Chapitre 12

Naruto déboula dans le restaurant avec un enthousiasme qui ne m'étonna guère de sa part.

Sakura et Lee sur ses talons, j'entrai pour ma part plus craintive, irrémédiablement effrayée à l'idée d'y trouver du monde. Je fus rassurée en découvrant que nous étions les seuls visiteurs de l'Ichiraku, et je m'asseyais donc l'esprit plus tranquille.

Je réalisai que cela faisait une éternité que je n'étais pas venue ici avec mon équipe. Depuis mon accident, finalement, soit bientôt deux mois. Je ne m'étais pas rendue compte non plus à quel point cette atmosphère chaleureuse et cette odeur ambiante, délicieuse et familière, m'avaient secrètement manqués; j'étais jusqu'ici persuadée que je ne parviendrai pas à supporter toute cette allégresse et j'avais oublié qu'elle avait le doux pouvoir d'interrompre vos tourments le temps d'un moment passé autour d'un bol de nouilles.

Naruto en commanda six, avant de se rendre compte après avoir englouti le cinquième qu'il n'avait peut-être pas assez de monnaie pour régler sa note. Lee, de son côté, tenta de m'en faire avaler trois, en répétant sans arrêt que me voir sans joues rebondies lui faisait peur. Je ris de bon cœur lorsque Sakura frappa ces deux énergumènes à l'arrière du crâne jusqu'à enfoncer leur nez brutalement sur le comptoir, mais mon hilarité se fana lorsque son regard flamboyant me prévins que si j'avais le malheur de continuer, je serai la prochaine. Ce que cette fille pouvait me faire peur, parfois.

Leur spontanéité avait quelque chose de rafraichissant, qui me lava des mes angoisses tout du long de cette soirée. Même si ne pas entendre le grésillement de l'eau bouillante derrière le comptoir, les exclamations enjouées de mes compagnons, ni les voix enthousiastes de Teuchi et de sa fille ravis de nous servir toujours plus de portions au rythme de l'addition qui gonflait me serrèrent le cœur, la joie presque palpable dans l'air m'aida à mettre au second plan cette douleur viscérale pour deviner le rythme des rires et m'y caler dessus en harmonie.

Je redécouvris l'espace d'un instant le goût qu'avait une soirée innocente entourée d'amis, à se gaver d'un bon repas.

Même si je ne pus m'empêcher de noter dans un coin de ma tête que le bouillon de Kakashi-sensei était meilleur.

C'est aux alentours de vingt heures que Lee s'éclipsa en disant qu'il avait à faire avec son entraînement du soir. Le connaissant, je le soupçonnai d'affiner son taïjutsu jusqu'au petit matin.

Après avoir cédé à l'air dépité de Naruto vidant son vieux porte-monnaie vert du peu de pièces qu'il contenait en l'aidant à régler sa facture, j'imitai Sakura qui se levait et nous entrâmes dans la fraîcheur du soir.

J'étais presque attristée à l'idée de rentrer chez moi et d'y retrouver ma vieille amie la solitude.

Mais mes compagnons m'invitèrent à traîner encore un peu le long du cours d'eau bordant la périphérie du village, en m'encadrant de leur présence à l'image d'une garde rapprochée, comme pour me protéger du monde tout autour en guettant chaque passant qui aurait le malheur de débouler au coin d'une rue. Leurs attentions inconscientes me réchauffèrent doucement le cœur et je me surpris à marcher en souriant naturellement au milieu de mes deux amis.

"Les entraînements sont bizarres, sans toi", lus-je sur les lèvres de Naruto qui avait nonchalamment croisé les bras derrière sa tête en levant le nez vers le ciel étoilé.

J'allais demander pourquoi lorsque je surpris les lèvres de Sakura à bouger à leur tour.

"... y'a pas à dire, on s'était habitués à ce que tu modères tout le monde avec ta patience. Même Kakashi-sensei semble dépité."

"En plus, il est dix-mille fois plus en retard depuis que tu ne viens plus", grimaça Naruto.

L'image de mon sensei se tenant dans le cimetière au pied d'une tombe sous le clair du jour me revint subitement devant les yeux. Je secouai la tête; je ne l'avais plus jamais revu là-bas, cela ne pouvait pas être ça.

"Et puis, on en a franchement marre de s'habituer à l'absence des gens".

Ces mots me serrèrent le cœur, et je pus presque discerner l'amertume vibrer en eux.

- Tsunade-sama m'a dit que je ne pourrais plus être shinobi, déclarai-je spontanément, d'une voix que je devinai avoir été plate, insensible.

Mes deux coéquipiers s'arrêtèrent net et me dévisagèrent, le visage déconfit.

"Tu..."

- Ouais. C'est trop dangereux pour moi, apparemment, énonçai-je en haussant les épaules. Dans l'état actuel des choses, selon elle, je ne saurai pas repérer le danger ni m'en protéger si je pars en mission puisque presque l'intégralité de mes capacités s'appuyaient sur mon ouïe. Si je veux rester une kunoïchi, je suis condamnée à accomplir des tâches de genin toute ma vie.

"Qu... Qu'est ce que tu vas faire?" demanda Sakura, la mine attristée.

- Godaime pense que je pourrais me réorienter vers les autres branches ninja, comme l'administration ou l'enseignement. Elle m'a carrément prévu des stages pour ça. Je commence demain à l'Académie.

Naruto haussa un sourcil sceptique, et Sakura sembla pensive.

"Tu sais, moi, je suis encore genin, et je compte bien devenir Hokage..."

- Je sais, Naruto, mais moi je ne suis pas comme toi. Je... Je sais pas quoi faire de ma vie, moi.

Étant fille de shinobis, il m'avait semblé logique d'empreinter la même voie. J'avais été curieuse de savoir ce pourquoi mes parents m'avaient laissés pour se sacrifier au nom de ce métier si impitoyable, et avide de réponses, j'avais sauté sur le chemin de l'Académie le jour où j'avais été en âge pour.

Je n'avais jamais vraiment réfléchi à ma vie en dehors de la voie ninja. J'étais éprise du village qui m'avait vu naître et je n'avais jamais pensé à faire quoi que ce soit d'autre que de le protéger. J'avais cru que le symbole du village caché de la feuille gravée sur la tombe de mes parents était mon seul héritage, et le porter sur mon front me donnait l'impression d'avoir trouvé un sens à mon existence, un objectif qui me rapprocherait de ma famille disparue pour nous, pour moi. Je m'étais mise à apprécier plus que tout de me battre pour ce seul idéal auquel je m'accrochai inlassablement, fascinée à l'idée de maîtriser ces pouvoirs qui assuraient l'avenir de notre monde. C'était là ma seule ambition: partir pour que les autres puissent rester, comme mes parents l'avaient fait avec moi.

Maintenant que je n'étais plus capable de mettre un pied dehors, je me retrouvai perdue, effrayée; aucune autre perspective de vie ne me faisait vibrer, rien ne faisait flamboyer mes yeux comme ceux de Naruto lorsqu'il étalait son rêve au nez du village entier. Il était animé d'une résolution si intense qu'elle me faisait peur; peur parce qu'elle m'était entièrement étrangère. Je me sentais dénuée de cette flamme qui semblait brûler chez le commun des mortels, et moi, à côté, avec ma détermination bancale, j'avais l'impression d'être à moitié vide. Et maintenant que je ne pouvais plus expérimenter la seule chose pour laquelle j'étais entière, ce problème qui régissait ma vie ne m'avait jamais paru aussi flagrant qu'à présent.

- Mais je trouverai quoi faire, mumurai-je comme pour moi même.

Une violente tape que je pris au milieu du dos me fit redescendre sur terre en même temps qu'elle me coupa le souffle.

"Et on t'aidera!", m'assura le visage lumineux de Naruto fendu d'un sourire immense.

Je souris à mon tour, le cœur plein de gratitude.

Je n'étais plus seule.


***


"Met ça là, je m'en occupe après."

J'eus un mal fou à traduire les mouvements des lèvres de mon tuteur, ma vision étant éternellement obstruée par la pile exagérément dense de documents que j'avais entre les bras.

Iruka-sensei sembla finalement remarquer ma gêne lorsque je faillis m'étaler après avoir trébuché sur une pile de bouquins et il s'empressa de s'emparer de mon fardeau en s'excusant.

J'avais oublié à quel point mon ancien sensei transpirait la gentillesse.

"Tu veux faire une pause?"

- Non ça va, répondis-je en souriant.

A vrai dire, j'étais exténuée. J'avais l'impression de ne jamais avoir été éveillée aussi longtemps.

Tôt ce matin, j'avais rejoint le premier de mes sensei devant l'Académie dans le cadre de mon premier jour d'observation pour une probable réorientation. Cela ne m'enchantait guère, mais Tsunade me tenait à l'œil; et finalement, un petit retour aux sources de temps en temps ne fait pas tant de mal.

En effet, la vision de ce bâtiment modeste dans lequel j'avais passé ces quelques années à m'imprégner de l'art ninja m'avait fait doucement sourire de nostalgie. Il y avait quelques années à peine, je foulais les salles et les couloirs de l'Académie les rêves plein la tête, les exclamations de Lee plein les oreilles et de l'adoration plein les yeux lorsque j'observais Iruka-sensei nous faire la démonstration d'une nouvelle technique de ninjutsu. Je ne me souviens plus dans quel état d'esprit je me trouvais lorsque j'étais moi-même assise sur les bancs de l'école; je me rappelle uniquement avoir été heureuse tout le long de ces années. Et c'est tout ce qui comptait.

Revoir Iruka-sensei au bout de toutes ces années m'avait fait l'effet d'une gifle; déjà, parce qu'il me semblait moins grand que dans mes souvenirs. Ensuite, parce que pour le reste, il n'avait pas changé d'un iota: j'avais carrément l'impression de revenir assister à l'un de ses cours comme l'élève que j'étais il y a encore quelques temps. Il m'avait souri de son éternelle bienveillance, s'était machinalement gratté la cicatrice qui courait en travers de son visage en me disant que j'avais bien grandi.

Et qu'il était fier de moi.

J'en aurais presque pleuré si je ne m'étais pas enfin décidée à gérer mes sautes d'humeur. Mais bon Dieu, s'il savait comme il m'avait bouleversée en me disant ça avec cette sincérité qui faisait de lui le plus intègre de tous les ninjas. Et bon sang, qu'il était dur de ne pas croire une miette des dires du shinobi le plus honnête de tous.

Après ces retrouvailles aussi saisissantes que troublantes, le jeune sensei m'avait invité à entrer au cœur même de mes souvenirs.

Il était prévu que j'assiste Iruka-sensei durant une journée de cours lambda pour que je me fasse une idée du métier; peut-être avais-je une vocation d'enseignante refoulée.

Mais lorsque j'avais fait un pas dans ma propre ancienne salle de classe et que j'avais vu un bataillon entier d'enfants tourner leurs petits yeux vers moi, j'avais su instantanément que ce n'était pas fait pour moi.

Enfin, j'étais plutôt partie en courant.

Il y avait trop de choses à gérer; des souvenirs heureux qui se faisaient plus virulents, un tuteur que je ne parvenais pas à croire... Et surtout, une horde d'enfants joyeux qui gardaient cet immonde silence, avec ma propre image se superposant à tous ces visages rebondis, un violent rappel du temps où toute cette amertume n'existait pas.

Iruka-sensei m'avait retrouvée tremblante, avachie contre le mur d'un couloir à l'autre bout de l'Académie, en me tenant la tête dans les mains pour essayer un tant soit peu de calmer ce désarroi qui faisait à présent presque entièrement partie de moi. J'avais noté une légère amélioration, cependant; je n'étais pas en train de pleurer toutes les larmes de mon corps ni de rendre mon déjeuner sur le parquet. Mais je ne pouvais m'empêcher de me sentir lamentable au point d'avoir peur d'une dizaine d'enfants.

Mon tuteur ne fut pas de cet avis; il me sourit gentiment en me demandant si je voulais qu'on modifie légèrement le programme de la journée.

- Et votre cours?

"C'est pas grave", m'affirma t-il doucement. "Ce n'est pas une journée sans moi qui va compromettre l'avenir de ces enfants. Et puis, je peux bien consacrer un peu de temps à l'une de mes anciennes élèves!"

Il ne fit aucun commentaire sur mon état pitoyable, jamais. Il m'emmena plutôt au palais du Hokage, au bureau des missions, là où je risquerai le moins de croiser des bouches silencieuses. Comme pour beaucoup de gens en ce moment, je lui en fus profondément reconnaissante.

Et c'est comme cela que je me retrouvai ensevelie sous une montagne de paperasse à trier sous l'œil bienveillant d'Iruka-sensei. Ce n'était pas le boulot le plus passionnant, mais bizarrement, je me sentais bien; c'était la première fois depuis des jours que je me sentais utile à quelque chose. Parce qu'il fallait l'avouer: ce bureau avait un besoin pressant de rangement.

- Mais, Iruka-sensei... Ces documents ne sont pas censés être confidentiels ? demandai-je soudainement en me rappelant que jamais nous avions eu le droit de nous trouver derrière le comptoir du bureau des missions.

"En théorie, si", répondit Iruka-sensei en piochant un des nombreux papiers qui traînaient par terre. "Mais ne t'inquiète pas, ce qui est véritablement secret d'état est bien gardé, et sûrement pas ici. Tu ne trouveras dans cette pièce que des rapports de mission de chuunins, tout au plus".

J'haussai un sourcil surpris, avant de croiser le regard doux du brun.

" Et puis, je te fais confiance. C'est aussi le cas de Kakashi et de Tsunade-sama. Alors tu n'as pas à t'en faire ".

Je sentis mes joues rosir et mes lèvres balbutièrent quelques remerciements maladroits avant que je ne détourne le regard. Je sentis alors une main chaude se poser sur mon épaule et mon attention se reporta à nouveau sur le visage balafré du ninja.

" Tu sais... Même si je ne suis plus ton sensei depuis longtemps, je me sens encore responsable de toi. Ce qui t'arrive, ça me... "

Il secoua la tête comme pour chasser les mots douloureux qui allaient sortir de sa bouche, pour afficher plutôt son éternel sourire chaleureux.

" Je veux pas que tu oublies que tu es capable de tout à partir du moment où tu l'as décidé. Je sais que tu vas t'en sortir... parce que tu es une kunoichi formidable, ne l'oublie pas. "


***


J'étais sortie du palais du Hokage plutôt perturbée.

Je ne savais que faire des paroles du premier de mes sensei. J'avais l'impression d'être hermétique à ses mots, comme s'il s'était adressé à une autre personne que moi. Une personne qui, elle, méritait la fierté et l'approbation des autres. Pas comme le lambeau de moi même que j'étais devenue.

En voyant la fin d'après-midi arriver, Iruka-sensei m'avait donné congé. Il m'avait demandé si j'avais besoin qu'il me raccompagne, mais encore trop confuse par ses compliments insensés, j'avais refusé, comme si un instant je m'étais cru capable d'être la personne pour laquelle il semblait être si fier.

À présent, je le regrettai amèrement.

J'étais bien trop exténuée pour prendre la route des toits pour rentrer chez moi. Rien que d'imaginer devoir pousser sur mes jambes tout mon poids me donnait envie de m'allonger sur le sol ici même et d'entamer ma nuit. De toute façon, je risquais de rater mes sauts et de me casser lourdement le cou entre deux maisons. Puisque j'avais décidé de vivre envers et contre tout, autant essayer de ne pas mourir d'une façon aussi ridicule.

Mais le problème qui se posait à présent devant moi était la montagne de passants que j'allais devoir croiser à travers les ruelles qui menaient jusqu'à mon immeuble.

Bien que j'aie choisi de me faire une raison et d'étouffer mes peurs irrationnelles comme je le pouvais dans l'espoir de redevenir la kunoichi aguerrie que j'étais, je ne pouvais m'empêcher de me figer rien qu'à l'idée de croiser deux personnes côte à côte. Bon sang, je ne me sentais pas prête du tout! Rien que ce matin encore, j'avais pris peur devant une vingtaine d'enfants inoffensifs...

Pendant un long quart d'heure, j'étais donc restée plantée devant le palais du Hokage, de peur de croiser mes propres congénères. Plus les minutes passaient, et plus mon appréhension s'intensifiait ; le soleil entamait doucement sa descente dans le ciel et bientôt, les lanternes viendraient lutter contre la pénombre de la nuit. Et le pire scénario pour moi prendrait vie; la joie dans l'air des ruelles de Konoha en pleine soirée estivale était devenu mon pire cauchemar.

J'avais finalement osé faire quelques pas en avant, tant que l'odieux cortège de formes humanoïdes silencieuses ne s'était pas formé. J'avais cru un instant être sauvée ; je n'étais pas bien loin de chez moi, et avec un peu de chance, en moins de cinq minutes, j'aurais pu me retrouver à l'abri derrière la porte de mon appartement.

Mais je finis par me tenir devant l'immense ruelle commerçante qui me séparait de mon refuge. Une ruelle interminable, éclairée de lueurs chaudes, qui faisait émaner l'odeur gourmande de diverses cuisines savoureuses. Mais surtout, bondée d'êtres humains dont le seul sourire me faisait transpirer à grosse goutte.

Je déglutis difficilement à cette vision d'horreur et serrais mes mains moites d'anxiété.

Ne pas paniquer, ne pas paniquer.

J'en étais capable, bon sang. Je devais surmonter cette angoisse absurde, rien que pour me prouver à moi même que je n'étais pas devenue une moins que rien. Pour que je puisse enfin envisager une autre perspective de vie que celle d'une fille pathétique condamnée à ne plus jamais pouvoir traverser une simple avenue.

Mais il n'y avait rien à faire. Mes pieds semblaient s'être enracinés à même le sol et mes jambes refusaient de bouger. J'étais paralysée de terreur, et le nœud dans mon estomac semblait me remonter jusque dans la gorge et prenait un malin à plaisir à entraver ma respiration déjà difficile.

Je ne pouvais tout simplement rien faire. J'étais seule devant une foule prête à m'engloutir de son effervescence, désarmée et avec pour seule envie celle de fuir cette atroce réalité.

À l'instant où je crus que mes jambes allaient se dérober sous moi, l'ombre d'une grande silhouette recouvrit ma carcasse tremblante.

Cette ombre, au lieu de me piéger par son obscurité, me donna plutôt l'impression de me protéger de cette lumière bien trop chaleureuse pour moi. Elle m'abrita loin de cette allégresse conviviale qui lacérait mon âme et me faisait sentir comme étrangère à ce monde, qui me brûlait les yeux comme lorsqu'on regarde trop longtemps le soleil.

En levant difficilement la tête vers le propriétaire de cette ombre si hospitalière, je croisai un œil plissé, entravé par quelque mèches de cheveux gris. Je bénis cet homme et ce fichu masque, qui m'offrait l'occasion de ne pas croiser une énième bouche se mouvant dans le vide.

Il était, à cet instant, le seul être humain dont je n'avais pas peur. Comme moi, il semblait posséder une barrière qui le maintenait loin du reste du monde, par la seule force du fin bout de tissu qui lui recouvrait le visage.

Mais malgré l'apparition apaisante de mon sensei, mes jambes me donnaient l'impression d'être fait de coton. Je redirigeai mon regard vers l'impasse qui se dressait devant moi, et je m'en retrouvai aussi impuissante qu'à l'accoutumée.

Nous restâmes un long moment à observer la foule droit devant nous. En fait, je n'en savais rien. Je sais juste que pas un instant, Kakashi-sensei ne s'éloigna de moi. Je sentais sa présence à côté de moi comme on sent le soleil d'été brûler la peau.

Je sentis quelque chose frôler doucement ma main, restée inerte le long de mon corps. De longs doigts vinrent alors chercher les miens, pour s'entrelacer autour de mes phalanges d'un geste précautionneux, et enfin me serrer très fort la main.

Le temps que je sente mon corps s'électrifier de toutes parts à ce tendre contact, que cette grande main quitta la mienne au point que je me demande si je ne venais pas de rêver.

Cela n'avait pas duré plus de quelques secondes, et pourtant, j'ai eu l'impression d'y être restée accrochée une éternité. Une longue et paisible éternité, qui m'a fait oublier quelques instants ma terreur pour la remplacer par un sentiment bien plus fébrile, mon cœur battant pour une toute autre raison.

Cette grande main revint alors et trouva refuge au creux de mon dos, en me poussant doucement en avant.

Alors, mes jambes se libérèrent de leur entrave et j'entamai ma traversée aux côtés de Kakashi-sensei.


_______


Bijour.

Alors il me semble que notre très cher Iruka a fait ses débuts dans l'enseignement avec la génération de Naruto. Dans cette histoire, j'ai légèrement modifié son parcours; on va plutôt imaginer qu'il s'est aussi occupé de la classe de Rock Lee, Neji et Tenten, et du Reader, du coup. J'espère que ce n'est pas trop dérangeant.

J'espère aussi que ce chapitre vous aura plu!


A la prochaine,

Emweirody

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