Deux frères et moi. (CdL)


Je vous ai déjà parlé de  la ConfrerieLitteraire et de ses activités ?  Ben si dans le chapitre  "Rencontre fictive", où j'ai eu le loisir (plaisir) de rencontrer le héros d'une de mes histoires !  

J'ai participé à une nouvelle activité. Voici le concept : 

"Un jour des plus banal, vous vous réveillez dans l'un de vos livres. Vous vous trouvez face à une scène que vous connaissez bien, puisque vous l'avez écrite. Vous profitez donc de l'occasion pour la changer, afin que sa finalité soit différente, ou non. Vous intégrez une scène de votre livre avec votre propre corps.Vous interagissez avec vos personnages, mais ils n'ont pas conscience que vous êtes leur créateur et ils ne doivent pas l'apprendre ! Tout en restant fidèle à vous même, vous interagirez et interviendrez dans l'action comme bon vous semble, tout en essayant de faire en sorte que personne n'apprenne votre réelle identité."

OK, nous sommes un peu bizarre dans cette confrérie, mais cela me convient ;).  Donc voici ma contribution. 

ooOOoo

Je me réveille avec un mal de crâne terrible. Avant même d'ouvrir les yeux, je sais que c'est de ma faute. J'ai lu trop tard cette nuit. J'ai lu toute la nuit. Mais c'est pas ma faute. C'est celle de LuizEsc.

Alors que je m'assois sur le lit en me tenant la tête, j'observe ce qui m'entoure. Trois banquettes, dont la mienne. Deux bureaux encombrés et un mec qui ronfle habillé d'une blouse bleue de médecin. Une blouse de médecin ? Je baisse les yeux sur moi. J'ai la même tenue. Merde ! Que se passe-t-il ? Dans l'espoir que je rêve encore, je me pince. Aïe ! ça fait mal ! La porte s'ouvre doucement et un type que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, mais qui ressemble furieusement à je ne sais quel acteur de "The résident", prononce quelques paroles.

– Any, c'est à toi. Tu dois reprendre la garde. Rien de spécial. Ah si ! Le frère de ton chouchou est là. Tu devrais aller les voir.

Any ? Il me parle ? Le sosie du Dr Hawkins me parle. Je secoue la tête. J'ai bu ? Ou j'ai abusé des drogues d'un certain Dorian ?

Comme un pantin, je me lève et le suis docilement dans le couloir. Quelques mètres plus loin, il s'arrête devant la baie vitrée qui nous permet de surveiller les patients en réa ou dans le coma.

Le coma.

Andrew.

Pourquoi je pense à lui ? Certes, c'est la seule personne que je connaisse qui est ou plutôt a été dans le coma et comme "chouchou" il se pose là. Je l'adore, mon Andrew. Je l'ai sacrément faire souffrir celui-ci avant de lui accorder Livie.

Je m'approche de la vitre et suis stupéfaite. C'est bien lui. Mon Andrew. Ok ! L'Andrew de Livie... Enfin dans les faits il ne l'est pas encore, comme il est dans le coma, à ce stade de l'histoire, il ne la connaît même pas. Mince, je comprends plus rien. Qu'est-ce que je fiche dans ce rêve ? Je ne résiste pas et contemple ma "création". Je l'ai bien réussi celui-là. Mais il est aussi dans un sale état. Il est si pâle, immobile, allongé sur le lit, les yeux clos. Ses beaux yeux verts. Je suis devant lui et j'aurais même pas la chance de les voir.

Any, t'es une idiote ! Ressaisis-toi. Andrew n'existe que dans ta tête et sur les écrans de tes lectrices.

Machinalement, je vérifie d'un coup d'œil les machines qui nous permettent de vérifier ses constantes. Respiration. Rythme cardiaque. Tout semble aller bien. Pourquoi suis-je ici ?

C'est là que je le vois, assis à côté du lit de son frère. Drake. Le grand et fier Drake Follen. Avocat beau parleur et toujours souriant. Sauf qu'à l'hôpital, depuis plus d'un mois, il ne sourit jamais. Il reste assis à côté d'Andrew pendant des heures. Sans oser faire ou dire quoi que ce soit. Comme s'il avait peur de le blesser, de débrancher un tuyau. La douleur que je lis sur son visage me fait mal. Il se frotte le coin de l'œil comme si une poussière l'avait dérangé. Une poussière ? Ou autre chose. Il contemple son frère longuement. Je vois ses lèvres articuler quelques mots. Puis, posant ses coudes sur ses genoux, il se prend la tête entre les mains et je ne distingue plus que sa nuque tressauter doucement au rythme haché de ses pleurs. Merde. Ça, je ne l'avais pas prévu. Je ne l'avais même pas écrit. Je sais maintenant ce que c'est de se sentir la cause de la douleur des autres. Puis il se ressaisit, relève la tête et attrape la main de son frère. Drake lui parle à nouveau... Je sais qu'il lui parle de tout et de rien. Surtout de rien. Surtout pas de l'essentiel. La petite Lisa.

C'est mon plus grand regret, je le comprends à cet instant. J'aurais pu au moins leur permettre ceci, ce réconfort. Je me mords la lèvre. Je reste paralysée à les observer. Drake adore son frère. Il s'en veut de n'avoir pu protéger la petite. C'est une maladie des Follen : se sentir responsable des autres se sentir coupable de faits sur laquelle ils n'ont aucune emprise. Ok j'assume, c'est de ma faute : j'adore les personnages torturés (comment dit Mayarahnee déjà ? Ah oui ! Les personnages mélodramatiques).

Lorsque Drake se plante à côté de moi devant la vitre, je réalise que, perdue dans mes pensées, je ne l'ai même pas vu sortir de la chambre.

– Bonjour docteur.

Qui moi ?

– Bonjour Monsieur Follen.

- Comment va mon frère ? Honnêtement et franchement je veux dire. Je ne comprends rien à toutes ces machines et rien non plus à tous vos discours de toubibs. Mon truc, c'est le droit. Je veux juste savoir s'il ... reviendra parmi nous, un jour.

Sa voix se brise sur ses derniers mots et mon cœur en fait de même en écho. Voir ce grand costaud totalement perdu à cause de moi (et des nécessités de l'intrigue) me fait mal. Sans y penser, je lui effleure le bras.

Ah ben oui, il est aussi costaud que je l'ai conçu, le gaillard, de vrais biceps. Any ! Arrête!!

– Oui je vous le promets, je ... euh nous allons le remettre sur pied. C'est promis.

Là, je suis sincère, Andrew va se réveiller. Bon, pas tout à fait dans le même état qu'avant mais l'essentiel sera là. Je repense à l'idée qui m'a effleurée.

– Drake... M.Follen, pardon.

– Appelez-moi Drake. Ça fait un mois qu'on se côtoie, et j'ai peur que ça dure encore un moment alors ne vous gênez pas.

Ben si, ça me gêne un peu. Je suis timide, moi. Tant pis. Ce que j'ai à lui suggérer est plus important.

– D'accord, merci. Votre frère va s'en sortir. Il ira mieux. C'est un costaud, vous le savez.

– C'est pas faux.

– Mais... je me demandais, il a une petite fille je crois ?

– Lisa oui. Pourquoi ?

– Je sais que ce n'est pas la place des enfants dans un hôpital. Mais pourrait-elle venir ici ? Cela pourrait faire du bien à la petite et... à Andrew aussi.

J'ai à peine murmuré les derniers mots, me sentant tellement gênée d'intervenir dans leur histoire de famille. Ce qui est le comble si on y réfléchit un peu.

– J'aurais bien voulu. J'en ai parlé avec mes parents mais... ce n'est plus possible.

De fureur, il a presque craché sa dernière phrase et je révise rapidement mon scénario. Ah oui Lisa est déjà repartie chez sa mère. D'où le problème qui me préoccupe. Je m'éclaircis la gorge.

– Dommage, si elle avait pu venir, Andrew pourrait être rassuré... et savoir que la petite a survécu à l'accident... comme lui.

Le regard brillant et stupéfait que m'adresse le frère Follen me foudroie. Il n'a pas mis longtemps à comprendre celui-là.

– Merde. Vous avez raison !

Il réfléchit quelques instants et m'attrape le poignet. Je grimace. Il ne connait pas sa force.

– Vous y croyez, vous, aux conneries qui disent que les personnes dans le coma entendent ?

– Oui. Évidemment. Ils entendent. Votre frère vous entend. Il le faut, non ?

Moi, ce que j'entends ce sont les méninges de Drake tourner à toute allure. Il me lâche et retourne dans la chambre de son frère sans me dire un mot de plus. Tant pis pour ma petite fierté.

Sans scrupule, mais avec discrétion, j'entrouvre la porte. Drake a repris sa position, sur la chaise à côté du lit. Mais il s'est rapproché encore plus et je dois tendre l'oreille pour entendre.

- Mon pote, ça suffit comme ça, t'as intérêt à nous revenir bien vite. Le doc vient de me dire que tu vas t'en sortir alors arrête de faire ta vedette et bats-toi. Maman et Papa n'en peuvent plus. Je commence presque à craquer aussi tellement ça me manque de ne plus te battre à la course. Mais surtout... tu manques à Lisa. Elle s'en est sortie, tu sais, grâce à toi d'ailleurs, mais maintenant elle a besoin de son papa. Alors, bouge tes fesses de ce lit, espèce de flemmard.

Vous le croirez si vous voulez, mais je suis presque certaine d'avoir vu la main d'Andrew bouger sur le drap.

Et parfois ça fait vraiment du bien d'avoir du pouvoir sur les choses.

ooOOoo

J'espère que ce petit intermède, qui dévoile un petit peu des éléments de "Besoin de ton regard" vous aura plu. A bientôt. 

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