4.

Intérieurement, je suis épuisée, contrariée intriguée et exaspérée. Mais à l'extérieur, je ne laisse rien paraître. Je le laisse poursuivre, m'étant lassé de ce petit jeu, et essaie d'en apprendre le plus possible en le déstabilisant.

Il continue à parler, sans pour autant m'en apprendre plus. Au bout d'un moment, il s'énerve :

- Tu veux jouer à ce petit jeu ? Très bien. Moi aussi. Je ne parlerai que lorsque tu feras de même.

Un sourire apparaît sur mon visage pâle et amaigri :

- D'accord. Allez-vous faire foutre.

L'expression de son visage me confirme que ça valait la peine de briser mon silence religieux. Sur son visage une frustration immédiate apparaît, puis disparaît en quelques secondes, laissant place à un calme apparent. Il regarde autour de lui, puis susurre :

- Quel chance tu as que je n'ai pas le droit de te toucher, tu aurais pris cher dans ta mignonne petite face. Malheureusement pour moi, il y a une caméra.

Puis il sourit :

- Mais dès qu'on sera là-bas, tu vivras un enfer. Crois-moi.

A mon tour de sourire. S'il y a une caméra, elle a enregistré l'entièreté de notre conversation. Je le confronte du regard, mais il me crache :

- Tu me crois si peu civilisé ? Ça m'ennuie, je l'avoue... commence-t-il d'une voix trainante. La caméra est sans son. De l'extérieur, nous avons une conversation normale, entre gens civilisés.

Je blêmis. Effectivement, il garde un masque serein. Aucune personne extérieure à cette conversation ne pourrait en deviner le réel sujet. Mais encore plus important, comment a-t-il fait pour deviner mes pensées ? Je rajoute ce mystère à ma liste mental. Je l'évite du regard, mais il finit par me lancer en se levant :

- Allez bouge, on doit être rentrés avant la nuit.

Ah. On est donc la journée. ENFIN une information intéressante. En revanche, je n'ai pas l'intention de bouger. A la seconde où je serais sortie il n'y aura plus de caméras. Et il pourra faire de moi ce qu'il voudra...

- Je n'ai pas que ça à faire, figure-toi. Donc sois-tu te bouges, soit tu restes ici jusqu'à ce que tu meures de faim.

Je réfléchis à toutes vitesse... Si je le suis, je passerais de Charybde en Scylla, mais... Tout vaut mieux que de mourir de faim. Au moins, avec lui, je pourrais me défendre un minimum, alors qu'ici, bonne chance pour chasser le couscous.

Je décide donc de me lever et saute sur mes pieds.

Mauvaise idée... La pièce tangue aussitôt autour de moi, et je dois me rattraper à la banquette pour éviter de m'étaler sur le sol.

Mon interlocuteur soupire puis tend une barre de céréales dans ma direction. Je l'engloutis en moins de cinq secondes.

Nous marchons quelques minutes dans des couloirs gris poussières qui se ressemblent tous avant que le sol ne tangue à nouveau.

Je comprends aussitôt : un somnifère.

Je le confronte du regard.

- Eh bien, tu as mis du temps avant d'en ressentir les effets, ricane-t-il.

Juste avant de sombrer dans les limbes, je le vois me sourire d'une manière cruelle. Dans un effort surhumain, je réussis à lui poser une question :

- Pourquoi ?

Ma voix, rauque due au manque d'eau et au besoin accru de sommeil, est à peine audible. Pourtant, il me répond :

- A partir de maintenant, tu es un danger pour la société. Et qui dit danger dit grands moyens pour te canaliser...

Après ces mots, son rictus s'agrandit, et c'est la dernière chose que je vois avant de partir définitivement dans les limbes...

*~*~*

Lorsque je me réveille, la première chose que je pense est :

" Il me le payera. Je ne sais ni comment, ni quand, mais il me le payera"

Je suis dans une chambre inconnue, seule et affamée, et pourtant la première chose à laquelle je pense est cet inconnu. Et peut-être aussi au fait que je vais finir par me faire dessus. Mais d'abord au gars.

On ne se connaît pas, mais une animosité puissante vient de naître entre nous, c'est sûr.

Je commence à détailler la chambre où je me trouve, pour voir si un indice ne me permettrait pas d'identifier le lieu où je me trouve.

Je me trouve dans un lit simple, blanc et en fer. Une table de chevet se trouve à mes côtés, et un verre d'eau trône au-dessus.

Je l'inspecte, puis l'avale d'un trait, tout en continuant mon exploration.

Une armoire dotée d'un miroir se trouve en face de moi. Une porte, juste à côté, semble donner sur une pièce. Peut-être une salle de bain ?

Je continue mon examen détaillé et découvre des détails que je n'avais jusqu'alors pas vu : le plafond, blanc aussi, est orné de moulures un peu vieillottes, qui me font penser à l'Ancien Temps. Avant la Constitution, le gouvernement actuel.

Mais où suis-je ? Pourquoi m'avoir fait venir ici ?

Je veux alors me lever, chercher la sortie de ce cauchemar, mais mes mains et mes pieds sont liés. Retenus prisonniers par des liens de fer, les raccrochant au lit.

Effrayée, à bout de force, j'hurle :

- LAISSEZ-MOI !

Ma voix se brise.

" Stupide gorge déshydratée ! "

La porte s'ouvre alors, et une dame entièrement vêtue de blanc s'introduit à l'intérieur :

- Ça va pas de crier comme ça ? Y'en a qui dorme encore ici !

Interloquée, et je l'avoue, un peu agacée, je rétorque :

- Si je hurle, c'est pour qu'on me libère, imbécile !

- Te libérer ?

Cette fois-ci, c'est à elle de paraître surprise :

- Mais tu n'es pas prisonnière ! Les attaches qui te maintiennent au lit ne sont là que parce que la plupart de nos patients font des cauchemars la nuit. Cela leur évite de se blesser.

Puis elle se frappe le front :

- Mais t'es nouvelle ! Tout s'explique ! Descends-en bas et prends vite ton petit déjeuner. Tu auras bientôt des explications.

Elle s'apprête à ressortir lorsqu'elle s'arrête :

- Pour te " libérer ", il suffit de presser le bouton situé juste sous ta main gauche, annonce-t-elle d'un ton qui hérisse mes poils.

Et elle repart, me laissant seule avec mes questions.

Des patients ? Je ne pense pas être malade mentalement, et encore moins physiquement.

Et pourquoi mes parents n'ont pas eu leur mot à dire ? Car c'est certain qu'ils ne m'auraient pas envoyé ici sans me consulter avant, et encore moins sans leur dire au revoir...

1072 mots, ce chapitre n'est pas le plus long, mais les choses intéressantes arrivent dans le prochain chapitre ! Bye-bye ^^


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top