0.7
-Quinze ans enfin ! Plus enfant, se déclarait fièrement Jimin sur le chemin du lycée, accompagné de Yoongi et Hoseok, ses deux aînés.
Le trajet entre le manoir et l'école durait une bonne quarantaine de minutes à pied.
Le collège de Jimin, qui faisait également office de lycée, se trouvait l'un en face de l'autre. Cette proximité offrait un grand avantage à beaucoup d'entre eux, qui n'avaient pas besoin de passer d'épuisantes épreuves d'admission pour espérer décrocher une place dans le lycée de leur choix. Les élèves de ce collège devaient simplement obtenir de bonnes notes aux examens pour être acceptés dans le lycée. En revanche, pour ceux venus d'ailleurs, la passation des concours était incontournable et l'excellence des notes était scrutée avec minutie.
- Ça fait déjà une semaine que t'as quinze ans, Jimin, et depuis, tu ne peux t'empêcher de le clamer au monde entier, railla Yoongi, lassé. Tu nous agaces à la fin.
Entre Hoseok qui s'affairait bruyamment à sa gauche en luttant avec la fermeture éclair récalcitrante de son sac et Jimin à sa droite qui ne pouvait s'empêcher de parler et de sourire béatement, Yoongi se sentait au bord de l'épuisement.
- Mais hyung !!! Tu ne comprends pas, je vais être bientôt majeur et je pourrai enfin explorer toutes les boîtes de nuit de la ville !!! s'exclama Jimin sans perdre son air niais qui, selon Yoongi, lui donnait l'aspect d'un idiot heureux de sa condition.
- Regardez donc, tu es encore jeune, la vie ne s'arrête pas à quinze ans. Et puis, est-ce que fréquenter tous les clubs du monde est vraiment ce qui t'intéresse lorsque tu seras majeur ?
- Toi, au moins, tu as déjà seize ans... Je t'envie tellement !!! s'exclama Jimin, ignorant complètement la remarque de Yoongi. Hobi Hyung est encore mieux avec ses dix-sept ans, bientôt il pourra aller à l'université...
- Faudrait déjà qu'il réussisse à passer la terminale sans se faire renvoyer du lycée.
À ces mots, le principal intéressé releva brusquement la tête, abandonnant tout espoir de refermer un jour son sac à dos.
- Vous ne comprenez pas, mes chers, ce que je préfère, moi, votre cher Hoseok, c'est étudier le cinéma plutôt que d'écouter les professeurs me parler de littérature. Je m'investis donc pleinement dans mon club de théâtre, déclara-t-il avec fierté. Vous verrez, un jour je deviendrai un grand acteur...
L'année qui se profilait marquerait la dernière pour Hoseok avant qu'il ne foule les bancs de l'université qui voudrait bien de lui. Cependant, peu de personnes savaient, ou du moins le soupçonnaient, que le jeune Hoseok travaillait d'arrache-pied afin de passer les concours et d'obtenir une bourse pour l'université d'art de Séoul, dans la prestigieuse section cinéma.
Dans quelques mois seulement, un concours serait lancé, offrant la possibilité à Hoseok d'aspirer à cette bourse tant convoitée. Et il était résolu à l'obtenir.
"Pour ma part, c'est la danse qui fait battre mon cœur, même si mes formes m'empêchent de m'épanouir..." confia Jimin.
"Les kilos superflus, ça se perd, Jimin." réconforta Hoseok en passant tendrement son bras autour des épaules de son cadet. "Et si tu t'y mets sérieusement, je peux t'assurer que tu deviendras le danseur le plus talentueux que la Corée ait jamais connu."
Alors que Jimin laissait ses aînés devant le majestueux lycée et pénétrait à travers les portes imposantes du collège, son sourire s'évanouit tel un nuage éphémère, laissant place à une expression impassible sur son visage.
Soudain, une voix perfide se fit entendre dans son dos, brisant le silence ambiant : "Alors, p'tit gros, n'as-tu toujours pas réussi à te défaire de ces kilos que tu sembles accumuler sans fin ?"
Jimin se figea brièvement, ressentant une brûlure douloureuse dans son cœur, avant d'accélérer le rythme de ses pas..
Il refusait de se retourner, conscient de l'identité de celui qui approchait. Comment aurait-il pu oublier la voix de Young-Jae ? Ce personnage, qui se divertissait en ridiculisant sa silhouette.
Il n'avait jamais vraiment osé aller plus loin. Comme si son oppresseur craignait de passer du terrain des mots à celui des actes. Comme si le harcèlement, qui se voulait uniquement verbal, ne saurait être qualifié de véritable tourment. Comme si, parce que cela ne se produisait pas tous les jours, tout allait pour le mieux.
Foutaises
. Les paroles de Young-Jae étaient comme des flèches lancées avec froideur, pénétrant profondément dans le cœur de Jimin. Il sentit la douleur s'installer, s'insinuant dans chaque parcelle de son être.
Ces mots destructeurs étaient des guerriers sans pitié, détruisant ses dernières traces de confiance. Jimin se fondait dans l'ombre de la honte, sa propre image se voilait de dégoût. Il aurait aimé pouvoir agripper ses blessures comme on saisit un corps étranger, les extraire pour les jeter loin de lui.
Mais les mots, eux, demeuraient, tailladant son âme en pièces. Ils avaient creusé des fosses sombres, des crevasses infranchissables, transformant sa joie de vivre en un néant silencieux. Toutes les cicatrices du corps se révélaient éphémères en comparaison de celles gravées par ces mots acérés.
Chaque nouvelle remarque était une gifle douloureuse, une lame tranchante au fil acéré. Et Jimin se laissait submerger par cette mer de mots cruels, sans rien pour le retenir. Chaque fois, il s'éloignait un peu plus de lui-même, s'enfonçant dans l'abîme des doutes et des incertitudes.
Les mots pouvaient bien être des outils de communication, mais ils étaient aussi des armes dévastatrices. Jimin en faisait désormais l'amère expérience, apprenant à ses dépens que leur pouvoir destructeur était bien réel.
Le temps passait, et Jimin se trouvait prisonnier de cette spirale infernale. Les blessures invisibles étaient profondes, difficiles à panser. Elles s'immisçaient dans ses pensées, s'enroulaient autour de son âme, l'emprisonnant dans un tourbillon de douleur et de désespoir.
Mais au milieu de ce chaos, une lueur d'espoir émergeait timidement. Jimin comprenait peu à peu que les mots blessants ne définissaient pas sa valeur. Il apprenait à s'aimer malgré tout, à reconstruire patiemment les fragments de confiance qui lui restaient.
Les mots peuvent bien faire mal, ils peuvent détruire, mais Jimin se promit qu'il ne se laisserait plus envahir par leur venin. Il serait son propre gouvernant, guérissant ses blessures avec des paroles bienveillantes et des pensées constructives.
Dans le monde des apparences, Young-Jae était un cliché à lui tout seul, arborant fièrement le rôle du chef de bande au cœur de pierre. Mais les apparences sont trompeuses, car Young-Jae n'avait rien d'un imbécile. Ses notes brillaient de leur éclat, et en classe, il se montrait attentif. Cependant, quand il s'agissait d'être bon envers les autres, il avait encore beaucoup à apprendre.
Malgré la douleur qui le rongeait, Jimin gardait le silence. Après tout, n'avaient-ils pas raison ? Il était bien conscient d'avoir quelques kilos en trop, et il savait pertinemment que cela donnait lieu à de cruelles moqueries sur ses formes généreuses. Il en était conscient. Alors à quoi bon se mettre en colère lorsque Young-Jae et ses acolytes lui crachaient à la figure, révélant à haute voix les pensées que chacun, y compris Jimin lui-même, pensait en secret ?
La tête penchée, comme écrasée sous le poids des moqueries incessantes de Young-Jae, Jimin avança d'un pas léger vers sa salle de classe. Le cœur lourd, il se répétait qu'il ne restait plus que quelques mois à affronter dans ce collège, une année interminable et souffrante. Profondément en lui, il espérait que son persécuteur cruel ne déciderait pas de poursuivre leur calvaire commun au lycée.
°
"Bonjour Taehyung", dit doucement la psychologue en prenant place en face de l'adolescent.
Vêtu d'un pull oversize, qu'il semblait vouloir conserver comme une sorte de bouclier, Taehyung avait replié son menton dans sa main, fixant le regard vers l'extérieur, où des gouttes de pluie s'abattaient du ciel gris. Il écoutait d'une oreille distraite les paroles de Meena.
Le mois d'octobre touchait à sa fin, laissant place à des journées plus courtes et plus froides. Depuis près de deux mois maintenant, Taehyung habitait dans le manoir, s'adaptant petit à petit à ce nouvel environnement. Et depuis que Nayung lui avait confié les doubles des clés de la salle de musique, trois semaines auparavant, le jeune homme passait un temps considérable à s'évader dans cet espace mélodieux.
Dans sa chambre, Taehyung ne se sentait plus emprisonné, tel un détenu. Un éclat d'espoir venait soudainement illuminer son visage.
Après de longues minutes de silence, la jeune femme lui demanda avec bienveillance :
- Nayung m'a dit que tu jouais souvent du piano, n'est-ce pas ?
L'adolescent pivota la tête vers elle. Derrière sa longue frange châtain, son visage s'illumina.
- O-oui... Et... Et la semaine dernière, Jin... Il m'a apporté des partitions de musique... J'aime beaucoup le piano, dit-il timidement.
Meena acquiesça et prit des notes dans son carnet.
- Tu aimerais devenir pianiste un jour ? s'enquit-elle.
L'adolescent baissa à nouveau la tête, se repliant dans son fauteuil.
- Je... Je ne suis pas sûr d'être assez doué pour ça... Désolé... murmura-t-il d'une voix légèrement tremblante.
Meena le savait pertinemment. Taehyung était cruellement déficient en confiance en ses propres capacités, et qui pouvait bien le blâmer après toutes les atrocités qu'il avait endurées ?
"Tu sais, Taehyung, je suis vraiment convaincue que tu possèdes un énorme talent, et si jamais tu décides un jour de te lancer dans une école de musique, je suis certaine que tu feras partie des meilleurs", déclara-t-elle.
Taehyung releva légèrement la tête et fixa la jeune femme, ses mèches de cheveux tombant devant ses yeux, avant de se pincer les lèvres.
"Je... Mon père ne voulait pas que je joue... Et quand je le faisais malgré tout, il... Il me disait que je ne serais jamais... jamais à la hauteur de... de maman..."
"Tu sais bien que tout ce que ton père a pu dire de mal sur toi n'est pas vrai, n'est-ce pas ?" rassura la psychologue. "D'après ce que j'ai entendu l'autre jour, tu es doué, et je pense sincèrement que si tu aimes tellement le piano, tu devrais arrêter de te sous-estimer à ce point..."
Le visage de l'adolescent se ferma brusquement alors qu'il se laissait retomber lourdement dans le fauteuil. Meena, perplexe devant le teint excessivement pâle du garçon ainsi que les cernes profondes qui creusaient ses yeux, ne put s'empêcher de lui poser une question.
- Prends-tu tes médicaments ? demanda-t-elle doucement.
Taehyung fronça immédiatement les sourcils et fit claquer sa langue avec agacement contre son palais.
- Je vous ai déjà dit que je ne veux pas de vos comprimés ! cracha-t-il entre ses dents, croisant ses bras fermement sur sa poitrine.
La psychologue prit une seconde fois des notes dans son carnet, tentant de comprendre les raisons profondes de la réticence de l'adolescent.
Taehyung était un être au cœur fragile, capable de passer d'une émotion à une autre en un éclair. La psychologue avait remarqué ce phénomène qui perdurait depuis plusieurs semaines, l'un des nombreux symptômes de son manque de sommeil et de repos.
- Tu as besoin de te reposer, Taehyung, bientôt tu devras reprendre le chemin de l'école et tu dois être suffisamment reposé pour retrouver ta force, dit-elle doucement.
- Je ne veux pas dormir ! s'exclama-t-il en serrant les poings.
Meena soupira.
- Bon, tu ne me laisses pas le choix, souffla-t-elle finalement. J'ai demandé à Nayung de te retirer l'accès au piano tant que tu n'auras pas pris tes anxiolytiques.
Passant immédiatement de la colère à la détresse, Taehyung se leva brusquement du canapé.
- Q-Quoi ? bredouilla-t-il d'une voix brisée. Mais... Je... Vous ne pouvez pas me faire ça...
- Je n'aurais pas besoin de le faire si tu acceptais de prendre tes médicaments, Taehyung, soupira Meena en ressentant une certaine tristesse d'en être arrivée là. Mais c'est pour ton bien, pour ta santé...
- Mais... Mais... S'il vous plaît, non... sanglota-t-il, la voix étouffée. Pitié...
Le cœur de la jeune femme se serra, mais elle devait rester forte. Tout cela était pour son bien.
- Je ne veux que ton bien, Taehyung.
- Je... Si j'accepte de prendre les comprimés, on me laissera tranquille ? Je... Je pourrai jouer du piano ? marchanda le châtain, désespéré.
- À condition que tu les prennes devant un adulte qui pourra le confirmer. Taehyung hocha la tête immédiatement. Très bien, j'en parlerai à Nayung, conclut Meena, peu fière des méthodes qu'elle avait dû employer pour convaincre l'adolescent de prendre ses médicaments.
°
Il était dix-sept heures lorsque Taehyung décida de retourner une nouvelle fois dans la salle de musique. Deux jours s'étaient écoulés depuis son accord avec sa psychologue. Taehyung prenait ses anxiolytiques et en échange, il avait le droit de conserver les clés de cette salle qui était devenue son refuge en dehors de sa chambre.
Deux nuits de sommeil ne représentaient rien par rapport aux semaines d'insomnie et de crises d'angoisse qu'il avait traversées, mais cela suffisait à lui redonner un peu de couleur et de vigueur.
Assis sur le siège face au piano, Taehyung commença par jouer quelques notes simples pour s'échauffer, laissant ensuite ses longs doigts fins créer une mélodie douce.
Ce jour-là, sa neutralité dominait. D'ailleurs, depuis quand avait-il ressenti une véritable joie ?
Se laissant porter par de doux souvenirs de sa mère, une mélodie mêlant mélancolie, spleen et nostalgie emplissait la pièce.
Ses doigts frappaient les touches avec émotion, exprimant tout ce qui l'habitait. Les souvenirs de sa chère et tendre mère.
Les yeux clos, la musique envahissait Taehyung. Elle vivait à travers lui, animant son âme. Son âme parlait, hurlait tout ce qu'elle renfermait, tout ce qu'il ne pouvait dire à voix haute.
Le silence. Il avait toujours été silencieux. Pour ne pas réveiller le monstre qui était son père, il avait gardé sa douleur pour lui. Taehyung ne pleurait jamais devant son géniteur, il laissait simplement ses larmes couler sans émettre aucun son.
Sa seule façon de s'exprimer, de parler sans mots, était la musique. Sa musique. Celle qu'il créait avec ses doigts sur le piano magique.
Son père ne voulait plus l'entendre jouer, car il ne supportait pas que les cris de son fils s'expriment à travers la musique. Il était tombé si bas, ce Kim Bae, qu'il avait fini par détruire le précieux trésor que sa femme lui avait laissé. Il l'avait tué de la pire des manières.
Lorsque la mélodie finit enfin, Taehyung sursauta, manquant de peu de s'écraser contre le sol carrelé.
Il découvrit alors, ahuri et admiratif, un Jimin figé devant lui.
- Tu... Waouh, c'était magnifique... balbutia le blond, immobile au milieu de la pièce.
Taehyung tourna les yeux vers la porte, qui était restée grande ouverte. Pris dans le besoin de jouer, il avait totalement oublié de la fermer.
- Je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur, mais j'ai entendu de la musique et je suis venu voir... s'excusa Jimin en s'expliquant. Est-ce que je... Je rester ? Suppliant et légèrement désespéré, Jimin demanda.
Taehyung laissa ses yeux parcourir l'ensemble du visage de son vis à vis comme pour y déceler un quelconque signe de malice mais n'y vit que quelque chose qu'il connaissait si bien.
La douleur.
Alors il acquiesca presqu'imperceptiblement. Espérant presque que son aîné ne l'ai pas remarqué. Mais Jimin l'avait vu et un soupir de soulagement passa la barrière de ses lèvres.
Il prit alors place près du piano tout en restant tout de même assez éloigné du châtain. Jimin n'était pas bête, il avait bien remarqué que son "ami" n'était pas à l'aise avec le rapprochement corporel.
Taehyung ne parlait pas. Continuant à fixer les touches du piano se demandant encore une fois pourquoi il avait accepté de laisser ce garçon rester avec lui.
Jimin avait lui aussi la tête baissée sur ses genoux.
Après finalement plusieurs minutes de silence, le Jimin le brisa.
- Mon rêve à moi, c'est de devenir danseur professionnel... J'aimerais pouvoir entrer dans une grande école de danse plutard à l'université... Mais pour ça, il va me falloir obtenir une bourse grâce aux auditions qu'ils organisent. Mais comme tu peux le voir, je ne pourrais peut-être jamais être pris... Je m'entraîne parfois mais... Je ne sais plus. Jimin s'arrêta dans ce qui lui semblait être un monologue avant de rire sans joie. Pfff... Je suis désolé de venir te déranger avec mes petites affaires de rien du tout... Je... Je crois que je vais y aller
Sans rien ajouter de plus, quitta la pièce rapidement sans se retourner. Laissant un Taehyung légèrement dans l'incompréhension
°
Le jour tant attendu s'était enfin levé, le lundi deux novembre. Les doigts de Taehyung tremblaient légèrement alors qu'il tentait désespérément de nouer sa cravate, mais finit par abandonner, dépitée. Dans cet uniforme d'écolier, il ne savait même pas ce à quoi il ressemblait. Les miroirs lui inspiraient une aversion profonde, car ils ne lui renvoyaient toujours que sa laideur, comme il aimait le répéter. Alors, il n'osa pas affronter son reflet pour savoir si l'uniforme lui allait bien ou non.
Quoi qu'il en soit, cela importait peu à ses yeux. La seule raison qui le poussait à se rendre au collège ce jour-là était le fait que Nayung lui avait assuré avoir parlé au professeur de musique de l'école. Ce dernier avait accepté de lui donner des cours, à condition que tout se passe bien dans les prochains jours. Si cela se concrétisait, Taehyung pourrait enfin avoir accès à la salle de musique ainsi qu'au piano pendant ses heures creuses.
Taehyung n'avait jamais eu de soucis avec quiconque à l'école. Il ne ressentait aucune angoisse particulière à l'idée de s'y rendre, mais s'il avait le choix, il aurait préféré rester tranquillement au manoir.
Quand il était plus jeune, il était un garçon très apprécié, toujours en tête de son groupe d'amis. Ses enseignants l'adoraient et les professeurs de musique l'idolâtraient également, bien qu'ils ne comprenaient pas pourquoi Kim Saejin, la mère de Taehyung, refusait qu'il participe aux concours. Ce qu'ils ignoraient, c'était que Taehyung lui-même n'en avait pas envie. Il estimait qu'il pouvait apprendre tout ce dont il avait besoin avec sa mère et qu'il n'avait pas besoin de se mesurer aux autres.
Après le décès de sa mère, le jeune garçon commença peu à peu à se retirer des groupes. Et lorsque son père décida de déménager et de le changer d'école, Taehyung n'éprouvait plus ni l'envie ni le besoin de se faire de nouveaux amis.
Le jeune enfant était profondément affecté par la disparition de sa mère. Par conséquent, il s'était isolé naturellement et avait lentement repoussé toutes les tentatives des autres enfants pour se lier d'amitié avec lui, les laissant finalement dans leur mutisme.
Il n'avait jamais connu de harcèlement à l'école, car il était simplement devenu invisible aux yeux des autres.
Il n'était donc pas vraiment anxieux lorsqu'il s'y rendait. En fait, c'était le seul endroit où il se sentait bien, loin de toute violence infligée par son père.
"Es-tu prêt ?" lui demanda Nayung lorsqu'ils descendirent les escaliers de l'orphelinat. "Exceptionnellement, je vais t'y emmener en voiture aujourd'hui. Les autres sont déjà partis et tu seras dans la classe de Jimin... J'espère que ça te réconfortera d'avoir quelqu'un que tu connais près de toi..."
L'école s'étendait devant lui, majestueuse et vaste, surpassant largement son ancien établissement qui semblait désormais bien modeste à ses yeux. Mais Taehyung n'en fit pas tout un drame. Peu lui importait l'état des lieux, pourvu qu'il puisse exprimer sa passion pour la musique...
Une nouvelle aventure se profilait devant lui, et bien que le collège ne lui pose guère de soucis, une légère angoisse semblait s'insinuer dans ses veines. Il n'avait jamais aimé attirer l'attention sur lui, et débarquer en plein milieu du dernier semestre n'était pas idéal.
Il en était persuadé, son arrivée ne passerait pas inaperçue aux yeux de ses futurs camarades de classe.
Ainsi, Taehyung décida de profiter de sa visite pour repérer les recoins isolés et secrets où il pourrait se réfugier, afin d'éviter les regards insistants et les questions curieuses, jusqu'à ce que chacun finisse par l'oublier enfin...
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