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La porte s'ouvrit lentement, très lentement, et une tête blonde apparût dans son entrebâillement.
Personne en vue.
Le jeune homme se précipita vers les escaliers à toute vitesse, la respiration s'accélérant lorsqu'il passa devant chez son voisin.
Arrivé en bas, il se remit à courir jusqu'à l'arrêt de bus qui se trouvait à quelques dizaines de mètres de son appartement.
Durant le trajet, il ne put s'empêcher de jeter en permanence autour de lui des petits regards angoissés, alors que le bus était presque vide dû à l'heure tardive.
Et justement le soleil se couchait déjà, transformant le ciel gris en un savant mélange de rose bonbon et d'orange automne qui se fondaient en un rouge éclatant.
Et toutes ces merveilleuses lumières se projetaient sur la peau de Jimin qui avait finit par fermer les yeux, la tête appuyée contre la vitre.
Il était beau. Son visage de porcelaine avait des airs de galaxies, et quiconque l'aurait vu à cet instant aurait probablement été pris d'un besoin irrépressible de le prendre en photo ou de le peindre.
Une oeuvre d'art.
Park Jimin était une oeuvre d'art.
Mais lui, dans ses miroirs, il voyait tout le contraire.
Un bruit aigu retentit, et il sortit du bus avec précipitation.
Il s'arrêta un instant, le regard bloqué sur le grand bâtiment dans lequel il s'apprêtait à entrer.
En un soupir, tout lui revint en mémoire.
La chevelure rousse de son prof de danse, les musiques de hip-hop qui se mélangeaient à leurs éclats de rires, les regards trahis quand il les avait quittés à deux semaines du spectacle de fin d'année, les mains liées de tous les membres du crew, et le stress derrière la scène et les regards sur leurs corps.
Et elle, et son corps divinement sculpté qui se arrêtait le temps à chaque mouvement.
Et ce moment où il avait commencé à haïr ce reflet dans le miroir, à suer plus que les autres et à être moins bon, quand il avait commencé son régime et qu'à chaque fois qu'il s'arrêtait de danser tout tournait autour de lui, et ce moment aussi où il avait craqué et où il n'arrivait juste plus à faire semblant de ne pas gâcher le travail de toute l'équipe.
Les visages souriants de ses anciens collègues, et les larmes dans leurs yeux les derniers jours. Et elle qui lui avait courut après, elle qui avait laissé ces mots s'échapper de sa gorge enrouée, elle qui l'avait serré fort contre elle en espérant qu'il changerait d'avis.
- Jimin-ah, ne pars pas. Je t'admire tellement, si tu savais, tu as toujours été mon modèle. Je suis désolée si c'est à cause de moi que tu veux partir, je sais que tu ne m'aimes pas beaucoup mais je t'en prie, fais un effort. On a besoin de toi, c'est toi qui nous à tous réunis. Je t'en supplie, Jimin... Je t'aime. Ne pars pas.
Un instant, il la regarde. Un instant, il y croit et son cœur loupe tellement de battements qu'on pourrait le croire mort. Mais elle ment. Ils mentent tous. Il est le boulet du groupe, il gâche tout, elle ment parce qu'il lui fait pitié. Il ne peut pas en être autrement.
Alors Jimin est parti, alors il s'est retourné sans même lancer un regard à sa main tendue dans le vie, il lui a tourné le dos.
Son coeur s'est brisé si fort qu'il aurait juré l'entendre.
Mais il ne pouvait pas continuer à sourire, il ne pouvait pas continuer à vomir dans les toilettes pendant les pauses parce qu'il se rendait malade, il ne pouvait pas continuer à prétendre d'être encore celui qu'il avait toujours été.
Il n'était plus qu'un imposteur, voilà ce qu'il était.
Il n'avait jamais eu de talent, il n'avait jamais eu de beauté, et il ne pouvait continuer à tromper encore le monde et à croire aux mensonges de ses prétendus amis.
Ils avaient juste pitié de lui parce qu'il était si pathétique que ça lui donnait envie de vomir>.
C'est ce qu'il fit.
Jimin secoua légèrement la tête en soupirant, oubliant le mal de crâne qui l'avait soudainement assailli pour pénétrer dans le studio de danse. À pas de souris, il courut jusqu'à la salle de danse du bout du couloir, celle qu'ils utilisaient toujours avant.
Heureusement pour lui, personne ne la fermait jamais.
À croire qu'ils savaient qu'il venait s'entraîner ici...
Il n'eut pas besoin de changer, il s'en était déjà occupé chez lui, et puis de toute façon il refusait d'offrir aux miroirs de la grande salle la vision d'horreur qu'était son corps dénudé.
Son sac et sa bouteille d'eau dans un coin de la salle, son téléphone branché sur la vieille enceinte noire qu'il avait lui même payée il y a quelques années de cela.
La musique se lança aussitôt qu'il eut pressé le bouton, sans même qu'il ai prit le temps d'allumer la lumière.
Dos au miroir, Jimin se mit à danser.
Dès le premier pas, tout disparut, son mal de crâne, le regard de son voisin, ses souvenirs, sa haine, ses larmes.
Dès le premier saut, il s'envola dans un autre monde ou plus rien d'autre n'importait que de se laisser emporter.
Son corps trop mince qui avançait avec difficulté à cause de sa fatigue s'était métamorphosé en un corps étranger d'une grâce et d'une souplesse inhumaines.
Métamorphosé, voilà, c'était le mot qui le décrivait.
Comme une fleur dont les pétales s'ouvriraient soudainement, comme une chenille devenue papillon, le maigre Jimin lassé de la vie s'était métamorphosé en une merveilleuse créature faite de gestes puissants et doux dont le visage concentré semblait trop beau dans la pénombre.
Il dansa longtemps, et les musiques défilèrent sans qu'il ne s'accorde une seule pause. Enchaînant les styles, les genres, les groupes, les rythmes, il dansait, donnant tout ce qu'il avait.
Il était si beau. Et si effrayant.
Soudain, la musique se termina et aucune autre ne la remplaça. Jimin comprit qu'il venait d'écouler sa playlist composée d'environ 70 chansons.
Il s'écroula presque immédiatement au sol, l'adrénaline qui l'avait envahi laissant place à la fatigue, et il eut un moment l'idée de s'allonger au sol et de s'y endormir. Il voulut se relever, mais son corps ne lui répondait plus et en quelques secondes il sombra dans un sommeil profond.
Un bruit sourd le réveilla, même s'il garda les yeux fermés. Il se doutait bien qu'il devait être le lendemain matin, puisqu'il venait d'entendre quelqu'un parler, et pourtant il avait l'impression d'avoir dormir pendant quelques minutes à peine.
Une minute...
Quelqu'un avait parlé ?
Jimin, pris de panique, ouvrit immédiatement les yeux en grands, malgré le mal de crâne qui à nouveau lui explosai la tête.
Lentement, comme dans un cauchemar, il se tourna vers la porte.
Non, non, ça n'était pas possible !
Il se releva avec difficulté, un grand frisson le traversant, avant de se précipiter à toute vitesse vers ses affaires, manquant de tomber au passage, de débrancher son téléphone et de tenter de partir en courant.
Je dis bien tenter, parce que la demoiselle qui l'avait réveillé ne comptait pas le laisser s'en sortir aussi facilement.
Il se tourna vers elle, choqué, les yeux grands ouverts comme une biche effarée.
- S'il te plaît, laisse moi partir...
Sa voix plaintive et craintive était si faible qu'elle faillit ne pas l'entendre. Mais elle resserra sa poigne, le regard dur, quitte à ce que ça devienne douloureux. Il aurait pu partir, s'il le voulait vraiment. Mais dès que son regard s'était porté sur elle, tout son corps s'était détendu et il avait su qu'il ne le pouvait pas.
- Jimin...
Sa voix était sèche mais on y décelait tout de même une certaine douceur, une certaine douleur.
Et, au lieu de se plonger directement dans ses yeux, il se mit à la détailler comme il le faisait autrefois.
Elle avait coupé ses cheveux courts, et ils étaient attachés en une petite queue de cheval un peu lâche qui lui donnait un air beaucoup plus adulte. Elle était habillée d'un T-shirt blanc rentré dans une grande jupe en jean et d'un long gilet blanc cassé qui paraissait excessivement doux. Elle était peu maquillée, contrastant un peu avec la fille pleine de couleur qu'il avait connu. Mais elle arrivait toujours aussi bien à souligner ses beaux traits de maquillage, et ses lèvres semblaient toujours aussi douces et roses.
Elle avait tant changé, elle semblait tellement plus mature, et il se demanda un instant où était passé la gamine aux longs cheveux teintés de mèches roses qu'il avait rencontré trois ans auparavant.
Puis, il s'était jeté à la mer, il avait affronté les vagues : il l'avait regardée droit dans les yeux.
Les souvenirs à nouveau l'avait agressé, il s'était senti couler, il s'était noyé dans les larmes qui bordaient les yeux savamment maquillés de la jeune femme.
Ses jolis yeux d'un brun trop noir pour être tout à fait brun, ses jolis yeux de poupée qui l'avaient toujours rendus si faible.
Ses beaux yeux aux lueurs si différentes, si seules, si noires, mais toujours tellement enfantines.
- Jimin-ah...
Et elle s'était mise à pleurer.
- - -
Voilà, en espérant que ça vous plaît toujours c:
Désolée sincèrement de pas avoir publié cette semaine mais on arrive dans la partie de la fiction sur laquelle je bloque depuis deux ans alors c'est compliqué pour moi...
Mais ce chapitre me plaît beaucoup !
Aussi, un OS va bientôt apparaître sur mon profil, j'y ai beaucoup bossé alors j'espère que ça vous plaira !!!
♡
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