𝐔𝐧 𝐩𝐡𝐨𝐞𝐧𝐢𝐱 𝐬𝐞𝐫𝐚 𝐭𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐥𝐢𝐛𝐫𝐞

« Tu es quoi ?

— Je suis enceinte. »

Le brun s'assit sur sa chaise, et se massa les tempes avec ses index.

« Éléonore... C'est impossible...

— Il faut croire que si, finalement..

— Pas dans ce sens là !

— Je sais. Tu n'es pas le père.

— Évidemment, on a jamais consommé notre mariage !

— Erik... »

Le japonais leva les yeux vers la jeune femme.

« Je ne te demanderai qu'une chose. Que tu fasses comme si c'était le tien. Je t'en prie. »

Il ferma les yeux et baissa la tête. Un seul son sortit de ses lèvres :

« D'accord. »

Et Éléonore le prit contre elle, fermant les yeux à son tour.

A chaque enfant qui naît, depuis maintenant une cinquantaine d'années, on lui attribue un animal totem. Certains sont caractérisés par le chat, d'autres par la vache, par un rat, ou même un hibou. Si la majorité des habitants sont caractérisés par des animaux dits ordinaires, quelques-uns sont assez rare.

C'est le cas de Erik Eagle, qui, malgré son nom, a obtenu le phœnix à sa naissance, et de ce fait, devenait une star deux jours après sa naissance. Le problème étant que les êtres dits légendaires, assignés aux Phœnix, Licornes ou aux Némées sont souvent issus d'une famille aisée, presque riche, et leurs familles sont encore plus stricts sur le choix de leur futur.e époux.se.

Un an après la naissance de Erik Eagle naquit le deuxième phœnix blanc de l'histoire, devenant encore plus célèbre que le phœnix lui-même. Elle s'appelait Éléonore, et Internet savait d'ores et déjà qu'ils finiraient ensemble, si bien que les deux concernés surent très vite qu'ils n'auraient pas le choix.

« C'est toi, mon futur mari, alors...

— Je veux pas me marier avec toi... T'as pas l'air méchante, t'es pas repoussante, c'est juste que...

— Je comprends. T'en fais pas. Cette perspective ne m'enchante guère. »

Ils avaient quinze et seize ans, et dès lors, une relation de confiance entre eux s'était établie. L'un et l'autre s'écoutaient, se parlaient et se comportaient comme deux amis inséparables en privé, et comme des amoureux en public. Ils n'étaient pas en position de force avec leurs pères respectifs.

« C'est qui, la fille que t'aimes ? » Avait demandé Éléonore, peu de jours avant leur mariage.

Elle venait d'avoir dix-huit ans, et en avril, elle se marierait avec Erik, contre son gré. Ce mariage historique serait suivi par de nombreux journalistes, et par plusieurs pays. Ils étaient un couple heureux devant le monde, et de la même famille en privé. Elle était sa sœur, il était son frère. Ils se considéraient comme tels.

« Elle s'appelle Silvia, c'est une amie d'enfance. Elle m'a de nombreuses fois approchée, alors qu'on lui répétait de ne pas le faire parce que je suis un phœnix et elle un Tanuki. J'ai toujours été seul, mais elle, elle venait, quitte à se faire disputer. Toujours, elle revenait, peu importe notre âge. Quand elle a compris que je devrais m'afficher avec toi, et pas avec elle, je ne l'ai pas vue pendant une bonne semaine. Et une fois de retour, on était à nouveau amis. Ça m'a brisé le cœur, mais je lui ai dit. Je l'aime. Je l'aimerai certainement toujours, et je ne peux pas passer ma vie sans elle.

— Je suis désolée...

— Tu n'as pas à l'être ! On a pas choisi de devenir des Phœnix... »

Éléonore avait fortement serré sa main, fermant les yeux. Certes, son amour pour lui serait toujours fraternel, mais ça lui convenait. Il lui avait demandé qui occupait son cœur, mais à l'époque, elle n'avait rencontré personne qui avait volé son cœur.

Le jour du mariage fut un peu heureux pour Erik. Il réussit à fuir une fois, deux, même trois, pour quelques minutes avec Silvia. Et à la nuit tombée, Éléonore les avait laissés seuls, noyant son mariage arrangé dans l'alcool.

Si lui était heureux, ça lui convenait. Elle savait très bien qu'elle ne serait jamais heureuse. Elle pensait juste à la liberté dont on l'avait privée. Par sa famille, son mariage, et sa popularité.

« On a pas choisi de devenir des Phœnix. »

La bouteille explosa, lancée contre le mur, et ses sanglots en firent de même.

◤❦◢

Les deux phoenix étaient partis en "lune de miel", dans le pays d'origine d'Éléonore, quand celle-ci tomba amoureuse. Elle était allée observer un club de football professionnel, à deux pas de l'hôtel. Elle avait rencontré plusieurs footballeurs, dont Paolo, qui semblait très prometteur. Il lui proposa de venir boire un verre, le soir, après l'entraînement – car oui, elle avait participé un peu – ce qu'elle accepta.

L'un d'eux râla comme quoi c'était un phœnix, mais Paolo ne l'entendit pas de cette oreille – bien qu'il les ait encore les deux – et rétorqua :

« Le football n'a aucun rapport avec nos animaux totems assignés ! Au football, nous sommes libres d'agir, de penser et d'être ce que nous voulons ! Ce n'est pas un phœnix devant nous, mais Éléonore, rien de plus ! »

Et Éléonore esquissa un sourire, avant de proposer de s'entraîner encore un peu. Et ils acceptèrent, même ce râleur de Gianluca.

La châtain leur avait conseillé un endroit où on ne pourrait pas la reconnaître, ce que Michele avait trouvé. Dans la discothèque à deux pas de chez lui, il y avait tellement de monde qu'elle se fondrait vite dans la foule.

À l'entrée, personne ne l'aborda. Le videur salua Michele, et ils se perdirent de vue cinq minutes plus tard. Éléonore décida de tout oublier. Elle se laissa entraîner par la foule. Elle laissa tout tomber. Sa fierté, son nom, ses origines.

I'm a mess
I'm a loser
I'm a hater
I'm a user

« Hey, pleure pas, ça gâche ton joli visage. »

Elle ne l'avait pas vu arriver. Ni sur la piste, ni dans sa vie, ni dans son cœur. Il avait stoppé ses larmes, alors que le remix de la chanson de Bebe Rexha continuait de lui remplir les oreilles.

« Je peux te payer un verre ?

— Grave. »

Il lui tendit sa main. Elle l'attrapa. Il la tira contre elle, puis se colla, l'invitant à danser. C'est ce qu'ils firent. Une heure passa. Puis deux. Trois. Et puis une heure du matin sonna. Michele la cherchait. Elle ne voulait pas repartir. Si elle repartait maintenant, elle redeviendrait un phœnix. Un phœnix enfermé dans sa cage. Elle serra la main du basané. Il la fixait. Sans un mot, il la tira hors de la foule, par la sortie de secours. Elle se laissa emporter. Elle courut aussi vite qu'elle put, aussi longtemps. Le vent frais sur son visage, le bruit de ses chaussures sur le goudron, la respiration saccadée du garçon.

Elle fuyait. Elle laissa échapper une larme. Elle était capable de fuir. Elle pouvait s'en aller. Elle n'était pas obligée d'obéir. Pour la première fois depuis sa naissance, le phœnix blanc était libre.

« Maman, c'est quoi, un phœnix ?

— C'est un oiseau qui renaît de ses cendres, lorsqu'il meurt. C'est un oiseau éternel. Peu importe les obstacles, les épreuves, il renaîtra toujours. Souviens-toi en, Éléonore. Tu peux renaître chaque fois que tu le souhaites. Meurs, abandonne tout, et renaîs de tes cendres. »

Le phœnix blanc connaissait sa première résurrection.

« Ça ne te dérange pas si je reste un moment ?

— Aucun. Enfin, seulement si tu détestes le football. »

Elle venait de rencontrer Hidetoshi Nakata. Elle resta chez lui une semaine en tout, sans donner de nouvelles. Elle ne voulait plus se sentir surveillée. Elle savait que Erik ne lui en voudrait pas, qu'il ne s'inquièterait pas. Malheureusement, son père s'aperçut que quelque chose n'allait pas, et lança un avis de recherche.

« Tu es Éléonore Eagle ?

— Éléonore. Je ne veux plus entendre ni mon nom de naissance, ni de mariée.

— Tu es un phœnix blanc, sans doute la personne la plus célèbre au monde. Tu ne pourras pas t'enfuir éternellement.

— Ta gueule. »

Il l'observait, tandis qu'elle était assise sur le canapé, serrant les poings, sur ses genoux. Son regard restait rivé sur la télévision.

« Éléonore...

— Quoi ? Tu vas me sortir que je devrais divorcer, et t'épouser toi ? La vie n'est pas si facile que tu peux le penser. Et la mienne encore moins.

— Tu peux arrêter de penser ça ?! T'es venue au monde pour subir tout ce qu'on t'impose, sans réfléchir, sans essayer de prendre en main ton destin ?! T'es un phœnix blanc, ou pas ? T'es la pureté incarnée. »

Elle tourna la tête vers lui, la bouche légèrement ouverte.

« Je sais que tu peux te battre, continuer d'affronter ton destin. T'es Éléonore, c'est tout. Tu l'as dit toi même... Sois comme tu as été avec moi. Pas une gentille fille à son papa. Sois toi-même. Hautaine, fière, déterminée, prête à tout pour sa liberté.

— Hide...

— C'est de cette Éléonore que je suis tombé amoureux... »

La tête baissée, il ne vit pas la châtain approcher, jusqu'à ce qu'elle soit à quelques centimètres de lui.

« Tu es un lynx, n'est-ce-pas ?

— Comment tu sais ? Murmura-t-il.

— T'es le cliché d'un lynx.

— Ça pose problème ?

— Seulement si tromper mon mari, alors que nous ne nous aimons pas, est un problème. »

Elle vint embrasser Hide, posant ses mains sur ses bras. Il passa ses mains sur sa taille, lui rendant son baiser, puis l'approfondissant. Le baiser se fit plus long, plus passionné, jusqu'à ce qu'ils s'interrompent pour respirer.

« Est-ce-que t'aimer une nuit, rien qu'une, sera un problème ?

— Les plus beaux secrets forment les plus belles nuits. »

Elle l'embrassa à nouveau, se laissant emporter par le désir naissant en elle. Tout était si différent. Tout était différent de ces garçons qu'elle avait connu, des nuits passées dans les bras d'Erik, se serrant l'un contre l'autre pour oublier leur destin, rien qu'une nuit.

Tu es et resteras mon plus beau secret.

Éléonore ne voulait pas se réveiller, au petit matin. Elle contemplait, encore allongée, le corps du basané, torse nu. Les cheveux légèrement ébouriffés, le rythme cardiaque calme. Elle l'observait, sans un mot, les yeux plissés, comme si sa respiration lui servait de berceuse.

Elle glissa sa main sur sa joue, l'effleurant doucement. Elle pensait que si elle caressait sa joue un peu trop, il se réveillerait, comme elle autrefois. Éléonore retira sa main. Cet homme avait réussi ce que même sa mère n'arrivait pas. Il avait réussi ce que seul Erik arrivait jusque là.

« Finalement... J'aimerais bien divorcer et t'épouser toi... » Murmura-t-elle doucement.

Elle finit par se redresser, ne prêtant pas attention à son corps nu. Par curiosité, elle souleva la couverture au dessus d'Hide, puis saisit l'objet qu'il serrait dans sa main. Son élastique. Ce n'était que maintenant qu'elle voyait ses cheveux longs.

« Ça te va bien, les cheveux longs... »

Il lui sourit, à moitié éveillé, avant d'enfoncer la tête dans son coussin, râlant parce qu'il y avait trop de lumière. Éléonore se surprit à sourire. Comment pouvait-elle fuir, à présent ?

« Je suis désolé, Hide...

— Élé ?

— J'aurais tellement voulu que tu sois, toi aussi, un phœnix... »

Il se redressa à son tour, avant de la prendre contre elle.

« C'est rien... Tu m'as raconté que Erik voyait encore sa copine, non ? Et puis, si l'infidélité n'existait pas, on serait pas huit milliards sur Terre ! »

Elle s'accrocha à lui, pouffant à cause de sa connerie. Ils se lâchèrent une vingtaine de minutes plus tard, avant de s'habiller. Elle lui laissa son numéro, il en fit de même. Elle n'avait rien laissé dans cette chambre, excepté son cœur et son odeur sur les draps. Ils avaient échangé un dernier baiser, chaste, et la porte claqua. Si ils pouvaient tous deux, ils auraient pleuré, à cet instant, chacun d'un côté de la porte.

Hide avait sa fierté. Éléonore aussi. Ils auraient pu pleurer des heures, dans les bras l'un de l'autre. Mais aucun d'eux n'arriva à pleurer, même avec cette épée plantée dans le cœur.

La jeune femme quitta le bâtiment discrètement, avant d'aller à un poste de police. Elle préférait attendre là bas directement. Pour ne pas avoir l'appartement d'Hide à vue, surtout.

« C'est elle, chef ! Le phœnix blanc ! »

Ledit chef se leva de sa chaise, fixa Éléonore, puis courut décrocher le téléphone.

« Il faut que je retrouve les questions...

— Les questions ?

— Votre père nous a donné des questions auxquelles vous devez répondre. »

Elle connaissait ces questions. Voilà qu'elle revenait dix ans en arrière, quand elle sortait de chez elle en douce la nuit, elle traînait pour rentrer de l'école – ce qui expliquait les cours à domicile depuis ses quinze ans – et chaque fois que son père la prenait la main dans le sac, elle avait le droit au même rituel. Ces dix questions à la con. Pas de réponse, une baffe. Pour la forcer à parler. Ça marchait quand elle était petite. Et avec le temps, elle avait appris à encaisser, ne pas répondre malgré la douleur. À quoi bon, si personne ne la protégeait ?

Sa mère avait arrêté, elle n'avait plus la force de prendre les coups à sa place, ou tenter de raisonner le presque tyran en face.

« Je n'y répondrai qu'en présence de l'avocat de mon mari, Erik Eagle, et avec mon mari. »

Elle avait besoin du soutien d'Erik, au plus profond d'elle. Et puis, celui d'Hide. Le policier en face d'elle saisit la pochette de questions, puis se leva. Éléonore en tira un, qui l'attirait, avec sa couleur verte. C'était un dossier qui parlait d'Hide. Elle le feuilleta rapidement, discrètement, avant de prendre les feuilles et les plier dans sa poche. Elle jeta le dossier vide dans la corbeille.

« Nous avons appelé votre mari, madame Eagle, il arrive, et votre père également.

— Très bien. Où sont les toilettes, s'il vous plaît ?

— C'est la porte au fond à gauche. »

Elle se leva et s'y dirigea. Elle s'enferma dans une cabine, puis sortit le téléphone du jeune policier, qu'elle avait pris en même temps que le dossier.

« Allô ?

— Hide, c'est moi.

— Élé ? Merde, je pensais pas que tu m'appelerais aussi vite. Je te manque tant que ça ?

— Je t'aurais bien dit de la fermer, mais oui, tu me manques.

— Tu me manques aussi...

— J'ai trouvé un dossier de toi, au poste. Sur un vol à l'étalage.

— Ah, ça... Je peux t'expliquer...

— Je viens de le jeter dans la cuvette des toilettes. »

Sur ces mots, elle tira la chasse, avant d'ajouter :

« Je suppose qu'on est quittes ?

— Éléonore...

— Je suis au poste, Erik et mon père vont arriver. Suivant comment ça se déroule, on pourra se revoir. Je tenais à te dire... Si jamais ça ne réussit pas... »

Rouge de gêne, elle prit une grande inspiration avant de murmurer quelques mots.

« Je t'aime, Hide. »

Elle entendit un soupir de satisfaction de la part d'Hide, qui lâcha finalement :

« Je t'aime, Éléonore. »

Il y eut un blanc, durant lequel ils crurent se trouver face à face, lâchant cette simple phrase. Éléonore raccrocha, posant le téléphone sur le lavabo. Elle quitta les toilettes, puis revint s'asseoir où elle était. Elle n'attendit que vingt minutes son mari. Il la prit contre elle dès qu'il la vit.

« Excuse-moi, Erik.

— Tu sais bien que je ne t'en veux pas. »

Ils firent semblant de se retrouver encore comme un couple, avant qu'Erik ne regarde lesdites questions. Il s'énerva en voyant que le père d'Éléonore voulait lui faire passer un interrogatoire.

« Dites à Ivan que Éléonore ne répondra à aucune question. Et le prochain avis de recherche, ne l'acceptez pas. Ce type ne veut que pourrir la vie de sa fille. Il lui a déjà enlevé la liberté de se marier librement ! »

Il serra la main de la châtain, avant de sortir du poste, énervé. Éléonore lui proposa de rentrer.

« Il y a Silvia à l'hôtel, ça ne te dérange pas ?

— Tu pourrais même ramener Rihanna que j'en aurais rien à foutre, Erik. Tu flirtes avec qui tu veux, je te l'ai déjà dit. T'occupe pas de moi et passe ton temps avec la femme de ta vie.

— Si je ramène Rihanna, tu voudrais pas une soirée avec elle ?

— Jamais de la vie. Ramène moi des personnages d'anime au teint brun ou des filles à fort caractère.

— Ah, des filles comme toi ? »

Erik évita de justesse un coup d'Élé, avant d'appeler un taxi. Éléonore savait ce qu'il se passait. C'était la fin de sa liberté. Mais tant qu'elle avait le bout de papier avec le numéro d'Hide, tout irait.

◤❦◢

Éléonore ouvrit les yeux, de retour au présent. Elle se redressa, fixant le matelas, où elle était seule, avec elle-même, et son enfant. Son père semblait l'avoir lâchée après l'annonce de sa grossesse. Cela signifiait qu'ils ne pouvaient plus divorcer à cause du "devoir conjugal". Devoir conjugal de mes couilles, avait pensé la châtain.

Elle repensait à Hide. Ils s'appelaient tous les deux jours, mais elle n'avait toujours pas trouvé comment lui dire que c'était lui, le père. Il n'y avait aucun doute.

« Élé, tu es sûre que ça va ? Tu es encore plus à l'ouest qu'avant... »

Elle se tut, avant de soupirer. Elle en avait marre qu'il lise aussi bien en elle.

« C'est en rapport avec mon bébé.

— Il lui manque un membre ? Il est intersexe ?

— Mais qu'il est con. Ton bébé va bien, c'est ça que j'essaie de te dire !

— Tant mieux si mon bébé va bien. »

Ils se taisent tous deux. Et puis Hide tilte.

« MON QUOI ?! »

Après cette annonce plus que désastreuse niveau émotions d'Hide, Éléonore s'excusa de ne pas lui avoir dit auparavant.

« C'est rien, c'est pas évident pour toi de garder ça. Erik le sait ?

— Il ne sait même pas qui tu es. Mais je lui ai demandé de faire comme si c'était son bébé.

— J'imagine que tu ne peux pas divorcer et m'épouser moi...

— On a déjà parlé de ça, Hide. On ne peut pas. On ne pourra jamais... »

Elle posa sa main sur sa bouche. Elle aurait pu pleurer. Elle aurait voulu pleurer. Mais rien ne sortait, comme toujours.

« Éléonore. Je t'aime.

— Moi aussi... Je suis désolée...

— Ne t'excuse pas, amore. Tout va bien. »

La conversation se finit sur ces mots. Hide posa son téléphone portable sur la table à laquelle il était assis. Il se leva.

« Hide ?

— Désolé, Paolo. Je vais avoir besoin de ton aide.

— Tu sais bien que je ne peux rien te refuser, capitaine ! »

Il était résolu à sauver Éléonore, peu importe le prix. Il se rendit dans la pièce d'à côté, où Michele et Gianluca étaient en train de se rouler des pelles, Michele s'amusant à caresser l'intérieur de la cuisse du noiraud, rouge.

« Les gars, ça vous dit un kidnapping ? »

◤❦◢

« Tout va bien, Éléonore ? »

Elle leva la tête vers Erik, avant d'acquiescer. Elle passa une main sur son ventre, par réflexe. Cela faisait une semaine qu'elle n'avait pas entendu la voix d'Hide. C'était donc cela, être amoureux. C'était douloureux. Erik passa la moitié supérieure de son corps au dessus du canapé pour l'enlacer. Elle posa sa tête contre son épaule, et ferma les yeux.

« Je suis désolée, Erik. Si je n'étais pas tombée enceinte, on aurait pu...

— Personne n'aurait pu le prévoir, Éléonore. Les chances étaient si faibles. »

La porte claqua d'un coup. Le brun se redressa, mais fut plaqué au sol. Une arme fut collée sur sa tempe.

« Nous la kidnappons. Je compte sur toi pour n'appeler personne si tu veux qu'elle continue de vivre. Les gars, bougez-vous ! »

Quatre hommes vêtus comme le premier, d'une combinaison noire, qui faisait également cagoule, entrèrent, avant de s'approcher d'Éléonore, avec un grand sac. Ils en sortirent plusieurs objets, avant de les balancer par terre. L'un d'eux déposa ce qui ressemblait à un corps calciné.

« Qu'est-ce-que tu c'est que ça... ?

— Désolé, Erik, mais Éléonore Drake meurt aujourd'hui ! Je compte sur toi. »

Une mèche pourpre dépassait de la cagoule de l'homme qui lui tendait la main.

« Il y a quelqu'un qui t'attend, Élé.

— Michele...

— Quand tu veux, t'arrêtes de la draguer sous mes yeux ! Râla un, qui allumait une allumette.

— Ça te dérange si la maison brûle, Erik ?

— Non. Brûlez la autant que vous voulez. » avait répondu l'intéressé, les yeux grands ouverts.

Le pistolet fut retiré. Éléonore s'accroupit devant Erik et posa un baiser sur son front, avant de le serrer contre elle.

« À bientôt.

— Tu t'en vas ?

— Je ne fais que laisser ma place à quelqu'un qui le mérite. Je vous souhaite tous mes vœux de bonheur, à Silvia et toi. »

L'allumette tomba au sol, sur le corps calciné. Les hommes emportèrent Éléonore, et Erik se leva. C'était le moment de tout faire brûler, de tout recommencer de zéro. Il se mit à crier, puis sortit, alertant les voisins.

Et la maison des Eagle brûla. Erik fit sa déposition auprès de la police, qui conclut à un incendie involontaire. Le père d'Éléonore ne l'avait frappé qu'une fois. Ce coup de poing resterait gravé dans la mémoire d'Erik. Les médias parlèrent de cette affaire durant des jours. La mort du phœnix blanc, le coup d'Ivan Drake qui lui fit perdre une fortune, à cause de la popularité du phœnix, la recherche d'un éventuel coupable, les témoignages de Silvia et des camarades d'Erik qui assuraient que les deux s'aimaient, que jamais il n'aurait pu la tuer. Au cours du temps, l'affaire se tut. Elle ne revint que quelques mois plus tard, lors du mariage d'Erik et Silvia. Celui-ci avait rompu avec sa famille, et avait décidé de l'épouser elle, et personne d'autre.

« ... sa précédente épouse, le phœnix blanc, Éléonore Drake, avait perdu la vie dans un incendie involontaire, et n'ayant pas pu sortir à temps, son corps fut retrouvé carbonisé en même temps que son enfant. »

« Je me suis toujours demandée... Ce corps, qui l'a examiné ?

— Un ami médecin légiste. Il a prétendu te connaître, et il a assuré que tu étais morte d'une asphyxie dûe à la fumée, et que ton corps a fini carbonisé. »

Hide revint poser ses yeux sur Éléonore.

« Cette vie ne te plaît pas, amore ?

— Je n'ai jamais dit ça. »

Elle glissa ses mains derrière sa tête, pour resserrer ses cheveux noirs en queue de cheval.

« Il n'empêche que je regrette ma couleur naturelle.

— C'est tout ?

— C'est tout. »

Hide attrapa son verre, et le leva vers la femme de sa vie.

« À Éléonore Nakata.

— C'est toi où tu cherchais une raison stupide pour trinquer ? Ivrogne.

— J'ai pas besoin de raison pour trinquer. Mais je peux trinquer à ta beauté, si tu veux.

— Juste à nous.

— Alors à nous. »

Leurs verres s'entrechoquèrent, et ils burent. Éléonore fixa l'horizon. Depuis la table de restaurant où ils étaient, on voyait la mer. Elle était à deux pas d'eux.

« Et à Erik et Silvia.

— À leur mariage. »

Ils trinquèrent à nouveau, et Éléonore baissa les yeux vers la petite poussette près d'elle. Elle esquissa un sourire.

« On trinque encore une fois ?

— Et après c'est moi l'ivrogne.

— À Hayato. Sans lui, rien de tout cela ne serait arrivé.

— C'est vrai. À Hayato. »

Elle fixa le bébé endormi, leur bébé, emmitouflé dans une couverture, en plus de ses vêtements. Il n'avait que quelques jours, et ce petit faucon n'était que le centre d'attention de ses parents. Et c'était très bien comme cela.

« Et maintenant, monsieur le kidnappeur, c'est quoi la suite du plan ? »

Hide sourit, puis posa ses coudes sur la table ronde, pour croiser ses doigts.

« On renverse le système. Et surtout, on montre à Hayato que ce n'est pas l'animal totem qui te définit. Histoire qu'il se dise qu'il peut épouser n'importe qui, même la Némée née il y a quelques jours. »

Éléonore esquissa un sourire, et finit son verre, avant de se lever.

« Allez, l'ivrogne fainéant, debout, on a le destin de l'humanité entre les mains !

— Tiens tiens, t'es prête à renoncer à ta liberté pour qu'on réussisse ?

— Jamais de la vie. »

Elle tourne la tête vers la mer, au loin, puis observe le ciel.

« Un phœnix sera toujours libre. »

◤❦◢

Heu, hey ?

Je ressors des tréfonds d'un blocus avec un OS, ptdr

J'espère qu'il vous plaît

Au fait,le médecin légiste c'est Krueger et la petite Némée, c'est Jun ofc (how to introduire du HayaJun subtilement)

Allez à dans dix ans ;;

#Historia

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