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Une fois allongé, j'ai tiré les draps sur le corps frêle de l'enfant, passant à la suite une main tendre dans sa chevelure blonde. D'une petite voix, il m'a demandé de rester avec lui et sans opposer de résistance, je me suis allongé à ses côtés, le laissant se blottir contre moi. Sa présence réchauffait mon cœur d'une douce chaleur apaisante... Si je n'arrivais pas à avoir d'enfant avec toi Shanks, est-ce que tu voudrais bien qu'on adopte celui-là ?

Mira

Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis notre départ de cette petite île où séjournaient Tom et sa meute. Aki, le garçon que nous avions recueilli, s'était peu à peu familiariser avec les différents membres de l'équipage et prenait progressivement goût à la vie de marin. Avec l'aide des souvenirs du garçon, nous avions tenté à plusieurs reprises de déterminer son ancien lieu de vie, mais la chose était plus difficile que prévu puisque les îles du nouveau monde se ressemblaient toute quelque peu. Bien sûr, notre but premier était de ramener cet enfant à la famille qu'il lui restait, mais plus les mois passaient et plus nous perdions l'espoir de le ramener auprès des siens. Et puis chacun de nous avait finit par s'attacher à cet enfant et aucun ne voulait réellement le voir partir, mais on ne pouvait pas lui retirer le désir de revoir sa famille, bien que ses parents étaient probablement tous les deux morts à l'heure qu'il était. Il fallait donc aborder ce sujet avec lui et peut-être lui proposer de rester avec nous, sans pour autant abandonner les recherches bien évidemment.

Comme tous les après-midi, le jeune garçon était en compagnie de Yassop sur le pont avant du Red Force, écoutant ses histoires ou profitant des conseils du sniper pour apprendre à tirer au lance-pierre. Je suis resté un petit temps derrière eux, à les observer tous les deux partager cet instant de complicité avant que Yassop ne remarque finalement ma présence et incite le petit blond à se diriger vers moi. Aki et moi avons échangé une longue étreinte avant que je ne laisse une main affectueuse parcourir ses cheveux toujours coiffés en bataille. Nous avons échangé un sourire avant de nous asseoir sur le rebord d'une caisse de cargaison afin de discuter de l'avenir.

- Aki, est-ce que tu te sens bien ici, avec nous ?

- Oui ! Répondit-il dans un vif hochement de tête.

- Bon, tant mieux ! Affirmais-je dans un sourire.

- Pourquoi cette question...? Demanda-t-il d'une voix hésitante.

- Eh bien... Je ne sais pas trop comment te dire ça, mais... Cela va être plus compliqué que prévu de retrouver l'île où tu habitais...

- Oh... Mais vous finirez par la retrouver, n'est-ce pas ?

- Bien sûr ! L'ennui, c'est que nous ne savons pas vraiment quand... Alors, cela ne te dérangerait pas de rester un peu plus longtemps avec nous ?

- Non, bien sûr que non ! Vous êtes tous si gentil avec moi... Et je me sens bien ici ! Affirma-t-il dans un sourire quelque peu édenté.

Avant de nous rendre dans la grande salle commune, nous avons échangé une nouvelle étreinte assez longue, se terminant sur une note tout aussi douce qui n'était autre qu'un baiser déposer sur ma joue. Une fois dans la pièce, le jeune garçon se précipita aux côtés de Ben pour regarder la partie de cartes à laquelle il participait, apprenant à jouer à travers ses diverses observations. Aki était un enfant curieux de toutes les petites choses de la vie, il prenait plaisir à observer, mais également pratiquer et semblait beaucoup apprendre auprès de l'équipage. Une fois qu'il fut totalement rétabli des divers maux que lui avaient causées sa dérive, il s'était avéré être un garçon plein d'énergie, toujours prêt à donner un coup de main quand il le fallait. Il s'était notamment beaucoup intéressé aux cartes marines et à la navigation et je ne pouvais m'empêcher de penser en le regardant qu'il ne pourrait que bien s'entendre avec le capitaine.

C'était ce genre de pensées qui me faisaient très souvent songer à Shanks et me demander si tout allait bien pour lui. J'avais reçu quelques lettres de sa part, écrites à la main, toute avec de moins en moins de difficulté, cela se voyait dans ses traits, pour m'informer de ses quelques progrès et que la vie sans nous le pesait quelque peu parfois, même si Red arrivait à lui remonter le moral. Dans le dernier courrier que j'avais reçu, Le Roux m'avait indiqué l'arrivée de Mihawk sur l'île et un événement qui m'avait légèrement alarmer. Quelque part, je savais que si le corsaire et le démon se rencontraient, cela ne donnerait rien de bon, mais de là à ce que Bast s'en prenne physiquement à lui m'inquiétait d'autant plus. Malgré sa nature, le commandant de la treizième légion se montrait assez patient et je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que quelque chose ou quelqu'un l'avait forcément pousser à bout pour qu'il en arrive à une telle extrémité.

Je savais que parfois Shanks et Mihawk pouvaient se montrer très blessant et j'espérais simplement que le démon n'avait pas eu à en faire l'expérience. Je me faisais du souci pour les deux pirates évidemment, mais bien plus encore pour Bast qui était encore très marqué par sa tristesse et sa colère. Et c'est cette nuit-là que j'ai enfin compris pourquoi, puisque le lien si particulier qui me reliait au démon me donna accès à une bribe de ses souvenirs à travers quelques flashes pour le moins chaotique. J'avais eu droit à des images qui aujourd'hui encore continuent de hanter mes songes, revoyant l'épais manteau de neige blanche qui recouvrait Hosterburg, la ville où sa légion et lui s'était établit, être tâché d'un rouge sombre. À travers ses yeux, je découvrais alors les cadavres de sa femme et ses enfants, gisant dans la neige aux pieds de leur propre maison où l'auteur de cette infamie avait pris soin de leur arracher la tête pour les planter sur des pics.

C'est sur cette dernière vision d'horreur que je me suis réveillée en sursaut dans la chambre du capitaine, reprenant mon souffle tant bien que mal en me redressant dans la longueur du lit, tandis que mes mains, tremblantes, suintantes, s'étaient cramponnées aux draps durant mon sommeil. J'en éprouvais toute la tristesse et la colère qui l'avaient submergé à cet instant et compris pourquoi il avait choisi de me tendre la main lorsque j'avais perdu ma fille. Je ne pus empêcher les larmes de ruisseler sur mes joues, alors que je me forçais à reprendre progressivement mes esprits en me mordant la lèvre inférieure. Comment ? Comment pouvait-on faire preuve d'une telle cruauté ? Qui pourrait être aussi pleutre pour s'en prendre à des enfants et leur infliger une telle chose ?

Tout en arrivant à reprendre mon calme, j'ai porté quelques instants mes mains à mon visage pour en retirer les larmes. Mon cœur s'était si brusquement serrer à l'intérieur de ma poitrine que j'avais toujours cette impression de suffoquer et bien que je ne voulais pas mettre de mot sur mes propres questions, il n'y a qu'une seule réponse qui me vint à l'esprit dans un premier temps, les humains. De tout temps, les hommes préféraient se débarrasser de ce qu'ils jugeaient différents d'eux, nocif ou dangereux, sans même chercher à comprendre. J'avais été, bien avant la mort de ma fille, confronter à l'incompréhension humaine déjà, lorsque je n'étais qu'une petite fille seule et sans meute. Lorsque mes parents sont tous les deux décédés, dans un incendie qui avait emporté toute notre maison et nos biens, j'ai longuement vécu dans un orphelinat, gérer par des bonnes sœurs.

À l'époque, en tant que louveteau, je ne maîtrisais pas du tout ce que j'étais et la première fois que mes instincts et attribut canidé se sont éveiller, j'ai été chasser de mon seul lieu de vie, les sœurs jurant que j'avais le diable dans la peau. J'avais dû fuir et me réfugier dans la forêt pour survivre, comptant sur mes seuls instincts pour m'en sortir, jusqu'à ce que je rencontre Tom et l'homme qui l'avait recueilli. En y songeant, un long soupir traversa mes lèvres, alors que je me levais pour atteindre l'évier de la salle de bain et passer un peu d'eau sur mon visage. Mes yeux avaient rougi à cause des larmes et mes mains tremblaient encore des images qui me revenaient en tête à chaque fois que je fermais les paupières. Cette nuit-là et comme toutes les autres qui ont suivi avant que nous regagnions la terre ferme, je n'ai pas pu fermer l'œil de peur de les revoir.

Elles étaient si fermement encré dans mes songes qu'il m'arrivait également d'en apercevoir quelques bribes lorsque je fixais trop longtemps l'horizon. Le manque de sommeil avait fini par impacter mon humeur ainsi que mon travail et naturellement, l'équipage s'inquiétait.

- Mira, tu devrais prendre quelque chose pour t'aider à dormir... Affirma Yassop dans un sourire.

- Je... Oui sans doute, mais je n'ose plus vraiment fermer l'œil... Soupirais-je.

- Pourquoi ? T'aurais peur du noir ? Ou du croque-mitaine peu-être ? Demanda-t-il sur un ton amusé.

- Ne sois pas ridicule... Il serait sur ce bateau aucun de nous ne pourrait fermer l'œil !

- Euh... Tu veux dire qu'il... Existe...? Demanda-t-il peu rassurer.

- C'est... Euh... Non, bien sûr que non !

- Tu me rassures ! Répondit-il dans un soupir de soulagement. Enfin, toujours est-il que tu devrais dormir un peu Mira...

- Je n'arrive pas vraiment à fermer les yeux ces temps-ci... Disons que j'ai eu droit à la visite d'un cauchemar qui me hante, même quand j'ai les yeux ouverts maintenant...

- C'est à cause du lien que tu as avec Bast ?

Sa question eut le don de me surprendre un peu, tant elle était perspicace, mais Yassop avait toujours le don de viser juste. Je n'avais échangé qu'une ou deux fois sur ce point avec lui, puisqu'il m'avait déjà demandé, plutôt directement d'ailleurs, comment j'en étais arrivé à passer ce pacte avec le démon. Je lui avais bien entendu répondu avec franchise sur le sujet, décrivant les raisons pour lesquelles je l'avais accepté et ce que cela m'apportait en échange. J'avais tenté de lui décrire également ce lien si particulier qui existait entre Bast et moi, de par cet échange de nos émotions respective ainsi que de nos souvenirs qui s'entremêlaient parfois, qui pour le sniper, c'était avérer compliquer à comprendre.

Ainsi, par moments, lors de mon sommeil, il m'arrivait de revivre les événements qui constituaient la mémoire du démon et lui de son côté revivait parfois les miens. Nous n'avions de ce fait, aucun secret l'un pour l'autre, mais les événements respectifs de nos passés, que nous revivions, se présentaient de manière totalement aléatoire et était quelques choses dont nous n'avions aucun contrôle. Du moins, c'est ce que je pensais, puisque nos émotions pouvaient influencer grandement ses derniers...

- Disons que... Que j'ai eu droit à une bribe de souvenir qui m'a retourné le cœur et l'estomac... Soupirais-je. Ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps et je m'inquiète pour lui...

- C'est un grand garçon ! Je suis sûr qu'il va bien Mira !

- Hum... Sans doute, mais ça m'inquiète... Parfois, il est imprévisible et se laisse facilement dominer par sa colère... Je la sens à chaque instant au fond de moi, comme un bourdonnement sourd, une boule au fond de l'estomac qui grandit... Je n'ose même pas imaginer comment il se sent lui... Affirmais-je tristement.

- Ça ne doit pas être simple, j'imagine...

- Tu sais... Après toutes ses années à vivre à ses côtés, j'ai enfin compris pourquoi... C'est parce qu'il a perdu tout ce qui faisait son monde... Ajoutais-je en levant la tête en direction des étoiles. Sa femme et ses enfants... Massacrer si sauvagement... Il n'y a aucun mot pour décrire ça...

- Si ça m'arrivait... Je ne sais pas trop comment je réagirais... Soupira le sniper. Je ressentirais de la colère, c'est sûr... De la tristesse également et je pense que je traquerai le responsable, peu importe qui que cela puisse être et jusqu'au bout du monde s'il le fallait...

À la fin de ses mots, je me suis doucement laissé appuyer contre l'épaule du pirate, tandis que je sentais les sanglots dût au chagrin et à la fatigue accumuler remonter progressivement le long de ma gorge et la serrée. Je sentais tant de tristesse me submerger, tant de fatigue alourdir les muscles de mon corps, mais plus que tout, je ressentais ce malaise, cette peur de pensée que si je refermais les yeux, ses images cauchemardesques allaient à nouveau me hanter l'esprit. Il fallait à tout prix que je voie Bast pour m'en défaire, qu'il m'aide à apaiser mes songes afin que je puisse retrouver mon sommeil. Par chance, les deux années et demi de séparation avec le capitaine allaient bientôt prendre fin et nous allions pouvoir tous nous retrouver. Nous avions tous hâte de le revoir. Ben avait entamer le cap de retour depuis notre dernière embarcation, c'était enfin la dernière fois où nous allions voguer sans capitaine à bord du Red Force.

Même si le voyage nous parut durer une éternité tant nous étions impatients, en réalité, il ne dura que quelques semaines. Nous étions soulagés de revoir cette petite île bordée de falaises et de pics rocheux et bien que la manœuvre d'entrée dans le port fut un peu périlleuse, l'expérience de Ben à diriger le navire payait ses fruits. L'île était toujours aussi resplendissante et colorée, dégageant cette chaleureuse atmosphère de fête qui donnait terriblement envie de flâner le long des rues commerçantes. La chaleur du soleil faisait un bien fou à l'équipage après ces quelques jours à naviguer sous une pluie battante, nous étions soulagés d'être arrivés à bon port et sans déplorer de dégâts matériels. Le Red Force était à peine amarrer au port lorsque la chevelure rousse du capitaine se dessina à l'horizon, accompagner d'une autre à la couleur de jais.

La joie des retrouvailles s'était emparée de l'équipage et pratiquement tous les pirates étaient descendus du navire pour accueillir notre capitaine, égaillant ses dernières d'un rire de franche camaraderie. J'étais un peu rester en retrait pour laisser le temps à chacun de le saluer comme il se devait et naturellement, mon regard s'était porté sur Shanks et Mihawk, mais je fus assez attristé de constater que Bast n'était pas avec eux. Lorsque le capitaine se présenta devant moi, je lui offris un sourire malgré la fatigue que je ressentais et qui se voyait distinctement sur les traits de mon visage. Nous avons échangé à la suite une longue étreinte, me faisant un court instant oublier tous les maux et pensées sombres qui habitaient mon esprit. J'étais terriblement soulagé et heureuse de le revoir, de pouvoir enfin me blottir entre ses bras, de pouvoir à nouveau sentir cette vive chaleur au fond de mon cœur lorsque je me tenais près de lui.

- Tu m'as tellement manqué Mira... Murmura-t-il d'une voix douce.

- Toi aussi Shanks... Ça fait du bien de te revoir... Affirmais-je dans un sourire.

- Tu as l'air fatigué...

- Ce n'est rien, ne t'inquiète pas ! Ajoutais-je dans un petit rire.

Nous nous sommes doucement relâché pour échanger un tendre baiser sous le regard de l'équipage, nullement gêner de nous adonner à ce genre de marque d'affection maintenant. Et comme un rappel à l'ordre, nous fûmes interrompus par ce petit raclement de gorge insistant de la part du corsaire. Shanks, comme toujours, se mit à râler quelque peu, tout en laissant tout de même la place nécessaire au pirate afin que nous puissions à notre tour échanger une étreinte Mihawk et moi. C'était assez étrange, mais lorsque je me suis rapproché du corsaire, j'avais une drôle d'impression, un sentiment détestable mélangeant tristesse, dégoût et colère, bien que le tous était agrémenter d'une étrange envie charnelle. Je savais pertinemment que cela ne venait pas de moi et commençait vaguement à comprendre et entrevoir les raisons pour lesquelles je n'avais pas réussi à fermer l'œil depuis cette fameuse nuit.

Qu'est-ce que tu avais pu faire ou dire Mihawk pour réussir à mettre le roi des démons dans un tel état ?

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