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~ Flash-Back ~

Mardi 11 décembre 2018, 23h16, Hôtel Nimdaemun

PDV Externe Omniscient

Dans le vaste hall du grand hôtel Nimdaemun, une jeune femme de 22 ans, belle, énergique et célèbre, hurlait de rage sous les yeux horrifiés des réceptionnistes qui tentaient désespérément de la calmer.

C'était Kim Jennie.

Elle avait surpris son petit ami, Kim Jong-in, ou comme tout le monde l'appelle Kai, assis à discuter avec une autre femme au restaurant de l'hôtel, et l'ayant tout de suite pris comme une trahison, elle s'est rendue à la réception, hystérique, pour demander à ce qu'on la rembourse car elle ne voulait plus passer une nuit de plus avec lui ici.

- Remboursez-moi je vous dis !!! s'égosillait-elle.

Une des réceptionnistes demanda d'une voix hésitante :

- Mais mademoiselle, pourquoi voulez-vous...

- J'ai pas de comptes à vous rendre ! Rendez-moi mon argent, je me casse d'ici.

- Excusez-nous, mais ce n'est pas « votre » argent car c'est votre compagnon qui a payé pour vous.

- Et bien rendez-moi « son » argent qu'il a payé pour moi.

- Voulez-vous bien...

- Dépêchez-vous, ou je vous fais un scandale médiatique et plus personne ne viendra à votre hôtel, du moins plus mes fans !! Croyez-moi : faire du name-and-shame quand on est une idole, ça fait du bruit.

Suite à cet argument, la jeune réceptionniste n'eut pas le choix. Elle se résigna à rembourser Jennie, bien qu'elle fût scandalisée par son usage honteux de sa célébrité.

Elle lui tendit l'argent, les mains tremblantes, terrorisée par la jeune rappeuse.

- Pouvez-vous simplement nous dire ce qui vous a déplu afin de...

- Fichez-moi la paix !! la coupa Jennie. Ça n'a rien à voir avec votre hôtel ! Ramenez-moi seulement mes bagages maintenant.

Elle ordonna sur le champ à un bagagiste de monter chercher ses affaires dans sa chambre à elle et Kai, et celui-ci obtempéra, mais pendant qu'elle attendait à la réception, accoudée au comptoir, elle sentit une telle rage monter en elle qu'elle en éprouva aussitôt le besoin de se venger.

Jennie était rancunière, et pour elle, déguerpir n'était pas assez.

Alors elle se tourna vers la réceptionniste apeurée et dit d'un ton plus calme :

- Finalement je ne pars pas tout de suite. Veuillez garder un œil sur mes affaires en attendant que je revienne.

- Entendu.

De la haine se lisait sur le visage de la rappeuse, une haine noire. Serrant les poings, elle marcha vers les vastes salons du hall où familles, amis et couples étaient assis sur d'immenses canapés gris, discutant, riant, buvant des tasses de thé ou jouant aux cartes.

Son regard s'arrêta sur un groupe de cinq garçons saouls dans un coin isolé du reste des clients, dont les rires et cris égayaient la vaste pièce. Elle se rendit jusqu'à eux, esquissant un sourire ravageur, et la voyant approcher, ils se turent immédiatement. Ils reconnurent la célèbre Kim Jennie, et deux d'entre eux ne purent s'empêcher de la siffler.

- Bonsoir, dit-elle simplement.

- Bonsoir mademoiselle, répondit le moins saoul en s'inclinant légèrement.

Elle dévisagea chacun d'eux de son regard de braise, puis susurra malicieusement :

- Je vous avertis : que celui voulant faire l'objet d'une poursuite judiciaire par l'agence YG pour droits d'image ose sortir un téléphone ou une caméra, c'est clair ?

- Très clair mademoiselle, accepta l'un d'eux en en se mordant la lèvre inférieure.

- Moi c'est « Jennie », pas « mademoiselle ».

Elle s'approcha du moins saoul et, lui effleurant le torse des doigts, demanda :

- C'est quoi ton p'tit nom toi ?

- Mino.

Dans le fond, elle se fichait un peu de son nom.

- Et bien Mino, tu m'offres un verre à boire ?

Les quatre autres se rassirent et se mirent tous à siffler, bien que terriblement jaloux, ils ne rataient pas une seule miette de la scène. Mino reprit place sur le canapé également, en demandant au serveur d'apporter un verre pour Jennie, et à sa grande surprise, la jeune femme vint s'asseoir sur ses genoux en ôtant lentement sa veste.

Tout alla si vite. Beaucoup de regards espiègles, beaucoup d'interaction physique, beaucoup de touchers, très peu de mots, jusqu'à ce que la rappeuse finisse par enrouler ses bras autour du cou du jeune homme et à lui dévorer les lèvres avec voracité, en n'espérant plus qu'une seule chose : que Kai arrive et la voit.

Choqués, les quatre amis de Mino restèrent sans voix devant ce spectacle aberrant, et le jeune homme ne trouva pas la force de repousser Jennie, au contraire, il se sentit fier d'être embrassé par une idole, ignorant tout de même la raison, et répondit au baiser avec autant de passion qu'elle.

Ce baiser fut prolongé avec exagération jusqu'à ce qu'ils entendent une voix s'élever à une vingtaine de mètres d'eux.

- Qu'est-ce que tu fais Jennie ?

Comme elle l'avait espéré, le jeune Kai arriva en courant, horrifié. Jennie se sépara de Mino mais demeura assise sur ses genoux, fusillant le nouveau venu du regard.

- Tu peux m'expliquer ce cirque ? s'écria-t-il.

- Tu oses me dire ça, espèce de traître ?

Les cinq garçons étaient perplexes : ils ne comprenaient pas très bien mais semblaient très amusés, en particulier Mino.

- Traître ? Éloigne-toi de lui !

- Je n'en ai pas l'intention.

- Jennie, éloigne-toi de cet homme !

- Je t'ai dit NON !

Et d'un geste ferme, il la saisit par le bras et la tira derrière lui de toutes ses forces, tandis qu'elle tentait d'échapper à son emprise en se débattant et lui ordonnant de la lâcher, attirant l'attention des clients qui les fixaient.

Elle continua de crier, mais personne n'eut le courage de s'interposer entre Kai et elle.

Il resserra sa main autour de son bras et la tira jusqu'aux escaliers. Il était plus fort qu'elle, ses efforts pour se débattre étaient vains. Il la conduisit jusqu'à leur chambre au deuxième étage et la jeta sur le lit en claquant la porte.

- De quel droit tu me traites comme ça ? Tu te crois fort parce que t'es l'homme ? Tu m'as fait mal !

Elle se releva. Ils étaient tous les deux furieux.

- Tes affaires ne sont plus là ? remarqua le jeune homme.

- Ça ne te regarde pas.

Kai s'énerva :

- Tu me trompes sous mon nez et tu te permets encore de parler ?

- Je te rends la pareille, idiot. Maintenant laisse-moi sortir, je me barre.

- La pareille ? Je ne t'ai jamais trompée moi !

- La meuf avec qui t'étais assis à table c'était une illusion peut-être ? Tu me demandes de monter chercher ta boîte de comprimés et entre temps tu te fais une nouvelle copine au resto. Bravo !

- Non, tu as mal compris, laisse-moi t'expliquer...

- J'ai très bien compris, je ne suis pas conne. Me sors pas d'excuses de merde maintenant.

Il se mit à hurler :

- Je ne t'ai pas trompée Jennie !

- Ne me crie pas dessus.

- Mais c'est toi qui dis n'importe quoi ! Admettons même que je t'aie trompée, je ne l'ai pas embrassée moi la femme avec qui je parlais. Alors que regarde ce que toi tu as fait !

- Je t'ai dit de ne pas me crier dessus.

- Tu peux pas arrêter de tirer des conclusions aussi hâtives ? Tu peux pas arrêter d'avoir tout le temps des préjugés pour tout? Tu peux pas venir demander ce qui se passe avant d'aller embrasser un inconnu juste pour te venger ?

- Pour la dernière fois Kai, ne me crie pas dessus.

- C'est pas la première fois que tu le fais, c'est pour ça que je crie ! Laisse-moi au moins t'expliquer avant d'aller me tromper de cette manière. Tu ne me fais même pas confiance, alors que ça fait des mois qu'on est ensemble. J'en ai marre Jennie !

- NE. ME.CRIE.PAS.DESSUS !!!

Elle leva la main et le gifla d'une force surnaturelle. Il tomba au sol, déboussolé, sa tête venant se cogner contre le parquet, une goutte de sang jaillissant de sa lèvre.

Kai leva la tête vers elle, les larmes aux yeux, ne pouvant toujours pas croire à ce qu'elle venait de lui faire. Jennie, en revanche, le fusillait monstrueusement du regard et annonça avec amertume :

- C'est fini entre nous ! Je ne veux plus jamais entendre parler de toi. Tu n'es qu'un traître, qu'un menteur, qu'un idiot, tu n'assumes même pas. Je n'ai pas besoin de toi, je n'ai besoin de personne. Et je ne regrette absolument pas ce que je viens de te faire.

Kai ne la reconnaissait plus. Ce n'était pas la Jennie qu'il aimait éperdument, ce n'était pas la Jennie douce et généreuse qu'il adorait tant, ce n'était pas l'unique et merveilleuse femme qu'il considérait comme l'amour de sa vie.

Il se mit à sangloter, en disant d'une voix faible :

- Je parlais à une pâtissière, à qui je demandais de te confectionner un gâteau que je voulais t'offrir demain pour célébrer l'anniversaire d'un mois de ta chanson « Solo ». Jamais je n'ai eu l'intention de tromper la reine de mon cœur.

Jennie se calma, écarquillant aussitôt les yeux, surprise et émue par ce qu'elle venait d'entendre. Elle le dévisagea, se mit à culpabiliser, ses mains tremblaient, elle s'en voulait terriblement. La lèvre de Kai ne cessait de saigner, de la douleur se lisait sur son visage.

- C'est...c'est vrai ?

- Oui c'est vrai, poursuivit Kai entre deux sanglots. Mais si tu n'as plus besoin de moi, si tu ne veux plus entendre parler de moi, alors très bien, je te laisserai tranquille. Je ne te reconnais plus Jennie.

Il laissa échapper un dernier sanglot avant de sortir de la chambre en claquant la porte.

Jennie resta là, sans voix. Elle l'avait accusé à tort, trompé, puis giflé.

Elle se prit la tête entre les mains et se laissa tomber sur le lit en pleurant, murmurant à plusieurs reprises :

- Je suis un monstre...je suis un monstre...

Puis elle descendit à la réception chercher ses affaires, quitta Nimdaemun et rentra chez elle, les joues noires de mascara ayant coulé avec ses larmes.

Elle ne voulut parler à personne. Elle monta dans sa chambre, s'enferma et sortit son téléphone. Il était minuit passé.

Rongée par la culpabilité et considérant qu'elle avait commis une horrible erreur, elle se dit que jamais il ne pourrait lui pardonner. Mais elle l'aimait, elle ne pouvait vivre sans lui. Il fallait coûte que coûte qu'elle essaye de le récupérer.

Elle réfléchit un instant puis ses doigts se mirent à pianoter sur l'écran, écrivant d'un trait le message suivant :

« Excuse-moi Kai, je ne pense pas ce que j'ai dit. J'étais énervée et c'est sorti sans que je réfléchisse. Je sais que je ne te mérite pas, mais je t'aime malgré ce que je t'ai fait. J'ai besoin de toi Kai, ne m'abandonne pas. Si tu m'aimes vraiment, rendez-vous demain à midi au parc, à notre endroit habituel et on oublie tout ça. »

Il répondit quelques minutes plus tard :

« Ok je vais réfléchir ».

Jennie reprit espoir. Elle avait peut-être encore une chance de se racheter, de récupérer cette précieuse relation qu'elle avait avec Kai.

Mais uniquement s'il venait au rendez-vous le lendemain...

Elle raconta toute cette histoire à certaines de ses amies en qui elle avait confiance, Lisa, Rosé, Jisoo, Nayeon, Irene et Chahee, leur demandant de prier pour elle, de prier pour qu'il vienne, de prier pour que ça marche.

Le lendemain, mercredi 12 décembre, à onze heures trente, elle y était. Elle était assise sur leur banc habituel à attendre, tremblant de peur et priant pour qu'il vienne.

A quelques kilomètres de là, le jeune Kai se déplaçait à toute vitesse en pédalant sur son vélo, allant retrouver celle pour qui son cœur battait, un bouquet de fleurs à la main, ainsi qu'un pansement sur sa lèvre et un masque sur le visage pour ne pas être reconnu.

Lui non plus, il ne pouvait vivre sans elle. Bien sûr qu'il y irait. Bien sûr qu'il la pardonnerait.

Il était midi moins quart.

Kai était arrêté à un feu rouge, s'impatientant pour que celui passe au vert, quand une moto passa à toute vitesse à sa gauche, brûlant le feu, et il reçut un collier ainsi qu'un papier cartonné au visage.

C'était un collier mauve en forme de cœur qu'il avait un jour offert à Jennie par poste, quant au papier, c'était un message écrit au feutre bleu disant :

« Rentre chez toi traître. Tu as vraiment cru au message ? Tu as vraiment cru que je m'excusais ? C'était juste une blague. Je pense toujours ce que je t'ai dit hier à l'hôtel. Je ne t'aime pas, je ne t'ai jamais aimé, et je n'ai effectivement pas besoin de toi. Ne m'appelle plus jamais Kai, je te quitte pour de bon.

Jennie. »

La conductrice de la moto, que Kai n'avait vu que de derrière, était une jeune femme à la chevelure brune, portant une somptueuse robe noire Channel qui lui avait jeté cela à la figure, et il reconnut tout de suite la silhouette de Jennie. De plus, ça ne pouvait être qu'elle étant donné qu'elle était la seule à posséder le collier.

Pourtant, ce n'était pas Jennie.

Mais Kai y a cru, et éclatant en sanglots, il jeta le bouquet par terre et rentra chez lui, serrant le collier contre son torse.

Il était midi et quart.

Jennie commençait à perdre espoir. Elle attendait toujours sur le banc, impatiente. Elle y demeura encore une demi-heure, puis finit par abandonner.

Il n'était pas venu. Il ne l'avait pas pardonnée. C'était fini.

Elle se leva, tête baissée, le regard vide, et rentra chez elle.

Dès qu'elle ouvrit la porte de sa maison, ses trois copines de groupe accoururent vers elle pour savoir ce qui s'est passé, mais pour toute réponse la jeune rappeuse se jeta dans leurs bras en pleurant, effondrée.

Commença alors l'horrible dépression de Jennie qui dura onze mois, dépression durant laquelle Kai ne l'appela jamais. Elle devint une fille agressive, solitaire, lunatique, sale, sensible, faible, et faisant l'amour en secret avec le premier homme venu afin d'apaiser l'atroce douleur qui hantait son cœur.

Mais pour l'instant, toujours en ce mercredi 12 décembre 2018, à environ une heure et quart de l'après-midi, pendant que Jennie sanglotait dans les bras de Lisa, Jisoo, et Rosé dans le salon de leur maison car elle venait de perdre le seul homme qu'elle ait jamais aimé, une jeune inconnue, une « silhouette à la chevelure brune portant une somptueuse robe noire Channel » se dressait, lentement, le dos droit, devant un vieux chêne à l'écorce craquelée et au tronc imposant, au fond d'un grand parc de la ville de Séoul, et à l'aide d'une brindille, un sourire diabolique sur le visage, dessinait une immense croix sur un cœur gravé dans l'arbre, où l'on pouvait distinctement lire :

« J + K ».

~ Fin du Flash-Back ~

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