Il est mort

"Je le vis bien, tu sais, d’aller mal. J’ai l’habitude, de ce rien qui me brûle le cœur. J’ai l’habitude du vide, du silence et d’être constamment seule. Oui, je vis bien parce que j’ai fini par me dire que c’était ma manière à moi d’être heureuse. "

Narcissa tournait en rond dans le salon depuis déjà plus de deux heures. Elle regardait par la fenêtre toutes les minutes pour voir si quelqu'un arrivait et s'attendait au pire ; parce qu'on fond, ces derniers temps, c'était toujours le pire qui lui arrivait.

– Quand doivent-ils rentrer ? S'entendit-elle demander.

– Je te l'ai déjà dit milles fois, soupira Rabastan d'un air las. Ça dépend de comment ça se passe.

Elle passa une main dans ses longs cheveux détachés et se remit à marcher inutilement dans la pièce. Cela faisait un mois qu'elle s'habillait entièrement de noir. Un mois qu'elle ne mangeait presque plus rien, un mois qu'elle passait son temps à écrire des lettre à Drago ou fixer inutilement la cheminée des heures durant. Un mois qu'elle s'était éteinte et ne vivait que pour l'espoir de retrouver son fils.

Yaxley observait dans un coin, silencieux. Narcissa l'ignora. Il détestait cela.

– Je vais chercher une bouteille, fit Rabastan en se levant.

Lorsqu'il sortit, Corban surgit de l'ombre et se planta devant Narcissa d'un air menaçant. Elle le regarda totalement indifféremment. Il pouvait lui faire ce qu'il voudrait, elle s'en fichait. Son âme était déjà brisée, il ne pouvait la briser encore plus.

– Ça fait longtemps que tu fais comme si je n'existe plus.

– Parce que tu croyais que tu existais pour moi ?

Il la gifla. Mais Narcissa réussit à rester sur pied, immobile face à lui, ce qui l'irrita encore plus. Un goût de sang emplit sa bouche. Une goutte coula d'entre ses lèvres.

– Que ferais-tu si Lucius apprendrait ce que nous avons fait, à son retour ? Comment réagira-t-il lorsqu'il saura que tu t'es donné à moi de plein gré ? Hein ?

Elle ne dit rien, mais dessina un petit sourire.

– Hein ? Insista-t-il, une lueur de folie brillant dans ses yeux bruns.

– Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c'est qu'un jour viendra, Corban, où je te tuerai. Ni Lucius, ni Bellatrix, ni qui que ce soit. Moi.

Sa main se leva une seconde fois quand Rabastan refit son entrée, sa bouteille à la main.

– Dégage Yaxley, s'énerva-t-il. Pars loin, très loin.

À la lueur du feu qui brûlait dans l'âtre, il ne vit pas la goutte de sang qui coulait du menton de Narcissa. Mais une réponse à toutes les marques qu'elle avait reçu ces derniers temps se dessina au loin, vaguement. Corban grimaça et ferma son poing de nervosité quand la porte d'entrée s'ouvrit avec fracas. Un cri aigü l'accompagna et Bellatrix s'engouffra dans le salon, sautillante de joie.

– Il est mort ! Il est mort ! Chantait-elle, toute gaie. Dumbledore est mort !

Narcissa fixait la porte d'un air désespéré. Le temps fut suspendu durant quelques secondes, quelques secondes durant lesquelles l'espoir de voir Drago disparut. Les Aurors l'avaient capturé. Ou pire, il avait été tué. Mais au moment où son mondre s'apprêtait à s'écrouler, elle le vit. Son visage était plus blanc que jamais, mais il était là. Il était en vie.

Elle se précipita vers lui et l'enlaça aussi fort qu'elle put. Une vague de soulagement parcourut son corps tandis qu'elle passait une main dans sa chevelure platine. Sans vraiment s'y attendre, il lui rendit son étreinte et enfouit son visage dans son épaule. Il pleura. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu pleurer.

Lentement, elle se détacha et lui prit la main. Elle l'entraîna à l'étage, là où aucun œil indiscret ne pouvait les voir. Puis elle se tourna de nouveau vers lui et encadra son visage avec ses mains, des larmes de joie perlant dans le coin de ses yeux sombres.

– Mère, je... je suis désolé... hoqueta-t-il, pleurant d'épuisement.

Le sourire de Narcissa retomba aussitôt.

– Que ce passe-t-il ?

– Je n'ai pas pu le tuer, je ne pouvais pas, je... j'ai échoué...

Elle l'enlaça de nouveau, le cœur serré. Il était rentré et il était en vie, c''était tout ce qui importait. Quelqu'un avait bien dû tuer le vieux directeur à sa place, et si ce quelqu'un avait pu rentrer dans l'établissement, c'était grâce à l'armoire à disparaître que Drago avait réparé. Le Seigneur des Ténèbres comprendrait. Il comprendrait qu'un gamin de seize ans ne peut pas tuer.

Drago se détacha et sécha ses larmes d'un revers de la main. Il se maudit d'être aussi faible devant sa mère et voulut lui montrer que quoi qu'il arrive, il tiendrait le coup. C'est alors qu'il vit le sang sur le menton de Narcissa. Il remarqua aussi que son comportement était tout autre. Qu'il n'y avait plus cette étincelle qui brillait dans ses yeux. Celle qui faisait qu'elle souriait tout le temps, celle qu'elle se servait pour lui montrer combien elle l'aimait, celle qui faisait qu'elle était heureuse. Ses yeux n'avaient plus cette étincelle ; ils étaient noirs à présent, si noirs et sans aucune lumière.

– Qu'est-ce qui s'est passé...

– Oh ben tient, tu vas en profiter pour lui dire ce que tu as fait, n'est-ce pas Cissy ?

Narcissa tourna lentement sa tête vers Bellatrix qui se tenait sur les dernières marches de l'escalier, un sourire vengeur sur le visage. Elle ne pouvait pas y croire. Sa sœur était enivrée par les événements, elle ne pensait pas ce qu'elle disait.

– Raconte-lui comment tu as pardonné plus facilement à cette traîtresse d'Andromeda qu'à moi. Raconte-lui ce que tu as écrit dans cette lettre.

Narcissa resta de marbre. La lettre. Comment savait-elle pour la lettre ? Drago observa la scène sans rien comprendre. Bien sûr qu'il savait qui était Andromeda, son père lui avait raconté autrefois mais... pourquoi sa mère aurait parlé avec elle si elle avait été reniée ?

– Oh, tu t'étonnes pour la lettre ? Mais c'est grâce à ça qu'on a pu retrouver Andromeda ! Tu croyais qu'Olivia était une sainte et qu'elle allait te rendre service si facilement, si silencieusement ?

Elle rit.

– Quelle naïve tu es, ma pauvre.

Narcissa se jeta sur elle dans un cri de rage et voulut l'étranger jusqu'à en avoir mal aux mains, jusqu'à voir son visage enfler et devenir rouge, puis bleu, puis noir, mais Bellatrix fut plus rapide. Elle la plaqua contre le mur et appuya sa baguette contre sa trachée.

– Raconte-lui comment, par ta faute, elle est morte ! Hurla-t-elle, les yeux injectés de sang. Raconte-lui comment tu l'as tuée, raconte-lui pourquoi il y a une tombe dans votre jardin, RACONTE !

Une larme coula sur la joue de l'aînée. Narcissa n'arrivait plus à respirer. La baguette restait appuyée si fort sur sa gorge qu'elle étouffait. Non, ce n'était pas sa baguette. C'était un sortilège, un sortilège que la colère de Bellatrix avait crée et qui était en train de la tuer. Lentement, à petits feux.

– Bella... suffoqua-t-elle, les yeux brillants.

Une main baissa doucement le bras de l'aînée. Rodolphus lui retira délicatement sa baguette de sa main, sans un mot. Narcissa put enfin reprendre de l'air et s'effondra au sol, sa main autour de son cou, les oreilles bourdonnantes. Sa sœur tituba un instant, les yeux écarquillés d'effroi.

– Tout est ta faute, murmura Bellatrix, les larmes débordantes.

Dans toute la douleur qui l'achevait, dans tout le chaos qui lui rongeait l'âme, Narcissa sut, qu'au fond, elle avait raison.

***

– Drago a donc échoué.

Seul le silence lui répondit. À ses côtés, son plus jeune Mangemort déglutit bruyamment et baissa la tête.

– Mon Seigneur, Drago a tout fait pour nous faire entrer et piéger Dumbledore, c'est donc grâce à lui qu'il est mort, intervint Severus, la mine grave.

Il accompagna ses propos d'un regard entendu adressé à Narcissa. Celle-ci le vit, mais ne répondit pas. Elle n'osait pas serrer la main de son fils pour le rassurer. Elle savait que s'il la retirerait, cela lui briserait le cœur. Et elle ne voulait plus avoir le cœur brisé.

Que pensait-il d'elle, à présent ? Qu'elle était un monstre ? Peut-être, oui. Peut-être qu'elle l'était, au final, mais ne voulait simplement pas l'accepter.

– J'y ai pensé, j'y ai pensé, murmura le mage noir, l'air pensif. Mais Drago aurait du le tuer lui même, et ne l'a pas fait.

Le silence tomba comme une pierre dans la salle. Personne ne savait à quoi s'attendre. Avec Lui, rien n'était prévisible.

– Aussi, il doit connaître la punition relative à l'échec. Les Lestrange, vous savez quoi faire.

Rodolphus ferma les yeux et se leva à contrecœur, suivi de près par son frère cadet. Cette fois-ci, ce fut Drago qui serra fort la main de sa mère. Quelques larmes apparurent dans ses yeux gris. Narcissa, encore une fois, ne comprenait pas.

– Je pense qu'on devrait aller dehors, lui murmura son beau-frère à l'oreille.

– Quoi ? Pourqu...

Rabastan lui attrapa son bras et la força à se lever. Sa main s'accrochait toujours à celle de Drago, comme on s'accroche à un rocher en pleine tempête. Pour rien au monde elle ne la lâcherait. Plus jamais.

– Narcissa, s'il te plaît, obéit, reprit Rodolphus avec un calme déconcertant.

– Non, qu'est-ce que...

Mais Rabastan l'entraîna de force un peu plus loin, plus loin de Drago, plus loin de sa lumière. Leurs mains ne se lâchaient toujours pas. Alors quand elle vit le Seigneur des Ténèbres sortir sa baguette, lorsqu'elle croisa son regard, elle comprit. Elle comprit qu'il allait le torturer. Elle comprit qu'on l'entraînait en dehors de cette pièce pour ne pas l'importuner. Elle comprit aussi que le cauchemars avait atteint son apogée. Son réel apogée.

Rabastan tira de force sur son bras mais elle refusait de lâcher Drago, et Drago refusait de lâcher sa mère. Il savait ce qu'on allait lui faire. Il ne voulait pas. Il avait peur.

– Ça suffit maintenant, siffla Rodolphus, ne supportant pas le regard noir de son Maître.

Il lui prit le second bras et la força à lâcher prise. Narcissa cria lorsque leurs doigts glissèrent, cria lorsqu'elle perdit son contact.

– Maman !

Ils l'entraînèrent loin de lui. Elle hurla, de toute ses forces. Elle se débattit, les griffa avec ses ongles rongés. Elle le vit s'éloigner, de plus en plus, jusqu'à ce que la porte se ferme devant elle.

Son hurlement déchirant résonna dans tout le manoir.

Celui de Drago aussi.

Puis Rodolphus posa une main sur ses yeux et l'endormit.

Parce que c'était la seule bonne chose à faire à présent.

Qu'elle ne se rende plus compte de rien. 

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