0.4

🔴 Avertissement !!! Ce chapitre aborde des sujets assez sensible pour certains 
Relu et corrigé le 20.juin.2023
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Depuis qu'il avait franchi le seuil du manoir, Taehyung ne s'était point lié aux autres convives. Deux longues semaines s'étaient écoulées et pas une seule fois il n'avait croisé leur chemin. C'est ainsi que les autres enfants commencèrent à le surnommer "le fantôme" car il était comme insaisissable. Les rumeurs les plus folles naquirent alors, alimentées par l'absence de présence visible du mystérieux jeune homme.


Les visites de Meena, la psychologue, étaient devenues comme des rituels immuables depuis l'arrivée de Taehyung. Pourtant, le jeune garçon n'avait toujours pas prononcé une seule parole devant elle. Et ce jour-là ne faisait pas exception. Après avoir descendu les marches avec grâce, Meena avait retrouvé Nayung au rez-de-chaussée.

"Aucun changement pour la parole, mais je constate qu'il est moins méfiant vis-à-vis de moi comparé à nos premières scéances", avait confié Meena à Nayung.

Pourtant, la détresse de l'enfant n'échappait pas à Nayung, qui se souciait sincèrement de son bien-être.

"Je passe souvent la nuit afin de m'assurer que les enfants vont bien, et plus d'une fois j'ai surpris des cauchemars qu'il faisait... J'ai l'impression qu'il ne dort pas bien", avait-elle dévoilé avec une pointe d'inquiétude dans la voix.

La psychologue fut étonnée :

"Ainsi donc, malgré les médicaments qui lui ont été prescrits… Assurez-vous qu'il les prenne avant de dormir. Si son sommeil n'est pas réparateur, c'est qu'il n'en prend pas. Se nourrit-il au moins ?"


Meena acheva sa phrase tandis que Nayung l'accompagnait jusqu'à sa voiture.

L'éducatrice se retourna pour répondre à la dernière question de la psychologue avant qu'elle ne démarre.

"Il refuse de manger avec les autres, mais il s'alimente quand on lui apporte sa nourriture dans sa chambre."


°

Le jour s'était levé, doux et lumineux ; le mardi s'étirait paisible. Sous le ciel tendre qui cuivrait les collines, les enfants n'étaient pas là. Le foyer se tenait solitaire, au bord des bois clairs, loin des agitations grouillantes des écoles. Le silence berçait les pièces, et les cœurs suspendus au fil des heures s'abandonnaient doucement à la quiétude.



Mais quelque chose était différent. Jin était absent. Nayung, sombre comme une vague, se retrouvait seule éducatrice, avec les deux femmes de ménage, le cuisinier, et le jardinier, qui bêchait son sillon. Les minutes s'étiraient, lancinantes et incertaines. Elle marchait lentement, la solitude engoncée en elle, ne sachant que faire.



Alors que Nayung s'occupait de ranger les objets qui traînaient ça et là, elle aperçut Taehyung descendre majestueusement les escaliers, qui l'emmenèrent jusqu'à la salle de séjour où elle se trouvait. Elle s'attendait en général à ce qu'il l'ignore froidement et poursuive son chemin vers la bibliothèque, comme c'était souvent le cas. Mais elle fut surprise de voir le jeune garçon s'approcher d'elle et lui adresser timidement la parole.


Sous le choc, elle resta immobile, incapable de formuler la moindre réponse. Taehyung le remarqua immédiatement et répéta sa demande avec douceur :

- Puis-je visiter... le poulailler ?


Nayung resta étourdie, tant elle était émerveillée d'entendre la voix de l'adolescent pour la toute première fois depuis son arrivée dans sa maison.

- Poulailler ? balbutia-t-elle. Bien sûr, viens avec moi, je vais t'y conduire...

Elle sourit de bonheur, ravie que le garçon se soit enfin ouvert à elle.


Taehyung se mit en marche, gardant une certaine distance avec la femme aux cheveux argentés. Les mèches éternellement longues s'envolèrent au souffle du vent une fois dehors. Ensemble, ils traversèrent le jardin fleuri et le potager avant d'atteindre le poulailler.

Allongé sur l'herbe, les genoux relevés et les bras entourant ses jambes, Taehyung observait minutieusement les animaux. Soudain, une ribambelle de poussins firent leur apparition, illuminant son visage fatigué et pâle d'un sourire radieux.

Nayung interrogea TaeHyung avec douceur,
"Les poules, TaeHyung, les affectionnes-tu ?"

Un silence angoissant, la fit craindre que l'adolescent lui refuse toute réponse.


Puis, enfin, ses lèvres s'entrouvrirent,
"Les animaux", dit-il doucement.


Dans ce moment délicat, Nayung poursuivit,
"Aurais-tu eu un compagnon, un ami velu ?".



"Ma maman avait offert un chien, autrefois".


Comprenant l'épreuve qu'il traversait, Nayung suspectait qu'il ait choisi de se confier.

Elle laissa le silence s'installer un temps, pour l'aider à livrer sa douleur et ses regrets.


Nayung était une femme douce et patiente. Elle ne cherchait jamais à imposer quoi que ce soit à Taehyung, préférant toujours suivre ses envies et ses besoins. Après tout, c'était comme ça qu'elle avait gagné sa confiance. Et aujourd'hui, elle pouvait en être fière. Dans la douceur du crépuscule, Taehyung venait enfin à elle.

"Est-ce qu'il s'est passé quelque chose avec le chien?" demanda la sexagénaire cherchant à comprendre pourquoi son protégé semblait si triste ces derniers temps.

Le silence s'installa dans le jardin, comme si le coucher de soleil soudain avait figé tout mouvement autour d'eux. Finalement, d'une voix rauque et brisée, Taehyung répondit:

"Mon père l'a emmené à la fourrière il y a quelques temps. Comme punition pour avoir désobéi…"

Puis, sans plus un mot, il se leva et partit dans la direction du manoir. Nayung, quant à elle, resta seule dans cet endroit si paisible et si triste à la fois.

Elle aurait tellement aimé voir Taehyung rire à nouveau, jouer avec les autres enfants sans soucis ni tristesse. Et soudain, elle sentit une idée germer en elle. Elle en parlerait à la psychologue, peut-être même à Jin… Et qui sait, peut-être pourrait-elle trouver un moyen de rendre à Taehyung ce qui avait été injustement pris à ce pauvre chien…





°



Taehyung franchit le seuil de la maison par la porte de derrière, laissant derrière lui l'air frais de l'extérieur. Il parcourut les couloirs jusqu'à la bibliothèque, en quête d'un livre pour combler son ennui. Le silence n'était interrompu que par le son de ses pas. Une fois son choix fait, il parvint au rez-de-chaussée juste à temps pour voir la porte d'entrée s'ouvrir sur un mystérieux jeune homme aux cheveux dorés.

Ses yeux s'agrandirent d'étonnement, tandis qu'il resserra le livre contre sa poitrine. La même surprise était visible sur le visage de son visiteur inattendu. Levant les yeux vers l'horloge murale, le dénommé Taehyung remarqua qu'elle indiquait quatorze heures. Mais ce n'était que mardi, et ils étaient censés arriver plus tard ce jour-là.

Soudain, la peur s'empara de lui.


Jimin avait remarqué la posture reculée de Taehyung, et il ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de déception. Mais il ne laissa pas ce sentiment prendre le dessus, et décida d'aller à la rencontre du nouveau venu. Un sourire timide et bienveillant se dessina sur ses lèvres, illuminant son visage.

« Salut », murmura-t-il, dans une douceur apaisante. Il était heureux de pouvoir enfin mettre un visage sur celui qu'il avait entendu arriver quelques temps plus tôt. « Je suis Jimin. Je dors dans la chambre voisine à la tienne et on a le même âge... »

Il se rapprocha doucement de Taehyung, tentant de l'apprivoiser par la parole. Il était conscient que son visage était encore en partie caché par ses mèches, mais cela ne faisait que renforcer l'impression de mystère qui émanait de lui.

« Toi, tu es Taehyung, c'est ça ? » Demanda-t-il, avec une pointe de curiosité. Il essayait de percer les secrets du garçon, de deviner ce qui se cachait derrière ses yeux sombres. Mais Taehyung ne répondait pas, et Jimin sentit un malaise s'installer.

Taehyung se déroba finalement du mur, puis se dirigea silencieusement vers les escaliers qu'il grimpa rapidement. Jimin ne fit rien pour le retenir, sachant que chacun avait ses propres démons à affronter. Mais il ne put s'empêcher de se sentir un peu triste, à l'idée que Taehyung ne s'ouvrirait peut-être jamais à lui.

Jimin sourit de manière nostalgique en repensant à sa première rencontre avec Yoongi, évoquée par Nayung. Une comparaison lui revint en mémoire : lui aussi avait agit comme un ongle éraflant le tableau noir quand il avait vu Yoongi pour la première fois. À la différence près que Yoongi avait préféré le repousser avec force en l'injuriant avant de lui claquer violemment la porte au nez. Jimin écarta cette triste pensée en se tournant vers Nayung, l'air faussement boudeur.

Nayung parut surprise de le voir. "Que fais-tu là si tôt ?" lui demanda-t-elle tout en l'observant avec suspicion.

"Notre prof est absent donc on nous a libéré." rétorqua Jimin, le ton de sa voix trahissant à peine sa fausseté. Car en vrai, Jimin avait simplement décidé de sécher les cours.

"Hmm, tu n'es pas devant le lycée de Yoongi et Hoseok comme à ton habitude," s'étonna Nayung.

"Même pas vrai !" protesta Jimin en poussant un soupir exagéré et en portant une main sur sa poitrine. "Je ne vais pas attendre Yoongi hyung tout les jours quand même..."


Puisque Jimin était là, Nayung lui proposa de l'aider à cueillir des tomates dans son potager. Jimin la fixa avec des yeux écarquillés, ne sachant pas vraiment quoi répondre.

"Quoi ? J'aurais dû attendre Yoongi et Hoseok..." se plaignit-il en riant.

C'était un peu comme si Nayung avait demandé à Jimin d'aller chercher des étoiles dans le ciel tant c'était inespéré ! Avec enthousiasme, Jimin accepta donc de l'aider, heureux de passer du temps avec une personne si douce.



°



Dans la pénombre nocturne, tandis que la lune baignait de sa douce lumière le foyer endormi, Nayung se frayait un chemin dans les couloirs silencieux. Perdue dans ses pensées, elle se dirigeait vers sa chambre, lorsqu'un cri perçant vint briser le calme de la nuit. Aussitôt, l'éducatrice se précipita pour secourir l'enfant en détresse. Elle apaisa ses larmes, le rassura et l'endormit doucement, puis reprit sa route.

Mais tandis qu'elle avançait, un son étrange capta son attention. Sans hésitation, elle emprunta le couloir adjacent. Les bruits se faisaient de plus en plus distincts, étouffés comme si l'on cherchait à les dissimuler. Le front plissé, Nayung frôla une porte close et les sons devinrent soudain plus clairs. C'était la chambre de Taehyung, le jeune garçon aux cheveux châtains. Mais l'accès semblait verrouillé.


Ni une ni deux, l'éducatrice retourna dans sa chambre et récupéra le double des clés. Elle revint aussitôt et déverrouilla la porte pour découvrir une scène qui laissa peu de place à la surprise. La lampe de chevet de Taehyung, puissante sentinelle du sommeil paisible, était allumée aussi vif que le soleil peut éclairer le ciel.




°



Taehyung ne saisissait pas vraiment la situation, mais c'était évident : une seule chose comptait, la peur primordiale qui le submergeait. Il avait vécu un très violent cauchemar, comme souvent, mais cette fois-ci, en se réveillant en sursaut, il avait d'abord perçu sa respiration heurtée ainsi que les battements irréguliers de son cœur. Jusque-là, rien de nouveau pour lui après ce genre de cauchemar. Cependant, plutôt que de se calmer comme d'ordinaire, il avait perdu peu à peu son souffle, le laissant presque disparaître.


Son cœur battait à tout rompre, tel un tambour déchaîné dans sa poitrine. Une douleur intense lui vrillait la poitrine. La panique s'emparait de lui, anéantissant sa capacité à respirer. Il se débattait, les draps l'enlaçant comme des serpents étouffants. Des points noirs et blancs dansaient devant ses yeux, l'aveuglant.


Il essaya de se concentrer, de se calmer, de réguler sa respiration en comptant jusqu'à trois. Un, deux, trois. Les battements de son cœur s'affolèrent encore plus. Il se jeta hors de son lit, échouant sur la moquette froide de sa chambre. Les souvenirs se brouillaient dans sa tête, tiraillé entre le passé et le présent.


Il s'encourageait, se répétant inlassablement qu'il était en sécurité dans sa propre chambre, loin du sous-sol dégoûtant de sa précédente demeure. Il luttait, refusant de se laisser submerger par ses propres peurs.


Les pleurs coulaient le long de ses joues, tandis qu'une respiration agitée tentait vainement de le calmer. Les bras frottés avec ferveur, l'ongle tranchant sa chair jusqu'au sang, il cherchait désespérément à rassembler ses maigres énergies.

"Non !" Son cri s'éleva avec force, emplissant la pièce désespérément vide. Il n'était pas ici, dans cette cave froide et sombre.

La clé qui tourne dans la serrure s'insinua cruellement dans le silence, mettant abruptement fin à ses espoirs de s'en sortir indemne. Sa respiration se bloqua, son coeur battant la chamade dans sa poitrine. C'était lui, son père. Il en était sûr, la vérité s'imposa avec une force inébranlable.

Dans un sursaut de terreur, Taehyung se débattit avec force quand il sentit des mains le saisir fermement. Ses cris supplièrent pour la pitié, mais la peur tenailla son esprit endolori. Sa voix, brisée par les larmes, implora le pardon.

C'est alors que le murmure rassurant de Nayung vint apaiser ses craintes. Doucement, elle lui rappela sa présence et le rassura en murmurant des mots doux à son oreille.

Néanmoins, Taehuyng resta prudent. Il s'agrippa à la méfiance, comme si sa survie en dépendait. Qui était cette Nayung ? Était-elle digne de confiance ?

Mais au fil des mots, sa frayeur s'apaisa peu à peu. Et lorsqu'elle lui tendit un verre d'eau, l'appréhension renaquit. Que lui avaient-ils donné ? Des médicaments ? Des drogues ? La stupeur le submergea, et il se mit à lutter, tentant de garder les sens éveillés.

Hélas, la fatigue fut plus forte, et bientôt, le jeune homme sombra dans un sommeil sans rêve.

Il se laissa alors fondre contre un corps chaud mais réconfortant. Cette personne sentait bon comme un doux parfum d'enfance, un cocon de tendresse où s'abriter.

- Maman... souffla-t-il avant de sombrer dans les bras de Morphée, apaisé.

Nayung, témoin de cette scène poignante, ne put s'empêcher de verser des larmes. Elle ressentait toute la souffrance qui émanait de ce jeune être, si pur et pourtant si déchiré. Elle voyait en lui un ange à qui on avait coupé les ailes bien trop tôt, avant même qu'il n'ait eu le temps d'apprendre à s'envoler.

Elle se demanda, le cœur lourd, comment pouvait-on être aussi cruel. Comment pouvait-on détruire une vie encore innocente à un âge où l'on a justement besoin de cette part d'innocence pour mieux se former, mieux vivre...


°



  Meena était assise en face de Taehyung dans une pièce baignée de couleurs chatoyantes. Des toiles vibrantes habillaient les murs nus et deux fauteuils accueillants trônaient au centre. On aurait pu croire que tout était calme et paisible. Mais les yeux du jeune garçon, assis en face d'elle, semblaient tout à fait éteints. Son corps était replié sur lui-même, comme s'il cherchait à se protéger de quelque chose. Meena avait l'impression que le vide avait emporté une partie de Taehyung.


Elle se pencha vers lui, la voix douce et compatissante, et demanda :

"Taehyung, entends-tu mes mots ?"



Meena, humble gardienne des âmes enfantines, ressentait en elle une terrible douleur à la vue de cet adolescent en souffrance. Malgré ses années de dur labeur au sein de la brigade des mineurs, elle devait faire face à cette peine, qu'elle ne pouvait éviter: la douleur qu'elle lisait au fond de leurs yeux. Tel un venin qui empoisonnait les plus vulnérables, cette souffrance se répandait en eux, jusqu'à les consumer entièrement. Malheureusement, durant ses décennies de service, elle avait été confrontée à plusieurs reprises à cette issue fatale que pouvait représenter le désespoir, transformant les plus fragiles en actes irréparables.

La voix douce de Meena, confidente bienveillante, se fit entendre : « Nayung m’a confié que tu as fait une crise hier. Est-ce que cela t’arrive souvent ? »


Taehyung détourna son regard du vide et fixa la psychologue, muet. Puis, après plusieurs minutes, il prononça doucement les mots qui lui étaient tant difficiles à articuler :

- Les anxiolytiques... Je ne les aime pas, murmura-t-il, faisant allusion aux médicaments qui lui avaient été prescrits.

Meena, prenant garde de ne pas effrayer son patient, demeura immobile. Enfin, elle entendait sa voix, après des semaines de silence.

- Ah... C'est pour cela que tu ne souhaites pas prendre ceux qui te sont prescrits pour t'aider à dormir ?

Taehyung hocha la tête, s'enfonçant dans le confortable canapé.

- Accepterais-tu de m'expliquer pourquoi, s'il te plaît ? interrogea doucement Meena, cherchant à gagner la confiance du jeune homme.

Doucement, la psychologue s'adressa à Taehyung.

"Accepterais-tu de m'expliquer ce qui te retient de prendre tes médicaments ?" Lui demanda-t-elle une seconde fois.

Penché en avant, le jeune homme haussa finalement les épaules et répondit, d'une voix lente et basse.

"Il me donnait des médicaments pour que je sois tranquille quand j'étais trop agité, ou si le scénario l'exigeait."

Intriguée, la psychologue reprit.

"Le scénario ?"

"Oui, pour les vidéos... Il écrivait toujours un scénario avant... Et... quand je m'endormais, il... des gens me faisaient du mal... Je le sais car il me montrait toujours les vidéos après."

Meena avait enclenché discrètement le dictaphone, soucieuse de ne rien manquer qui pourrait aider la police.

- Tu...

- Je refuse ces médicaments, je crains que l'on me fasse du mal dès que je ferme les yeux.

- Mais ici, Taehyung, personne ne te fera de mal, murmura doucement la psychologue, essayant de le rassurer. Tu es en sécurité. Ton père, mis en prison, est hors d'état de nuire. Nous attendons encore le procès, mais ne crains rien.



- Pourtant... insista le jeune homme, plongé dans ses pensées. Il est toujours là... Dans ma tête, toutes les nuits. Je suis à sa merci et il ne se fatiguera jamais d'exercer son pouvoir sur moi... Sa voix se brisa effroyablement, les larmes roulant sur ses joues.


°

Le décor était un cocon éclatant de bonheur en ce petit matin. Les deux amoureux étaient allongés, entrelacés comme deux lianes amoureuses. La nuit avait été langoureuse, leurs corps ne pouvant résister à la passion qui les embrasait. Hier soir, le blond cendré avait soufflé ses trente-deux bougies et avait obtenu en prime deux jours de congé rien que pour eux.

La tendresse était palpable, l'admiration mutuelle les enveloppait. Jin, avec son sourire mutin, taquina drôlement son comparse :

- Alors ? Ça fait quoi d'avoir trente-deux ans monsieur l'inspecteur ?

Il se rapprocha tout doucement de l'être aimé et lui vola un doux baiser sur les lèvres.

Namjoon, quant à lui, n'était pas en reste. Passant une main dans la chevelure brune de son mari, il le taquina à son tour :

- Je te rappelle que toi aussi tu te rapproches dangereusement de la trentaine Jin.

Le rire radieux de l'éducateur brilla de mille feux. Il se dégagea de l'étreinte de son bien-aimé pour mieux se lancer dans une défense acharnée.

- N'importe quoi, j'aurai à peine vingt-neuf ans en décembre.

Le temps s'arrêta, les regards se croisèrent et ne firent qu'un. Le coeur de Namjoon explosa de joie, il ne put que se réjouir de vieillir aux côtés de son Jin.

 Jin s'adressa à Namjoon avec un sourire, cherchant à en savoir plus sur ce garçon dont il avait entendu parler. "Ce garçon dont tu m'as parlé... Il arrive quand ici à Daegu ?" Demanda-t-il avec curiosité.

Namjoon comprit immédiatement de qui il s'agissait et répondit: "Celui de Busan?"

Jin acquiesça joyeusement. "Oui... D'ailleurs, c'est quoi son parcours à lui ? Il faut que je sache au moins au cas où on l'emmène au foyer où je travaille, puisque votre brigade semble s'être pris d'affection pour notre magnifique manoir..." Il plaisanta en riant légèrement.

Namjoon lui expliqua que le garçon arriverait le mois prochain, ou peut-être un peu après, car il y avait encore beaucoup de choses à régler pour lui dans sa ville natale. Jin écouta attentivement, imaginant le parcours de ce garçon inconnu et la vie qu'il avait laissée derrière lui. Il se mit à rêver que, peut-être un jour, il en serait témoin et pourrait, à sa manière, changer sa vie.


« Qu'en est-il de son histoire, au juste ? » s'enquit Jin avec un enthousiasme non dissimulé.

Namjoon se contenta de hausser les épaules avant de répondre :

« Honnêtement, j'en sais très peu à son sujet. C'est pour cela que j'ai prévu de rencontrer des collègues de Busan la semaine prochaine. Ensemble, nous pourrons en savoir plus sur lui. »

Conforté par cette perspective, Namjoon poursuivit :

« Je sais simplement qu'il se prénomme Jeon Jungkook et qu'il a eu quatorze ans il y a peu. L'an dernier, il a écopé d'un séjour en maison de redressement pour mineur. »

Jin, incrédule, écarquilla les yeux et se redressa sur le matelas.

« Jungkook ? Un délinquant ? À treize ans ? Mais... »

« Attends un peu, ne pense pas qu'il est forcément coupable. Bien des jeunes qui se retrouvent en maison de redressement ont des histoires difficiles, des blessures profondes. Nous devons éviter de les juger et faire preuve de compassion. Il est essentiel de découvrir leur passé avant de se faire une idée. » conclut Namjoon sur une note d'humanité.

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Vu que le chapitre a été relu et corrigé ce 20 juin 2023, il est possible que le chapitre suivant ne le soit pas donc qu'il y ait quelques erreurs. Je corrigerai dès que j'aurai un peu de temps.

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