𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏

Non. Non, elle n'allait pas venir. Elle refusait de se mêler à ce tas d'élèves plus hypocrites les uns que les autres. Mais elle n'avait pas le choix. Son amie la tira, la forçant à entrer dans la queue pour accéder à la cantine. Son amie ? Pas vraiment. Plutôt une camarade de classe. Une camarade de classe plutôt collante. Elle s'extasiait sur le menu du jour, alors qu'au fond, elle n'en avait sans doute rien à faire.

Elle pensait à son bento, dans son sac, qu'elle aurait bien voulu manger au stade près de la rivière, sur l'herbe. Pour une fois que son professeur de mathématiques était absent. Les deux jeunes filles entrèrent dans la cantine. L'une parlait sans s'arrêter, et l'autre l'écoutait – ou du moins faisait semblant. Elles prirent un plateau, le plat du jour, et allèrent trouver une table.

« Bah, t'as presque rien pris, Hanaaka-chan ! »

Ladite Hanaaka baissa les yeux vers son plateau. Il n'y avait qu'une banane et un yaourt nature, avec un petit pain. Elle posa son sac de cours au sol et prit place.

« Faut que je me bouge de manger, je compte aller travailler à la bibliothèque, avant de reprendre les cours. »

C'était au moins le dixième mensonge de la journée. Mais sa camarade ne semblait pas l'avoir décelé, car elle répondit :

« Dommage, j'avais une heure de libre ! »

Et moi j'en ai deux, pensa-t-elle, esquissant un sourire. Elle ajouta que ce serait pour une autre fois. Elle engloutit son yaourt, et fourra sa banane dans son sac. Son pain, lui, resta sur son plateau. Elle le mangerait en sortant.

« A plus. »

Son sac sur l'épaule et le plateau entre ses mains, elle ne put souffler qu'au bout d'un mètre ou deux. Une fois son plateau débarrassé, elle avança d'un pas rapide vers le portail, son petit pain entre ses lèvres. Elle ne prit pas la peine de saluer ceux qui lui lançaient un "salut". Au portail, un surveillant vérifia son emploi du temps et la laissa passer. Elle était libre.

« Tiens, tiens, regardez qui voilà. »

La rousse tourna la tête vers Tobitaka — en seconde — avec quelques collégiens, qui se trouvaient un peu plus loin, où on ne pouvait pas les voir. Le plus grand fumait, il en était à la fin de sa clope. Elle s'approcha d'eux.

« Qu'est-ce que vous faites là ?

— On allait partir chercher Toramaru-san au collège Raimon, fit l'un d'eux. On attendait juste le boss.

— Tu veux une clope ?

— Ouais. Mais je ne reste pas. A plus, boss. »

La cigarette entre ses doigts, elle s'éloigna. Il lui fallut une dizaine de minutes avant d'atteindre le stade de football. Elle pouvait enfin commencer son repas.

Assise dans l'herbe, elle regardait deux enfants jouer au football. Elle n'avait pas spécialement envie de les rejoindre. Les regarder lui suffisait. Elle finit son bento, et dès qu'il fut rangé, elle alluma sa cigarette.

« La majorité, c'est à vingt ans, et le droit de fumer aussi, Ketchup. »

Kana se laissa tomber en arrière, sur l'herbe. Elle voyait son interlocuteur à l'envers, ce qui n'était pas plus mal.

« Un souci, McChicken ?

— C'est pas bien d'enfreindre les règles.

— La vie est déjà bien chiante de base, pourquoi rajouter des restrictions ? »

Fudou s'assit près d'elle. Il lui demanda ce qu'elle faisait là.

« J'avais du temps à tuer.

— Ah ouais ? Bah moi aussi. J'peux rester, Zombie ?

— Aucun problème, fauteur de troubles.

— On dit rebelle, putain ! »

Kana rit. Fudou leva les yeux au ciel. Il fixa "Zombie". Il la surnommait comme ça à cause de sa pâleur. On aurait pu croire qu'elle était malade, mais elle allait très bien. Son deuxième surnom, Ketchup, venait de ses cheveux rouges.

« C'est bien, la Teikoku Gakuen ?

— Ça va. »

Kana expira une bouffée de cigarette, avant de l'écraser. Elle se redressa puis reprit ses affaires, sous le regard de Fudou, avant de lui envoyer la banane de midi dans la figure.

« Tiens, c'est cadeau. Je vais faire un tour en ville.

— J't'accompagne, fit Fudou, qui ouvrait déjà le fruit pour le manger.

— Je peux me débrouiller.

— Ouais mais j'ai rien à faire !

— Bah retourne en cours au lieu de sécher. »

Il resta planté là, mâchant le bout de banane dans sa bouche. Mais cinq minutes plus tard, il se mit à la suivre.

◤❀◢

Fudou renvoya un message à Sakuma. Il ne viendrait pas au prochain cours. Il avait suivi Kana, sans pouvoir vraiment la rejoindre. Il voulait savoir où elle allait. Elle se perdait dans les ruelles. Elle jouait comme une enfant à éviter les rainures. Fudou fut se rendre à l'évidence : elle ne faisait que se promener. Alors il s'en alla.

« Madame, vous pouvez nous rendre le ballon ? »

Un ballon de football arriva aux pieds de Kana. Les deux femmes qui étaient aux fenêtres et qui parlaient, jetant quelques regards aux enfants parfois, semblaient être leurs mères. Kana essaya de faire rouler le ballon sur son pied.

« Oups... Je ne suis pas très douée, désolée...

— Ah ! Mais madame, t'as pas fait le Football Frontier ?

— Le Football Frontier ?! » S'exclama l'autre.

Elle leur sourit, puis leur rendit le ballon.

« C'est vrai, j'ai joué au Football Frontier. Vous voulez y participer, vous aussi, n'est-ce pas ?

— Oui ! On veut y aller ! »

Ils ne devaient pas avoir plus de quatre ou cinq ans. Accroupie, elle posa une main sur leurs têtes. Elle n'avait pas vraiment joué. Elle était juste restée sur le banc.

« Va falloir faire des efforts, alors. »

Elle se redressa, et sans un mot de plus, repartit. Elle allait rater son cours si elle était trop en retard.

◤❀◢

« Fire Tornado ! »

Kana arriva au terrain de la rivière, son sac de sport sur l'épaule. Et elle fut aux premières loges pour voir Endou se prendre un ballon enflammé dans la gueule. Elle laissa échapper un petit ricanement, puis descendit les marches.

« Salut, fit-elle.

— Bonsoir, Kana. Prête pour l'entraînement ? Demanda Fuyuka.

— Bien sûr ! »

Les quatre manageuses de l'équipe se trouvaient sur le banc, avec Megane, égal à lui-même. Ils discutaient d'un potentiel match d'entraînement avec une autre équipe.

« OÏÏÏÏ ! Kana ! Tu viens avec nous ? »

La voix enjouée du capitaine de Raimon la fit souffler. Elle n'avait pas eu envie de jouer, mais maintenant, c'était inévitable.

« Salut, Hanaaka, fit Gouenji. Tu sais que tu as ignoré Endou, à midi ?

— Ah ? Désolé, Capitaine !

— C'est rien ! Sakka yarouzee ! »

Toujours la même rengaine. Le même quotidien. Toujours. L'équipe de Raimon reprit l'entraînement jusque tard le soir.

« Ahhh... Capitaine, je sens plus mes genoux... Gémit Max.

— Qu'on ne me parle plus d'entraînement avant demain matin. » renchérit Handa.

Aki leur distribua les gourdes, les laissant s'asseoir sur le sol.

« Que diriez-vous d'un match amical, samedi ? Proposa tout à coup la plus jeune manageuse.

— Otonashi-san, on va bientôt participer au Football Frontier Inter-Lycées... pas besoin d'un...

— ÇA VEUT DIRE QU'ON VA ENCORE AFFRONTER DES EXTRATERRESTRES ?! »

La panique inattendue de Kabeyama déclencha un rire parmi les joueurs. Décidément, même lycéen, il avait peur de... d'à peu près tout, en fait. Kana lâcha un soupir, puis demanda des précisions sur le match. Elle comptait le sécher, de toute façon.

« Nous avons demandé à jouer un match contre l'équipe du lycée Occult. »

Kana releva la tête, puis esquissa un sourire. Finalement, elle viendrait à ce match. Son samedi s'annonçait agité.

◤❀◢




Voilà le chapitre un !

L'histoire se déroule au lycée Raimon, deux ans après la fin de l'anime. Endou, Gouenji, Kidou (fidèle à Raimon) et les autres sont en deuxième année de lycée, tandis que Kabeyama, Kurimasu, Tobitaka et les plus jeunes sont en première année. Toramaru, lui, est en dernière année de collège.

Kana est donc en deuxième année elle aussi. J'espère que ce chapitre vous plaira. Ah, et Fudou est à la Teikoku, en deuxième année aussi, du coup.

Rendez vous le 15 pour le chapitre 2 !

#Historia

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