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C'est comme ça que je suis devenu son hôte et que lui est devenu mon gardien et que toutes les décisions que je m'efforçais de prendre, c'était pour qu'on puisse aller mieux et traverser cette peine ensemble...
Mira
Quelques semaines étaient passées, le capitaine avait rejoint ses quartiers, content de quitter enfin l'infirmerie et Bast, rester sous sa forme féline, lui collait au basque pour le plus grand bonheur du rouquin. Dire que ce dernier aimait les chats était un euphémisme. Je ne l'avais jamais vue aussi affectueux et heureux depuis la présence de la boule de poils sur le navire. Cela ne semblait pas déranger le démon plus que ça, en réalité, Shanks passait le plus clair de son temps à dormir dans sa chambre, ressentant encore de vive douleur parfois à cause de sa blessure. Dans le jargon médical, on appelait ça la douleur du membre fantôme... Enfin, je ne vous apprends sans doute rien...
La présence du chat sur le navire ne faisait pas l'unanimité cela dit, surtout auprès de Yassop qui passait son temps à éternuer et se frotter les yeux, pas très pratique pour un sniper... En plus, cela l'obligeait à garder ses distances avec Shanks pour éviter de trop souffrir de son allergie. Enfin, les mois avaient passé, cela faisait maintenant pratiquement un an qu'on était installé au port de Fuchsia et il était temps de partir pour continuer nos aventures. Après la perte de son bras, j'avais eu quelque occasion de revoir Ace et Sabo mais comme je préférai rester au chevet du capitaine, nous ne nous sommes pas beaucoup vue par la suite et je n'ai même pas eu le temps de leur dire au revoir...
Les dernières caisses de ravitaillements étaient en train d'être chargé, les membres d'équipage étaient presque tous à bord lorsque la voix de Luffy résonna dans l'air une nouvelle fois agacée par les taquineries du capitaine...
- Tu verras ! Je rassemblerai un équipage aussi fort que le tient et je raflerai tous les trésors du monde ! Et même que le roi des Pirates se sera moi !!
- Tu seras donc plus fort que nous alors ?
Shanks esquissa alors un sourire avant de retirer son précieux chapeau de paille et le déposer délicatement sur la tête du jeune garçon, lui faisant promettre qu'un jour, il devrait prendre la mer et lui rendre quand il serait devenue un fier pirate. Il avait "fait un pari sur l'avenir". C'était ce qu'il aimait répondre lorsqu'on lui posait la question "comment il avait perdu son bras". Drôle de réponse tout de même mais lui, ça le faisait décrocher un sourire ému et rire à la suite.
Peu de temps après que le rouquin ait donné son couvre-chef au jeune garçon, le bateau reprit la mer toutes voiles dehors et nous nous sommes directement dirigées vers la partie de Red Line qui se trouvait plus à l'Ouest afin de regagner Rivers Montagne le plus tôt possible, franchir ainsi le cap des jumeaux et regagner Grande Line. Au début de notre voyage, les choses semblaient bien se passer. Les hommes étaient comme à leur accoutumés, jovials, fêtards, travailleurs et taquins.
Avant qu'il ne perde son bras, Shanks donnait un coup de main à son équipage à pratiquement tous les postes dès qu'il en avait l'occasion histoire de soulager un peu chaque homme du fardeau qui l'incombait chaque jour. Mais depuis que nous avions repris la mer, plus aucun d'entre eux ne souhaitait son aide. Non pas par dégoût ou par pitié mais ils voulaient l'aider je le voyais bien, l'empêcher de se fatiguer et ils étaient tous inquiet que sa plaie ne s'ouvre à nouveau. Bien entendu, le capitaine ne le voyait pas de cet oeil et progressivement, il se renfermait, il en venait même au point où il ne proposait plus son aide, c'étant fait une raison.
Il passait des heures dans son bureau à étudier des cartes marines, rester allonger sur son lit à regarder le plafond, ruminer sur le pont arrière en regardant la mer ou se plaindre de ses hommes auprès de moi dans l'infirmerie. Et puis il y avait cette petite chose aussi qui... Enfin, depuis cette fameuse journée même si on avait partagé quelques étreintes et baisers, c'était tout ce qu'il m'avait accordé, comme s'il doutait d'être capable de plus. Cela commençait à me manquer. Quand on se retrouvait tous les deux, s'était étrange, ce n'était plus vraiment comme avant, il y avait cette petite atmosphère pesante dans la pièce...
Peut-être qu'il fallait lui laisser du temps tout simplement. Alors je faisais preuve de patiente, j'écoutais ses plaintes, j'essayais de lui redonner le sourire mais rien ne semblait lui remonter le moral. Il se sentait désemparer, inutile à l'équipage, allant même parfois dire qu'il était devenue un poids... Cela me fendait le coeur de le voir ainsi... Et les seuls moments de réconfort où il souriait un peu, s'était lorsque Bast était avec lui et comme Yassop avait une furieuse allergie aux poils de chat, ce dernier restait exclusivement dans la chambre du rouquin.
Pour ne rien arranger à ce triste tableau, comme il déprimait et se laissait aller, il s'était mis à boire beaucoup. Au départ rien d'alarmant bien sûr, après tout, il restait un pirate et le rhum devait couler à flots mais progressivement, les choses se sont mise à déraper. Il avait très souvent les nerfs à vif et la moindre remarque le faisait partir au quart de tour...
- Il s'est encore énervé ? Demandai-je au second.
- Oui... Encore une fois... Répondit-il en soufflant la fumée de sa cigarette.
- C'est dur pour lui...
- C'est pas une raison pour nous gueuler dessus dès que quelque chose ne lui plaît pas... ça ne fera pas avancer les choses en tout cas et je ne suis pas sûre que ça le fera se sentir mieux non plus...
- Je sais bien mais il faut se mettre à sa place... Ajoutais-je dans un soupir. Reprendre la mer avec un bras en moins ça ne doit pas être évident...
- Arrête un peu ! Rétorqua froidement le second. Il faut que tu arrêtes de prendre sa défense constamment et de lui chercher des excuses Mira ! Sinon il n'avancera pas !
- Je sais bien Ben mais...
- Mais quoi ? Il a choisi de sauver ce gamin, aucun d'entre nous n'est responsable de ça ! Certes la perte de son bras n'était pas prévue mais il faut qu'il cesse de se morfondre comme ça, sinon l'équipage ne va pas aller loin !
- Tu as sans doute raison...
- Si ça continue comme ça autant tous raccrocher et fermer boutique...
- N'exagère pas non plus...
Oui, depuis que nous avions quitté le petit village de Fuchsia, l'équipage tout entier était un peu à cran et cela ne cessait de croître. On était tous un peu à fleur de peau et peut-être en mer depuis trop longtemps également. Le fait que Ben arrive à perdre son calme légendaire en était la preuve la plus flagrante. Le navire faisait route en direction d'une île de Hell Line, là-bas, j'espérai que l'équipage puisse y passer un bon moment et se changer les idées. Quant au capitaine... On allait devoir parler lui et moi.
- Espérons qu'on puisse se reposer sur la prochaine île... Soupirai-je doucement.
- Espérons qu'il n'y est pas trop d'alcool, je n'ai pas envie de ramasser notre capitaine à la petite cuillère...
- Qui dit île, dit forcément beuverie avec un équipage comme le nôtre Ben ! On ne pourra pas y couper alors autant se faire une raison...
- Si on pouvait éviter...
Le second soupira une énième fois longuement en recrachant la fumée blanche de sa cigarette dans la pièce avant de se pencher sur la carte laissée sur la table derrière lui en ma compagnie afin de réajuster la barre en fonction de mes indications. Même s'il n'avait pas besoin de moi pour cela, il m'appelait de temps à autre plus pour avoir de la compagnie et quelqu'un avec qui discuter que pour avoir des conseils ou un avie sur la direction à prendre. Les rôles se définissaient petit à petit sur le navire, comme pour tous les jeunes équipages et y songer me fit esquisser un petit sourire au coin des lèvres.
Après un rapide passage dans l'infirmerie pour vérifier nos stocks, je suis passé voir comment allait le capitaine. Une fois devant la porte de sa chambre, j'ai hésité quelques instants à entrer et prenant mon courage à deux mains, j'ai frappé doucement à cette dernière avant d'en franchir le seuil. Shanks était là, allongé sur son lit, il s'était endormi. Sur la table de nuit à proximité du lit traînait un verre vide renversé dont le contenu avait coulé sur les planches du parquet et non loin se trouvait une bouteille à moitié pleine.
Bast était allongé en boule au bout du lit, je me suis avancé pour passer une main dans son pelage après avoir refermé la porte de la chambre derrière moi en veillant à ne pas réveiller le capitaine. Il a doucement émergé de son sommeil, relevant la tête en ma direction pour me regarder quelques secondes tandis que je lui décrochais un sourire. Je me suis approché à la suite du bord du lit où dormait le rouquin, m'asseyant sur ce dernier. Il sentait fort l'alcool et l'odeur me donnait presque la nausée, j'en ai alors grimacé légèrement en l'observant dormir. Il semblait paisible, c'était déjà une bonne chose...
J'ai tendu la main en sa direction pour la passée dans sa chevelure flamboyante. Elle était plus longue et rèche qu'à l'accoutumer, tout comme sa barbe. Ce n'était pas étonnant, il ne les avait pas entretenus depuis des mois, en fait, depuis qu'on avait repris la mer et à chaque fois que je lui proposai mon aide pour les coupés, il déclinait, prétextant qu'il s'en occuperait lui-même plus tard. Hormis l'odeur, la barbe un peu plus épaisse ne lui allait pas trop mal et si ses cheveux étaient un peu plus soignée ça irait... J'en ai soupiré très légèrement avant de laisser glisser mes doigts contre sa joue.
Mes gestes semblaient le faire émerger progressivement de son sommeil et lorsqu'il entrouvrit les yeux un bref instant, il donna un coup sur mon poignet avec le revers de sa main, tout en se retournant et grommelant.
- Laisse-moi Mira...
- Tu as l'air bien ronchon... Mal de tête ?
- Fiche moi la paix... Répondit-il dans un soupir.
- Shanks je -
- Qu'est-ce que tu me veux à la fin ? Tu n'as pas autre chose à faire que de rester là ?
- Je voulais passer un peu de temps avec toi c'est tout...
- Pour quoi faire ? Je suis plus bon à rien de toute façon...
- Ne dis pas ça Shanks...
C'était vraiment difficile pour moi de le voir dans cet état et d'avoir l'impression de ne pas pouvoir lui venir en aide. Ben avait raison, je devais arrêter de prendre des pincettes avec lui, de le materner et de le traiter comme ça. S'il n'avait pas quelqu'un pour le traîner hors de son lit alors il resterait un pauvre hère pour le restant de ses jours. Mais je ne savais pas comment m'y prendre, comment je devais faire pour le faire sortir de cet état de tristesse qui l'habitait ?
Mes yeux se sont posés naturellement sur le chat qui se trouvait à ses pieds. Bast ne m'avait pas quitté des yeux une seule seconde et lorsque mon regard croisait le sien, il me fit un petit mouvement de la tête, histoire de me faire comprendre d'insister. Je me suis tourné totalement dans la direction du rouquin, glissant une main dans sa chevelure pour retirer les mèches rousses qui couvraient sa nuque. Je laissais mes lèvres aller à la rencontre de cette dernière, peut-être que lui procurer un peu de plaisir lui ferait du bien. J'espérai au moins lui remonter un peu le moral...
Mes lèvres ont tenté de se frayer un chemin jusqu'aux siennes et bien qu'au départ la tâche fut difficile, je n'ai pas tardé à le sentir un peu plus réceptif de par sa peau frissonnante et son corps qui se tournait progressivement vers le mien. Une fois qu'il fut allongé sur le dos, nous avons échangé un baiser plus abrupt, sa main c'est faufiler jusqu'à l'arrière de ma tête et je le sentis agripper une poignée de mes cheveux avant de sentir tout mon corps basculer vers l'avant jusqu'à ce que mon dos rencontre le matelas de son lit.
Il a rompu notre baiser en esquissant un très faible sourir, laissant nos yeux s'ancrer l'un en l'autre, J'y voyais tellement de tristesse, comme s'il portait un fardeau sur les épaules. Bien sûr, il avait la responsabilité en tant que capitaine des membres d'équipage qui vivaient sur le navire, peut-être qu'il ne se sentait plus capable de nous protéger... Peut-être que son mal-être venait de cela, de ses doutes, de ses peurs, de ses angoisses... J'ai glissé ma main sur sa joue, rabattant une mèche de cheveux à l'arrière de son oreille et un sifflement précédant une détonation nous fit nous relever brusquement et regarder le hublot de la cabine.
Le galion tenga légèrement sur le côté et je sentis à cet instant, le bras du rouquin m'entourer la taille pour éviter que je ne tombe, tandis que le lit glissait jusqu'à rencontrer le mur. Dehors, on pouvait entendre quelques pirates s'écrier de prendre les armes, annonçant l'approche d'un autre bateau au pavillon noir. Shanks c'est brusquement redresser pour saisir son épée laisser appuyé contre le coin de son bureau. Il s'est à la suite dirigé vers la sortie pour regagner le pont. Bast emboitait le pas juste derrière lui, tandis que je suivais le chat.
Le navire ennemi était presque à notre porté situé à quelque encablure derrière nous, ils se préparaient à l'abordage armé de grappins, de filets et d'épées. On pouvait entendre leurs cris de guerre raisonner dans les airs. L'arrivée du capitaine sur le pont fit se tendre tous les membres d'équipage mais bien vite, lorsque la voix du rouquin leur commanda quoi faire, chacun se mit au travail. Ils se saisirent de leurs armes, prêt à en découdre et lorsque le premier forban eut posé le pied sur le pont du navire, l'affrontement commença.
Dans un cri commun, les hommes se jetaient corps et âme dans la mêlée et le tintement des épées résonnaient dans les airs jusqu'à couvrir tous les hurlements. Bien que j'avais mon lot de bandits de mon côté, je m'efforçais de garder un oeil sur le capitaine... A vrai dire, chacun de nous le faisait inconsciemment ce qui nous distrayait quelque peu durant nos affrontements et cela devenaient de plus en plus difficile de repousser les pirates qui grimpaient toujours de plus en plus nombreux sur le pont. C'était à se demander si on allait en voir la fin un jour...
Et tandis qu'on gardait tous un oeil sur lui et qu'il semblait peiner à se débarrasser du pirate qu'il affrontait, une vive douleur le rappela à l'ordre, se traduisant par une grimace et un grognement rauque, lui faisant lâcher son épée tellement elle était forte. Le pirate face à lui allait en profiter pour abattre sa lame sur sa nuque et la lui trancher mais son geste se stoppa net. Et à vrai dire, on s'est tous arrêté à ce moment-là...
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