░C░h░a░p░i░t░r░e░ ░f░i░n░a░l░

L'écorce et les feuilles des arbres noircissaient, leurs fruits pourrissaient à vue d'œil sur les branches avant de tomber et de se réduire en poussière sur le sol, les fleurs se fanaient, les poissons flottaient déjà à la surface de l'eau tandis que la terre mourrait lentement, comme si la vie elle-même avait cesser d'exister. Plus aucun bruit ne semblaient persister dans l'air, ni le chant des oiseaux, ni même la brise du vent, comme si tous s'étaient éteints sous cette sensation dévorante. Alors c'était ça, ce jour-là, ce que Rayleigh avait ressentit, ça provenait de lui...

Mira

Je sais que cela peut paraît étrange, mais un hôte ou un « Kri » comme ils aiment à l'appeler dans leur langue natale, est lié à son démon par un lien si fort qu'ils ressentent tout l'un de l'autre, même la moindre petite émotion. Leur mémoire est dans un sens un espace commun, leurs souvenirs respectifs finissent par se mélanger progressivement à travers leur rêve à un point tel qu'au bout d'un certain temps, ils ne peuvent plus distinguer si un souvenir appartient au Kri ou au Démon. C'est l'une des principales contreparties qui existent dans ce type de contrat, mais ils ne peuvent ainsi rien se cacher et n'ont aucun secret l'un pour l'autre. Ce lien leur permet de se vouer une confiance presque aveugle. Bien que l'on puisse qualifier les démons de créatures sournoises, ce don ou cette malédiction, selon votre point de vue, permet au Kri de s'assurer en quelques sortes du contraire.

Bast et moi ne faisons pas exception à la règle, c'est pour cette raison et bien d'autres encore que je lui fais entièrement confiance et que je le suis quoi qu'il arrive. Cette confiance ne c'est évidemment pas établi du jour au lendemain, dans un claquement de doigts, mais bien à force de travail et de patience. Il m'a montré, prouver à plusieurs reprises que je pouvais compter sur lui et qu'il serait toujours là lorsque je ferais fausse route ou que j'aurais besoin d'aide. Il est mon âme sœur. La personne à qui je me confis, la personne qui me donne le plus de conseil avisé, la personne qui veille constamment sur moi, la personne qui ne me juge pas, quoi que je dise, que je fasse, que je pense. Pourtant, je ne l'aime pas. Enfin... Je l'aime oui, mais pas de la manière dont j'aime Shanks ou de la manière dont j'ai pu aimer Tom, il y a longtemps.

« J'aime Bast, comme on aime un ami ou un parent. »

C'est ce que j'aurais dû répondre à Shanks, lorsqu'il m'a posé cette question. J'aurais dû clarifier les choses et lui dire, je m'en rends compte maintenant. J'aurai dû le faire avant que les choses ne dérapent, avant que les choses ne tournent de cette manière et qu'elles vous forces à en venir aux mains, avant que tu commettes cet acte regrettable et qui te hantera probablement jusqu'à la fin de tes jours... Tu ne peux pas savoir à quel point je suis désolé pour ça, je ne voulais pas te l'imposer. Vous savez, on dit que lorsqu'on vit ses derniers instants, on voit toute notre vie défiler devant nos yeux, jusqu'à être littéralement aveuglé par une lumière blanche censée vous conduire dans un monde meilleur... Ou probablement en enfer vu mon cas. Eh bien, ce n'est pas tellement ce qui m'est arrivé...

Enfin, il faudrait,

que je vous explique ce qu'il s'est passé avant ...

Comme je le disais un peu plus tôt, j'ai compris qu'il se passait quelque chose lorsque j'ai senti la colère et l'adrénaline liées à cette dernière envahir mon corps. Une fois les yeux ouverts et la fatigue qui les embrumait dissiper, je me suis redressé dans la longueur du lit où m'avait installé Bast. J'avais encore un peu de mal à distinguer les choses qui m'entouraient et je ne comprenais pas vraiment pourquoi le démon s'était si soudainement retrouvé dans une telle rage. J'ai longuement frotté mes yeux dans l'espoir d'émerger de l'état de somnolence dans lequel je me trouvais plus vite, m'asseyant sur le rebord du lit avec douceur malgré cet état colérique qui lentement se propageait dans mon esprit. Je devais garder les idées claires, la tête froide, faire abstraction de ce qu'il ressentait, au moins le temps de me faire ma propre opinion sur la situation, de voir, constater et comprendre par moi-même ce qui se passait.

J'avais une certaine expérience de la chose, ce n'était pas la première fois que cela arrivait et j'y étais en quelque sorte habitué. Ce n'était pas la première fois qu'il se mettait dans un tel état et si je ne voulais pas être entraîné dans son sillage, il fallait que je m'efforce de rester le plus calme possible. Lorsque j'ai retrouvé toute ma vision, j'ai pris une longue inspiration et me suis levé, sentant mes jambes trembler encore légèrement sous la fatigue. Après quelques pas à travers la pièce, je me suis appuyé quelques instants contre le mur pour retrouver un certain équilibre et pouvoir continuer à avancer. Les escaliers se trouvaient à l'autre bout du couloir, plonger presque dans une totale obscurité à cause des rideaux fermés. Dans un pas lent, tâtonnant, j'ai cherché les marches dans le noir, sans me précipiter au risque de faire une chute, mais plus je descendais, plus je pouvais la sentir.

Son aura ...

Elle était, une partie de lui qui avec le temps m'apeurait un peu moins. C'était toujours impressionnant et effrayant de la sentir, mais à force de le côtoyer, elle m'était devenu supportable, presque familière. C'était comme une force implacable, comme un monstre dévorant tous sur son passage sans laisser la moindre once de vie derrière lui. C'était ce qui faisait que les autres démons le respectaient autant qu'ils le craignaient et la raison principale pour laquelle les humains en avaient peur.

Arriver en bas des escaliers, il ne me restait plus qu'à parcourir la distance qui me séparait du genkan et ouvrir la porte d'entrée pour voir de mes propres yeux ce qui se passait là, dehors. Lorsque j'y suis enfin arrivé, j'ai reposé ma main sur la poignée creuse avant de la faire glisser très légèrement dans le rail afin d'à peine l'ouvrir, regardant avec une certaine tristesse la scène qui se déroulait devant mes yeux. Je n'ai pas trop osé m'avancer et suis resté un temps derrière la porte, espérant que les choses ne finissent pas par partir en vrille. Je connaissais Bast, s'il avait simplement déployé son aura, de cette manière, s'était uniquement pour tenir Shanks et Mihawk à distance, leur faire comprendre qu'ils devaient rester loin et prendre peut-être du recul sur la situation. Seulement, les pirates ne semblaient pas vraiment du même avis...

Ces deux la côte à côte, ça ne donnait jamais vraiment rien de bon. Ils finissaient par se monter la tête, l'un et l'autre, se retrouvant dans des situations houleuses ensemble sans que l'un d'eux ne puisse garder la tête suffisamment froide. En y songeant, un long soupir traversa mes lèvres. J'ai dans un bref instant jeté un coup d'œil au jardin maintenant dépourvu de vie et de ses belles couleurs estivales. Bast avait dû sentir que j'étais là, son aura se faisait moins pesante, moins emplie de colère et lentement, elle se dissipait, rendant l'air plus respirable. Il s'est tourné progressivement en ma direction, entamant les quelques pas qui le séparait des marches alors que j'ouvrais finalement la porte coulissante afin de sortir de la dépendance.

C'est là que je les ai vus tous les deux, ils se sont échangé un bref regard, mais je savais ce que ça signifiait, je l'aurais reconnu entre mille autres, cette petite œillade complice accompagner d'un bref hochement de tête. Bast était sans doute trop inquiet par ma venue et mon état physique pour les avoir senti ou même entendu bouger, mais moi, je les ai vu lui foncer dessus, arme en main. J'aurais pu simplement crier, l'avertir, mais si ça n'avait pas été suffisant ? Je l'aurais probablement perdu lui aussi... Alors je me suis interposé, j'ai fait rempart de mon propre corps afin de le protéger. Ce n'était certainement pas la meilleure des idées, je sais, mais sur le moment, je n'y ai pas réfléchi, elle me semblait être l'option la plus viable à mes yeux.

« Plutôt moi, que lui. » Ais-je songé sur l'instant.

Et j'ai senti cette lame froide porter par le capitaine se glisser dans ma chair, perforant mes côtes droites et mon poumon, tandis que l'autre, s'était arrêté à quelques centimètres de mon cou, retenu in extremis par mon gardien. Mes yeux jaunes, légèrement embuer par la tristesse se sont planter dans le vert de ses prunelles, où je pouvais en lire tout le désarroi. Sa main tremblait, je pouvais le sentir à travers les petites vibrations qui parcouraient la lame de son sabre. Il en a doucement relâché la poignée avant de reculer de quelques pas, tandis que Mihawk, tout aussi perdu se retrouva soudainement envoyer dans le décor et je dus m'accrocher de toutes les forces qui me restaient au démon pour l'empêcher de déchaîner sa fureur. Je ne voulais pas qu'ils soient blessés ou pires tuer, je ne voulais pas qu'ils leur arrivent quelque chose.

- Ne leur fait pas de mal... Je t'en prie... Murmurais-je. Tu vaux mieux que ça...

- Mira...

Bast, c'est lentement résigner, malgré la colère qu'il ressentait. Il m'a aidé à tenir debout avant de doucement chercher à m'allonger sur le sol terreux et à rester sur le côté sans retirer la lame de la plaie que le rouquin m'avait affligée par erreur. S'il la retirait, j'allais probablement me vider de mon sang, sans même qu'il ait la moindre chance de m'aider. Il me restait si peu de force pour continuer, pour lutter contre cette envie sourde de dormir que j'ai finis par y céder et fermer les yeux, alors que ma respiration se faisait de plus en plus difficile...

Shanks

Qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce qui m'a pris de me jeter comme ça sur lui ? Je... Je ne voulais pas la blesser, jamais. Ma main tremblait encore, mon corps refusait une nouvelle fois de bouger, tandis que mes yeux restaient figer sur tout ce sang qui se rependait sur le sol. C'était comme si le temps s'était soudainement arrêté, comme si la terre avait fini par s'arrêter de tourner, comme si un vide immense s'était ouvert sous mes pieds pour m'engloutir... Un vrombissement sourd m'empêchait d'entendre ce qui se passait autour de moi, mais la seule chose que je pouvais entendre s'était sa respiration, lente et difficile. C'est lorsque j'ai fait un pas dans sa direction que je suis sortie de cet état, en entendant la voix et le grognement rauque qui provenait du démon.

- Ne t'approche pas ! Dégage d'ici ! Affirma-t-il. Monte sur ton bateau et fiche le camp !

- Mais je -

- TIRE-TOI D'ICI !

Ces dernières paroles étaient accompagnées d'une salve de son aura qui provoqua une multitude de petites fissures sur le sol et ouvrit une plaie sur ma joue et mon bras. Pour autant, je n'ai pas bougé, d'une part parce que la peur m'en empêchait et de l'autre parce que je ne voulais pas abandonner Mira. Toutefois, je me suis senti tiré avec fermeté vers l'arrière, me faisant tourner le dos au démon et faire face à Red qui agrippa mes épaules pour m'empêcher de me retourner. L'air sévère que j'avais l'habitude de voir sur son visage avait totalement disparu et faisait plutôt place à une mine plus désolé et compatissante.

- Retourne sur ton navire avec ton ami, prends la mer et éloignez-vous d'ici, je te donnerais des nouvelles dès que possible...

- Mais Mira -

- Vous ne pouvez pas rester ici, si vous restez, il va vous tuer ! Alors partez !

- Mais -

- Maintenant ! Affirma-t-il sèchement.

Le rouquin, c'est légèrement décaler et m'a pousser en direction du corsaire qui m'agrippa le bras et me tira à contre cœur en direction de la sortie du jardin. Je ne voulais pas laisser Mira, je ne voulais pas l'abandonner, surtout pas, mais si je restais, si je prenais le risque de rester ici... Red avait certainement raison, il finirait par nous tuer et je ne pouvais pas entraîner l'équipage dans cette querelle. Malgré les deux années que j'avais passé à apprendre, à m'entraîner pour devenir plus fort, je devais partir, fuir la queue entre les jambes et ce constat était terriblement frustrant. En y songeant, je me suis mordu la lèvre inférieure presque au sang, tandis que nos pas se transformaient progressivement en course.

Mihawk ne relâcha pas mon bras un seul instant, jusqu'à ce que nous atteignons tous deux le port et montions sur le navire sous les regards interrogateurs et surprit de l'équipage. Je n'avais pas la force de donner les ordres, alors le corsaire le fit à ma place. Devant la fermeté et le ton urgent de sa voix, l'équipage s'est affairé malgré les questions qui devaient submerger leurs esprits. J'ai jeté un bref regard autour de moi pour m'assurer que tout le monde était bien à bord, avant que le navire quitte progressivement le quai. Ben, Yassop et Lucky, se sont approchés, observant à leur tour autour d'eux, comme chacun des hommes sur le Red Force.

- Où est Mira ? Demanda le cuisinier.

- Elle... Commençais-je sans pouvoir finir ma phrase.

- Elle a décidé de rester ici avec le démon. Affirma froidement le corsaire.

- Et vous n'avez pas tenté de la dissuader ? S'interrogea Ben.

- Ça c'est mal passer. Rétorqua Mihawk.

Le corsaire coupa court à la discussion, avant de me tirer en direction de mes quartiers. J'ai à peine eu le temps d'entendre ce bruit si particulier, comme une grosse pierre qui tomberait dans l'eau avant de me dégager de la prise du pirate et de courir en compagnie du reste de l'équipage en direction de la rambarde gauche. Un des pirates s'exclama, « un homme à la mer » avant qu'une petite chevelure blonde remonte à la surface et commence à nager en direction du port.

- Aki ! Reviens ! S'exclama le sniper.

- Il faut aller le cherche ! Affirma Lucky.

- Non ! Rétorquais-je. On n'a pas le temps pour ça !

- Mais capitaine -

- Abaissez les voiles !

- Shanks – Tenta d'intervenir Ben.

- J'ai dit, ABAISSEZ LES VOILES !

Après quelques secondes d'hésitation, les membres d'équipage s'exécutèrent et la voile se gonfla sous la brise marine, nous éloignant progressivement de l'île où j'avais si longtemps séjourné. Je me suis assis sur le pont arrière du navire, regardant cette dernière devenir un petit point à l'horizon, le Den Den Mushi poser juste à côté de moi en espérant avoir des nouvelles rapidement. Je ne me souviens plus exactement combien de temps, je suis resté là à attendre, je sais juste que Lucky m'apportait mes repas que Yassop me tenait compagnie parfois et que Ben me tannait de questions. Je n'avais la force de répondre à aucune d'entre elles et je restais simplement là, terrer dans le silence sous les intempéries à attendre.

J'avais trop peur de fermer les yeux et manquer son appel, trop peur de voir cette scène tourner en boucle dans mon esprit, j'avais l'impression qu'elle allait finir par me rendre fou. Mais, tandis que ses images tournaient une nouvelle fois dans mes songes la sonnerie du Den Den Mushi retentit à mes oreilles. Je me suis presque précipité pour décrocher, mais au moment où ma main s'est reposé sur le combiner pour entendre Red, je me suis demandé ...


... Est-ce que je voulais vraiment savoir ? 


••.•'¯'•.••

Comme je l'avais annoncé un peu plus tôt dans un petit message, c'est la fin de cette aventure, mais pas nécessairement une fin définitive en soit, puisque comme vous l'aurez compris, c'est une end line ouverte ! C'est à vous de faire votre choix d'une fin heureuse où pas !

Je ne vais pas non plus vous laisser comme ça, sur votre faim, ne vous inquiétez pas et je compte bien, tôt ou tard, vous compter la suite de cette histoire à travers un autre livre, celui-ci ayant déjà assez de chapitre à mon goût ! :3

Je vous laisse avec ces deux petites illustrations de fin, baser sur une autre œuvre dont je ne suis pas le propriétaire, mais dont je n'arrive pas à retrouver le nom, du coup, je vous mets le lien en direction de la page Pinterest en question -> https://www.pinterest.fr/pin/716283515718686559/

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