6.

Alors ? Mon modificateur de voix, il est pas mal non ?

*~*

Un pas lourd se fait entendre, et le petit gars file sans demander son reste. Je me tourne vers l'homme qui entre dans la salle.

Il s'assoit sur la chaise de bureau, puis s'excuse :

— Je suis désolé pour Clément, il est un peu turbulent.

Je m'apprête à dire ce que voudraient les usages de la société, à savoir que " Non, il est adorable ne vous en faîtes pas ", suivi d'un sourire à peine forcé.

Le truc, c'est que je suis enfermée ici, pour une raison qui m'est inconnue. Et personne ici ne trouve ça dérangeant !

Je rétorque donc, de ma voix la plus froide et calculatrice que je peux prendre :

— Je n'en ai rien à faire que " Clément " soit turbulent. Ce que je veux, c'est sortir d'ici.

Il paraît un peu choqué, mais se reprend vite :

— Ooooh, tu veux revoir tes parents ma petite ?

Mais, qu'est-ce qu'ils ont tous avec leurs " petite " ? J'ai seize ans !

— Vouloir revoir des êtres chers est tout ce qu'il y a de plus normal. Et que je sois " petite " ou non, mes parents seront toujours des êtres chers.

— Dommage, mais ça ne va pas être possible. Tu ne veux pas savoir pourquoi tu es là ? dit-il sur le ton de la conversation.

Son ton me donne des frissons. Il a l'air sans pitié, et son regard glacial n'aide pas. Sa fausse voix de papa gâteau s'est envolée, laissant place à un personnage froid. Les yeux bleu glacier, les cheveux gris, la stature imposante... Il est menaçant et le sait très bien.

Je m'apprête à répliquer, mais décide au dernier moment de le laisser continuer.

A ce moment précis, il tourne la tête, de sorte à ce que je puisse voir son visage dans son entièreté.

Et...

Impossible !

Les mêmes yeux bleus glacier, les mêmes cheveux blonds, la même carrure et les mêmes habits !

— Vous !

Il a à peine le temps de répondre que je me jette sur lui. Je lui griffe les bras de toutes mes forces, étant donné qu'ils les utilisent comme moyen de se protéger de mes coups.

Je m'écarte de lui, haletante, pour lui asséner une dernière frappe, verbale cette fois, avant qu'il ne reprenne ses esprits et ne me saute dessus :

— Vous m'aviez dit que je vivrais un enfer ici... A moi de faire de votre vie un cauchemar éveillé.

Car oui... Le gars qui est venu dans ma " cellule " pour me faire venir ici est la copie conforme de celui qui se tient devant moi, pour ne pas dire le même.

Cependant, il ne semble pas me reconnaître particulièrement... En fait, il semble plutôt perplexe, comme s'il ne comprenait pas.

Soudainement, il éclate de rire :

— Tu as du rencontré mon jumeau, s'amuse-t-il comme si tout n'était qu'une simple mascarade.

Énormément frustrée, je décide de le remettre à sa place (aux égouts de préférence, mais là on se contentera d'une punchline) :

— Et vous trouvez ça drôle ? Si on vous avait menacé de torture, je crois que vous serez dans le même cas que moi, à savoir méfiant. Voir plus. Vous me semblez plutôt mauviette dans le genre mégalo qui se croit supérieur...

Stupéfait, son rire s'arrête net. Il me regarde, dur, puis annonce brutalement :

— Tu es une Anomalie.

J'hésite entre éclater de rire, et pleurer devant tant de crédulité. Pardon, mais... Ils pensent vraiment tous que je vais gober ça ? On dirait un film de science-fiction. Malgré tout, j'ai un doute. Après tout il a bien un jumeau maléfique, donc pourquoi pas des êtres bizarres qu'ils nomment tous " Anomalie ". Et puis aussi des licornes à paillettes. C'est toujours mieux avec des licornes à paillettes.

Je le laisse donc une fois de plus.

— Tu ne réagis pas ? Très bien. Mais sache qu'à partir de maintenant, tu ne pourras plus m'interrompre. Tu es une Anomalie, car tu n'es pas comme les autres. Ton ADN a muté. Tu sais que depuis que les gouvernements de l'Ancien Temps se sont révélés incapable de faire régner l'ordre, Erik Kernof, le premier gouverneur, s'est imposé au sommet. Il a montré à quel point il était fort, et pouvait diriger d'une poigne de fer un monde entier ! Seulement, une question se posait : comment éliminer tous les vices de l'homme ? Car c'est de là que venait tous les maux. Il fallait anéantir l'avidité, la cupidité, le sexisme, et tous ces concepts qui rendaient notre monde si injuste.

"Erik Kernof créa donc un sérum. Il l'injecta à toute la population. Cela, tu as dû l'apprendre à l'école. Seulement, les choses ne se passèrent pas tout à fait comme prévu, et ce que je vais te raconter là est classé secret défense."

"La plupart de la population se virent meilleur, bon et honnête à souhait."

"Mais une minuscule partie de la population développa des Dons. La population, effrayés de tant de puissance, les rejeta. On les nomma " Anomalie " et le nom est resté."

"Seulement, le rejet que leur faisait subir la population finit par les exaspérer, et ils organisèrent une manifestation, tellement énorme qu'elle finit par tourner à l'émeute. Une guerre se créa entre eux, ce fut le Chaos."

" Erik Kernof, consterné, finit par retirer les Anomalies de la population "normale". Au fil du temps, on les oublia, et cela finit par devenir un mythe, raconté par les anciennes générations au plus jeunes, qui ne voulait pas écouter de " vieux séniles ". C'est ainsi que furent créés les CTA, Centres de Test pour Anomalies. Ici, on vous teste, pour essayer de découvrir pourquoi vous êtes si différents, et..."

— Attendez, attendez, attendez. Pourquoi les gens dit "normaux " ont rejetés les Anomalies, s'ils avaient intégré le Sérum ? C'est stupide ! I

— J'y viens... En fait, le sérum n'a pas réellement marché. Les effets étaient temporaires, ils auraient fallu se faire injecter le sérum trois fois par semaine. Le seul effet de ce sérum était de donner des Dons à une minorité, ce qui n'était pas du tout prévu. Ce qui explique pourquoi les injections n'existent plus officiellement de nos jours.

"Bien sûr, nous verrons ensemble avec les autres médecins pour te les expliquer."

"Je disais donc qu'Erik Kernof avait créés les CTA pour vous tester, et ainsi pouvoir découvrir pourquoi le sérum agissait seulement sur vous. Aujourd'hui, les CTAs ont aussi une autre fonction : découvrir grâce à votre ADN le sérum, puisque Erik Kernof l'a détruit, car il pensait que trop de puissance n'était jamais bon. Mais notre gouverneur bien aimé sait très bien que la puissance entre les bonnes mains est une bonne chose. C'est pourquoi nous recréons le Sérum, pour ainsi l'améliorer, et faire de la population des surhommes, sans vices. Le bien de la population dépend donc de vous ! "

Il s'arrête de parler un instant, jaugeant ma réaction. Comme je ne dis rien, il demande :

— Ça ne te fait aucun effet ?

Il me fixe de ses yeux bleus perçants, pendant de longues minutes. Puis, il soupire, et tire un flacon de son tiroir :

— Je ne voulais pas en arriver là... Mais c'est important. Sarah, l'avenir de la population dépend de toi. Juste de toi...

Pendant que je l'écoute parler, il dévisse le flacon, et une odeur enivrante s'en échappe. La fin de ses paroles se perd dans mon esprit, et seul le souvenir de sa tête penchée sur moi persiste :

— Juste de toi, Sarah... Juste de toi.

Puis, ce fut le trou noir.

*~*~*

— Sarah ? Tu es crevée dis-donc !

Brutalement, j'ouvre les yeux, laissant entrer toute la luminosité.

Et pas seulement apparemment. La tête d'Ash apparaît dans mon champ de vision :

— AHHH ! Mais qu'est-ce que tu fous là ? Tu es malade de me regarder dorm...

Je n'ai pas le temps de finir qu'il plaque sa main sur ma bouche... Et je me surprends à aimer ce contact, aussi ridicule que ça puisse paraître.

Que... Quoi ? Je coupe toute pensée cucul en lui mordant la paume de main :

— Okay, okay j'arrête. Mais on n'a pas le droit de venir dans les chambres des uns et des autres. Donc je te prierai de bien vouloir baisser d'un to...

- Mademoiselle ? Ça va ?

Une des femmes de ménages toque à ma porte. Ash se glisse sous la couette, et disparaît dessous. Juste avant de plonger sous les draps, il met un doigt devant sa bouche, pour m'intimer le silence. Je soupire, puis fait signe à la femme - qui est entrée entre-temps - que tout va bien. Elle repart, soulagée.

Je dégage Ash de mon lit avant de rougir.

— Tu m'expliques ce que tu fais là ?

HAHA !! Eh bah nan ! Ce n'est pas pour aujourd'hui la suite ;) Par contre, vous pouvez penser que ça va finir en bad boy story, je vous arrête tout de suite : ce n'est pas ça du tout !! Vous verrez dans la suite de l'histoire, mais par pitié n'arrêtez pas de lire à cause de ça. Je sais que ça commence en faisant très cliché mais ce n'est pas ça du tout. Bref, a plus ! J'essaierai d'être plus régulière ^^ mais la semaine pro j'ai le brevet blanc, ça va être compliqué.

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