ᴺᵃᵐʲᵒᵒⁿ ˣ ᴮ.ᴵ - "I'll hold you close in the quiet" 1/2

Romance - Angst - Hurt/Comfort -  🔞


🔓



JE L'AI FAIT PRINCESSE 😭😭😭



Est-ce que je suis obsédée par Han Bin depuis la sortie de son album Waterfall ? Absolument.

C'est pour ça que ce long OS (que j'ai coupé en deux), est né en 2/3 jours, en mode imprévu total. J'ai dû tout mettre de côté pour m'en libérer et j'ai bossé non-stop dessus.

Je finis en pleine nuit, au plutôt, au petit matin, en mode ras-le-bol total, je l'avoue. Je commençais vraiment à désespérer parce que plus j'avançais plus je détestais. Du coup, la seconde grosse moitié, je la trouve vraiment beurk, comme si la qualité allait en déclinant ! Alors que pourtant, au début, pendant un moment assez long, je le sentais super bien.

C'était évident que ça n'allait pas durer, maintenant que j'y pense ! XD

Pourquoi j'ai toujours l'espoir de me sentir un minimum satisfaite au moment de publier ? 😫


☞ Bref, oui, pairing WTF. Kim Namjoon x Kim Han Bin (B.I)

☞ Vous pouvez placer ça dans le contexte et l'univers que vous voulez, selon votre feeling à la lecture.

☞ ⚠️Warning : Consommation de plantes/fleurs comme psychotropes. En gros, c'est comme s'ils fumaient de l'herbe. Mais ici, tout est inventé, comme je le fais généralement lorsque j'utilise des drogues dans mes histoires.

☞ Namjoon appelle Han Bin "B", donc "Bi"

☞ Présence de contenu explicite 🔞, mais c'est soft et très court, vu que ce n'est pas du tout le but de l'histoire ou même de la scène en soi.
☞ Chanson du chapitre (dont est issu le titre) : "Watching you" (média tout en haut) by Night Traveler. Groupe que j'écoute généralement en boucle lorsque j'écris.






"I can hear the words you're too scared to say
I can feel your worries but I can't fix your pain
I'll hold you close in the quiet
It's the strangest thing, it's like watching cars collide
And I'm right by your side

Go ahead and lose yourself
I'll love you just the same
When you're up late in the night
I'm right by your side

I know where you go when it's hurting you
Oh, I need you
I need you to know that I feel it too
Oh, I know you
'Cause I've been watching you

Baby, I've been watching you

When all the cars are passing by
Oh, I'm still by your side"









Han Bin a tout perdu.

Ça peut paraître exagéré ou ridiculement dramatique, mais il a tout perdu.

Tout perdu, puis tout reconstruit.

En repartant de presque rien, luttant contre celui qu'il a été, pour trouver celui qu'il veut être.

Il a déjà tout perdu une fois et à cet instant précis, il se demande s'il serait prêt à tout perdre à nouveau.

À voir encore tout s'effondrer, en gardant l'envie de se battre et de rebâtir au milieu des ruines.

C'est stupide d'y penser maintenant, alors que tout va bien.

Alors que tout va enfin mieux.

Mais la présence de Namjoon le pousse toujours à se questionner.

Pendant, longtemps, il a voulu être le meilleur, le plus cool. Aujourd'hui, il veut être heureux.

Il veut pouvoir se regarder dans le miroir et s'y reconnaître. Apprécier son reflet et ne pas avoir honte de celui qu'il est.

Et il l'avoue, il veut aussi être à la hauteur de ce que Namjoon voit en lui.

De ce qu'il voyait même à l'époque où le monde entier, lui le premier, le considérait comme un insupportable et arrogant égoïste.

L'ainé est le premier à lui avoir dit qu'il valait mieux que ça.

Sur le moment, Han Bin l'avait mal pris, presque comme une provocation ou une insulte.

Mieux que l'argent et la gloire ?

Il s'était senti attaqué, méprisé.

Mais, dans le fond, une petite partie de lui avait compris, l'enrageant davantage que le sentiment d'être insulté ou moqué.

Il était au sommet, lorsque son ainé galérait encore. Et au fond du trou, lorsque le blond avait, pour certains, atteint le statut de légende vivante.

Aujourd'hui, Namjoon est en pause, à la retraite, comme il s'amuse à lancer parfois sur les réseaux sociaux et lui, est enfin un artiste qui met son âme et ses tripes dans sa musique.

Gérer sa propre agence est épuisant, mais YooA et Mingi sont toujours là, partageant le poids des responsabilités et le stress.

Il n'aurait jamais cru que des gens, surtout des artistes avec une carrière encore propre, entachée par aucun scandale, fonderaient un label avec lui.

Au début, il s'est montré méfiant, mais à force, les deux amis ont su gagner sa confiance, puis son amitié.

Namjoon a aidé, évidemment. Namjoon aide toujours.

C'est lui qui a fait entrer le duo dans sa vie de toute façon. Lui qui n'a pas directement proposé de l'argent, lorsqu'il peinait à trouver les fonds pour son projet, sachant qu'il n'accepterait jamais, mais qui lui a présenté les bonnes personnes pour s'en sortir, sans être seul, mais en ne dépendant de personne.

Han Bin sait qu'il y serait arrivé sans lui, le blond lui répète bien assez souvent. Mais il n'a pas envie d'imaginer une vie, où Namjoon ne serait pas là.

À l'époque, leurs interactions étaient pleines d'animosité de sa part, ne supportant pas que l'autre le regarde toujours comme s'il attendait quelque chose de mieux, non pas de lui, mais pour lui.

Il détestait l'impression d'être un gosse décevant quelqu'un de précieux, à chaque fois qu'il croisait le regard de l'ainé.

Il était en guerre. Une guerre à sens unique qui ne faisait qu'attiser son animosité.

Aujourd'hui, il ose plus facilement avouer que l'attention de Namjoon est quelque chose qu'il désirait, recherchait même, déjà par le passé.

Il l'avoue, mais ne s'attarde jamais trop non plus. Parce qu'il est peut-être plus sincère, mais pas encore entièrement et qu'il y a des parties de lui, qu'il n'est pas sûr de pouvoir pleinement accepter et partager.

C'est peut-être pour ça, qu'il se demande soudain s'il pourrait tout reconstruire à nouveau. Peut-être pour ça qu'il songe déjà à la fin.

Les choses et les relations sont éphémères, il l'a réalisé lorsque son premier château de sable, recouvert par des dorures tape à l'œil, s'était effondré.

Tout le monde a une voie à suivre, des rêves pour lesquels des sacrifices sont faits au quotidien. Personne ou presque, ne va quitter un chemin tout tracé, illuminé par les projecteurs et les flashs, pour vous accompagner dans votre traversée du désert.

Han Bin a prononcé et entendu de nombreux "à bientôt", qui n'étaient que des "adieux" plus ou moins déguisés. Il a promis des coups de fil qu'il n'a jamais donné, qui n'aurait, de toute façon, jamais eu de réponses et fait semblant de croire aux futures invitations qu'on lui avait lancées.

C'est peut-être ça, le plus étrange, encore aujourd'hui.

C'est lui qui a tout perdu, mais ce sont les autres qui sont gênés en sa présence. Qui ne savent pas quoi dire et n'osent pas le regarder dans les yeux.

Exactement, comme à l'époque, lorsqu'ils tentaient tous de faire comme si rien n'allait changer, alors que certains avaient sans doute déjà supprimé son numéro ou participé à son lynchage sur les réseaux sociaux.

Lui aussi avait fait semblant.

Fait de son mieux pour que ce soit le moins gênant possible pour les autres, alors que c'était lui qui s'enfonçait dans les vestiges de son château, transformés en sable mouvant. Lui qui se débattait et hurlait au secours, en espérant qu'on lui tende la main.

Il a tout perdu, mais était-ce vraiment des choses qui en valaient la peine ?

Est-ce qu'il a bien fait de sacrifier sa santé, son bonheur, sa jeunesse et ce qui aurait pu être des relations précieuses, pour quelque chose qui ne lui a rien laissé de concret et durable, hormis des cicatrices éternelles et des angoisses qu'il peine encore à combattre ?

Et ce qu'il possède aujourd'hui, est-ce que ça vaut le coup ?

Il a tant souffert et travaillé si dur, alors pourquoi, ne peut-il pas pleinement profiter ? Pourquoi a-t-il encore l'impression d'être un imposteur ?

Soupirant, il regarde la cigarette roulée, qui se consume doucement entre ses doigts.

Peut-être que c'est l'effet de la Bekä qui le met dans un tel état.

La fleur, fumée par les locaux, dont le nom peut, d'après ce qu'il a compris, se traduire par "confession", est censée le détendre, mais apparemment, son cerveau n'est pas très réceptif.

- Il faut la fumer, pas la regarder, si tu veux ressentir quelque chose.

La voix de Namjoon lui fait relever la tête et il bloque quelques secondes sur le corps hâlé, avant de plonger dans le regard si chaleureux de l'ainé.

Ils sont au milieu d'une forêt et pourtant au bord de la mer.

Des centaines d'arbres autour d'eux, des montagnes dans leur dos et l'eau à quelques pas à peine.

Han Bin ne sait pas trop comment le rappeur a trouvé cette île, mais il n'est pas étonné, vu le nombre de fois dans l'année où ce dernier disparait pour découvrir de nouveaux pays.

Cette fois-ci, ils sont là pour lui.

Mingi et YooA ont décidé qu'ils devaient se reposer et il est privé de téléphone, d'internet et de nouvelles du monde extérieur en général.

Il y a juste Namjoon et lui, dans une maison en bois, sur une plage où il n'a encore vu personne d'autre.

L'île est grande et plus loin, il y a une ville animée, bruyante et colorée. Mais ici, protégé par les bois dont la fraicheur contraste avec les températures estivales, Han Bin a l'impression d'être coupé du monde.

C'est exaltant et terrifiant la fois.

Ce qui est stupide, vu que ce n'est pas la première fois qu'il se retrouve seul avec le rappeur.

Namjoon est en maillot, encore mouillé, ses cheveux partant dans tous les sens, ornés de sable.

Han Bin s'est levé il n'y a pas longtemps et le blond était absent à son réveil, comme tous les matins depuis trois jours.

Il se baigne juste après être sorti du lit, pendant plus d'une heure et marche encore au mois deux sur la plage ou vers les bois.

Pour le brun, qui n'est pas du matin vu ses nuits courtes et mouvementées, ça semble impossible.

- Tu as mangé au moins ? Demande le blond en finissant des gravir les marches qui mènent à la terrasse où est installé Han Bin.

Le bruit des vagues est apaisant, mais moins que la voix de Namjoon, réalise soudain le plus jeune.

C'est une idée qui traverse rapidement son esprit, sans raison particulière et ça ne le surprend pas. Il a l'habitude d'avoir ce genre de révélations ou pensées décousues et aléatoires lorsqu'il s'agit du blond.

Le vent se lève doucement, jouant avec ses cheveux châtains foncés, chatouillant sa joue au passage. L'odeur de sel et d'embruns marins se mêle au parfum acidulé de la Bekä et son estomac se serre soudain, comme pour lui rappeler qu'il a le ventre vide.

Devinant, Namjoon se penche sur la table, lui prenant la cigarette des mains pour la glisser entre ses lèvres.

Leurs doigts s'effleurent et Han Bin réprime un frisson, ses yeux attirés par les lèvres pleines.

- Viens, on va manger un truc en ville.

Pour une fois, Han Bin s'est levé tôt pour accompagner le blond lors de sa baignade quotidienne. Il a bu la tasse, emporté par une vague trop forte, ses yeux le piquent et sa peau le démange, mais c'était parfait.

Ils ont ri, ramassé des crabes, construit un château de sable qui ne ressemble pas à grand chose, avec les moyens du bord et couru en criant comme des gamins, jusqu'à s'écrouler à bout de souffle sur le dos, pour observer les nuages un moment.

Han Bin a chantonné au retour, des paroles tournoyant dans son esprit et ils sont allés se doucher le sourire aux lèvres.

Maintenant avachis dans le salon, dont les tons blancs et bleus se marient à merveille avec le bois, ils somnolent à moitié devant un épisode de Friends.

Le canapé est grand, assez spacieux pour quatre ou plus, mais ils sont l'un contre l'autre, habitude qu'ils ont prise au fil des années.

Han Bin manque d'affection. Il en a toujours manqué.

Ayant quitté ses parents trop tôt, jeté dans un monde où le besoin d'amour était vu comme une faiblesse, où il devait être fort, cool et adhérer aux clichés virils décidés pour lui, il s'est construit avec ce manque grandissant, qui encore aujourd'hui, continue de croître, menaçant parfois de l'engloutir entièrement.

Namjoon n'est pas spécialement tactile, mais l'est devenu doucement avec le temps. Il aime à penser stupidement que c'est pour lui, quand son esprit lui échappe, s'aventurant vers des zones dont il refuse d'accepter l'existence.

Une main sur son épaule ou son genou, une pression sur sa nuque, des doigts passant dans ses cheveux, des étreintes pour se saluer, se dire en revoir, ou même se remercier. Les gestes d'affections, de réconfort, se sont installés naturellement et font aujourd'hui pleinement partie de leur relation.

Mais le brun sait que son ainé peut lui offrir plus.

Qu'il pourrait, comme avec YooA, le laisser poser sa tête sur ses genoux, caressant ses cheveux pour l'aider à s'endormir. Ou le laisser s'y asseoir à la moindre occasion, comme le font Jimin et Yoongi. Qu'il lui permettrait de s'accrocher à son cou, comme Jung Kook ou même de dormir avec lui lorsqu'il fait des cauchemars, comme Jiho.

Mais Namjoon n'impose jamais son affection et Han Bin maintient toujours une barrière entre lui et les autres.

Elle est impénétrable en temps normal, mais bien trop fine et fragile avec l'ainé.

Ce n'est pas qu'il ne veut pas de la tendresse du rappeur, c'est simplement qu'il n'est pas prêt à la recevoir.

Pas prêt à gérer ce que poser sa tête contre l'épaule rassurante et si proche, pourrait déclencher comme catastrophe.

Ah. Il pense toujours trop lorsqu'il est avec Namjoon.

La présence du blond le rassure et l'apaise, mais elle crée aussi, depuis toujours, depuis leur première rencontre, un séisme presque indétectable, qui déterre doucement, mais sûrement chaque jour plus de choses en lui.

Des choses qu'il a enfoui depuis bien trop longtemps, qui doivent absolument rester enterrées.

Des choses qu'il rêve plus que tout, pouvoir partager.

- Tu ne devais pas me faire essayer l'Överra ? Lance-t-il soudain.

Il a besoin de calmer son angoisse naissante et de faire taire son esprit agité.

Le blond le regarde avec attention, lui demandant sans même parler si ça va, parce qu'évidemment, il sait que sa demande n'est pas anodine.

Namjoon le connait bien. Il est attentif à son bien-être. Namjoon veut son bonheur.

Et lui, veut être encore meilleur pour lui. Pour lui prouver qu'il a eu raison de croire en la marionnette détestable qu'il a un jour été.

Mais il sait qu'il ne sera jamais entièrement sincère et ça lui donne envie de pleurer.

De vomir.

Comme toutes les fois où ce qu'il réprime depuis l'adolescence, lui tord les entrailles pour remonter à la surface.

L'Överra ressemble à une blague.

Un mélange entre une racine et une branche, selon Han Bin. Une sorte de tube long, sinueux et marron foncé, étroit d'un côté et large de l'autre, avec une ouverture à chaque bout.

Apparemment, c'est la tige d'une fleur spéciale, qu'on retire simplement, les pétales utilisés à part.

À ce stade, le brun se demande s'il y a quelque chose dans les bois de cette île qui ne se fume pas.

- Tu l'allumes ici, et tu dois juste aspirer par là. Explique Namjoon, joignant le geste à la parole.

Le plus jeune le regarde, interloqué, s'attendant à le voir exploser de rire et sortir la vraie Överra, mais non, rapidement une fumée étonnement rougeâtre se dessine entre eux et une agréable odeur, rappelant le caramel et la cannelle, les enveloppe.

Alors il se lance.

Ici, personne ne le connait et chez lui, on ne sait sans doute même pas que cet endroit existe, alors il n'a pas à s'inquiéter d'un quelconque scandale.

Puis, il fait une confiance aveugle à Namjoon. Il le réalise aujourd'hui, plus que jamais. Ça le frappe alors qu'il aspire profondément, sans hésiter.

Le blond lui a expliqué, alors que ces vacances n'étaient encore qu'un projet, avoir trouvé une ile avec des solutions naturelles à son stress et ses cauchemars.

"- Même si tu ne veux rien emmener avec toi au retour, ça serait bien que tu te détendes et fasses le plein de sommeil sur place. Il n'y a rien de chimique. Aucun ajout ou mixture. "

Pour le coup, Han Bin n'a effectivement jamais rien fumé d'aussi naturel.

Pouffant un peu en s'imaginant fumer les légumes qui doivent dépérir dans son frigo à des milliers de kilomètres de là, il se dit que l'Överra doit agir vite.

S'enfonçant dans le canapé, il soupire, les yeux fermés.

- Moonie....
- Hum ?
- Merci.

Han Bin se sent bien.

Encore lui-même. Encore conscient. Mais plus léger.

Son esprit n'est pas plus lent, mais moins encombré.

Rien ne semble ternir son sentiment de plénitude.

Le sourire aux lèvres, observant sa fumée et celle de Namjoon se mêler, il profite que ce dernier ait son bras derrière sa tête, sur le dessus du canapé, pour se coller à son flanc, la joue contre son torse.

Mais rapidement, laissant échapper un petit rire, il bascule encore, s'allongeant sur le dos en utilisant ses genoux comme un oreiller.

Namjoon ne dit rien, baissant simplement la tête.

Leurs regards se croisent et ne se lâchent plus.

En tant normal, Han Bin aurait déjà baissé les yeux. En temps normal, il ne serait même pas dans une telle position.

Si exposé et vulnérable.

Si proche de la tentation. Du précipice.

Levant sa main libre, l'autre portant l'Överra à ses lèvres, il touche presque la joue mal rasée du blond, mais s'arrête avant et ce dernier s'en saisit doucement, serrant le bout de ses doigts entre les siens.

- Hey, Moonie.... Tu penses que dans ma prochaine vie, je te trouverais encore ? Souffle-t-il. Et que je ferais les choses bien cette fois ?

L'ainé ne dit rien, son regard fixé sur son visage, semblant chercher quelque chose dans son expression.

- Peut-être que je pourrais être une fleur ou un bonsaï, pour être toujours avec toi.

Namjoon tressaille légèrement.

- Tu n'as pas besoin d'attendre une autre vie pour ça, ni d'être une plante ou de faire les choses différemment. Rétorque-t-il. Je suis là, non ?

Överra veut dire surprise et Han Bin pourrait trouver ça drôle, s'il n'était pas si choqué.

Trouvant que Namjoon tardait à revenir avec les courses ramenées par un local, habitué à le livrer lors de ses séjours, il a décidé de venir voir s'il n'avait pas besoin d'aide, ne se doutant pas de ce qui l'attendait.

Le blond n'a absolument pas besoin d'aide.

Il a la situation et les fesses d'un grand brun aux cheveux très longs, bien en mains.

Pieds nu sur la terrasse, Han Bin est figé, observant le rappeur approfondir le baiser passionné qu'il échange avec l'inconnu, saisissant son menton d'une main ferme, clairement en contrôle.

L'autre est plus grand et un peu plus large, mais la présence de Namjoon est plus imposante. Presque écrasante.

Loin de se plaindre, son partenaire se laisse complètement dominer, docile entre ses bras.

Le baiser est profond, vulgaire presque et Han Bin, réalise soudain que Namjoon est gay.

Ou du moins, qu'il est attiré par les hommes.

Namjoon est gay et lui se sent soudain en colère.

Par contre le blond. Pas contre l'inconnu. Mais en colère quand même.

Un sentiment familier, qui le trouble toujours autant.

Contre qui est-il si fâché ?

Le vent chargé de sable s'élève, puissant, le forçant à fermer les yeux. Quand il les ouvre, Namjoon est seul, son regard fixé sur lui.

Han Bin tressaille, comme pris en faute.

Il a l'impression d'avoir fait une bêtise. Vu quelque chose qu'il n'aurait pas dû.

- Je...c'est.... Balbutie-t-il, alors que l'ainé monte les marches vers la terrasse.

Ce dernier est détendu, exactement comme avant de quitter le salon, absolument pas perturbé qu'il l'ait vu embrasser un autre homme.

Deux sacs de courses dans la main droite et un carton plein de boissons sous le bras gauche, il lui sourit.

- Désolé de t'avoir fait attendre. S'exclame-t-il. Le pourboire n'était pas vraiment prévu !

Il rit en pénétrant dans la maison par la baie vitrée, apparemment amusé par sa blague.

- Ça te va, sandwichs, chips et fruits ? J'ai la flemme de tenter quoi que ce soit de plus élaboré.

Han Bin hoche bêtement la tête en entrant à son tour, le suivant jusqu'à la cuisine ouverte.

N'ayant pas de réponse, Namjoon, déjà occupé à ranger les courses, se tourne.

- B ?

Le brun se reprend, secouant un peu la tête.

- Oui ! C'est...c'est parfait !

Finalement, comme aucun n'avait vraiment faim, malgré l'heure du déjeuner largement dépassée, Namjoon a décidé qu'ils allaient pique-niquer, après une balade à cheval.

Si Han Bin avait été dans son état normal, il aurait refusé, mais c'est loin d'être le cas, alors il se retrouve coincé sur une superbe monture avec le blond, le torse de ce dernier contre son dos, ses deux bras l'enveloppant pour pouvoir tenir les rênes.

Plus de dix minutes qu'ils se baladent, seuls, comme toujours, mais le brun n'a rien vu du paysage. Il est tellement pris dans ses pensées qu'il a oublié où il est et pourquoi il est là. Tout ce dont il a conscience, c'est du corps de l'ainé collé au sien.

Il n'a qu'une seule chose en tête.

Namjoon est gay.

- Je...je ne sa...savais pas. Lâche-t-il sans pouvoir se retenir.

Ce sont les premiers mots qu'il prononce depuis le début de la promenade.

- Que j'aime les hommes ? Demande tranquillement le blond, comprenant directement.

Parce qu'il sait parfaitement que c'est ce qui le travaille encore. Parce qu'il le connait bien, mais ne le presse jamais. Venant simplement à son secours lorsqu'il peine à s'exprimer.

Et encore une fois, Han Bin sent la colère l'envahir, parce que Namjoon est parfait et qu'il est gay.

- C'est un problème pour toi ? Continue le blond.

Le plus jeune secoue vivement la tête.

- NON ! BIEN SÛR QUE NON ! Crie-t-il presque. Je...

Il se tait abruptement, mordant sa langue.

- Tu ? Souffle l'ainé à son oreille.

Frissonnant de la tête aux pieds, Han Bin se mord encore plus fort.

Au bout de quelques instants, voyant qu'il ne dit vraiment plus rien, Namjoon se redresse un peu.

- On va s'arrêter là, je commence à avoir faim.

Descendant le premier, il attend que le brun fasse de même, mais ce dernier est encore tellement pris dans sa découverte et les sentiments contradictoires qui l'agitent, qu'il ne bouge pas.

Bien qu'un peu surpris, le blond, pensant qu'il a besoin d'un peu d'aide, lui tend la main.

Au lieu de lui assurer qu'il peut se débrouiller seul, Han Bin, toujours sur pilote automatique, la saisit en se laissant presque tomber du cheval, prenant l'ainé de cours.

Comme dans une scène clichée de drama à l'eau de rose, Namjoon le rattrape alors qu'il bascule contre lui.

Clignant des yeux, le plus jeune se décolle un peu, les larges mains du blond sur ses hanches.

- Demande-moi, au lieu d'y penser dans ton coin et de risquer de te faire mal ! S'exclame ce dernier, un peu agacé.

Il n'utilise ce ton avec lui que lorsqu'il est inquiet.

Han Bin ne bouge pas, le regardant simplement, submergé par trop de choses pour pouvoir parler.

- Je suis gay. Ce n'est pas un secret ou quelque chose dont j'ai honte, je ne parle simplement pas de ma vie privée et je n'ai jamais eu de relation assez durable pour être exposée publiquement. Continue l'ainé. Le jeune homme de tout à l'heure, Qênân, est l'un de mes amants occasionnels, quand je viens ici.

Le cheval bouge légèrement dans le dos du brun. Ou peut-être que c'est dans sa tête. Dans tous les cas, il s'avance encore, se collant au corps de Namjoon, assez proche pour voir la surprise dans son regard et quelque chose d'autre, qui fait chanceler ses jambes et affole son cœur.

Il n'a pas vraiment conscience de se redresser, presque sur la pointe des pieds, ses yeux toujours plongés dans ceux de l'ainé, dont les mains se pressent sur ses hanches, serrant son débardeur blanc.

Il dévie vers les lèvres un peu gercées et comme poussé par une force invisible, il y appuie les siennes, dans un bisou timide, qui transpire déjà le regret.

Namjoon le ressent.

Évidement, Namjoon, qui est toujours attentif, sensible et attentionné, le ressent.

Alors que son regard doit exprimer toute sa terreur et ses joues rougies, sa gène, Han Bin le sent se détacher, la chaleur et force rassurante de ses mains sur son corps, lui manquant déjà.

- N'ouvre pas un nouveau chapitre, sans avoir l'intention de l'écrire, B. Souffle-t-il en s'éloignant, après avoir saisi les rênes.

Ce n'est que quelques instants après que le plus jeune réalise qu'ils sont en réalité revenus à la maison, le blond ayant sans doute remarqué qu'il se fichait complètement de la balade.

Portant machinalement une main à ses lèvres, il y fait glisser ses doigts, frissonnant de la tête aux pieds.

C'est peut-être pour ça que c'est quand il est avec Namjoon, qu'il se demande toujours s'il serait capable de tout détruire pour recommencer à nouveau.

Mais maintenant qu'il est seul, la seule chose à laquelle il pense, c'est que tout préserver, mais perdre le blond, n'aurait aucun intérêt.

"Est-ce que j'ai tout gâché ?"

Se dirigeant doucement vers la plage, la mer, plus agitée que d'habitude, l'attirant, il sent son séisme intérieur se faire moins subtil, ses secrets enfouis, réprimés, dépassant déjà vers la surface.

Namjoon est gay.

Ouvertement gay. Alors que lui a passé si longtemps dans le placard qu'il a sans doute fusionné avec, se transformant en sa propre prison.

Il n'y a pas une seule personne au monde, qui sache. Pas même ses meilleurs amis, ceux en qui il a le plus confiance.

Pas même Namjoon, qui ne l'a jamais jugé. Qui aimait sans doute déjà les hommes, pendant que lui perdait son temps et lui-même en route.

Han Bin s'est plusieurs fois attardé sur le torse de Ji Won, les fesses de Jimin, la bouche de Jiho ou les jambes de Yoongi, mais là, c'est différent.

Ce n'est pas comme mettre sur le compte de l'alcool un regard insistant, lorsqu'un inconnu veut vous foutre son poing dans la gueule en boite de nuit.

Ce n'est pas se persuader que ça n'a au final aucune importance, qu'il aime ou non les filles, puisqu'il n'a plus à se forcer à faire semblant et qu'il peut simplement finir sa vie seul, entouré d'amis ayant trouvé leur moitié.

Ce n'est pas comme se répéter qu'une relation, aussi géniale soit-elle, ne sera jamais aussi magique que la présence de Namjoon et ce qu'il lui fait ressentir.

Être amoureux d'hommes inaccessibles, qui ne pourront jamais le regarde comme lui les regarde, ce n'est pas grave, ça ne l'a jamais angoissé.

Étrangement, c'est plutôt rassurant.

Parce que peu importe ce qu'il a ressenti pour Jay, ou Jin Wu avant lui, ça n'a jamais eu aucun avenir. Les deux sont hétéros et ses sentiments sont passés de l'un à l'autre avant de s'effriter doucement, rejoignant ses précédentes histoires sans espoirs, dont les restes couvrent son profond secret.

Mais Namjoon est toujours là.

Il n'a jamais quitté sa vie, s'y faisant au contraire toujours plus de place, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus imaginer un avenir sans sa présence.

Namjoon embrasse et étreint des hommes. Namjoon a envie de l'embrasser et de l'étreindre, lui.

Il trébuche presque dans les vagues, submergé et encore incapable de savoir comment réagir.

Au moins, maintenant, il sait que c'est contre lui qu'il est colère depuis si longtemps.

Parce que si Namjoon est ouvertement gay, alors forcément, ses amis, leurs amis, le savent.

Il a soudain envie de hurler et c'est peut-être ce qu'il ferait, s'il n'avait pas une boule dans la gorge.

Il n'a rien dit à personne, pas même à Ji Won ou Jiho et soudain, il ne sait plus du tout pourquoi.

Pourquoi il a gardé ça si longtemps pour lui. Pourquoi il n'a partagé ça avec personne.

Pourquoi. Pourquoi. Pourquoi.

Tellement de "pourquoi". Puis pire, les "et si".

S'avançant dans l'eau, il se laisse tomber, les vagues le frappant de plein fouet.

- Tu te baignes sans moi ?

Namjoon s'assoit près de lui dans le sable, l'eau atteignant ses hanches, contrairement à lui. Ça n'empêche pas une vague d'éclabousser son visage, le faisant rire.

Han Bin l'observe, détaillant son visage, cherchant à lire entre les lignes, à voir si quelque chose se cache dans son expression détendue.

Mais ce n'est pas le genre du blond.

L'ainé a toujours été sincère et patient avec lui.

Là, au milieu des vagues, il réalise que s'il a eu la chance d'avoir des gens à ses côtés lors de ses moments difficiles, Namjoon a été sa lumière, assez forte pour le guider hors de l'obscurité. L'oasis dans ce long désert qu'il a traversé il y a quelques années et le but qu'il a toujours voulu atteindre.

Une motivation pour continuer à se battre contre ses démons et enfin s'exprimer pleinement et se montrer tel qu'il est .

Une promesse.

Le rappeur ne lui a jamais dit sois meilleur, mais sois toi-même.

Et surtout, il a toujours cru en lui. Cru, qu'il en était capable.

Le laissant aller à son rythme, trébucher et se relever, sans intervenir, en avançant simplement à ses côtés, lui rappelant qu'il est là, sa main tendue en cas de besoin.

Aujourd'hui encore, Namjoon est là, son corps collé au sien, lui transmettant sa confiance, lui assurant qu'il ne va pas disparaitre, peu importe ce qu'il dira ou fera.

Alors en sentant son bras passer autour de son épaule, Han Bin laisse sa tête basculer sur le côté.

Sa joue contre le tee-shirt trempé du blond, il observe le château de sable se faire emporter.

Mingi et YooA sont là depuis une semaine, ne laissant que peu de temps à Han Bin de s'attarder sur les derniers événements, ses sentiments ou simplement d'être à nouveau en tête-à-tête avec Namjoon.

Il adore le duo et il est content de les voir, mais après presque huit jours à courir partout avec eux, il rêve de retrouver le cocon que l'ainé a prévu pour lui.

C'est dans ces moments-là, qu'il réalise que le blond pense toujours à ce qu'il y a de mieux pour son bien-être.

Le mieux pour son moral, sa santé, sa créativité, son confort...

Son bonheur.

Ce genre de pensées qu'il gardait sous contrôle depuis des années, lui échappent de plus en plus dernièrement, prenant de l'ampleur en s'envolant, bien trop haut pour qu'il puisse à nouveau les enfermer.

Mordant sa lèvre, sentant son estomac se tordre et ses joues s'échauffer, il baisse ses lunettes de soleil, se cachant derrière.

YooA est accroché au dos de Namjoon, cherchant à le faire tomber à l'eau, mais se fait évidemment balancer à chaque tentative, ses éclats de rire atteignant la terrasse où il est installé avec Mingi.

La vue est parfaite d'ici et Han Bin ne peut s'empêcher de sourire, en voyant celui rayonnant qui illumine le visage de l'ainé.

- Il y a quelque chose de différent.

Brisant sa bulle, la voix de son ami le fait tressaillir.

Il sait que le roux est quelqu'un qui n'a jamais aucune intention cachée. Les sous-entendus et messages codés ne sont pas du tout son genre.

Il est pur, au sens le plus noble du terme, n'apportant que des ondes et de l'énergie positive.

Malgré tout, son cœur bat plus fort et il sent l'angoisse pointer vicieusement.

- Hun ? Lâche-t-il difficilement.

Mingi, un cocktail à la main, quitte les deux grands gamins dans l'eau, pour tourner la tête vers lui.

- Je ne sais pas, il y a juste quelque chose de différent chez Joon et toi.

Souriant, il ajoute.

- Mais vous avez l'air d'aller bien, donc c'est parfait, peu importe ce que c'est.

Le cœur de Han Bin se serre et il sent une bouffée d'affection l'envahir.

Soudain, il a envie de lui dire.

Se demande s'il peut lui dire.

Mais même si les mots se bousculent dans son esprit et qu'il ouvre plusieurs fois la bouche, poings serrés, pendant un long moment, rien ne sort.

Pourquoi est-ce que c'est si dur ?

Pourquoi est-ce qu'il doit le faire ?

Personne ne demande aux hétéros d'annoncer au monde qu'ils le sont, alors pourquoi doit-il autant souffrir, pour réussir à avouer quelque chose qu'il a enfoui si profondément, qu'il n'est pas sûr de pouvoir s'en libérer un jour ?

Frustré, il se lève, surprenant son ami.

- Ça va ? Lui demande ce dernier.
- Oui, juste un peu chaud. Ment-il en retournant à l'intérieur.

Une fois, dedans, avant de tirer la baie vitrée, il s'arrête une seconde.

- Mingi ?
- Oui.
- Merci.

Han Bin n'est pas fier de bouder dans sa chambre comme un enfant.

Il se sent ridicule d'être agacé que l'attention de Namjoon ne soit plus uniquement sur lui, mais c'est comme ça. Il a fini par se l'avouer.

Douze jours que YooA et Mingi sont là et le brun a l'impression de ne plus avoir la moindre seconde tranquille avec le blond.

De ne plus le voir ou lui parler.

Bien sûr, c'est faux.

L'ainé est toujours là, s'assurant qu'il mange, qu'il ait bien dormi, lui demandant ce qu'il veut faire, paressant au soleil à ses côtés ou construisant de nouveaux châteaux sable avec lui.

Sa main dans ses cheveux est plus tendre, la pression sur sa nuque ou son genou ressemble de plus en plus à une caresse, son bras se retrouve régulièrement autour de ses épaules et leurs doigts semblent aimantés, s'effleurant plusieurs fois par jour.

Namjoon le regarde ouvertement, intensément, il parle à son oreille, chuchote ses taquineries au lieu de les lancer à voix haute et lui sourit à chaque fois qu'il croise son regard.

Et c'est pour toutes ces raisons que Han Bin ne supporte plus de devoir partager son attention.

Cette attention qui lui fait encore peur, mais dont il veut être le seule cible.

- B, on se fait une soirée en tête-à-tête ? Lance Namjoon en frappant à la porte de sa chambre. Les enfants sont partis faire la fête en ville, ils vont surement rentrer au petit matin.

Le brun rougit un peu, conscient que l'ainé sait pourquoi il s'est enfermé dans sa chambre, bloquant sur les mêmes pages d'un bouquin pendant des heures, en répétant qu'il est fatigué.

Mais malgré sa gêne, il bondit presque hors de son lit, ne pouvant contenir la satisfaction qui l'envahit.

Ce n'est qu'une fois dans le couloir qu'il commence à douter, se demandant s'il n'exagère pas. Si le blond n'aurait pas préféré profiter de YooA et Mingi, voire sortir avec eux pour s'amuser, au lieu de rester pour satisfaire son caprice.

"Peut-être que Qênân ou un autre l'attend."

Avançant soudain presque au ralenti, il écarquille les yeux une fois au bout, le doute laissant place à la surprise.

Namjoon, derrière le comptoir de la cuisine, plusieurs bouteilles et ustensiles devant lui, secoue un shaker, un tablier autour des reins et une serviette sur l'épaule.

Il est torse-nu et en s'avançant, le brun réalise qu'il ne porte en réalité qu'un boxer blanc.

Déglutissant, Han Bin se rapproche encore, sans quitter la peau hâlée du regard, remontant vers les muscles sollicités par la préparation du cocktail.

- Je n'essaye pas de nous soûler, malgré les apparences ! S'exclame-t-il. Je prépare juste des Long Island.

Regardant les ingrédients nécessaires en plus du cola, sirop et jus de citron, à savoir du gin, de la tequila, du rhum blanc, de la vodka et du Cointreau, il rit, secouant la tête.

- Ok, peut-être que je veux qu'on finisse déchirés !

Han Bin ne peut s'empêcher de rire aussi, toute inquiétude envolée.

Namjoon est là, car il veut être là.

Avec lui, pas avec un Qênân ou un autre.

- La clim est en panne dans le salon, donc on meurt de chaud. Reprend l'ainé. J'ai mis le ventilateur vers le canapé, mais ce n'est pas extraordinaire.

Servant les cocktails, appréciant leur couleur ambrée, il ajoute :

- Mais dans pas longtemps, il devrait faire plus frais dehors et on pourra ouvrir.

Le brun acquiesce, s'appuyant au plan de travail.

- Tu amènes ça de l'autre côté et tu nous trouves un film ? Demande doucement Namjoon en lui souriant. Je me débats un peu avec les paquets de chips et j'arrive.
- Essaye de ne pas en foutre jusqu'au plafond ! S'exclame Han Bin en prenant le plateau, lourd de plusieurs verres pleins.
- Hé, c'est arrivé une fois ! Se défend le blond, boudant faussement.

Han Bin ne sait pas trop quoi choisir comme film, il envisage un film d'horreur ou une comédie stupide, juste pour faire enrager Namjoon.

Mais soudain, il s'arrête sur un titre particulier, se sentant légèrement trembler. Rapidement, il passe, continuant de chercher, mais sans plus faire attention, son esprit encore bloqué sur le film qui a attiré son attention.

Il se sent stupide, ridicule même. Mais il se décide quand même, le cœur battant et l'estomac noué.

S'asseyant dans le canapé, il se saisit d'un cocktail, avalant une gorgée rapidement. Il recrache presque, mais arrive à se retenir, l'alcool lui brûlant la gorge.

Respirant profondément, il continue son verre, plus lentement cette fois.

Il a vraiment besoin d'un peu de courage.

- Je vois qu'on ne m'attend même pas ! Plaisante Namjoon en le rejoignant.

Ses longues jambes musclées sont toujours exhibées, mais il a mis un tee-shirt, malgré la chaleur qui le gêne sans doute.

Il l'a fait pour ne pas le mettre mal à l'aise, Han Bin le sait.

Le haut rouge est très long, la couleur mettant en valeur son bronzage.

- Ça fait du bien d'être enfin tous les deux au calme.

Les paroles du rappeur font frémir le plus jeune, qui hoche la tête, un petit sourire étirant ses lèvres.

Il n'a pas besoin de parler, c'est aussi ce qui est bien avec Namjoon.

Avec tout ce qu'il a traversé et après s'être forcé si longtemps à attirer et maintenir les projecteurs sur lui, Han Bin affectionne le calme et la discrétion.

Il ne parle pas beaucoup, appréciant la présence de ses proches, sans ressentir le besoin d'être forcément le plus actif ou celui que tout le monde regarde et écoute.

Sauf, peut-être, lorsqu'un certain blond est concerné.

Mais avec Namjoon, il n'a pas besoin de demander ou de faire des efforts pour avoir son attention. Pas besoin de faire quoi que ce soit de spécial ou de se forcer à parler plus fort que les autres.

Et lorsque l'envie de parler lui prend. Lorsqu'il se transforme en véritable moulin à paroles, pouvant se perdre un long moment dans ses propos, argumenter avec passion ou radoter sur le même sujet qu'il trouve fascinant, l'ainé l'écoute.

Avec la même sincérité et patience que lorsqu'il partage son silence.

- Qu'est-ce qu'on regarde ?

Soudain, Han Bin n'est plus si sûr de son choix.

Ouvrant puis refermant la bouche, il tremble un peu, l'angoisse formant de plus en plus de nœuds dans son estomac, son ventre et sa gorge.

- B ? S'inquiète le blond.

Se levant d'un coup, il ouvre la baie vitrée, dévale les marches et court vers la plage, fuyant le plus rapidement possible.

Peut-être que s'il va assez vite, il pourra laisser ses peurs derrière lui ?

Namjoon, bien qu'un peu pris de court, prend le temps de rallumer la télé, tombant directement sur le fameux film, prêt à être lancé.

Il l'a vu il y a plusieurs mois déjà, mais même sans, il aurait compris la fuite du plus jeune, vu l'affiche.

Est-ce que Han Bin sait que le film finit mal ? Que les deux hommes, après s'être raté pendant des décennies, par peur, se décident enfin à sauter le pas, perdant tout ce qu'ils ont construit jusque-là, au point d'en venir à en vouloir à l'autre.

Sait-il qu'ils se séparent, que l'un deux meurt et l'autre sombre dans la folie ?

Namjoon est fatigué de ce genre de film. Fatigué que seuls les hétéros aient le droit au bonheur au cinéma. Aux histoires d'espions, aux comédies, aux aventures fantastiques, à la science-fiction, aux romances légères, voire un peu stupides et à l'évasion en général.

À l'espoir.

Au rêve.

Éteignant la télé, il se lève pour rejoindre le brun, songeant qu'il a toujours cru en un happy end pour ce dernier et pour lui.

Qu'il a décidé depuis longtemps de tout faire pour que Han Bin soit heureux, aussi bien professionnellement que personnellement. Qu'il trouve, comme lui, une forme d'apaisement et un équilibre.

Il a toujours cru qu'ils finiraient heureux, mais pas ensemble.

Aussi optimiste qu'il ait pu être parfois, il n'a jamais osé imaginer un avenir où ils seraient plus qu'amis.

Jamais hors de l'intimité rassurante de ses rêves en tout cas.

Mais dernièrement, avant même le début de leurs vacances, quelque chose semblait différent lorsqu'ils étaient seuls et depuis que Han Bin l'a surpris avec Qênân, c'est encore plus flagrant, déstabilisant et intense.

Comme si leurs barrières n'étaient plus assez hautes pour retenir les vagues de sentiments et d'envies qui débordent de plus en plus, les éclaboussant régulièrement, leur faisant prendre conscience de ce que l'autre ressent, mais aussi de l'intensité de leurs propres émotions.

Malgré tout, Namjoon a peur.

Peur de se tromper. De voir plus que ce qu'il n'y a vraiment et de prendre ses rêves, mis de côté depuis longtemps, car jugés impossibles, pour une soudaine miraculeuse possibilité.

Il a peur de brusquer Han Bin, de lui donner l'impression qu'il lui doit quoi que ce soit ou qu'un éventuel questionnement sur sa sexualité et ses désirs, doit forcément mener à quelque chose entre eux.

Il ne veut pas que le brun culpabilise de le rejeter, ou que leur précieuse relation soit gâchée.

Il aime être le havre de paix du rappeur et perdre leur indéfinissable lien, serait pire que tout.

Namjoon a vécu toutes ces années en prévoyant de voir Han Bin tomber amoureux et faire sa vie avec quelqu'un de formidable.

Quelqu'un qui ne serait pas lui.

Il pensait avoir fait la paix avec cette idée, l'avoir accepté. Mais maintenant qu'une once d'espoir s'est rallumée, qu'il a senti, bien qu'une seconde seulement, les lèvres du brun contre les siennes, l'idée lui parait insoutenable.

Arrivé sur la plage, il observe la silhouette du rappeur, assis, non loin de leur dernier château de sable, qui tient encore debout.

Il n'a pas de souvenir précis ou d'explication, lorsqu'il s'agit de ses sentiments pour le brun. Il ne sait pas à quel moment, ni comment, ou pourquoi, sa curiosité artistique et son intérêt pour l'être humain perdu derrière un masque, se sont mués en désir, affection, tendresse, puis amour.

C'est arrivé, c'est tout.

S'asseyant doucement à côté de Han Bin, il ne dit rien, fixant, comme lui, la mer.

Les vagues sont calmes ce soir, caressées par les rayons du soleil couchant.

Le sable est encore chaud, l'air lourd et il a l'impression que son tee-shirt colle déjà à sa peau moite, mais il se presse malgré tout contre le brun, espérant que le contact puisse lui apporter du réconfort.

Ou peut-être que cette fois, c'est lui qu'il cherche à rassurer.

Peut-être qu'il a peur que le plus jeune s'éloigne ou sursaute à son contact.

Peut-être que c'est un test, une façon de s'accrocher à la lueur d'espoir vacillante dans sa poitrine, ou au contraire, d'abandonner entièrement.

C'est étrange, il a toujours été persuadé que jamais il n'aurait la moindre chance avec Han Bin et c'est aujourd'hui, alors qu'ils sont plus proches que jamais, que son cœur commence à se briser.

Plus tard, ça fera sans doute une belle chanson.

Un souvenir.

Pour le moment, c'est une plaie qui saigne déjà.

Le brun n'a pas fui le contact. Il n'a pas sursauté, mais il frissonne, aussi fiévreux que s'il était malade.

Chaque partie de lui est tendue, sensible. Il est conscient de chaque centimètre de leurs corps en contact.

Ses doigts glissent dans le sable, joue avec nerveusement, l'autre tapotant son genou et soudain, il touche la cuisse de Namjoon, tressaillant en même temps que lui.

Un petit son anormalement aigu échappe au blond et il se tourne machinalement vers lui. Leurs regards se croisent et malgré la sueur ruisselant sur son corps, il a l'impression qu'un vent glacé l'enveloppe soudain.

Tétanisé, terrifié, il ne dit rien, ne bouge pas et oublie presque comment respirer.

Il ne sait pas quoi faire, où regarder et quoi dire.

Ou peut-être, qu'en réalité, il ne sait pas comment dire ce qu'il rêve d'enfin avouer à voix haute.

Et comme toujours, le blond comprend qu'il a besoin d'un peu d'aide.

Son regard tendre plongé dans le sien, il sourit, avant de regarder à nouveau la mer, pour lui faciliter les choses.

- J'avais seize ans et c'est en rencontrant Yoongi. Confie-t-il. Il a été mon premier "oh", mon premier amour et mon premier cœur brisé.

Marquant un temps d'arrêt, il reprend.

- Et toi ?

Han Bin déglutit, pris de vertige, bien qu'il soit assis.

Il ne répond pas tout de suite et l'ainé ne le presse pas. Le silence s'étire, brisé uniquement par le bruit des vagues.

Fermant les yeux, poings serrés, le brun se mord la lèvre, luttant pour déterrer entièrement son secret, qui bien qu'il n'en soit plus réellement un, restera un poids, tant qu'il ne l'aura pas clairement libéré.

Il en est certain.

- Depuis toujours. Halète-t-il presque. Depuis que je suis en âge de trouver quelqu'un attirant.

Sa gorge le brûle et ses yeux piquent, comme si une fumée toxique l'attaquait, ses poumons peinant d'ailleurs à remplir leur rôle.

Tout est dans sa tête, il le sait, mais ça ne rend pas les choses plus faciles.

Ne pas pleurer. Ne pas craquer. Respirer.

Ça va aller. Ça passe toujours.

Sauf que maintenant, qu'il l'a dit, tout est réel.

Pas le fait qu'il soit gay, mais le temps perdu et le mal qu'il s'est fait.

Est-ce que ça valait le coup de se renier ainsi, de se détruire, pour un stupide château qui l'a retenu prisonnier dans un bonheur factice, avant de s'effondrer, l'écrasant sous les débris ?

Fragile comme du sable et pourtant, aussi lourd que du béton.

Surement le poids des doutes, blessures, regrets et souffrances accumulés. Le poids du prix à payer pour avoir vendu son âme.

Han Bin a voulu se persuader qu'il avait complètement fait la paix avec son passé. Qu'il allait mieux, parfaitement bien même. Et aujourd'hui, il doit accepter que c'est faux.

Aujourd'hui, il se sent à nouveau désolé pour le gamin qu'il a été. L'innocent plein d'espoir, qu'il a forcé à mentir et se renier, en s'enfonçant toujours plus profondément dans des mensonges douloureux, qui le blessaient en permanence.

Les marques sont encore là. Profondes et indélébiles.

Être désolé pour l'adolescent qu'il a été, c'est être désolé pour l'homme qu'il est aujourd'hui et il déteste ce sentiment plus que tout.

Il hait cette impression de revenir en arrière. De revenir au moment où il a tout perdu, où il se méprisait plus que tout.

Lorsqu'il se haïssait au point de ne plus supporter son reflet, incapable de se reconnaitre dans l'image forgée par d'autres.

Il ne veut plus se sentir comme une victime. Surtout une victime de ses propres erreurs.

Ça ne valait pas le coup. Rien ne valait le coup de s'infliger ça.

Et maintenant, c'est trop tard.

Trop tard pour revenir en arrière. Trop tard pour éviter les dommages et réparer les choses.

Trop tard pour se réparer.

Et c'est pour ça qu'il s'en veut autant. Pour ça que découvrir que Namjoon est gay, a réveillé cette colère qui grondait sous la surface.

Lentement, lui laissant l'occasion de reculer, le blond passe un bras autour de ses reins, l'attirant doucement vers lui, sans forcer le mouvement.

Han Bin suit, acceptant l'étreinte, s'accrochant à ses épaules puis son cou.

Le rappeur l'enlace alors vraiment, le serrant contre lui et cette fois, il ne retient plus rien, craquant complètement.

Il a mal.

Il est révolté, blessé, en colère.

Mais il est aussi soulagé.

Ses émotions contradictoires se mêlent pour former une masse énorme, toxique, dont il se libère peu à peu, allégeant son cœur et son esprit.

Tirant sur le tee-shirt de Namjoon, ses doigts crispés autour, il enfouit son visage dans son cou, s'accrochant à lui de toutes ses forces.

Lorsqu'il est enfin calmé, il fait nuit et enfin plus frais.

Ils ne disent rien, et ne se séparent pas, observant la lune, l'un contre l'autre.

Han Bin est trop épuisé pour réfléchir, ou même ressentir autre chose que la fatigue et la chaleur de Namjoon et au final, ils s'endorment tous les deux, sans s'en rendre compte, bercés par les vagues.


"I can hear the words you're too scared to say
I can feel your worries but I can't fix your pain
I'll hold you close in the quiet
It's the strangest thing, it's like watching cars collide
And I'm right by your side"





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Oui, ce texte c'est juste l'auteur qui exorcise son mood, un peu spécial dernièrement. XD

C'est la première fois que j'écris vraiment avec Han Bin et j'ai l'impression qu'il va prier pour que ce soit la dernière ! (Aucune chance jeune homme ! Prends tes responsabilités 😤)

Bref, suite et fin en ligne si quelqu'un est arrivé jusqu'ici et se sent encore d'humeur maso.

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