endou Mamoru était sans doute le seul à lui donner des compliments sincères. Il était un peu crédule, mais sans cela, il ne serait plus Endou Mamoru. Toramaru partit finalement, suivi par le capitaine. Tobitaka et Hanaaka se fixèrent de longues minutes, sur le terrain, une fois leurs affaires rangées.

« On m'a rapporté les différents incidents qui ont eu lieu. C'est toi, n'est-ce pas ?

— Ce sont eux qui ont commencé.

— Commencé quoi, Kana ?! Ils ont dû avoir les boules que plusieurs membres aient été attaqués en pleine nuit ! Mais qui a commencé réellement ?!

— C'est pour ça que tu as traîné, ce soir, boss ?

— Ne prends pas cet air avec moi. Tu as abdiqué. Tu as laissé ta place de boss vacante. Si ce n'était pas le bordel dans le groupe, je ne serais pas revenu. Je m'étais juré de mettre de la distance entre eux et moi, mais...

— Tobitaka. »

Le lampadaire jaunâtre éclaircissait la jeune fille, en survêtement du lycée Raimon. Elle finit par sourire. Pas d'une manière cliché pour séduire un Senpai ou quelqu'un d'autre. Non. Un vrai sourire. Mystérieux et effrayant à la fois. Exactement comme la lueur dans ces yeux à cet instant, qui fit déglutir Tobitaka.

« Tant que je n'aurai pas eu ce que je veux, je ne suis pas près de m'arrêter. »

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