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Si je devais mourir, que mon heure était venue, alors autant le faire comme le capitaine... En souriant !
Shanks
Alors que j'avais encore les yeux clos, je sentais la douleur me réveiller progressivement. Le moignon de mon bras gauche commençait à me lancer et lorsque je les ai ouverts, je n'ai trouvé personne dans la pièce. Les rideaux étaient tirés pour laisser passer le moins de lumière possible. J'ai passé ma main droite sur mon visage, gémissant légèrement à cause de la souffrance. J'allais prendre appuie sur le matelas avec l'unique main qu'il me restait afin de me redresser quand je sentis une boule de poils se glisser contre mes côtes.
J'ai soulevé légèrement la couverture pour voir contre moi un chat à la douce fourrure totalement noire. Je n'ai pas pu empêcher un sourire de se former sur mes lèvres. J'adorais les chats. Je les trouvais doux, affectueux et malin, pleins de débrouillardise et d'espièglerie, un peu comme moi en y réfléchissant... À cette pensée, j'ai laissé passé un petit rire entre mes lèvres, glissant mes doigts sous le cou de la petite bête pour lui offrir quelques gratouilles.
Je n'ai pas tardé à entendre ce ronronnement distinctif traduisant leur bien-être et leurs bonheurs. Il s'est alors étendu de tout son long contre moi, baillant légèrement à la suite. J'en ai oublié la douleur que je ressentais à cet instant tellement j'étais heureux d'avoir trouvé ce chat.
- Qu'est-ce que tu fais-là toi ?
Je posais la question sans en attendre de réponse mais au son de ma voix, il a relevé la tête en ma direction et m'a fixé avec ses grands yeux rouges, les plongeant presque dans les miens. Etrange couleur... Il s'est redressé puis s'est étiré longuement avant de se s'allonger, le dos le long de mon bras droit, venant poser sa tête contre mon épaule tout en fermant les yeux pour se rendormir. Il continuait de ronronner et je n'ai plus osé bouger de peur de le déranger ou qu'il ne s'en aille.
Et puis je n'étais pas trop mal là. La douleur était passée et même si je n'avais plus envie de dormir, je ne pouvais pas me lever. J'avais toujours la perfusion à mon bras et je ne pouvais pas tout arracher puis partir, ce serait inconscient. J'ai donc attendu patiemment que Mira ou un gars de l'équipage ne rentre dans l'infirmerie. Aux vues du peu de lumière qui passait par les rideaux, il devait être assez tôt. Mira devait certainement prendre son petit déjeuner, Ben n'allait pas tarder à aller se coucher pour se reposer quelques heures quant au reste de l'équipage, ils devaient tous dormir comme des marmottes.
Lucky et le reste des cuistots n'allaient pas tarder à se lever eut aussi, ils devaient préparer le premier repas de la journée pour tout un régiment d'affamer et je peux vous dire que c'était beaucoup de travail pour les avoir aidé un bon nombre de fois ! En y songeant, je ne pus empêcher un grand sourire de se dessiner sur mon visage aux traits fatigués. Je devais avoir une mine affreuse. Heureusement que cette petite boule de poils était là pour me tenir compagnie en attendant, je me sentais moins seul... moi qui aimais être entouré, là, ça me faisait tout drôle de me retrouver sans personne.
J'en ai soupiré longuement avant de tendre l'oreille. Mais rien. Il n'y avait pas un son. Je n'entendais même pas le bois du navire travailler sous les mouvements de la mer. Pas de bruits de pas, pas de discussions, pas de ronflements... Seulement le ronronnement du chat qui dormait, là étendu contre mon bras. J'en ai relevé la main pour gratter le haut de sa tête, accentuant les ronrons de la boule de poils.
- On dirait qu'il n'y a plus que toi et moi le chat...
J'eus en guise de réponse un petit miaulement comme s'il m'avait compris et j'en ai esquissé un doux sourire. Voilà que je parlais à un chat maintenant... Non vraiment il fallait que je voie quelqu'un, n'importe qui mais un être humain par pitié ! Et presque comme si ma prière avait été immédiatement exaucé, la porte de l'infirmerie s'entrouvrit dans un petit grincement et j'aperçus une petite tête aux cheveux noirs en sortir de l'encadrure. Je lui ai souri et dans un mouvement agité entre l'empressement, la panique et le soulagement, Luffy s'est jeter sur le lit, passant ses bras autour de mon cou.
Malgré la petite douleur que je ressentais à cet instant, j'ai continué de sourire et j'ai ri légèrement, posant ma main sur le haut de sa tête pour ébouriffer ses cheveux. Lui, il retenait quelques sanglots, je pouvais l'entendre et il souriait en même temps, il devait être soulagé de voir que je n'avais rien... Enfin, façon de parler... Après tout un bras en moins, ce n'était pas si grave si ? Avec son arrivée en trombe, il en avait fait fuir le chat qui s'était réfugié sur les étagères en hauteur, là où le garçon ne pouvait l'atteindre.
Mira n'a pas tardé à entrer dans la pièce, elle passa une main affectueuse dans mes cheveux roux avant de se pencher pour partager un baiser avec moi. Elle s'est emparée de Luffy pour le faire sortir de la pièce, lui accordant une caresse affectueuse à lui aussi avant de refermer la porte en lui demandant de rejoindre la cuisine. Je l'ai entendu râler légèrement avant de courire dans le couloir pour regagner les escaliers qui menaient au pont.
- La douleur est supportable ?
- ça peut aller... Répondis-je en me redressant.
- Je vais te donner quelque chose d'assez fort qui va te coucher un peu puis je vais changer tes bandages, d'accord ?
- Bien m'dame !
J'ai tendu la main en sa direction et une fois celle de ma blanche glisser dans la mienne, je l'ai tiré doucement vers moi. Elle s'est assise sur le bord du lit et m'a regardé avec ses grands yeux jaunes, passant le bout de ses doigts sur ma joue pour m'accorder quelques caresses. Je l'ai prise dans mes bras à la suite, laissant mon nez se glisser dans sa douce chevelure au parfum de fleurs d'oranger. J'avais besoin de l'avoir près de moi, d'avoir ses tendresses et ses câlins.
J'ai déposé quelques baisers dans son cou où sa peau frissonnait légèrement sous mes lèvres et ma barbe que je n'avais pas entretenue depuis un bon moment. Mes cheveux étaient un peu trop longs à mon goût également mais je demanderais à Mira de me les couper un peu plus tard. Nous nous sommes relâché, je me suis allongé tranquillement et l'ai laissé me prodiguer les soins nécessaires. Le chat rester sur le haut de l'étagère ne s'est pas fait prier longtemps, il est descendu de son perchoir afin de venir s'asseoir dans un des coins du bureau de mon médecin de bord, regardant Mira préparer l'onguent pour ma blessure. C'était presque comme s'il la conseillait. Drôle d'idée...
Avec ce qu'elle m'avait donné, je n'ai pas traîné à rejoindre à nouveau les bras de Morphée. Je me souviens avoir rêvé mais de quoi, ça je serais incapable de vous le dire...
Mira
Alors que je préparais l'onguent à appliquer sur la blessure du capitaine, je sentis les mouvements graciles du chat qui vint s'asseoir sur le coin de la table sans faire trembler une seule fiole. J'ai tourné la tête en sa direction, décrochant un bref sourire à son attention tout en continuant ma préparation. Il m'observait, je pouvais sentir ses grands yeux rouges me fixer mais cela ne me dérangeait pas, j'avais pris l'habitude avec le temps qu'il fasse ça.
- C'est gentil d'avoir veillé sur lui le temps que je me repose... Heureusement que tu étais là, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi...
Je n'attendais aucune réponse de sa part mais il hocha simplement la tête sans omettre aucun bruit. Puis la porte de l'infirmerie s'est brusquement ouverte et Yassop en passa l'encadrure un plateau-repas dans les mains, contenant le petit déjeuner du capitaine. Il me décrocha un sourire et tout en s'avançant vers la table de chevet, il haussa un sourcil.
- Tu parles toute seule maintenant ?
- Non ! Rassure-toi ! Je parlais avec le chat ...
- Ah ah ! Vous allez définitivement bien ensemble vous deux ! Affirma-t-il avant d'éternuer.
- Ha oui ? Pourquoi ?
- Shanks est dingue des félins lui aussi... Ajouta-t-il en se reculant du bureau.
- Tu commences à tomber malade Yassop ?
- Non... Je suis allergique aux poils de chat, je ferai mieux de quitter la pièce avant de me retrouver avec la morve au nez et les yeux qui piquent ! Ah ah !
- Si jamais tu as besoin j'ai de quoi te soulager dans les placards...
- C'est gentil ! Comment il va ?
- ça a l'air d'aller... Il dit que la douleur est supportable...
- Tant mieux... De toute façon entre tes mains il n'y a pas de soucis à se faire pour lui !
Nous nous sommes décrocher un sourire et le blond quitta la pièce aussi vite qu'il en était entré, éternuant un grand coup dans le couloir. J'ai regardé le chat qui était toujours assit dans le coin du bureau observant fixement le capitaine qui dormait de manière assez profonde. Une fois l'onguent près, je me suis approché du lit pour défaire le bandage de sa blessure, veillant à ne pas trop bouger son bras. J'ai observé les points de suture qui refermait sa plaie, sentant un long frisson me prendre, parcourant l'entièreté de mon corps.
En songeant à ce qu'il s'était passé il y a deux mois maintenant, mes mains se sont remise à trembler. Je me suis assise sur la chaise près du lit, tandis que je posais le mortier qui contenait l'onguent sur la table de chevet. Un long soupir est passé entre mes lèvres alors que je fixais mes mains et que je sentais une boule remonter jusqu'à ma gorge, que se serrait. J'avais été dans l'incapacité de lui venir en aide ce jour-là. Je ne pouvais pas parce que mon corps s'était pris d'une terreur qui m'avait paralysé. L'angoisse de le perdre et de me retrouver seule.
J'ai porté mes mains à mon visage, essayant de reprendre contenance. Il fallait bien que je le soigne, tu n'allais pas le faire à chaque fois que je ne m'en sentais pas capable tout de même... La serrure de la porte de l'infirmerie s'est tournée pour la verrouiller, je savais que tu étais là et je n'ai pas tardé à sentir ta main réconfortante se poser sur mon épaule.
- Je vais m'en occuper Mira... Chuchota-t-il doucement.
- Il faudra bien que je m'en sorte sans toi...
- Ne t'inquiète pas, ça ne me dérange pas... Tu t'es attachée à lui, c'est normal que ce soit difficile pour toi...
Je me suis lever de la chaise sur laquelle j'étais, soupirant légèrement avant de lui laisser ma place. Je me suis installé de l'autre côté du lit, glissant une main dans celle du capitaine avant de laisser l'autre parcourir sa chevelure rousse. Elles tremblaient toujours autant. Shanks dormait profondément et les soins qu'il lui apportait ne semblaient pas le réveiller le moins du monde. Faut dire qu'il savait y faire. Je ne comptais plus le nombre de fois où je l'avais observé s'occuper de blessés qui étaient dans des états vraiment déplorables.
Cela me soulageait de le savoir constamment à mes côtés, surtout dans des moments comme celui-là. J'avais l'impression qu'il était d'un soutien sans failles, une épaule sur laquelle je pouvais me reposer quand je ne pouvais pas compter sur le capitaine ou l'équipage. Bien sûr cela arrivait en de très rare occasion comme aujourd'hui... Comme toujours, je l'ai observé travailler en silence, je savais qu'il avait besoin de calme pour faire ce qu'il avait à faire alors je ne disais rien, ce n'était pas le temps pour les questions.
Doucement, alors qu'il achevait les soins du capitaine en appliquant un nouveau bandage, il entama un semblant de conversation, surprenant pour lui qui n'aimait guère bavasser...
- Comment ça se passe entre vous ? Demanda-t-il en chuchotant.
- Hum ? Comment ça ? Rétorquais-je à voix basse.
- Je veux dire, pour l'enfant...
- Ah ça... C'est compliqué... J'ai l'impression de faire un blocage...
- Tu parles peut-être un peu trop vite... Cela faisait à peine quelques semaines que vous tentiez d'en avoir avant son "accident", il faut vous laisser du temps...
- T'as sûrement raison...
- Rassure-moi... Tu le veux vraiment cet enfant ? Dis-moi que ce n'est pas uniquement pour lui que tu le fais mais que c'est aussi pour toi...
- J'en sais trop rien... De toute façon avec ce qui lui ait arrivé, on risque de reporter l'idée... ça me laissera le temps de réfléchir à tout ça à tête reposée...
- T'as intérêt à bien y réfléchir... Mais quoi que tu décides, je te soutiendrai, tu le sais, n'est-ce pas ?
- Oui, je sais...
- T'as toujours su prendre de bonnes décisions pour moi...
Il s'est relevé, tranquillement de la chaise sur laquelle il avait prit place, emportant avec lui le mortier qui contenait le restant de l'onguent qu'il n'avait pas appliqué. Il l'a posé sur le bureau avant de se laver les mains pour retirer la mixture qui lui collait aux doigts. Je suis descendu du lit pour le rejoindre et après se les être séchés à l'aide d'une serviette posée par là, il a passé l'une d'entre elles de manière affectueuse dans mes longs cheveux blancs. Son geste fut accompagné d'un petit sourire tendre. Depuis ce qu'il lui était arrivé, j'étais devenu sa seule famille...
- Merci beaucoup Bast... Sans toi, je ne sais pas comment j'aurais fait...
- Tu t'en serais sorti comme un chef j'en suis sûre...
Bast et moi, on se connaissait depuis bien avant les Rocks, bien avant que je ne devienne pirate. On avait passé une sorte d'accord tous les deux... Enfin, parlons franchement, un pacte dans le jargon des démons. Comme on connaissait cette même souffrance, celle d'avoir l'impression de tout perdre, on avait décidé de rester ensemble, de se soutenir, de nous épauler, de partager notre peine et notre chagrin, nos joies comme nos malheurs...
C'est comme ça que je suis devenu son hôte et que lui est devenu mon gardien et que toutes les décisions que je m'efforçais de prendre, c'était pour qu'on puisse aller mieux et traverser cette peine ensemble...
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