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A ma réponse, son visage s'est illuminé d'un petit sourire espiègle auquel je n'ai pas plus prêté attention que ça. Je me suis allongé à la suite dans l'herbe près de lui, fermant les yeux et profitant de la douce brise d'été qui arrivait à nous faire supporter la chaleur cuisante du soleil.
Shanks
Je crois bien m'être assoupi un instant sur l'étendue d'herbe verte où nous étions tous les deux, sentant la brise marine rafraîchissante aux senteurs d'embrun se caresser aux parcelles de peau que les pièces de mes vêtements ne couvraient pas. Avec l'entraînement plutôt rude de ses derniers jours, Redra m'avait une nouvelle fois brisé une côte et je devais attendre avant de pouvoir à nouveau me battre. Bast m'avait prescrit du repos et s'était occupé comme à son habitude de mes blessures. Alors en bon patient, je me reposais, allongé ainsi dans l'herbe, laissant mon esprit vagabonder quelques instants. Je songeais un peu à Mira, à son visage, sa douce peau, la chaleur de son corps, la sensation de ses cheveux caressant mon visage, son odeur... J'avais presque l'impression qu'elle était là, pouvant parfaitement sentir un léger poids sur mon bassin, les mèches tombantes sur mon visage et ce souffle s'écraser contre mes lèvres.
J'ai compris que ses sensations étaient bien réelles quand une voix à l'intonation mielleuse vint raisonner à mes oreilles et que je sentis deux mains, douces et chaleureuses se posaient sur mes joues. Mes yeux se sont alors ouverts, trouvant deux prunelles d'un rouge égal à des rubis. Mon corps s'est brusquement raidi, réveillant la douleur de ma blessure, me faisant légèrement grimacer.
- ça peut s'arranger... Affirma le démon en chuchotant.
- J'ai encore perdu une occasion de me taire... Rétorquais-je dans un sourire.
- Tu verrais ta tête !
Le démon se mit à rire doucement, se redressant tout en faisant glisser ses mains le long de mon torse, laissant ses doigts effleurer l'ouverture de ma chemise. Cela semblait quelque peu l'amuser de me tourmenter de la sorte. Pour ma part, j'étais entre l'admiration, la curiosité et la nervosité. Je laissais mes yeux explorer son corps élancé, svelte et généreusement taillé. Sous la chemise noire que portait le démon, s'était formé une voluptueuse poitrine dont les trois premiers boutons laissaient apparaître la fente de ses seins. Le pantalon qu'il portait était devenu un peu long et légèrement ample, dont la ceinture ne tenait maintenant plus grand-chose. Ses cheveux noirs aux reflets bleutés avaient pris en longueur et retombaient le long de ses épaules. Son corps tout entier était un supplice. Je le regardais se soulever gracieusement sous chaque mouvement de ma respiration, laissant ma main posée le long de sa cuisse gauche.
L'envie me rongeait. Je sentais le sang affluer le long de ma verge sans que le démon n'ait à bouger. Je fermais alors les yeux, soupirant longuement afin de contrôler ce désir naissant. Je sentais l'ombre du démon me surplombée jusqu'à ce que sa poitrine vienne s'étaler le long de ma peau. Ma main se referma alors sur sa cuisse tandis que mes yeux s'ouvraient pour observer l'expression plus douce qu'affichait son visage. Cela n'avait rien de malsain, il arborait sur ses lèvres pulpeuses un sourire très tendre et ses yeux qui d'habitude étaient remplis de malice et d'une certaine malveillance, semblaient plus joyeux.
- Je peux te demander quelque chose Shanks ?
- Dis toujours...
- Est-ce que tu pourrais m'accorder un câlin...?
- Pourquoi ?
- Je dois vraiment avoir une raison pour ça ?
- Non... Bien sur que non... Mais quel genre de câlin tu veux exactement ?
- Une étreinte, rien de plus... Affirma-t-il dans un doux sourire.
- Dans ce cas, c'est d'accord... Mais descend avant...
Le démon c'est légèrement relevée pour se laisser glisser le long du côté droit de mon corps, laissant sa tête s'appuyer contre mon épaule. J'ai laissé passer un long soupire de soulagement, refermant mon bras droit sur ses épaules afin de l'étreindre. Je me demandai pourquoi ce besoin si soudain d'attention et c'est alors que les paroles de son frère me revinrent à l'esprit, à propos de la perte de sa famille. Peut-être que Bast était à nouveau triste tout simplement et qu'il cherchait une épaule sur laquelle il pourrait trouver un peu de réconfort. A cette pensée, j'ai refermé un peu plus mon étreinte sur lui, sentant le démon s'appuyer un peu plus contre moi tandis que ses yeux se fermaient afin qu'il puisse dormir. Son bras droit s'est étendu sur le tour de mon torse, tandis que sa jambe passait par-dessus la mienne. L'expression de son visage semblait si paisible maintenant...
Ma main s'est aventurée jusqu'à sa joue, retirant les quelques mèches corbeaux qui y traînaient, les rabattants à l'arrière de son oreille, les faisant glisser à la suite entre mes doigts. J'en ai esquissé un doux sourire, approchant mes lèvres du haut de sa chevelure afin d'y déposer un baiser. Je n'ai pas pu m'empêcher de humer son odeur qui à ma grande surprise et pour mon plus grand bonheur était sensiblement la même que celle de Mira. Elle me manquait terriblement et je souffrais chaque jour de notre séparation. Je ne pouvais imaginer le supplice que cela avait dû être pour Bast de perdre tout ce qui faisait son monde... En y songeant, je sentais cette petite boule qui prenait ma gorge et mon coeur se serrer dans ma poitrine, se muant de chagrin. Jamais je ne voulais qu'il ne revive un tel désastre et si je pouvais lui éviter ça, je m'en réjouissais...
J'avais fini par m'attacher à lui autant qu'aux compagnons qui partageaient ma vie depuis maintenant quelques années déjà. Le voir aussi triste me fendait le coeur et d'autant plus sous les traits qu'il arborait maintenant. J'ai doucement laissé mon menton se poser sur le haut de sa tête, regardant le ciel bleu à travers les feuilles de l'arbre qui se dressait au-dessus de nous. J'ai fermé les yeux et ai profité de la tranquillité des lieux pour me reposer encore, jusqu'à ce que Bast ne daigne se réveiller. Du moins, c'est ce que je comptais faire mais le sommeil fut plus fort que moi et j'ai rapidement plongé dans le royaume des songes... Lorsque je suis sortis de mon sommeil, je sentais mon corps frissonner et mon épaule droite être prise d'un petit engourdissement. En ouvrant les yeux, je pouvais constater que le soleil se couchait et que les frissons que je ressentais étaient provoqué par les passages réguliers des doigts du démon le long de mon bras.
Bast a doucement relevé le bout de son nez en ma direction, affichant sur ses lèvres un petit sourire. J'ai tourné la tête, sentant que mes joues prenaient quelques couleurs et pour faire passer cette sensation chaude, je me suis raclé un peu la gorge et ai soupiré un bon coup. Le démon s'est redressé à la suite, s'étirant un instant avant de se lever.
- Qu'est-ce que tu veux faire maintenant ? Demanda-t-il en regardant le ciel.
- Je commence à avoir faim... Soupirais-je en me redressant.
- Allons manger alors !
Il a tendu la main vers moi pour m'aider à me relever, je l'ai accepté en lui accordant un sourire pour le remercier. Une fois debout, j'ai retiré les brins d'herbe qui étaient restés collés à mes vêtements, sentant une des mains du démon passer dans mon dos afin de m'aider. J'en ai faits de même pour lui, retirant également ceux qui étaient resté accroché à ses longs cheveux noirs. A la suite, j'ai remis mes claquettes et nous avons descendu la petite colline sur laquelle nous étions pour regagner la ville. Arrivé en bas de cette dernière, j'ai ressenti tout le poids du corps du démon qui avait sauté sur mon dos, passant ses jambes autour de ma taille et ses bras autour de ma nuque en riant, prétextant que cela me ferait un peu d'exercice. J'en ai grimacé, l'action avait réveillé la douleur de ma côte cassée mais j'ai pris sur moi, souriant simplement tout en laissant le démon là où il était.
Et puis en sentant sa généreuse poitrine s'étaler contre mon dos, je sentis une sueur longée ma colonne vertébrale, et pour autant, j'étais plutôt content. Non pas que la situation me réjouissait mais il avait l'air plus heureux et cela me faisait plaisir de le voir comme ça plutôt qu'à rester seul à se morfondre dans son coin. Je laissais ma main sous sa cuisse droite afin de l'aider à maintenir sa jambe tout en marchant à la recherche d'un stand de nourriture ou peut-être d'un restaurant. Je sentais sa joue gauche venir à la rencontre de ma droite alors que ses lèvres affichaient un sourire joueur. A cet instant, l'intonation de sa voix délicate se caressant à mon oreille déclencha un frisson dans mon échine...
- Qu'est-ce que tu veux manger ?
- Hum... Je ne sais pas... Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?
- Hum... Fit-il en posant son menton sur mon épaule. Des grillades ça te tente ?
- Oh oui !
Je reçus une petite tape sur le haut de la tête accompagné d'un "en avant bourricot !". Cela me fit éclater de rire, un rire franc et jovial, un de ceux dont j'avais le secret et qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Sous cette apparence, le démon avait l'air plus sujet aux émotions humaines, les expressions qu'il arborait sur son visage semblaient lui donner plus de vie également. Cela changeait de l'air un peu bougon et renfermé qu'il avait sous ses traits masculins. Avec ses indications, nous n'avons pas eu de mal à trouver un restaurant de grillade. Bast est alors descendu de mon dos et nous avons pris place autour d'une table à l'intérieur. Il n'y avait pas beaucoup de monde, l'endroit était calme et l'on pouvait discuter sans être dérangé par les bruits extérieurs même avec les fenêtres ouvertes puisque le lieu se trouvait dans une ruelle peu fréquentée. Une serveuse nous a apportés de la bière pour commencer, accompagné d'un plateau de viande bovine.
Alors que les bouts de viande étaient disposés sur la planche, qu'ils grillaient tranquillement et dégageaient de douces effluves qui nous donnaient l'eau à la bouche, le démon me décrocha un sourire et me demanda de but en blanc de lui parler de Roger, du temps où je faisais partie de l'équipage...
- A quel âge tu as rejoint son équipage ?
- J'avais une dizaine d'années mais j'y étais déjà quand je n'étais qu'un bébé... Il m'a trouvé sur God Valley et quelques mois plus tard, il m'a déposé sur une petite île de South Blue où j'ai grandis...
- Pourquoi ? Il aurait pu te garder et s'occuper de toi...
- Il a préféré me confier aux soins d'une femme... Dis-je en souriant. C'était sympa là-bas, même s'il ne s'y passait pas grand-chose j'en ai de bons souvenirs !
- Raconte-moi ?
- Hum... Quand j'étais gamin, un de nos voisins avait un orangé et l'une de ses branches était tellement couverte d'oranges, qu'elle croulait sous leur poids et tombait dans notre jardin ! Du coup, je ne me gênais pas pour les chaparder ! Répondis-je en riant.
- Ah ah ! Tu avais déjà l'âme d'un pirate !
- Ouais on peut dire ça ! En fait... C'est un peu comme si j'avais ça dans le sang... Dis-je en buvant une gorgée de bière. Et toi ? Tu as des parents ou de la famille ? Enfin tu as Redra mais ce n'est pas réellement ton frère...
- Je ne partage pas les liens du sang avec lui c'est vrai mais je le considère plus comme mon frère que n'importe qui dans les neuf mondes... Dit-il avant de prendre une gorgée de sa boisson. Et pour répondre à ta question, j'avais deux frères et une soeur...
- Tu avais ?
- Oui... Durant un raid des démons sur votre monde il y a très longtemps, j'ai tué un de mes deux frères afin de vous protéger... Soupira-t-il doucement. Il n'était pas seulement mon frère mais mon roi également... En mettant fin à ses jours, les démons qui l'accompagnaient ont préféré rendre les armes...
- Je vois le genre oui... Soupirais-je doucement. Et ton autre frère et ta soeur ?
- Lui, c'est proclamer roi et vit toujours au Muspelheim tandis que ma soeur s'est installée bien avant que tout ceci ne commence sur les terres d'Helheim où elle coule des jours tranquilles...
- Ils te manquent ?
- Lui non... Ma soeur par contre, ça m'arrive de penser à elle et de me demander ce qu'elle devient...
- Et tes parents ?
- Je n'en ai pas !
- Comment ça ?
- Hum... Comment t'expliquer ça... Je suis né du néant...
- C'est-à-dire ?
- C'est-à-dire qu'avant moi il n'y avait rien et puis pouf, je suis apparu !
- Donc ça fait de toi... Le premier démon ou quelque chose comme ça ?
- Pour être exacte oui, mon nom en langue démonique signifie d'ailleurs "premier né du Néant"...
- Tout ça pour "Bast" ?
- Non, non ! "Bast" est le surnom que m'a donné le premier humain que j'ai rencontré... Et mon nom en tant que démon est "Azor Vess Ahai"...
- Il a bien fait de te donner un surnom !
A cette remarque, nous avons échangé un rire. Notre conversation porta ensuite sur les mondes qu'il avait conquis, à quoi est-ce qu'ils ressemblaient, s'il y avait des autochtones, leurs cultures, les édifices bâtis, leurs religions, leurs langues... J'étais curieux de tous. Je voulais en savoir plus sur ce qu'il avait vu, vécu et appris, sur les endroits qu'il avait visités, les gens qu'il avait rencontrés et même sur les démons qui avaient pu combattre à ses côtés. Alors il commença par me décrir le monde où il est né, le Muspelheim, une terre aride, une fournaise semblable à ce que la Bible décrivait, l'enfer chrétien. Comme il avait peu d'eau et de nourriture, les démons s'adonnaient au cannibalisme et buvaient le sang de ceux qu'ils tuaient. Puis Bast a ouvert un passage vers l'Helheim à travers les racines de l'Yggdrasil en utilisant une vieille magie, c'était un endroit froid duquel ils pouvaient au moins rapporter de l'eau même si la terre n'était pas cultivable et que rien ne semblait pouvoir y pousser.
Par la suite, il a ouvert un passage jusqu'à Jötunheim, trouvant les géants, des amas de roches et de richesses, comme le fer, l'or et l'argent. Enfin, il a trouvé le monde des Elfe, Niflheim ou Nidavellir comme les démons aimaient à l'appeler. Une terre regorgeant de vie, d'eau, de fruits et d'animaux, tout ce dont ils avaient besoin pour vivre, tout ce dont ils avaient besoin pour prospérer. Mais voilà, Bast ne s'est pas arrêté là, même s'il savait que son peuple avait tout ce qu'il lui fallait, lui avait soif d'aventure, de découverte et de connaissances surtout alors il est entré dans Midgard, curieux de voir ce qu'il allait bien pouvoir y trouver...
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Je continue à utiliser le pronom "il" pour ne pas trop vous perdre, j'espère que cela ne vous dérange pas trop !
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