𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟐

« Je suis seule »

Je chasse ce souvenir de Matthew qui me détruit un peu plus que je ne l'étais déjà et me laisse tomber sur le carrelage blanc des toilettes féminins.

Je suis seule.

Encore une fois, je me retrouve seule.

Peut-être bien qu'Eden a raison, c'est peut-être à cause de moi que Matthew est... parti.

Eden dit que je ne les connais pas mais personne ne sait le lourd secret que je porte chaque jour et chaque nuit.

Mes parents m'ont obligé à ne plus jamais en parler et de ne plus adresser la parole à la famille de Matthew. Ils ne voulaient pas d'ennuis ou de fausses accusations. Parce que oui, la presse aurait sûrement dit comme quoi nous avions quelque chose à voir avec ce terrible accident. Dans notre monde, les choses fonctionnent ainsi, un secret gardé, un problème d'évité mais c'est plus compliqué lorsque le secret vous brise un peu plus le cœur, chaque jour.

J'aimais vraiment Matthew, il était l'homme de ma vie et le seul dont je voulais réellement la présence. Il était tellement beau et parfait, il a été le premier garçon qui m'a fait chavirer mais je n'en étais pas consciente jusqu'à ce que je le perde pour de bon. C'est ce qu'on dit non ? Nous prenons conscience de la valeur des choses comme des gens, lorsque nous les perdons. Et bien, j'ai perdu Matthew.

Je regarde dans le vide en tenant toujours le lavabo, malgré que je sois assise au sol et revois en boucle cette scène. Cet accident, son dernier baiser, son dernier « je t'aime », personne n'égalera cette perfection, notre perfection.

La porte des toilettes féminins s'ouvre, à vrai dire, en temps normal, je me serais levée et me serais redressée pour ne montrer aucune faiblesse mais pas cette fois. Je préfère rester assise et attendre d'être à nouveaux seule pour me morfondre davantage.

Sauf que contre toute attente, quelqu'un attrape mes épaules et me relève. Je force sur mes jambes afin de rester droite puis intensifie mon regard pour discerner cette personne qui m'a vu ainsi.

Ses mains prennent en coupe mon visage alors que sa bouche s'active rapidement mais pour moi, les gestes de ses lèvres sont lents, presqu'infinis. Je relève mes yeux vers les siens et anormalement, je m'effondre dans ses bras.

Des larmes perlent le long de mes joues, indiquant ma tristesse et mon chagrin alors qu'il est surpris de mon geste. Cependant, il remonte lentement sa main dans mon dos et le caresse ce qui étrangement me réconforte.

Après quelques minutes, je cesse de pleurer mais reste contre le torse de Zaven, ses toujours posées sur mon dos, m'enfermant contre lui et me procurant une sensation de bien-être, même si c'est tout l'inverse.

- Je croyais que tu ne voulais plus m'adresser la parole, murmure-je la voix éraillée.

- Je ne t'ai pas parlé, dit-il doucement en caressant mes cheveux.

- Tu viens de le faire, lui fais-je remarquer.

Le brun laisse un rire lui échapper ce qui me fait sourire. L'oreille contre sa cage thoracique, j'entends son cœur battre normalement et sa respiration s'entrecouper à chacun de ses rires.

Lentement, je relève ma tête vers Zaven puis le regarde en examinant ses traits sur lesquels je ne m'étais jamais vraiment attardée. Il n'est pas exceptionnellement beau mais il y a largement pire que lui ; il n'excelle pas Matthew.

À la pensée de mon ex-petit-ami, je m'éloigne de Zaven et regarde autour de nous. C'est comme si je retouchais terre, que je me rendais compte que le garçon qui m'a vu plus bas que terre est Zaven, le garçon que je n'aime pas du tout.

- Pourquoi tu es là ? dis-je sèchement après avoir croiser mes bras sur ma cage thoracique.

Zaven fronce les sourcils sûrement perplexe, puisqu'il y a une minute à peine, j'étais effondrée entre ses bras.

- Je voulais m'assurer que tu allais bien, admet-il.

- Je vais bien, maintenant oublie cette scène.

Sans un regard, j'attrape mon sac à main et le contourne sauf qu'il ne semble pas du même avis. Prise de court, le brun me plaque doucement contre le mur à côté de la porte, maintenant mes mains contre le mur.

- Tu pleures quand ça va bien toi ? crache-t-il avec dédain, pourquoi est-ce que tu étais comme ça ? insiste-il en scrutant mon visage.

- Ça ne te regarde pas, rétorque-je durement en à quelques centimètres du sien, maintenant lâche-moi ou je crie, je te rappelle que tu es chez les filles.

Surpris, Zaven me lâche alors j'en profite pour m'en aller. Faisant claquer mes talons sur le sol du couloir principal, je compte bien retrouver ma chambre et me reposer.

J'appuie sur le bouton des ascenseurs et attends qu'il y en est un qui descende.

Je pénètre dans la cage métallique puis appuie sur le bougon du troisième étage. Lorsque j'aperçois Zaven accourir vers moi. Agacée, je bombarde le bouton permettant de fermer les porte mais le brun parvient à pénétrer dans l'ascenseur.

- « There's a voice in my head Says I'm better off dead. » cite sans émotion Zaven sur ma droite.

Reconnaissant les paroles de chanson que j'avais écrite pour moi hier soir, je tourne hâtivement mon visage vers lui. Mon regard se noircit de colère alors que doigts s'incrustent dans la peau de mes bras.

- Mêle-toi de tes affaires Zaven, raille-je.

- Pourquoi est-ce que tu pleurais ? me redemande-t-il.

Je souffle et ne dis rien, je me contente de fixer Zaven. S'il croit que je vais m'ouvrir à lui alors que même Hemera et Molly n'en savent rien, il peut toujours en rêver.

Brusquement, je me retrouve plaquer plus violemment contre la paroi métallique de l'ascenseur.

Les yeux bruns de Zaven scrutent avec intensité les miens qui se font plus dur et méchant.

- Lâche-moi, lui ordonne-je.

- Tu ne sais vraiment pas à qui tu parles Givenchy, réplique-t-il près de mon visage.

- Non, et j'en ai rien à faire, alors lâche-moi.

- Réponds à ma question, m'ordonne-t-il à son tour.

Un sourire mesquin prend place sur mes lèvres que j'humecte lentement.

Zaven est un homme comme les autres.

Lorsque ma langue passe longuement sur mes lèvres, le brun les regardes malgré lui. Sa prise se fait mon forte mais m'empêche quand même de sortir.

Je mordille lentement ma lèvre en rapprochant comme je le peux mon bassin du sien et Zaven desserre encore mes poignets alors j'en profite. Je le pousse en arrière puis sors de l'ascenseur qui s'était déjà ouvert.

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