10.
ɖɨsċʊssɨօռ ɛռʄaռt
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C'était un samedi soir, pendant les vacances d'hiver. Il avait commencé à neiger dehors, il faisait déjà sombre, et Namjoo et moi étions blottie l'une contre l'autre sous un plaid dans notre canapé. Elle était dans le coin, et j'étais à moitié couchée sur elle, la tête sur sa poitrine, pendant qu'elle triturait mes cheveux.
La télévision jouait un film cliché de Noël que nous apprécions tout de même de regarder, et sur la table traînaient des emballages de chocolat, nos tasses, et des épluchures de clémentines et de mandarines.
J'étais sur le point de m'endormir quand elle prit la parole.
- On devrait avoir un bébé.
J'étais surprise. Je savais qu'elle voulait un enfant un jour, même plusieurs, elle ne s'en était jamais cachée d'ailleurs. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle lâche cette phrase ainsi et maintenant. Je me suis redressée juste assez pour pouvoir la regarder. Son attention était rivée sur nos mains entrelacées.
- Un bébé ?
Elle a hoché la tête en affirmant, son regard maintenant tourné vers moi. Nous nous regardions dans les yeux.
- Oui. Un petit garçon ou une petite fille...
Je ne savais pas trop quoi lui répondre. Je n'étais pas spécialement contre l'idée, même si avoir des enfants n'avait jamais été un des buts de ma vie.
- Comment ?
- Mh ?
- On l'aurait comment ce bébé ?
Elle n'a pas répondu, je voyais qu'elle réfléchissait. Elle devait sûrement avoir oublié cette question. Nous étions deux femmes, avoir un enfant de nous-même était impossible. Oui, elle est transgenre, mais avec les hormones ce qu'il restait entre ses jambes ne servait plus à rien.
- Les seuls moyens sont que je couche avec un homme...
- C'est hors de question, elle a répondu immédiatement.
- Ou l'adoption, j'ai repris.
- Mais l'adoption prend énormément de temps, d'argent, de tests... Et pour un couple homosexuel c'est parfois plus long et compliqué.
Je n'ai plus rien dit. Il y eut un silence de quelques minutes jusqu'à ce qu'elle ne s'exclame :
- On peut faire appel à un donneur !
C'est vrai, je n'y avais pas pensé.
- Comme ça pas besoin de coucher avec quelqu'un d'autre, et c'est moins difficile.
- Et ça sera à moi de porter l'enfant.
- Oui !
Elle était toute contente, je n'avais pas envie de la rendre triste. Mais avoir un être vivant dans mon ventre...
- Tu ne veux pas, c'est ça... ? Elle a demandé, d'un ton entre la question et la déception.
- C'est pas que je ne veux pas mais...
- Ne me mens pas pour me faire plaisir, s'il te plaît... Dis-le-moi honnêtement.
- Tomber enceinte implique beaucoup de chose, la grossesse, beaucoup trouvent ça génial, sentir que grâce à nous un nouvel être vient à la vie, et tout ce discours... Mais je suis égoïste Joo, je sais que ça va être douloureux, je vais être insupportable, il y a des possibilités que ça se passe mal. C'est rare, mais ça arrive, et tu sais que je déteste le risque...
- Je comprends...
- Je suis désolée... Je sais que tu en a envie, mais je ne peux pas, je ne veux pas...
- C'est rien, c'est pas grave Jinie, je n'ai pas non plus envie de te forcer, surtout pour ça... Oui j'en ai envie et je suis un peu triste, mais ça va passer, il y a toujours d'autres solutions ! En plus c'est une immense responsabilité alors je préfère qu'on soit sûres, toutes les deux, que c'est ce qu'on veut.
Je me suis blottie à nouveau contre elle, le visage dans son cou cette fois, et elle a passé son bras autour de moi.
- Je t'aime...
- Je t'aime aussi Jinie.
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