Le Survivant
"Condamné à me battre, forcé à refouler ceux pour qui j'avais tout donné, je tirerai le premier coup, annonçant une guerre sans pitié entre ma raison d'être et ce monde."
Viaezero
Un grand feu brûlait au milieu de la clairière. Ses crépitements étaient le seul son que l'on pouvait entendre. Bien sûr, il y avait aussi le bruit des combats, plus loin, les explosions à répétition, les rugissements des géants et les cris des combattants. Là-bas, la fin du monde, le chaos, le bien et le mal qui s'affrontaient dans un duel acharné. Ici, un silence terrifiant, presque glaçant. Le Seigneur des Ténèbres était immobile au centre de la place, les yeux fermés, semblant méditer sur quelque chose qui leur échappait à tous. Bellatrix le contemplait, fascinée et ivre de son Maître. Quand à Narcissa, elle ne pouvait s'empêchait de penser à Drago. Il se trouvait là-bas, au centre d'une bataille sanglante, exposé à tout type de danger. Elle ne cessait de réfléchir à un moyen de le rejoindre, un moyen de savoir s'il était sauf, s'il allait bien. Mais Lucius avait déjà essayé et le mage noir avait été clair : il ne leur permettrait pas de partir. Il se fichait pas mal de leur fils, Narcissa le savait pertinemment. Tout ce qui lui importait, c'était Harry Potter. Il voulait le tuer et gagner cette guerre. Peu importe le nombre de sacrifices pour le conduire à la victoire.
De son côté, Narcissa avait compris que la victoire de Voldemort ne l'intéressait pas. Elle avait longtemps pesé le pour et le contre, calculé les avantages et les inconvénients, et en était arrivé à la conclusion que s'il remportait la victoire, il allait les écraser. Et rien, ni personne ne l'en empêcherait. Voldemort ne voulait pas un monde meilleur. Il ne voulait pas une nouvelle société, ni une hiérarchie plus juste, non. Il aspirait au pouvoir. Tout comme Grindelwald s'était servi de son charisme et des reliques pour mener une révolution, Voldemort se servait de son pouvoir et son ambition pour devenir le roi et diriger le monde. Il tuait et brisait ses partisans pour leur montrer combien lui seul importait et qu'il leur était nécessaire. Mais Narcissa avait développé une rancune particulière envers ce monstre, et souhaitait plus que tout le voir échouer. Le voir se détruire, lentement, comme il l'avait détruite elle.
Narcissa s'était battue pour sa famille jusqu'à se noircir l'âme. Elle avait tout donné pour qu'ils restent unis. Elle ne voulait pas voir ses efforts anéantis en une seule nuit. La hargne de se battre l'animait encore ; peut-être parce qu'il ne lui restait presque plus rien et que, comme un animal se battrait férocement pour garder la dernière chose qui lui restait, Narcissa se sentait prête à tout sacrifier pour retrouver son fils et serrer éternellement la main de son mari.
Au loin, des pas résonnèrent et tous relevèrent la tête pour savoir de qui il s'agissait. La tension et la nervosité étaient à leur apogée. Le moindre bruit les faisaient sursauter. Tous attendaient la venue du garçon. Touts souhaitaient secrètement que tout ça se termine vite pour rejoindre leur famille. Le Seigneur des Ténèbres avait beau les considérer comme des pions sans importance, des soldats voués à lui, ils restaient des hommes, et les hommes dans une guerre comme celle-ci s'inquiétaient pour leurs proches. Sauf Bellatrix, qui semblait captivée par la tension du moment. Elle était peut-être la seule ici à réellement vouloir la victoire de son Maître.
Finalement, ce ne fut que Dolohov qui revenait de sa ronde, le visage contrit.
– Aucun signe de lui, Maître, dit-il.
Il prit peur lorsque le mage noir changea la position de sa baguette entre ses doigts et déguerpit au plus vite, le visage blême.
– Je pensais qu'il viendrait, susurra-t-il, les yeux fixés sur les flammes qui dansaient devant lui. Je m'attendais à ce qu'il se montre.
Personne ne parla. Tous retinrent leur souffle, attendant de savoir ce qu'il s'apprêtait à faire, si sa colère allait éclater ou non. La moitié se préparait déjà à partir en courant et abandonner leur Maître sous le moindre signe d'une menace. Narcissa riait intérieurement de leurs comportements. Voilà ce qui se produisait lorsqu'on émane trop de peur autour de soi. Un monstre se retrouve toujours seul, à la fin. Parce qu'il ne représente que la mort pour ses alliés, et la seule chose que l'homme craint est cette ennemie invisible qui est capable de tout nous prendre en une seule seconde.
– Il me semble que je me sois... trompé, reprit-il, d'une voix peinée.
– Non, vous ne vous êtes pas trompé.
Toutes les têtes se tournèrent vers le lieu où la nouvelle voix avait retenti. Harry Potter se tenait seul de l'autre côté du feu, le visage crispé, les lèvres pincées. Il avait peur, mais tentait de paraître impassible. Il eut un moment de grand silence dû à la stupéfaction et la surprise, puis des exclamations de joie et des éclats de rire. Du soulagement.
– HARRY ! NON !
Hagrid, le petit géant qui servait de garde chasse à l'école, se débattait sous ses liens, l'expression terrorisée. Le Seigneur des Ténèbres lança un regard noir à Rowle qui s'empressa de s'incliner, tremblant.
– NON ! NON ! HARRY, QU'EST-CE QUE...
– SILENCE ! Tonna le Mangemort.
Bellatrix était capturée par ce moment et observait la scène, haletante, le visage rouge. Sa sœur, à côté d'elle, restait de marbre.
– Harry Potter... dit doucement Voldemort, sa voix se confondant aux crépitements du feu. Le garçon qui a survécu... vient pour mourir.
Puis en à peine quelques secondes, il leva sa baguette et un éclair vert aveugla la clairière. Narcissa s'était réfugiée dans les bras de Lucius, poussant un petit cri de surprise. La plupart reculèrent, titubant les uns sur les autres, l'esprit égaré. Tout le monde finit par se regarder en se demandant ce qui avait bien pu se passer. Certains se précipitèrent vers quelque chose que Narcissa avait du mal à distinguer.
Un corps... Voldemort.
Il était au sol et peinait à se relever, comme un vieillard en fin de vie. Lucius ne bougea pas d'un pouce, ce qui arracha un léger sourire discret de la part de sa femme. Bellatrix, quand à elle, réagissait comme si son monde entier était en train de s'effondrer.
– Maître, maître, permettez moi de...
– Je n'ai pas besoin qu'on m'aide ! Siffla le mage noir froidement.
La plupart des Mangemorts ne se firent pas prier et reculèrent immédiatement. Qui savait, en colère, il pourrait bien tous les tuer. Bellatrix semblait vexée, mais tenta de le cacher du mieux qu'elle put.
– Le garçon... est-il mort ?
Il le paraissait, mais personne n'osa répondre sur l'affirmative, ni s'approcher du corps. La vie semblait s'être suspendue dans ce moment si décisif. Alors Narcissa sut que c'était sa seule chance de rejoindre son fils. Elle sut, à cet instant précis, que si elle s'y rendait, elle obtiendrait tout le pouvoir du changement de situation en quelques secondes. Doucement, elle se dégagea des bras de Lucius et s'avança, moitié hésitante, moitié terrifiée.
– Narcissa ! Chuchota dans son dos son époux pour la ramener à lui.
Mais non, il fallait qu'elle sache, il fallait qu'elle prenne son destin entre ses mains et le tourner à son avantage. Tous les regards se posèrent sur elle. Même le Seigneur des Ténèbres l'observait comme si sa vie entière dépendait d'elle. Et elle aimait cela. Elle aimait le voir soumis à elle, elle aimait découvrir sa faiblesse dans l'arme invincible du monstre méchant qu'il portait.
Narcissa arriva près du corps et s'agenouilla devant. Son cœur battait la chamade et elle avait presque chaud, dans la froideur de la forêt. Ce moment décisif lui appartenait, à présent. Elle avait le pouvoir de changer le tournant d'une guerre, ce soir. Tant de souffrances pour en arriver là...
Elle passa sa main sous son tee-shirt et tâta sa poitrine pour vérifier si son cœur battait toujours. Ses ongles se plantèrent involontairement dans la chair du garçon et son souffle se coupa, un instant, pour bien entendre tous les signes de vie présents.
Le temps fut suspendu. Le silence devint total.
Boum.
Boum, boum.
Les yeux de Narcissa s'écarquillèrent. Était-ce vraiment possible ? Le sortilège de la mort l'avait frappé en pleine poitrine et Harry Potter demeurait vivant, allongé sous elle, respirant le plus discrètement possible. Oui, il respirait, elle en était certaine à présent. Maintenant qu'elle savait cela.... que faire ?
Ses pensées se mirent à tourbillonner à cent milles à l'heure. Pourtant, il fallait qu'elle reste calme. À partir de ce moment, elle bloqua entièrement son esprit des autres et médita comment elle devait agir.
Narcissa se rendit alors compte que l'humanité entière dépendait d'elle. Le monde entier se tenait en haleine devant son choix, la regardait comme la dernière goutte d'eau dans un désert de sable. Et malgré cela, malgré ce poids immense qui s'accabla sur ses épaules, elle ne pensa qu'à son fils. Narcissa savait que la seule chance de le retrouver était de retourner à Poudlard dans les rangs d'une armée victorieuse. Elle savait que Harry mimerait sa mort jusqu'à la fin. Jusqu'à ce que Voldemort pense entièrement avoir été le gagnant.
Il ne lui restait qu'une chose à faire. Dans un murmure à peine audible, elle demanda :
– Est-ce que Drago est vivant ? Est-ce qu'il est au château ?
Lorsqu'elle vit son hochement de tête des plus discrets, elle sut, à cet instant précis, quel choix elle allait prendre. Puis une pensée vint s'intercaler dans son esprit, une pensée des plus affreuses, une pensée qu'elle aurait tout donné pour ne pas avoir.
Bellatrix.
Qu'adviendrait-il de sa sœur, si son Maître perdait ?
Tu les tueras de tes propres mains
Chacune d'elle, pour un être qui
Causera ta perte
lui avait dit la prophétie. Les battements de son cœur redoublèrent d'intensité. Etait ce ainsi qu'elle était censée tuer sa dernière sœur ? Allait-elle vraiment avoir le courage de la condamner de cette manière ? Allait-elle pouvoir mentir face au plus grand mage noir de toute l'histoire juste pour retrouver son fils, au risque de perdre sa sœur en chemin ?
Elle déglutit bruyamment. Oui, elle allait le faire. C'était le seul moyen de finir ce qu'elle avait commencé.
Alors, lentement, elle se releva, le souffle court, se tourna vers Voldemort et ses fidèles et dit d'une voix posée et claire :
– Mort.
_________
Okaay, alors j'aimerai préciser que l'écriture de ce chapitre a vraiment été laborieux et difficile, mais je suis quand même fière du résultat. Je ne pensais pas aussi compliqué le fait d'écrire un passage du livre sous un point de vue différent, de le réécrire en gros mais différemment, et avec mon propre style. Je précise que la plupart des répliques sont issus du livre, sauf le « Le garçon qui a survécu vient pour mourir » et le « Mort ». Ceux-là sont traduit de l'anglais du film ( ouais, fallait y penser ), « The boy who lived comes to die » et le « dead » caractéristique de cette scène ( du moins je pense hein, ça fait pas mal de temps que je n'ai pas vu le film...). Le reste, c'est de moi : les descriptions, les ressentis. J'ai même décidé donner une tout autre impression que dans le livre : je voulais montrer que les Mangemorts ne sont pas tous des méchants purs, qu'ils suivent Voldemort plus par crainte qu'autre chose et qu'évidemment, lorsqu'on menace leur vie ou celle de leur proche, ils déguerpissent. Ça brise un peu la frontière bien/mal qu'on a l'habitude de voir dans ces histoires là et qui m'exaspère légèrement:) Voilà, j'espère que ça vous a plu et que vous comprendrez peut-être mieux le choix de Narcissa dans ce moment si décisif. Le chapitre suivant sera calqué sur le film (parce que je n'aime pas trop comment il est dans le livre) donc j'espère que je ne vous décevrai pas ! Ce sera le dernier avant l'épilogue:))
Laissez moi un petit commentaire, ça fait plaisiir
Plein de kisses
--Lyanna
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