Farewell, Andry
" En ce moment, je n’ai plus d’émotions. Je m’e fous de tout. Je ne suis pas triste, ni heureuse. Je suis rien, je suis vide."
La pluie tombait à flot. Les nuages grondaient au-dessus de sa tête, le vent balayait quelques mèches trempées dans son dos. La terre était boueuse et glissante, mais Narcissa s'en fichait.
Elle creusait.
Ses bras commençaient à la faire souffrir, mais cela lui permettait d'oublier les images qui tournaient sans cesse dans sa tête. Sa peau blanche comme de la porcelaine. Ses yeux clos, à tout jamais. C'était elle qui avait fait ça. Tout était sa faute.
Alors elle creusait. Elle ne voulait pas utiliser la magie, elle voulait creuser la tombe de sa sœur avec ses propres main. Ça faisait mal, oui, mais elle le méritait.
Elle aimait bien aussi que la pluie se mêle à ses larmes. Que la terre salisse sa robe et son visage. Que ses cheveux détrempés collent à sa peau.
Quelques mètres plus loin, enveloppé dans des draps blancs, gisait le corps d'Andromeda. Pas droit à un cercueil. Ni à des funérailles. Narcissa enfonça pour la énième fois la pelle dans la terre. Elle avait mis du temps pour comprendre comment on devait s'en servir. Mais elle apprenait vite.
Elle fut secoua d'un nouveau sanglot mais continua. Cela faisait deux heures qu'elle creusait. Sans s'arrêter.
- Narcissa ! Hurla une voix dans la tempête.
Elle reconnut le timbre de Rodolphus. Qu'il lui fiche la paix. Qu'ils lui fichent tous la paix. Qu'ils la laissent creuser sous la pluie. Elle le méritait.
- Narcissa, arrête !
Rodolphus s'approcha et voulut lui prendre la pelle des mains, mais elle l'en empêcha.
- Laisse-moi ! Cria-t-elle d'une voix brisée.
Elle la planta une nouvelle fois dans la terre mais il décrocha ses mains de la hanse et retourna la matière boueuse lui-même. Narcissa recula de quelques pas, le souffle coupé. Il continua de creuser à sa place, sous la pluie battante. Elle avait froid et tremblait, mais elle s'en fichait. Rodolphus continua jusqu'à créer un trou assez grand et profond pour y déposer un corps. Essoufflé, il laissa tomber l'instrument sur le côté et sortit sa baguette.
- Non ! Hurla-t-elle, affolée.
Il la regarda, sans comprendre.
- Pas de magie.
Durant quelques secondes, il resta perplexe puis finit par la ranger. Narcissa ferma les yeux de soulagement. Une baguette pointée sur un corps lui rappelait ce qu'elle avait fait, et elle ne pouvait pas le supporter. Ensemble, ils s'emparèrent du cadavre emmitouflé de draps et le déposèrent dans le trou creusé par eux-mêmes. Narcissa se mit à genoux et ramena toute la terre sortie là d'où elle venait. Rodolphus alla pour l'aider quand elle l'arrêta d'un geste de la main.
- Non. Laisse-moi faire...
Lentement, les draps furent recouverts de terre humide emmenés par les bras affaiblis de Narcissa. La pluie l'aveuglait à moitié, mais c'était à peine si elle y faisait attention. Le froid engourdissait ses membres, mais de toute manière, elle ne sentait déjà plus rien. Comme morte, elle aussi.
Rodolphus disparut un instant et revint lorsque toute la terre eut été remise à sa place, créant ainsi un petit amas noir. Il y planta verticalement une pierre plate, au bout de la tombe. Puis il s'agenouilla à côté de sa belle-sœur et se mua dans un silence solennel.
- Je... dit-elle entre deux tremblements, il faut... il faut graver son nom...
- Tu m'as dit pas de magie.
- Oui... oui mais là tu... tu peux.
Il obéit. Lentement, la magie grava dans la pierre froide un « A » puis un « N » suivi d'un « D ». Elle n'eut pas le courage d'observer son nom entier se dessiner sur sa tombe. Elle laissa ses yeux fermés, laissa la pluie recouvrir ses larmes, laissa la douleur détruire le peu qui restait de son âme. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, il était écrit : « ANDROMEDA TONKS 1953-1996 ». Narcissa laissa échapper un gémissement.
- Andrie... Andrie je suis désolée...
Elle n'arrivait plus à parler. C'était au dessus de ses forces, trop dur, trop douloureux. Elle finit par s'asseoir complètement au sol et s'allongea sur la tombe de sa sœur, secouée par moments de hoquets. Rodolphus la laissa faire, mais lui tint la main pour lui faire savoir qu'il était là. À défaut d'avoir Bellatrix à ses côtés, elle avait son beau-frère. Lui savait que sa femme était quelque part cachée, à observer en silence la scène macabre qui se déroulait dans le jardin abandonné des Malefoy. Elle avait beau répéter que Andromeda méritait cette mort, qu'elle avait trahie sa famille, elle restait sa sœur. Mais cela, il n'y avait que son cœur qui le savait. Son esprit le niait entièrement.
- Et l'étoile brilla... Tout là-haut, dans le ciel, l'étoile brilla... fredonna Narcissa.
- Et la lune l'accompagna, tout...
- Mais non, c'est « et la lune pleura, tout là haut » !
Andromeda se tenait debout, les bras croisés devant sa poitrine d'un air contrit.
- Mais c'est hyper triste si tu dis que la lune pleure ! Riposta Narcissa.
- La chanson est triste, qu'est-ce que tu veux y faire.
- C'est n'importe quoi.
Druella, assise dans un coin du salon sur son fauteuil en velours ne put s'empêcher de sourire.
- En vérité les filles, les deux existent, intervint-elle.
Narcissa fronça les sourcils et secoua la tête. Puis elle courut vers l'unique fenêtre qui était à sa hauteur et observa le ciel nocturne d'un air songeur.
- Ce sont les étoiles qui pleurent, alors.
- Pourquoi les étoiles ? S'insurgea Andromeda.
- Parce que toi et Bellatrix faites que pleurer, et vos noms sont des étoiles.
L'intéressée releva la tête de son livre puis finit par lever les yeux au ciel. Andromeda échappa un petit rire.
- Tu es jalouse parce que toi tu n'as pas un nom d'étoile et que les étoiles vivent plus longtemps que les fleurs.
Narcissa eut un petit sourire. Sa main se serra dans la terre humide et de nouvelles larmes dévalèrent ses joues.
- Et l'étoile brilla... Tout là-haut, dans le ciel, l'étoile brilla... et la lune pleura, tout-là haut, et la lune pleura...
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