~ PDV Chaeyoung (Rosé) ~

La tête lourde et douloureuse, je me réveillais avec peine, aveuglée par une forte lumière blanche. Après plusieurs tentatives vaines d'ouvrir mes paupières, mes pupilles s'habituèrent enfin à la luminosité de la pièce et je pus entrouvrir doucement les yeux.

Je réalisai alors que je me trouvais dans une chambre d'hôpital, entièrement limpide et blanche : les murs de la pièce, le lit, les couvertures, la chemise de nuit dans laquelle on m'avait glissée, la lumière des ampoules m'éclairant de toutes parts...même l'électrocardiogramme mesurant mon rythme cardiaque ! Tout était blanc, et ce monochrome éclatant agressait mes pauvres yeux, m'empêchant de réfléchir.

Une forte odeur de propreté et de machines médicales occupait la pièce, venant chatouiller mes narines fragiles. 

Mais qu'est-ce que je faisais dans cet hôpital ? Mon cerveau tentait désespérément de se remettre à fonctionner, et spécialement ma mémoire que j'essayais de recouvrir afin de comprendre ce que je faisais là.

Je me souvins alors de ces heures passées dans ma chambre à pleurer, du goûter avec Jennie et Lisa où je n'ai même pas réussi à avaler une miette, et enfin de l'horrible image de Jisoo dans les bras de Taehyung...

Suite à cette abominable vision, je sais que j'ai senti mon ventre se serrer extrêmement fort, eu un choc...Et puis plus rien ! Le trou noir ! C'est la dernière chose dont je me souvienne.

Je me suis donc évanouie.

Mais là, je voulais chasser ce souvenir, m'en débarrasser, l'oublier, et m'efforcer à penser à autre chose, pour ne pas me remettre à pleurer ou tomber dans les paumes.

Ce n'est que là, qu'en tournant ma tête vers la droite que je distinguai un lit vide à deux mètres du mien, dont les draps blancs froissés révélaient que quelqu'un venait certainement de le quitter.

Qui a-t-on bien pu placer dans la même chambre que moi ?

Et comme si elle venait de m'entendre, Jennie Unnie surgit brusquement du couloir en grognant, donnant un coup de coude dans la porte (porte que je n'avais même pas remarquée être ouverte d'ailleurs). Dès qu'elle entra et me vit assise sur mon lit, elle s'arrêta et lança :

- Oh !...tu es réveillée ?

- Oui, ai-je confirmé d'une faible voix.

- Ça va mieux ? demanda-t-elle, inquiète.

- Je...oui ça va je crois.

- C'est pas trop tôt, j'ai cru que tu ne te réveillerais jamais ! s'exclama-t-elle.

- Ah oui, pourquoi ? Quelle heure est-il ?

- Ma chère Chaeyoung, il n'est pas question d'heure, mais de jour.

- HEIN ? WHAT THE...Vraiment ?

- Bon j'exagère, ça fait juste deux jours que t'es chaos.

- Oh...Tu veux dire...qu'on est...

- Mardi, oui ! Mardi 12 novembre.

Je n'en revenais pas. Deux jours évanouie pour une stupide image qui si ça se trouve n'était qu'un fake. Je devais avoir un sérieux problème...

Jennie, qui était habillée de la même chemise de nuit blanche que moi, toussota légèrement avant d'aller s'asseoir sur son lit pendant que je me débarrassais de ma couverture pour poser délicatement mes pieds nus sur le carrelage brillant mais glacé de la chambre.

- Tu vas prendre froid, mets ces chaussures ! s'écria-t-elle en m'indiquant de sa main droite une paire de pantoufles beiges placées contre ma table de chevet, tout en tenant péniblement son ventre de son autre main, avec sur le visage une atroce grimace de douleur.

- Ça va Unnie ? me suis-je inquiétée à mon tour en enfilant les pantoufles.

- Hum...ça pourrait aller mieux, se plaignit-elle avant de tousser davantage.

- En fait, pourquoi es-tu ici avec moi? Qui m'a amenée là d'abord? Et que s'est-il passé depuis dimanche soir ?

- Une seule question à la fois s'il-te-plaît Chaeng...Si je suis là c'est tout simplement parce que je suis malade, grippée, et cela depuis dimanche. Par contre, ce que je n'arrive pas à comprendre c'est que cette grippe prenne des proportions assez importantes, vu que maintenant j'ai des nausées et des vomissements.

- Une grippe ça ne provoque pas de vomissements !

- Bon peu importe, mais laisse-moi finir ! Donc en fait notre manager a demandé à ce que nous soyons amenées ici toutes les deux dimanche soir, pendant que Lisa et lui iraient à Big Hit Entertainment pour une réunion avec BTS et le directeur de leur agence.

- Ah bon ? Pourquoi ?

- A cause de...ce que j'ai fait avec Namjoon.

- Ah ouais c'est vrai, ai-je affirmé sans pouvoir m'empêcher de sourire. Mais au final tu n'y as même pas assisté, alors que ça te concernait.

- Oui mais Namjoon était là-bas, et puis il y a aussi l'histoire entre Jisoo et Taehyung.

Dès que j'ai entendu ces deux prénoms, un voile de tristesse recouvrit mon visage et ma tête se remit à tourner. Mon corps fut aussitôt parcouru d'un malaise général. J'ignore pourquoi je ne cesse de ressentir ça à chaque fois, mais je devais vraiment avoir une tête affreuse pour que Jennie se lève en sursaut de son lit et vienne vers moi en s'affolant :

- Chaeyoung, tu vas bien ? Qu'est-ce qui se passe avec ton pouls ?

- Mon pouls ? ai-je questionné, perplexe.

- Oui, ton rythme cardiaque. L'électrocardiogramme indique que ton cœur bat à une vitesse vertigineuse.

En effet, j'avais oublié que j'étais toujours reliée à l'électrocardiogramme qui mesurait mon pouls, dont la courbe représentative se mit d'un coup à monter sans s'arrêter, seconde après seconde. Jennie me secoua en insistant :

- Ça va ? Réponds-moi Chaeyoung !

- Oui... oui ça va, ai-je menti en essayant de me calmer.

Ne t'évanouie pas encore ! Ne succombe pas Chaeyoung ! Reste forte ! me murmurait ma petite voix intérieure.

- C'est dingue ! Pourquoi réagis-tu tout le temps comme ça quand on te parle de Jisoo et Tae ?

Je levai subitement la tête vers elle, mon regard rencontrant ses yeux noirs écarquillés et brillants d'inquiétude, m'épiant avec bienveillance malgré les cernes qui se dessinaient par-dessous, en raison de la fatigue et la maladie. Cette question qu'elle venait de poser était excellente, mais en ce qui concerne sa réponse...

- Je ne sais pas Jennie, ai-je chuchoté. J'aimerai moi aussi savoir pourquoi.

- Bon bref ! poursuivit-elle voyant que je mon rythme cardiaque était redescendu. Je te disais qu'en gros notre manager et Lisa sont allés à cette réunion, et elle m'a informée par téléphone qu'ils y ont retrouvé Jisoo et Tae (qui étaient, à la base, introuvables). Le directeur leur a fait « Alors si vous voulez faire vos gamineries, vous les faîtes pas en public, et pas de relations amoureuses entre les deux groupes », et d'après ce que j'ai compris, il les a bien emmerdés à leur faire une conférence de presse juste pour dire « Vous mettez pas en couple ». Non mais en fait il a cru quoi ? Je suis jeune, je suis attirante, j'ai le droit de profiter de ma jeunesse non ?

- Oui mais pas un peu trop quand même ! Surtout que tu es une idole ne l'oublie pas.

- Être une idole ça veut pas dire être une esclave. Je suis libre, qu'ils se le mettent dans le crâne ça !

- Jennie ! me suis-je énervée. Tu exagères ! Regarde tous les problèmes que vous avez créés Namjoon et toi.

- C'est vous qui cherchez les problèmes, nous on a rien fait d'autre que...hum voilà...peut-être qu'on s'est laissés un peu emporter mais bon venez quand même pas nous faire la leçon, on est pas des gamins !

- Depuis samedi c'est ce que tu cherches, avoue-le !

- Oui peut-être, et après ? J'en avais envie, et puis lui aussi. On n'allait pas se priver pour vous.

Je fus totalement outrée par ce qu'elle venait de dire. C'est de la pure irresponsabilité !

- Quoi ? s'écria-t-elle. Pourquoi tu fais cette tête ? Tu veux peut-être toi aussi insinuer que je suis une fille sale, comme Jisoo ?

- Non Unnie, jamais je n'ai dit ou pensé ça de toi. Et Jisoo non plus.

- Qu'est-ce que tu en sais ?

- Jisoo s'inquiète pour toi, c'est tout, et en tant que membre la plus âgée, elle se doit de veiller sur nous, c'est sa responsabilité. Et justement, elle est responsable elle, pas comme certaines !

- T'es drôle ! se moqua-t-elle. Pourquoi tu prends sa défense d'abord?

- Parce que...

Non ! Ne dis rien. Tais-toi Chaeyoung. Ma voix intérieure m'ordonna de ne pas terminer ma phrase.

- Bon écoute Chaeng ! continua Jennie. Je suis malade, je suis fatiguée, et c'est ni le moment ni l'endroit de se disputer. Moi tout ce que je dis, c'est arrêtez de chercher des problèmes là où il n'y en a pas.

- Pourquoi es-tu malade ?

- JE NE SAIS PAS !!! hurla-t-elle. Tu cherches encore une façon de m'incriminer pour rien ?

- Non, ma question est innocente.

- Ouais ! gloussa-t-elle d'un ton plus calme. Innocente. Tout comme toi.

Elle me fit un clin d'œil espiègle, et je ne pus m'empêcher de rire.

- C'est peut-être...mes cheveux mouillés que j'ai pas voulu sécher samedi, supposa-t-elle. Ah mais oui ! J'avais laissé la fenêtre ouverte.

- Quel génie cette Jennie !

- Oh ça va ! Je me sens mieux maintenant, affirma-t-elle avant de tousser à nouveau.

- Mais bien sûr ! Bon on fait quoi maintenant ?

- Faut attendre l'infirmière pour qu'elle nous amène la bouf. Mais ça sert à rien moi je vais tout vomir ensuite. D'ailleurs tu dois avoir faim non ?

- Euh...bizarrement, je n'ai pas faim du tout.

J'ai vraiment un problème !

- C'est pas normal Chaeng. C'est vraiment pas normal.

Soudainement, quelqu'un toqua à la porte (qui était déjà ouverte). Jennie et moi nous tournâmes et virent notre manager, un sac de sport à la main, suivi de deux infirmières. Nous nous sommes inclinées pour les saluer et ils firent de même.

- Comment te sens-tu Park Chaeyoung ? me questionna alors notre manager.

- Bien merci. Très bien même.

Au fond de moi, je savais que c'était un mensonge.

- Parfait ! Et notre Kim Jennie alors ? ajouta-t-il en se tournant vers la concernée.

- Pas très bien pour être honnête. Je suis encore un peu grippée et je vomis depuis hier matin.

- Oh...c'est regrettable !

- Non jures !? marmonna-t-elle entre ses dents.

- Pardon ?

- Euh rien.

Je me suis retenue de rire, mais pas de sourire, ce qui m'a valu un coup de coude discret de la part de ma Unnie.

- Bon, je regrette mais tu ne pourras pas rester ici Jennie, même si tu es malade. N'oubliez pas que demain vous avez un grand concert. Et comme vous êtes ici depuis deux jours, par conséquent, vous avez du retard sur les répétitions par rapport à Jisoo et Lisa.

- Pourquoi ne sont-elles pas venues ? l'interrogea alors Jennie.

- Elles voulaient passer vous voir, mais c'était impossible. Les entraînements d'hier ont été très épuisants pour elles, d'autant plus qu'elles ont répété sans vous, et puis j'ai décidé de ne pas les laisser venir vous voir pour les laisser se reposer et car leurs heures de sorties étaient annulées hier...non quoique...

- Quoique quoi ? ai-je intervenu aussitôt.

- Jisoo est bien sortie une fois mais...

- Mais c'est pas juste ! s'écria Jennie.

- C'était une exception, expliqua notre manager.

- Ah d'accord, donc madame est privilégiée déjà, et ensuite elle est sortie exceptionnellement, et elle passe même pas nous voir. Elle est allée où ?

- Je ne sais pas...

- Vous savez même pas ? Non mais on aura tout vu !

Jennie remarqua le regard noir que je lui lançais en raison de tout ce qu'elle a dit sur Jisoo, et était sur le point de me dire quelque chose quand notre manager la devança, posant le sac de sport sur mon lit et s'écriant :

- Bon tenez, voilà de quoi vous changer. Je vous donne 15 minutes pour manger, on se retrouve en bas. Voilà vos plateaux repas.

Suite à ces mots, notre manager quitta la pièce, laissant passer les deux infirmières qui étaient toujours sur le pas de la porte. Elles firent entrer deux petits chariots, et sur chacun d'eux était posé un plateau petit-déj.

On me détacha de l'électrocardiogramme et je m'assis alors devant mon plateau pour manger, tout comme Jennie avait déjà commencé à le faire avec appétit. A bien y penser, je n'avais rien mangé depuis dimanche midi, je devrais être affamée à ce moment-là.

Pourtant, je n'ai pas mangé une seule bouchée.