2. Luna

" DRIIIIING DRIIIIIING "

Je mets quelques secondes à me rendre compte que, non, ce n'est pas dans mon rêve que mon réveil sonne et que, oui, j'ai bien cours aujourd'hui.

Je regarde d'un air distrait l'heure : 

" 7h30 " indique l'horloge d'un air content - enfin, c'est comme ça que j'imagine l'air de mon réveil lorsque qu'il m'indique que je suis en retard.

J'ouvre les yeux d'un air horrifiée avant de sauter - littéralement - de mon lit et de piocher un pantalon, un tee shirt et un pull au hasard sur ma chaise.

Il est actuellement 7h31, mon réveil me nargue et mon bus est passé il y a 1 minutes.

Gé-ni-al.

Bon, avec un peu de chance j'arriverai à prendre celui de 45.

Je suis quand même censée commencer à 8h00, et mon trajet dure 15 minutes.

Mais bon...

Tant qu'à être une fille banale, autant mettre un peu de piment dans mon existence avec un mot de retard nan ?

Nan. Mauvaise idée.

Très mauvaise idée.

Surtout avec ma mère...

Mais pas le temps de réfléchir !

Je dois me préparer.

Pendant que je me prépare, autant vous raconter qui je suis.

Déjà, des gens habitent dans ma tête - non je n'ai pas de TDI ( trouble dissociatif de l'identité )

En fait, ces gens, c'est vous.

Depuis que je suis toute petite, je m'imagine un public constant qui regarde ce que je dis, fais ou pense.

Toujours.

C'est plutôt drôle, surtout quand je me prend pour une diva !

Mais parfois, la voix qui commente mes actions dans ma tête devient plutôt pénible.

Surtout en cours, lorsque je veux me concentrer sur les informations que notre cher professeur ( Ô ironie ) nous transmet et que mon imagination prend le relais, m'imaginant en train de discuter avec diverses personnes, réelles ou non.

Imaginant des scènes, probables ou non.

Imaginant tout et n'importe quoi, sauf ce sur quoi je veux me concentrer.

Lorsque je suis " dans la lune " rien ni personne à part moi-même ne peut m'en tirer.

Je n'entends rien, je ne vois rien, je ne sens rien.

Et c'est là tout le cœur du problème : je ne m'en rends pas compte.

Alors parfois, je pars dans ma tête, et je ne sais jamais pour combien de temps !

La Petite Voix, comme je l'appelle, prend un malin plaisir à penser à toutes sortes de choses lorsque je désire me concentrer.

Mais mon bus passe dans sept petites minutes donc je ferais mieux d'y aller.

En sortant de chez moi, j'adresse un signe de la main à ma mère.

Nous ne sommes pas très fusionnelles, et ce n'est pas l'adolescence qui nous a séparées... Depuis toute petite, je ne me suis jamais sentie très proche d'elle.

Il faut dire que nous sommes très différentes.

Parfois, je me surprends à envier mes amis qui peuvent parler avec leur mère, les taquiner et pouvoir construire une vraie relation avec elles...

Soudain, le vrombissement du bus atteint mes oreilles.

Je fais un discret signe au chauffeur pour lui indiquer que je souhaite monter et m'avance d'un pas pour pouvoir grimper à l'intérieur.

Une fois montée, j'inspecte les places que je pourrais prendre...

Les places à deux sont à prohiber car je déteste partager mon espace vitale avec les genoux de mon voisin.

Les places seules aussi car trop éloigné de la porte et je hais demander aux gens de se décaler pour pouvoir y accéder...

Je choisis donc de me mettre debout au fond, près de la porte de sortie pour l'emprunter plus facilement.

*~*

Après 14 minutes de trajet, mon arrêt est le prochain.

J'appuie sur le bouton rouge que j'ai toujours adoré étant petite et sort d'un pas décidé.

Mon lycée se trouve plutôt proche de chez moi, j'ai de la chance en y pensant.

En arrivant, je vois une fille faire de grands gestes pour attirer l'attention d'une autre.

Je crois que nous avons été ensemble en 5ème, ou quelque chose dans ce genre là...

Léa ? Lola ? Quelque chose en L en tout cas.

Je n'ai jamais compris pourquoi tout le monde l'appréciait.

Enfin, elle n'est pas horrible, simplement, pourquoi tout le monde veut lui parler, échanger un simple bonjour le matin avec elle ?

Attention, je ne suis pas jalouse...

Simplement, je voudrais comprendre.

Peut-être est-ce le fait qu'elle parle de tout facilement ?

Qu'elle sourit d'un air naturel même en parlant à la pire des personnes ?

Qu'elle peut faire ou dire n'importe quoi sans jamais être gênée ?

Oui bon, j'avoue, je me suis déjà surprise à l'envier.

Elle semble avoir une vie tellement géniale...

Et voilà, encore une fois je rêve d'une vie qui n'est pas la mienne...

Parfois, je me demande ce qu'aurait été ma vie si j'avais été moins naïve dès le début.

Si j'étais née avec une conscience déjà accrue, prête pour le monde ici-bas.

Je sais que c'est impossible...

Mais encore une fois je rêve.

Je ferais mieux de rentrer.

Lorsque j'arrive dans ma salle de classe, je m'installe à ma place, et adresse un signe de tête à mon voisin.

On n'est pas vraiment proche, mais il n'y a aucun animosité entre nous.

Il est plutôt sympa, et me parle normalement, pas comme les gars qui changent de personnalité dès qu'ils parlent à une fille.

Notre professeur entre, et commence à débiter son cours.

Français.

Comme je n'ai aucune difficulté dans cette matière, je me laisse aller et n'écoute que d'une oreille le cours - certes très complet, mais pas forcément accrocheur - de Madame Durand.

Le cours passe, s'étire, s'allonge. J'ai l'impression que le temps ne finira jamais.

La journée s'étire tranquillement. Lorsque midi arrive enfin, je fais un signe à ma meilleure amie et je cours dans la queue.

Je suis quelqu'un de très stressée... Même pour une simple place dans la cantine, j'arrive à angoisser de ne pas pouvoir arriver dans les premières.

Lorsqu'en Yuna arrive, je lui fais un petit signe, et elle se glisse près de moi :

- J'en peux plus du français... Je comprends rien ! Pourquoi est ce qu'une métaphore serait si différente d'une comparaison, et quel est le rapport entre la tristesse de l'écrivain et la phrase " Les oiseaux chantent " ?

Je pars dans une explication, mais elle ne doit pas être très clair, car Yuna me regarde d'un air de poisson rouge hors du bocal.

Je m'arrête net dans ma phrase, et lui adresse un petit sourire contrit.

Puis, un silence s'installe dans notre discussion ; je ne sais jamais quoi dire en société...

Je ne comprends pas comment les filles populaires parviennent à converser avec autant d'aisance.

Je cherche constamment mes mots, et j'ai toujours l'impression de gaffer.

Et avec Yuna, qui n'est pas très forte en communication non plus, j'y arrive encore moins !

J'ai toujours l'impression de l'énerver en lui parlant, donc je me tais...

Et ça finit en blanc gênant.

Toujours...






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