Chapitre 6

J'avais demandé des comptes à Tsunade le soir même.

Pourquoi personne ne m'avait-il jamais parlé de la finalité de cette fichue mission? J'avais tellement été occupée à me morfondre sur ma pauvre personne que j'en avais oublié la raison qui m'avait conduite tout droit à l'hôpital!

Le chef de notre village avait commencé par me répéter le même motif stupide qu'avait évoqué Sakura pendant sa visite: pour préserver ma pauvre santé mentale déjà bien assez abîmée. N'importe quoi! J'estimai avoir le droit de connaître les tenants et aboutissants de ma situation, qu'importe les conséquences. Une mauvaise nouvelle de plus ou de moins, qu'est ce que cela pouvait bien changer?

Le pire, c'est qu'à part la galère dans laquelle je m'étais fourrée, il n'y avait rien de particulièrement mauvais à signaler. La mission avait été un succès; les bandits se trouvaient à présent derrière les verrous, et les habitants des villages frontaliers au Pays du Feu étaient à présent tranquillisés. Et la fille pour laquelle j'avais risqué ma vie se portait apparemment comme un charme! Où était donc le problème?

J'avais littéralement explosé à l'instant où Tsunade avait passé le pas de la porte de ma chambre. J'en avais assez qu'on cherche à me préserver de je ne savais quoi, alors que le mal était déjà fait; j'avais été confrontée à bien des choses difficiles tout au long de ma vie, et j'étais censée être une kunoïchi affirmée du village caché de la feuille, surtout. Je savais à quoi m'attendre en m'engageant sur cette voie et j'avais toujours été prête à en assumer les conséquences, aussi insurmontables soient-elles. Pourquoi le monde entier semblait donc croire que j'en était incapable? Comment pouvais-je rien qu'envisager de m'en sortir si mon entourage ne croyait pas en moi?

Tsunade n'avait pas cillé tout le long de mon interminable tirade venimeuse. Elle s'était contentée de me fixer, imperturbable, tandis que je déblatérai tout mon fiel, et son impassibilité n'avait fait que m'irriter davantage. Avais-je aspiré les capacités émotionnelles du village entier pour que tout ces gens aient l'air aussi neutres alors que moi, j'avais la sensation permanente de me noyer sous la fureur de mes émotions?

J'avais fini par me taire, presque essoufflée d'avoir tant parlé, légèrement hébétée d'avoir osé palabré de la sorte devant le plus éminent personnage de notre village. Durant ces derniers jours, j'avais pris la douce habitude de me voir devenir plus familière avec elle, au point d'en oublier parfois qu'elle demeurait le shinobi le plus puissant du Pays du Feu.

Une fois mon dernier mot silencieux à mes oreilles lâché, je la vis avec horreur se détacher de son inertie et s'approcher de moi en deux grandes enjambées, d'une démarche ferme qui ne présageait rien de bon. Elle tira violemment une chaise pour la placer brutalement au pied de mon lit, pour enfin planter profondément son regard acéré au fond du mien en s'asseyant. J'eus un léger mouvement de recul face à l'intensité de la sévérité qui dansait dans ses iris marron, et je regrettai instantanément mon insolence. Elle pointa un doigt menaçant pile entre mes deux yeux, et je déglutis difficilement avant de lire sur ses lèvres.

"Toi, petite idiote, tu vas bien intégrer dans ta petite cervelle ce que je vais te dire."

J'avais facilement imaginé le ton affreusement cassant de sa voix à cet instant précis. Je réalisai que Tsunade pouvait faire très peur, parfois; et pas besoin de l'entendre parler sèchement pour sentir le danger imminent arriver.

"Tu n'es qu'une gamine inconsciente qui joue l'imbécile à risquer sa vie inutilement à tout bout de champ. Pourtant, je sais que tu es loin d'être stupide, mais tu prends un malin plaisir à faire comme si ta vie n'avait aucune valeur, et tu fonces tête baissée vers le danger comme si tu étais la seule à en subir les conséquences. Pour quelle raison je t'ai attribuée une équipe, à ton avis?"

J'ouvrais grand la bouche de stupéfaction. Alors comme ça, j'avais raison de croire que sa décision de me fourrer dans l'unité Kakashi avait un réel objectif.

"Je pensais qu'en travaillant aux côtés de coéquipiers, tu prendrais conscience de l'importance du rôle de chacun. Je croyais que ta solitude te pesait trop, et que travailler seule t'avait rendue trop insensible, et j'ai donc trouvé en l'unité Kakashi un moyen pour que tu puisses tisser des liens et réaliser que tout ne se limitait pas qu'à ta petite personne. Mais apparemment, ça ne t'a pas empêchée de jouer le héros téméraire en te jetant droit au cœur d'une énorme explosion! Mais tu pensais à quoi, au juste?"

Je vis rouge presque instantanément.

- Mais cette gamine allait mourir! criai-je sans m'entendre. Je ne pouvais pas laisser faire ça! Mais vous croyez que j'aime jouer avec ma vie? Vous avez tous l'air de penser que j'ai des problèmes de tendances suicidaires, mais moi je voulais juste aider des gens qu'on avait laissé crever tout seuls, bon sang!

J'avais laissé couler des larmes indignées sans même m'en apercevoir. Ma respiration s'était emballée sous l'effet de la colère, et mon corps était pris de hoquets larmoyants incontrôlables tandis que je parlais.

- J'ai pas réfléchi, mes jambes sont parties toutes seules, et maintenant me voilà incapable d'entendre quoi que ce soit! Et vous croyez que ça me fait plaisir de péter les plombs comme ça toutes les deux minutes et de ne plus comprendre personne?

Je me tus, dépassée par cet accablement immense qui n'avait jamais cessé de peser sur mes épaules depuis mon réveil. J'essuyai mes larmes traitresses d'un geste tristement furieux, avant de croiser le regard de Tsunade qui m'étonna par la façon dont il s'était adouci. Elle laissa passer quelques secondes avant d'ouvrir à nouveau la bouche:

"Je sais que ce n'est pas facile pour toi, tu sais. Je veux juste que tu comprennes que tu n'es pas seule. Tes actes ont des conséquences sur autrui, surtout en plein cœur d'une mission. Il ne faut pas non plus oublier que ton entourage se soucie de toi, et que lorsque tu te mets en danger, ils en souffrent aussi. Je suis la première à être témoin de ton mal-être, et devoir te voir à l'hôpital à la fin de chacune des tes missions m'attriste vraiment. Tu n'as pas non plus idée du temps que Lee a passé ici à s'inquiéter de ta santé. Tu ne sais pas dans quel état sont rentrés Naruto et Sakura, qui culpabilisaient de ne rien avoir pu faire pour empêcher ton accident. Et as-tu seulement imaginé la tête de ton sensei lorsqu'il t'a ramenée ici, à moitié morte dans ses bras?"

Je me figeai de stupeur. Je n'avais jamais vraiment envisagé les choses sous cet angle. J'avais tellement été habituée à vivre indépendamment des autres qu'une telle façon de penser ne m'avait jusqu'ici jamais effleurée.

J'eus soudainement envie de vomir en réalisant l'immensité de mon égoïsme.

"Je ne dis pas que tu es égoïste", lus-je sur les lèvres de mon aînée qui, par je ne savais quelle magie, semblait avoir lu dans mes pensées. "Je sais que tu n'as jamais eu l'occasion de raisonner de la sorte, et mon but en te disant ça n'est pas de t'enfoncer encore plus. Je te demande juste de réfléchir en te disant que tu n'es plus seule."


***


Lee était entré dans ma chambre comme une tempête viendrait dévaster tout sur son passage. Rien qu'en passant l'embrasure de la porte, il avait réussi à faire tomber le pot de fleur innocemment posé sur le meuble immaculé au coin de la pièce, et avait alerté par ses cris surexcités et ses pleurs incontrôlés tous les médecins de l'étage. Les torrents de larmes qui coulaient sur ses joues dépassaient les limites de l'imaginable, et au lieu de m'attrister, ils m'avaient fait sourire.

Parce que ce n'étaient pas des larmes d'accablement, mais de joie.

Après avoir maîtrisé la fougue de ses émotions dignes de sa belle jeunesse, il avait passé des heures à faire le pitre en espérant me voir rire et m'avait raconté avec quelle ardeur il avait accompli sa dernière mission aux côtés de ses coéquipiers et de son sensei adoré.

Ce qu'il y avait de si agréable chez Lee était son indéniable authenticité qui me faisait l'effet d'une bouffée d'air frais secourable au milieu de cette pièce étroite et surchauffée où j'étouffais depuis des jours. Il avait cette capacité à ne jamais se cacher derrière aucun filtre; quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, c'était toujours le fruit de sa pensée la plus pure, de son naturel sincère. Et même si ses réactions avaient des allures surjouées, je savais qu'il n'y avait rien de plus véritable que ce garçon. C'était juste Lee.

Jamais il ne s'offusqua de mon état, jamais je ne vis une once d'empathie traverser ses yeux. C'était comme si à cet instant, je n'avais jamais été sourde.

Je n'avais souvent aucune chance de suivre tout ce qu'il pouvait déblatérer tant le débit de ses paroles était intense, mais rien que de voir les traits de ce visage improbable suffisait à me rassurer. Lee était la présence la plus familière qu'il m'ait été donnée dans ma vie, et c'est seulement lorsqu'il passa la porte une fois son temps de visite achevé que je réalisai que pas une seconde je n'avais ressenti cette panique qui m'empoignait violemment les tripes à chaque fois qu'on me parlait.

Il avait été, le temps de quelques heures, mon issue de secours qui m'avait fait rien qu'un instant oublier que j'étais en train de me noyer dans une mer de silence.

Mon équipe venait me voir plus souvent que je ne l'aurai cru. Les paroles de Tsunade m'avaient donné matière à réfléchir, et je ne pouvais m'empêcher de sentir la culpabilité monter chaque fois que je réalisai à quel point ils semblaient réellement se soucier de moi.

Sakura venait parfois me voir seule, et la douceur qu'elle dégageait suffisait à réprimer l'angoisse sourde qui dormait en moi. Elle m'aidait à reprendre doucement contrôle de mon corps, me soutenait lorsqu'il me prenait l'envie de me lever et me donnait de précieux conseils pour ma rééducation. Chaque fois qu'elle avait un instant de libre entre deux heures de travail à l'hôpital, elle prenait le temps de passer la tête par l'embrasure de ma porte, juste pour me faire un coucou; et rien que par ses petites visites éparses, elle comblait doucement la solitude que m'inspirait cette maudite chambre d'hôpital.

Naruto, quant à lui, avait surgi un jour tandis que je m'exerçais à marcher en m'appuyant sur les parois des murs de la pièce; la surprise que m'avait inspirée la vue subite de sa frimousse blonde devant mon nez alors que je me concentrai à mettre un pas devant l'autre m'avait presque fait tomber à la renverse. Il m'avait rattrapée in extremis et après m'être assise sur mon lit, il m'avait tendu un boîte de nouilles instantanées en me souriant.

C'était ensuite devenue une espèce d'habitude; à chacune de ses visites, nous en mangions en cachette en espérant qu'une infirmière ne soit pas attirée par l'odeur du bouillon et ne nous sermonne de ce repas peu adapté à une patiente en convalescence. Je riais de la façon dont Naruto se faufilait dans les cuisines dans l'espoir de chauffer de l'eau, et l'air malicieux qu'il prenait dans ces moments là en se frottant avidement les mains à l'idée de passer outre les règles et de savourer son plat bien aimé. Au-delà du fait qu'il s'agisse d'une nourriture légèrement plus savoureuse que celle horriblement insipide de l'hôpital, j'appréciai grandement ces moments passés avec le blond, où je me sentais comme une gamine insouciante s'amusant à la plus futile des enfantillages et où la simplicité de partager un repas suffisait à me rendre joyeuse.

Par ces gestes précieux de mes amis, je sentais mon moral doucement remonter au rythme de la cicatrisation de mes plaies. Mes élans de panique finirent pas disparaître définitivement à la vision de ces visages familiers et mon silence se faisait moins pesant chaque fois que l'un d'entre eux passait le pas de ma porte; leurs attentions respectives leur ressemblaient et me réchauffaient doucement le cœur lorsque je réalisai qu'elles n'étaient pas mues par la pitié mais par l'amitié. Cette sensation qui ne m'était pas encore bien coutumière me laissait parfois pantoise, désarmée; je n'avais aucune idée de la façon dont je pouvais bien gérer cette gratitude et cette affection immense sans pouvoir m'entendre l'exprimer. Je laissai donc ces douces émotions me balloter, en espérant qu'elles me fassent oublier avec le temps à quel point je regrettai de ne pas entendre mon propre rire se mêler à ceux de mes amis.


***


Je tournai en rond dans ma chambre lorsque la porte s'ouvrit doucement pour laisser apparaître une tignasse argentée que je connaissais bien. Je m'attendais à voir suivre les mèches blondes et roses du reste de mon équipe mais je fus surprise de voir mon sensei refermer la porte derrière sa seule personne.

Les visites de Sakura et Naruto étaient bien souvent accompagnées de celle de mon sensei, qui à défaut de pouvoir communiquer avec moi, prenait tout de même le temps de passer très fréquemment à l'hôpital. Il se contentait bien souvent de s'adosser au mur immaculé de la chambre et d'entamer la lecture de son livre à la couverture orange tandis que Sakura et Naruto me faisaient la conversation, et faisait comme s'il n'était pas là tout le temps de la visite. Lorsqu'il était temps pour eux de partir, l'argenté laissait sortir mes deux coéquipiers avant de se tourner vers moi et de m'ébouriffer doucement les cheveux en me fixant de cet œil noir indéchiffrable, pour finalement disparaître à son tour.

Cela faisait deux semaines que ça durait. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi Kakashi-sensei se donnait encore la peine de venir à chaque fois, si c'était pour me faire comprendre encore et toujours à quel point j'étais coincée dans cette atmosphère mutique où je ne pourrais probablement plus jamais en sortir. Il semblait pourtant se tenir au dessus de mon mal-être et de ne pas s'en soucier, comme si tout était normal, comme si sa présence allait de soi et que ma surdité n'y changerait rien; et bizarrement, je trouvais ça réconfortant. J'étais même intimement convaincue que c'était grâce à lui et à cette aura détachée qu'il dégageait que j'étais parvenue à supporter puis à apprécier la présence de mes camarades; et en y pensant, je réalisai que étrangement, sa présence à lui ne m'avait jamais contrariée, même avec le mur de silence qu'imposait son masque entre nous.

Malgré cette atroce réalité dans laquelle je m'étais réveillée, il restait le chef de mon équipe et je demeurais sous sa responsabilité, et peut-être qu'il se sentait dans l'obligation de prendre de mes nouvelles. Mais ce n'était pas une raison suffisante pour le pousser à franchir le pas de cette porte en compagnie de mes coéquipiers, puisqu'il pourrait s'en enquérir auprès d'eux après coup, ou simplement demander à Tsunade où j'en étais pour savoir si je pourrais reprendre du service... Je n'en savais rien, et je ne le saurais presque jamais puisque je ne pouvais plus l'entendre de sa voix ni rien deviner de son visage au trois quarts camouflé et au reste inexpressif. J'avais cette impression constante de me tenir devant un mur infranchissable, qui se fissurait légèrement lorsqu'il tendait le bras pour effectuer son geste tendre au terme de chacune de ses visites et qui me laissait toujours aussi abasourdie. Cet homme était un vrai mystère sous forme humaine que je ne pourrai vraisemblablement jamais percer à jour.

Ainsi, lorsqu'il franchit cette fichue porte pour me faire part de sa seule présence, je fus envahie d'une nouvelle vague d'incrédulité qui me fit froncer les sourcils. Une certaine panique pointa le bout de son nez en sa compagnie, et je redécouvris cette immonde sensation que de celui de sentir mon cœur s'affoler dans ma poitrine et percuter violemment ma cage thoracique en me hurlant toute mon impuissance. D'habitude, les mouvements des lèvres de Sakura et Naruto me faisaient oublier celles dissimulées derrière ce masque qui entravait toute communication possible avec mon sensei; maintenant que ce dernier était seul devant moi, il ne demeurait que la preuve cuisante que ce silence était bien réel, qu'il n'y avait pas de détournement possible pour me faire oublier son poids écrasant.

Je reculai légèrement pour faire asseoir ma maigre silhouette sur le lit d'hôpital et soulager mes jambes flageolantes par l'angoisse que m'apportait la présence tacite de Kakashi-sensei, qui n'était à présent plus rassurant du tout. Même l'œil plissé qu'il m'offrit et le salut nonchalant de sa main ne calmèrent pas la détresse que je sentais m'ensevelir, et je l'observai ainsi d'un regard horrifié s'approcher avant de tirer la chaise au pied de mon lit pour s'y avachir.

Peut-être allait-il sortir un carnet de note et un stylo, pour y écrire des phrases qui remplaceraient sa voix et le mouvement de ses lèvres invisibles? Je déglutis difficilement tandis que l'espoir de cet éventualité vola en éclat lorsqu'il se contenta de lever la tête pour croiser mon regard terrifié et de garder ses mains profondément à l'abri dans ses poches. Les secondes qui passèrent ensuite me semblèrent durer un temps infini et finirent d'écorcher le peu de calme qui m'habitait encore.

Je me mis à balancer nerveusement mes jambes dans le vide et à serrer les draps immaculés de mon lit si fort dans mes poings que mes jointures blanchirent. Kakashi-sensei suivit du regard chacun de mes mouvements et fronça les sourcils. Est-ce qu'il était en train de parler? Était-il seulement au courant que j'étais incapable de l'entendre et que ça me rendait malade?

Ne pouvant plus supporter la pression insupportable de l'air de cette maudite chambre, je finis par ouvrir la bouche et prononcer difficilement ces mots qui ne résonnèrent que dans ma tête:

- Dites, Kakashi-sensei... Qu'est ce que vous...

Mais je me tus instantanément lorsqu'une de ses mains gantées émergea de sa poche pour se diriger vers son visage. Ses doigts se posèrent sur l'arrête de son nez, juste là où son masque sombre laissait apparaître la blancheur de sa peau, et il sembla alors tirer sur ce morceau de tissu dissimulant plus de la moitié de son visage vers le bas, sous mes yeux écarquillés.

Je détournai le regard à la seconde où je compris ce qu'il était en train de faire. Embarrassée, je me mis à fixer distraitement le mur grisâtre derrière son épaule, comme si c'était la chose la plus passionnante que je n'avais jamais vue.

Je n'avais jamais réellement tenté de savoir ce que mon sensei pouvait bien cacher derrière ce fameux masque. A mon arrivée dans l'équipe, j'avais vite été mise au parfum des différents stratagèmes que mes coéquipiers avaient mis en place pour découvrir ce secret presque mythique - en vain - et cela m'avait bien fait rire. Comme le commun des mortels j'imagine, j'étais bien entendu curieuse de comprendre pourquoi Kakashi-sensei s'imposait un tel supplice au quotidien, mais comme tout le monde également, je m'étais bien gardée de le lui demander. Je m'étais dit, après tout, que s'il se donnait la peine de se cacher, c'est qu'il devait avoir une bonne raison; j'avais déjà émis l'hypothèse d'un défaut contraignant ou d'une cicatrice atroce qu'il se gardait de montrer; mais en m'entraînant aux côtés de cet homme ces six derniers mois, j'avais vite abandonné cette suspicion. Kakashi-sensei avait l'air d'être quelqu'un de bien trop détaché et impavide pour s'embarrasser de ce genre de choses.

Je le respectai beaucoup trop pour le dévisager, même si à cet instant, je mourrai d'envie de satisfaire enfin ma curiosité. Je laissai donc mon regard traîner sur les parois insipides de ma chambre, raide comme un piquet, rouge comme une tomate. Si une autre moi qui n'était ni sourde, ni paniquée par la moindre bouche qui bouge, ni tétanisée par l'étrange comportement de mon sensei m'avait regardée à cet instant, elle aurait bien ri. Mais moi, là maintenant, je ne riais pas du tout.

Je vis la main de l'argenté passer devant mon visage pour m'intimer à tourner la tête. Je fermai les yeux un instant, le temps de souffler profondément, avant de les rouvrir.

Et je me tournai enfin vers le visage découvert de Kakashi-sensei.

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