❤ Fairycubies ❤

"Sea Castle" est une chanson de Purity Ring

Bande son du chapitre : "Isolation" by Lucas King

"I could build a big machine
Draw pictures for the walls
Hang up all my fragile thoughts
Display that you might see
A space, a drop, a cloth
A comfort of frailties in me
A space, a drop, a cloth
A comfort of frailties

Baby, why don't you see, see my sea?
Make slow, get inside and pull on my sea
Get inside and build your castle in me
Baby, why don't you see, see my sea?
The moon is dead but she still pulls on me
Get inside and pull on my sea"

La fin du monde.

C'était un terme que Jung Kook avait entendu des centaines de fois.

Au cinéma, à la télévision, dans des livres ou des émissions catastrophes.

Quelque chose qui au fond, n'avait jamais vraiment eu de sens, qu'il n'avait jamais pu visualiser réellement.

C'était comme les vampires, les sirènes, ou les invasions extra-terrestres.

Du divertissement.

Parce que les humains étaient assez stupides, orgueilleux et égoïstes, pour rire d'un sujet avec des implications aussi graves.

Pour ignorer que c'était quelque chose qui pouvait arriver.

Non, pas à eux ! Pas à cette race si intelligente, puissante et développée !

Non, pas hors d'une salle de cinéma ou les pages d'un roman passionnant.

Impossible !

Jung Kook fit machinalement glisser ses doigts jusqu'à sa cheville, caressant son couteau, comme pour se rassurer, alors que ses yeux restaient fixés sur l'énorme boule de feu, qui grossissait doucement.

Leur nouveau soleil le fascinait toujours autant.

Il aimait se perdre dans sa contemplation, en même temps que dans ses pensées découses.

Souvent sombres.

Le monde était encore là, tenant le coup, continuant d'évoluer, de s'ajuster aux changements.

L'humanité ?

C'était un peu plus compliqué.

Parce que les êtres humains étaient faibles.

Insignifiants.

Et en voix d'extinction.

Comme toutes ces créatures dont ils avaient causé la perte.

Jouant avec la boucle d'oreille à son oreille droite, cadeau de sa mère, il tenta de se remémorer son sourire.

C'était de plus en plus difficile.

Peu à peu, il oubliait tout de son passé, son esprit n'ayant pas la force de préserver ses souvenirs.

Même les meilleurs.

Pourtant, certains étaient encore bien trop vifs.

Le jour de ses quatorze ans, Jung Kook avait été attaqué par son propre père.

Ce dernier avait soudain lâché l'énorme gâteau d'anniversaire, son regard noisette ayant pris des teintes vert fluo.

Il n'y avait pas tout de suite fait attention, trop concentré sur la pâtisserie au sol et le rire de son grand frère.

Puis soudain, alors qu'il relevait la tête vers lui, boudant, il avait croisé les yeux de son père, à peine eut le temps de sentir un frisson le secouer, et ce dernier s'était jeté sur lui, laissant échapper un son impossible à définir.

Ce n'était ni humain, ni animal.

Simplement déchirant.

De ce jour censé célébrer sa venue au monde, Jung Kook gardait surtout le souvenir de son frère, fracassant le crâne de l'homme qui les avait élevés.

Aimés.

Avant de soudain vouloir les tuer.

De ses quinze ans, il retenait l'image de sa mère en feu, au milieu de ce qui restait des membres de la colonie où ils s'étaient réfugiés après la catastrophe, en attendant que ça s'arrange.

Ce jour là, il avait compris que ça ne s'arrangerait jamais.

Que ce n'était pas un simple long mauvais moment à passer et qu'aucune solution ne serait trouvée.

Et que non, ce n'était pas la fin du monde.

Simplement celle de l'humanité.

- Le petit déjeuner est prêt !

Jung Kook délaissa le soleil pour se tourner vers celui qui l'appelait, sans pourtant le regarder.

Yoongi avait, comme souvent, tout fait tout seul, pendant qu'il l'ignorait, ne lui apportant aucune aide.

Se levant, le brun quitta son rocher pour rejoindre le feu et se servir en grimaçant, dégouté par le contenu de la vielle casserole.

Sans un mot, il s'éloigna, s'installant un peu plus loin, tournant le dos à son compagnon d'infortune.

Le blond ne dit rien, habitué au comportement du plus jeune.

Ils ne se parlaient quasiment pas, sauf lorsqu'ils s'engueulaient.

Ou plutôt, lorsque Jung Kook s'emportait.

Parce que ce dernier était incapable de garder son calme en présence de l'aîné.

C'était toujours plus fort que lui.

Bien plus encore que lorsqu'ils étaient "ennemis", se chamaillant sans cesse, souvent de façon puérile.

Dernièrement, la seule existence de Yoongi semblait éveiller une tempête en Jung Kook.

Toujours plus violente et destructrice.

Il le haïssait.

Non, c'était plus fort que ça.

Haïr n'était pas assez puissant, pas assez complexe et douloureux, pour exprimer ce qu'il ressentait.

Un jour peut-être, il finirait par trouver un terme adéquate, quelque chose capable de décrire, d'expliquer, tout ce qui le détruisait de l'intérieur.

Tout ce qui se déchirait, saignait, s'enflammait en lui, à cause du blond.

En attendant, il se contentait de la haine.

- J'y vais ! Déclara Yoongi, déposant son bol.

Le plus jeune l'entendit s'activer, ramassant ce dont il avait besoin pour aller explorer les alentours, à la recherche de quelque chose d'utile.

Ses pas dans la neige agressaient de plus en plus les oreilles de Jung Kook, qui finit par se tourner vers lui, de nouveaux reproches sur le bout de la langue.

Mais il les ravala tous, les laissant glisser douloureusement, lui écorcher la gorge, puis s'y bloquer un moment, avant de descendre soudain peser sur son estomac.

Le blond avait soulevé son manteau et son pull aussi long qu'une robe, pour glisser son couteau à l'étui accroché à sa cuisse, serré autour du tissus de son jeans.

Le plus jeune frissonna, ses mains tremblant légèrement, alors qu'il observait l'arme qui, il n'y a pas si longtemps, appartenait encore à son grand frère.

Jung Hee avait chéri cette lame avant de l'offrir à Yoongi, lui assurant qu'elle le protégerait si, par malheur, il n'était pas avec lui pour le faire.

C'était un couteau de combat à double tranchant, avec une lame d'environ vingt centimètres, entièrement noire, à la pointe renforcée.

Un couteau qui semblait presque trop imposant, trop dangereux, pour être accroché à la cuisse fine du blond.

Ce n'était pas sa place.

Il appartenait à son frère, c'est entre ses mains qu'il devait se trouver, lui qu'il devait protéger.

Mais Jung Hee était mort et Yoongi avait son arme.

Contre lui, toujours.

Comme les pulls immenses dans lesquels il se glissait, ou la peluche usée qu'il serrait dans son sommeil agité.

Tout était à Jung Hee ou de lui et Jung Kook ne pouvait pas y échapper.

C'était comme si le plus âgé voulait être sûr qu'il se souvienne, que, chaque jour, la culpabilité le ronge, jusqu'à ce qu'il en crève.

Comme si l'autre lui criait qu'il méritait de mourir. Que c'est son frère et non lui qui devrait se trouvait à ses côtés.

Qu'il avait gâché ce qu'ils avaient réussi à construire dans ce monde en ruines.

Que c'est à cause de lui que Jung Hee n'était plus avec eux.

Lorsque le blond referma son manteau, cachant l'arme, le brun sortit de sa transe, remarquant enfin que l'aîné avait suivi son regard.

Tendu, sentant une nouvelle vague de colère l'envahir, il serra les poings.

- Tu ne le mérites pas ! Cracha-t-il. Comme tu ne méritais pas son propriétaire !

Yoongi ne dit rien.

Il resta quelques secondes figé, avant de simplement s'éloigner, prêt pour son expédition.

Concentré sur ses pas dans la neige, dont le son mourait peu à peu, Jung Kook se demanda, comme souvent, qui des deux détestait le plus l'autre.

Et comme à chaque fois, il se dit que c'était forcement lui.

Il était impossible que quelque chose de plus fort que ce qu'il ressentait, puisse exister.

Oui, peu importe à quel point Yoongi le haïssait, il le haïrait toujours plus.

Voilà. Je pense que ça sera toujours comme ça, ou du moins en majorité. Des petites parties tournant autour de Kook, ses souvenirs et sentiments. Ça ne sera pas vraiment "construit".

Et honnêtement, autant c'est assez libérateur à écrire, car j'y passe un peu de ma déprime, autant je ne sais pas si à lire, ça a le moindre intérêt.