𝕀 - 𝔹𝕚𝕖𝕟𝕧𝕖𝕟𝕦𝕖 𝕒 ℍ𝕠𝕡𝕖 ℂ𝕠𝕦𝕟𝕥𝕪 -
https://youtu.be/WWiKuqBbvDE
Les flammes illuminaient la nuit, dans un crépitement endiablé et malfaisant, surplombées par un souffle puissant, celui du vent lors d'une nuit fraîche de début d'été, et accompagnées pas quelques craquements, ceux de l'herbe verte, fraîche et douce, devenue noire et rigide, en proie à la bête de feu.
Un groupe de fanatiques, sbires de la secte qui avait empoisonné la vallée, avait repéré un véhicule étrange, tout droit venu d'une route menant hors de la vallée. Toutes les routes étaient pourtant bouclées, et donc, ce véhicule n'avait strictement rien à faire ici. Après vérification, le véhicule était passé par des routes de terres dans les montagnes, là où personne ne passe normalement jamais... Quelqu'un venait d'entrer sur leur terre promise, leur lieu saint et sacré, et malheureusement, cette personne était destinée à ne plus en ressortir. Plus jamais. La course poursuite était rude, le groupe d'hommes dans leur véhicule avait appelé des renforts, personne n'avait réussi à voir le visage du fugitif, ni même réussi à savoir s'ils étaient plusieurs ou non.
En tout, plus de cinq véhicules remplis de fanatiques armés jusqu'aux dents et assoiffés de sang au nom de leur croyance avaient suivi le véhicule dans cette funeste nuit, éclairée par les étoiles qui se comptaient par milliers, comme des tâches de peintures scintillantes sur une toile sombre. Cette nuit ne serait pas anodine, elle signait le commencement de la fin...
L'un des fanatiques avait réussi à tirer une balle dans le pneu arrière droit, puis le pneu avant du même côté. La voiture s'était penchée sur le côté, n'ayant plus d'appui correcte et de manière pour rouler convenablement, les jantes glissaient sur le sol et s'abimaient comme un ongle qui glisserait sur une lime, créant une nuée d'étincelles sur leur passage, et tout le véhicule fut incontrôlablement attiré par l'énorme faussé à droite, défini par de pauvres barrières en bois moisies, et qui tomberaient comme des dominos en un simple coup de vent. Le faussé donnait sur la forêt, suite à une pente ardue et qu'il ne valait mieux pas descendre à pieds, voir qui s'apparentait davantage à une petite falaise de quelques mètres de haut.
Le véhicule au conducteur encore inconnu traversa les barrières, les arrachant du sol sans grande difficulté. La voiture fit un vol plané de quelques secondes, un court silence, qui parut long, s'en suivit, et le véhicule termina sa course en se fracassant finalement sur le sol une dizaine de mètres plus bas, et s'était retrouvé sur le toit. Une partie du moteur s'était enflammé, le réservoir était troué, alors que la terre se gorgeait d'essence, et commençait à provoquer un début d'incendie dans la forêt.
L'herbe devenait jaune flamboyant, pour finalement virer au noir une fois cramoisies par les flammes, qui traversait la forêt, centimètre par centimètre, à la manière d'une nuée de mites, le tronc des arbres s'assombrissait, le crépitement des flammes se mêlait les exclamations des fanatiques au sommet, et tout cela fit sortir le conducteur de sa torpeur.
"Descendez ! Et chopez-moi cet enfoiré !"
Avait hurlé l'un d'eux, sa voix perçant le ciel et les flammes donc des étincelles s'élevaient vers les étoiles, avant de disparaître parmi elles. Ses semblables s'étaient empressés de regarder depuis le sommet de la falaise, armes en main, et finalement, tous s'étaient décidés à contourner la falaise pour rejoindre le véhicule en contrebas.
Le premier qui arriva sur les lieux se rua vers la voiture, et se pencha en sortant son revolver qu'il pointa directement à l'intérieur, de l'autre côté depuis le siège passager, mais... Rien. Personne.
Leur proie venait de s'échapper. Il vérifia d'un rapide coup d'oeil le reste de la voiture, les autres sièges, mais il n'y avait rien. Le vide. Comme si ce véhicule avait été conduit par un fantôme, ce qui aurait pu expliquer son arrivée soudaine dans la vallée qui ne faisait pas sens.
Mais bien que superstitieux et croyants, les fanatiques ne cherchaient pas un fantôme, et cette explication ne leur convenait pas. Ils voulaient un coupable. Ils voulaient ce fuyard. L'homme barbu et négligemment habillé se redressa et se mit à hurler à ses camarades justement en train d'arriver, passant aux travers des flammes.
"Il a filé ! Retrouvez-le !"
"Où est-ce qu'il a bien pu aller !"
Plusieurs exclamations retentissaient autour du lieu où s'était déroulé l'accident, tandis qu'à une centaine de mètres de là, une silhouette sombre, plutôt grande, plongée dans la nuit, observait la scène éclairée par les flammes et la lune, tandis qu'elle, restait à l'affut. Un prédateur dans les ténèbres. Le Diable que craignaient ces fanatiques venait d'arriver, et les épiais depuis sa cachette dans la pénombre de la nuit.
L'inconnu aux allures de spectre à peine visible parmi la nature assombrie se faufila entre les buissons et les arbres en boitant et en gémissant, lui donnant l'air d'être une bête humanoïde blessée, qui cherchaient à retourner croupir dans son trou. Celui-ci marcha, encore et encore, s'éloignant de ses assaillants qui, malheureusement, avaient vite fait de se rapprocher inconsciemment de lui dans leurs recherches
L'évadé remarqua des rayons lumineux provenant de leurs lampes torches à deux doigts de l'éclairer à plusieurs reprises. Pour ne pas être pris comme un chevreuil dans les phares de ses chasseurs, il se rua derrière un arbre en haletant, le coeur battant à tout rompre, alors que le groupe d'hommes armés comme jamais cherchait encore et toujours parmi les broussailles.
Sans plus attendre, le conducteur blessé se mit à courir, du moins comme il le pouvait. Plusieurs fois il manqua de trébucher en s'entremêlant les pieds dans les branches et les racines des arbres environnants, il avait l'air faible, à bout de force, complètement perdu, si bien qu'en descendant une pente un peu trop ardue, sa cheville céda et la silhouette en train de foncer au plus profond de la forêt tomba, avant de rouler tout le long de la petite descente. Il se cogna le coude dans un rocher, son dos et ses côtes heurtèrent des branches rudes et des cailloux mesquins, pour finalement ne plus rien sentir. Un vide complet. Et il lui fallut peu de temps pour comprendre qu'il était à nouveau en vol plané. La chute donnait directement sur une immense rivière.
L'homme mystérieux tomba dans l'eau après de longues secondes de silence. Il avait senti son corps tomber et son coeur rester au sommet de la chute, malgré que la hauteur ne soit pas si énorme, il avait l'impression que son âme était restée en haut, et était parvenue à se retenir de tomber, ce qui n'était pas le cas de son corps. Son corps qui fut soudain submergé par l'eau froide et salée, et qui eut vite fait de s'engouffrer dans ses oreilles, ses narines et ensuite ses poumons. Il aurait pu se débattre, nager, rejoindre la surface, cependant, il n'eut pas la force de lutter. Il tenta bien de se mouvoir dans ce liquide qui engourdissait ses membres déjà si faibles, ne serait-ce qu'un peu, mais c'était une épreuve trop difficile, il se contenant de lever les yeux, et vit la lumière de la lune à travers la surface disparaître peu à peu.
Soit il coulait, soit son esprit partait, lentement, et la lumière au bout du tunnel devenait de plus en plus lointaine. Il décida de cesser le combat, de s'abandonner pleinement au sort qui l'attendait après cette rude course poursuite, et doucement, il percuta le fond de la rivière, comme une chute au ralentis, soulevant un petit nuage de sable. Il ferma ses paupières, et sentit un bien-être étrange le gagner malgré l'eau qui avait rempli son torse. Le manque d'air était d'abord angoissant, mais laissait maintenant place à une détente absolue, il sentait tout ses problèmes et toute sa douleur s'envoler avec les flots, ici, le monde qu'il fuyait n'avait pas sa place, il n'existait plus...
La clarté de la lune disparut entièrement l'espace d'un instant, alors qu'il avait tenté de rouvrir ses paupières. Il pensait que c'était bel et bien fini... Ca y est, c'était la fin.
Et pourtant, il sentit son corps quitter le sol de sable au fond de l'eau, avant d'être ramené à la surface. Il se sentait être tiré par une force qui peinait à le ramener au sommet, mais qui se battait corps et âme pour y parvenir. L'air frais de la nuit lui procura un frisson désagréable, presque à lui couper le souffle -si tant est qu'il puisse respirer encore- tant il se sentait gelé. Le vent frais sur sa peau recouverte d'eau froide lui glaça la chair en un instant. Il ne parvint pas à distinguer grand chose. Tout était flou, sombre, et déformé, la nuit ne l'aidait pas, et ses yeux ne fonctionnaient pas comme il le voudrait, tandis qu'on le traînait jusqu'au bord de la berge voisine, à l'opposé de la forêt d'où il sortait. D'ici, il entrevoyait les lampes des fanatiques qui l'avaient suivi à travers les arbres, pour finalement perdre sa trace et ne pas les voir à la surface, trop sombre et trop cachée par les arbres. Une fois allongé sur le dos, il eut une vue imprenable sur le ciel étoilé, puis... Sur un visage, qui le surplombait, juste au dessus de sa tête, lui gâchant la vue. La même qui lui avait bloqué celle de la lune sous l'eau.
Un homme, barbu, avec une casquette, sans doute, étant donné sa vue médiocre, semblait lui parler, mais il n'entendait qu'un écho lointain, comme s'il était prisonnier d'une bulle épaisse qui ne laissait paraître qu'un semblant de son étouffé et incompréhensible. Une pression se fit sur son torse, de plus en plus forte, à un rythme régulier jusqu'à ce qu'il soit pris d'une nausée épouvantable qui le fit cracher l'eau logée dans ses poumons. Son œsophage se mit à lui brûler tout la zone de la gorge jusqu'en haut des poumons, alors qu'il se libérait de l'eau salée logée dans son corps.
L'homme qui venait de le sauver le redressa vivement pour le laisser vider ses poumons. Le jeune homme cracha tout ce qu'il avait, toussant à en vomir tous ses organes s'il le pouvait. Il prit un instant pour finalement respirer, non sans mal et sans souffrance.
Le barbu prit le temps d'observer un peu la personne qu'il avait sorti du fond de l'eau, et à qui il avait permis d'échapper aux griffes des fanatiques de la secte des Seed, et à qui il avait rendu la vie.
Il s'agissait d'un jeune homme, à la peau étonnement blanche, et au visage fin et carré à la fois. Ses lèvres étaient devenues légèrement bleues, presque noires avec le froid, son teint pâle et ses blessures laissaient clairement entrevoir qu'il était en mauvais état. Une énorme plaie trônait sur son front et traversait une partie de son crâne, du côté gauche.
Ses cheveux étaient rasés sur les côtés, et longs au dessus, attachés en une petite queue de cheval à l'arrière, tandis qu'une petite frange presque de même longueur collait à la peau du côté droit du front de l'inconnu.
Ses cheveux noirs étaient décoiffés, ses blessures nettoyées par l'eau saignaient à nouveau. L'eau salée se mêla au sang, tandis que ce dernier, en coulant, devenait plus clair et estompé, et fit son chemin pour au final tomber au goutte à goutte depuis son nez, son menton ou encore sa mâchoire.
Il portait des vêtements basiques, déchirés, abimés, légèrement ensanglantés. Il n'avait rien sur lui, ni sac, ni arme. Un homme sans défense, pris d'assaut, et qui avait frôlé la mort. Le brun barbu regarda ce dernier à moitié inconscient, à deux doigts de voir son âme partir à nouveau, et entrevit ses yeux sombres qui reflétaient la lumière de l'astre au dessus d'eux, et dit d'un ton ébahit, secouant la tête lentement.
"Bon sang... Qui t'es au juste..."
En entendant les fanatiques au loin hurler encore et encore à force de chercher leur proie, le sauveur traîna le corps sur quelques mètres avant d'enrouler son bras autour de son épaule afin de l'emporter avec lui jusqu'à sa camionnette garée un peu plus loin. Le jeune homme portait son poids ! Il avait l'air bien battis, mais il aurait cru pouvoir s'en charger plus aisément, il avait sans doute légèrement surestimé sa force, et sous estimé son poids... Ce dernier avait vu les lumières créées par les flammes et les lampes torches, et s'était donc arrêté pour voir de quoi il retournait, avant d'apercevoir cet homme dévaler la pante avec violence et plonger dans l'eau, sans remonter, ce qui avait vite fait de l'alerter.
Il fit s'asseoir le jeune homme sur le siège passager, et lui, regagna sa place derrière le volant, trempée jusqu'à l'os et gelé jusqu'au bout des doigts. Les deux avaient complètement mouillé les sièges de la voiture. Le jeune blessé fut secoué dans tout les sens sur les routes de terre, observant la route sans vraiment la voir, avec le front posé sur la vitre entrouverte qui laissait passer une légère brise dans ses cheveux mouillés. Il se cogna plusieurs fois le front contre le haut de la portière, ne pouvant même pas relever la tête. Il grelotta sans pouvoir incontrôlablement, et se sentait partir de nouveau, avant de finalement s'évanouir sur le siège.
La camionnette s'arrêta devant une ravissante maison dans un écrin de forêt et de verdure, tandis que le conducteur sortit précipitamment de sa place pour se ruer de l'autre côté afin d'ouvrir la portière en évitant de faire tomber son passager mal en point, et toujours contre la vitre.
Derrière lui, la porte de la maison s'ouvrit, et laissa sortir une jeune femme aux cheveux longs et noirs, légèrement rasés d'un côté, et avec un ventre très arrondi, sûrement était-elle enceinte de plusieurs mois, peut-être même était-elle proche de la fin de sa grossesse.
Elle descendit sous le porche en se tenant le ventre d'une main, et l'autre posée sur la rembarde, et vit son mari faire sortir un inconnu de sa voiture, elle grelota de froid et s'entoura du plaid qu'elle avait emporté avec elle sur ses épaules. La nuit était fraîche, et le paysage à la fois angoissant et féerique. Dans un élan de surprise, la jeune femme s'exclama de vive voix.
"Bon sang, Nick ! Qu'est-ce que...Qu'est-ce qui se passe ?!
-Bordel... Kim ! Viens m'aider ! S'il te plaît ! Il a le bras pris dans la ceinture !"
La jeune femme descendit les quelques marches avant de courir vers lui pour retirer le bras du mystérieux jeune homme. Le dénommé Nick reprit son passager comme un peu plus tôt, en entourant son bras autour de son cou, avec un peu plus de mal, de plus en plus épuisé à l'idée de le porter à bout de bras. Son épouse ne posa aucune question, du moins, pour l'instant, et l'aida en ouvrant la porte avant que Nick ne pose le corps évanoui de l'inconnu sur leur divan non loin de la porte d'entrée sur la gauche.
"Nick ! Tu vas me dire ce qui se passe bon sang ?!
-Je l'ai trouvé... Il se faisait poursuivre par ces tarés de fanatiques, il est tombé à l'eau, alors... J'ai été le chercher !
-Quoi ? Tu... Tu es sûr qu'ils ne t'ont pas vu ?
-Ouais, t'inquiète pas, ils m'auraient déjà tué sinon ! Où est la trousse de secours ?!"
Nick s'était levé, et s'empressa avec Kim, sa tendre femme, d'aider cet homme qui n'avait pas l'air de venir d'ici. Kim resta aux côtés du jeune homme pendant que Nick allait chercher le nécessaire. Elle passa sa main sur son front, retirant les cheveux qui gênait la vue sur son visage, pour ainsi mieux observer sa plaie. Même si elle ne le connaissait pas, son état l'inquiétait.
Notre mystérieux fuyard venait d'entrer sans le savoir dans l'endroit du pays où personne ne voulait être. Lui qui avait fui l'oppression en cherchant la liberté, avait trouvé pire que ce qu'il fuyait. Il venait d'entrer dans le territoire de la famille Seed, leur précieux terrain de jeu, et il n'allait pas tarder à en découvrir les atrocités et les folies qui transformaient cette partie du Montana en enfer véritable.
Dans son inconscience, le jeune homme revisionnait tout ce qui s'était passé. La poursuite, l'accident, la chute, son sauvetage. Mais sur tout ce qu'il avait vu, sur toutes les informations cumulées, une seule image le percuta, et attira son attention dans sa rêverie.
Il se souvenait, lorsqu'il était au volant de sa voiture, avant d'être poursuivi sans relâche, avoir vu une pancarte.
Un gros panneau en bois, avec un logo peint en bleu, et un autre par dessus, de couleur blanche représentant une montagne. Sur cette pancarte, étaient marqués quelques mots, qui signifiaient le début des problèmes, la porte des enfers.
Sur cette pancarte, était écrit en grosses lettres jaunes : "BIENVENUE A HOPE COUNTY".
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