Chapitre 2

Je venais de finir mon entrevue avec le docteur Roy depuis au moins cinq minutes et j'étais dans ma chambre à ranger mes vêtements dans la garde-robe.

Ma chambre de séjour était le genre de chambre que les filles de ma classe rêvaient d'avoir à leur anniversaire ou à leur déménagement dans une nouvelle maison ou dans un nouvel appartement : grande et spacieuse avec une aura de familiarité dans l'air quand on entrait dans la chambre.

La chambre avait des tons de noir, de gris et de blanc mais je l'aimais bien. Je n'étais pas du genre à l'avoir avec plein de nuances de rose pendant ma convalescence d'un mois.

Je finissais de ranger le dernier pantalon de ma valise puis je fermais la valise avant de la ranger près de la garde-robe, je me retournais vers le lit - qui était derrière moi - avant de soupirer de fatigue en voyant qu'il me restait mes affaires de toilettes, mon maquillage et mes livres à ranger.

Pourquoi je suis une fille ? Je ne pouvais pas être un garçon ?

Je soupirais une dernière fois et je prenais dans une main ma trousse de toilette puis dans mon autre main ma trousse de maquillage avant de me diriger vers la salle de bain, elle était derrière une porte de ma chambre.

La salle de bain était assez familière pour qu'on ne se sente pas trop loin de notre chez nous ; elle avait aussi des tons de noir, de gris et de blanc.

Je crois qu'ils accordent la salle de bain et la chambre à chaque patient pour leur arrivée, je crois que maman leur a dit que j'avais une préférence pour les nuances de gris et de noir mais aussi pour la couleur blanche.

Je mettais le gobelet avec ma brosse à dents et mon dentifrice à côté de l'un des lavabos puis je mettais mon bain de bouche à côté du gobelet avant de poser ma brosse à cheveux, mon peigne, mon démaquillant, mes cotons démaquillants sur le lavabo. Je rangeais mes autres produits d'hygiène comme les serviettes hygiéniques et les protège-slips dans l'un des placards du lavabo.

Je me regardais dans le miroir et je glissais une mèche rebelle derrière mon oreille, j'avais lavé mes cheveux la veille et je les avais attachés dans deux tresses collées pour ne pas être gêner mais j'avais des petits cheveux qui sortaient par-ci et par-là de ma coiffure.

Moi : J'espère que le séjour va passer vite, papa et maman me manquent déjà...

Je sortais de la salle de bain et je retournais dans ma chambre avant de m'asseoir sur le lit puis je prenais un cadre photo en main, c'était une photo de mes parents avec moi au parc Disneyland Paris quand j'étais petite.

Vous me manquez...

J'embrassais le visage de mon père puis celui de ma mère à tour de rôle avant de poser le cadre photo sur la table de nuit et je me levais avant de prendre les livres pour les ranger sur mon bureau de chambre.

TOC TOC TOC

Je tournais la tête vers la porte en entendant quelqu'un toquait trois fois à cette dernière, j'arquais un sourcil puis je me dirigeais vers la porte avant de l'ouvrir. Derrière la porte de ma chambre se trouvait un garçon, pas plus âgé que moi, mais plus grand que moi - au moins deux voire trois têtes de différences.

Le garçon était d'une beauté à couper le souffle : il avait une middle part, ses cheveux étaient brun foncé et il avait de magnifiques yeux gris.

Il me toisait de haut en bas avant de me sourire en tendant sa main vers moi, je le regardais aussi de haut en bas puis je fixais sa main d'un air méfiant avant de le regarder dans les yeux, il baissait sa main mais il souriait.

Moi : Tu veux quoi ?

Garçon : Le docteur a parlé d'une nouvelle arrivante au manoir et je suis venu me présenter à toi. Je m'appelle Louis Lopez et j'aimerais devenir ton ami.

Devenir mon ami ? Je crois plutôt que c'est une stratégie pour savoir mes faiblesses et les utiliser contre moi.

Moi : Je m'appelle Lilith Henderson et je ne veux pas devenir ton amie, j'ai déjà assez d'amis comme ça.

C'était un mensonge, mes amis - enfin les personnes que je considérais comme mes amis - m'avaient laissé tomber quand ils ont appris que j'étais admise à l'hôpital pendant une durée d'un mois.

Le garçon, prénommé Louis, perdait son sourire à mon refus d'être son amie et je le comprenais ; je serais moi aussi déçue et triste si on refusait d'être mon ami.

Louis : D'accord, Lilith, je comprends. On ne se connaît pas, après tout...

Le fait qu'il prononçait mon prénom me donnait des frissons dans le dos, des frissons que je n'avais jamais ressenti avant lorsqu'un garçon disait mon prénom, pas même les garçons qui étaient mes petits-amis pendant un certain temps de mon adolescence et de ma vie de jeune adulte.

Je devais admettre qu'il me faisait mal au cœur mais je devais me faire une raison : personne n'était vraiment notre ami.

Louis : Bon... je vais te laisser tranquille.

Moi : Oui, merci.

Il partait sans demander son reste et je fermais la porte derrière lui puis je soupirais en me laissant glisser contre la porte, mes fesses rencontraient assez rapidement le sol de la pièce.

Ouf..

Je repassais dans ma tête l'expression de son visage par rapport à mon refus de devenir son ami puis je tournais la tête vers la gauche et mon regard se posait sur ma valise, plus particulièrement sur l'étiquette de ma valise.

Il faut que je perce ce mystère.

Je m'approchais de la valise et je retirais l'étiquette avec une facilité déconcertante, c'était comme si l'étiquette savait que je voulais percer son mystère, puis je retournais l'étiquette pour lire le message qui se trouvait dessus.

Moi : Tu es singularis, mea filia, ne dubites. Auxilio tuo egent...

(NDA : Petite question : est-ce que vous voulez savoir maintenant, dans ce chapitre, la traduction et la signification de « tu es singularis, mea filia, ne dubites. Auxilio tu egent » ou vous préférez le découvrir dans la suite de l'histoire en même que Lilith ?)

Je relisais plusieurs fois la phrase, parfois dans ma tête et parfois à voix haute car je savais que je connaissais cette langue mais je ne savais plus d'où je la connaissais.

Moi : D'où est-ce que je connais cette langue ? Elle me dit quelque chose mais je ne sais plus d'où je la connais.

Je soupirais et je sortais de ma chambre en tombant nez à nez avec une femme, cette femme était d'une beauté à couper le souffle et elle était habillée d'une longue robe blanche avec un morceau de tissu brun autour de sa taille pour faire comme une ceinture et elle était pieds nus. Ses cheveux étaient brun foncé ou noir et ils étaient attachés.

Elle me rappelle une femme que j'ai vu en cours de français mais je ne sais plus qui...

Femme : Bonjour, mon enfant.

Moi : Bonjour madame.

La femme me toisait de haut en bas avant de marmonner une phrase que j'arrivais à entendre.

Femme : Quel accoutrement bizarre...

Je ne prêtais pas attention à ce qu'elle disait et je secouais ma tête puis je lui tendais l'étiquette, elle me regardait avec intérêt en arquant un sourcil d'incompréhension avant de prendre l'étiquette en main.

Femme : Que veux-tu que je fasse avec ça, mon enfant ?

Moi : Est-ce que vous sauriez me dire quelle langue c'est ?

La femme me regardait et elle faisait une moue ennuyée avant de lever les yeux au ciel puis de reposer son regard sur le message.

Elle a l'air sympa, elle...

Femme : C'est du latin, mon enfant.

Du latin, mais oui ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé avant ?

Moi : Merci beaucoup !

La femme me tendait l'étiquette.

Femme : Il n'y a pas de quoi.

Elle commençait à partir mais je la retenais en prenant son poignet dans ma main... enfin, c'est ce que je croyais quand je sentais que ma main se refermait sur elle-même, pour se former en poing.

Femme : Oh !

Elle me regarda et j'écarquillais les yeux de surprise, cette femme qui me semblait si réelle... n'était qu'autre qu'un fantôme ou un esprit ?

Alors que la femme allait hurler, Louis apparaissait de je-ne-sais-où pour me guider vers un endroit loin du fantôme.

Louis : Excuse-la Eurydice ! Elle ne va pas recommencer.

Eurydice ? Eurydice comme dans « Eurydice et Orphée » ?

Louis m'emmenait rapidement dans un des jardins de la cour et il me faisait face en fronçant les sourcils avant de croiser les bras sur son torse, je décidais de me faire toute petite en le regardant légèrement.

J'ai dix-huit ans et je vais me faire gronder à mon grand âge...

Louis : Le docteur Roy ne t'a pas dit les règles ?

Moi : Les règles ?

De quoi il parle ?

Louis : Oui, les règles. Ces règles nous permettent de rester ici autant qu'on le désire, qu'on ait trouvé ou non la paix.

Moi : Que... vous ayez trouvé la paix ou non...?

Qu'est-ce qu'il raconte ? Je suis dans un hôpital psychiatrique ou un asile ou quoi ?

Louis arrêtait de froncer ses sourcils et il décroissait les bras de son torse avant de s'approcher de moi, je reculais.

Louis : Tu n'es pas au courant ?

Moi : Au courant de quoi ?

Louis : Si tu es ici, c'est pour une bonne raison.

Moi : Oui, je suis en séjour ici pour me guérir de ma fatigue mentale mais aussi de mes envies de suicide. Je suis en convalescence.

Louis mordillait sa lèvre et levait sa tête vers le ciel avant de baisser la tête vers moi.

Louis : Non, ce n'est pas ça.

Moi : Quoi ?

Louis : Si tu es ici... c'est parce que tu es morte.

Quoi ?

Moi : Je suis quoi ?

Louis : Tu es morte.

Cette révélation fut un choc pour moi.

[...]

Cela devait faire au moins une heure voire plus que Louis toquait à ma porte de chambre en me demandant de sortir, je m'étais enfuis en courant des jardins du manoir pour m'isoler depuis que louis m'avait annoncé ma mort.

Louis : Lilith ! Ouvre-moi la porte s'il te plaît ! Je suis désolé de t'avoir annoncé ça si soudainement !

Non... c'est impossible... je ne peux pas être morte, maman m'a dit que je suis en séjour de guérison.

J'entendais des pas qui arrivaient vers ma chambre et j'entendais deux voix, une voix de femme et une voix d'homme – c'était le docteur Roy et Elsa qui étaient venus après le boucan que faisait Louis en toquant à ma porte de chambre.

Elsa : Monsieur Louis...

Roy : Louis, qu'est-ce que tu as fait ?

Louis : Je lui ai seulement dit qu'elle était morte et qu'elle n'était pas ici pour se soigner comme dans une convalescence normale...

Roy : Oh misère, Louis !

Après l'injure du docteur Roy, j'entendais leurs pas s'éloigner de ma chambre et je soupirais. J'essuyais les larmes qui coulaient sur mes joues et je sursautais en voyant un autre garçon dans ma chambre, accroupi face à moi.

Garçon : Bah alors ? Pourquoi tu pleures ?

Moi : Pe-pour rien...!

Ma voix se cassait ce qui trahissait ce que je lui disais, je reniflais bruyamment en évitant le regard du garçon mais je le regardais du coin de l'œil et j'acceptais le mouchoir en tissu qu'il me tendait, j'essuyais mes larmes puis la morve de mon nez avec ce dernier.

Garçon : Je m'appelle Gabriel.

Moi : Gabriel ? Comme l'ange Gabriel de la bible qui a annoncé la grossesse de Marie ?

Gabriel : Oui, c'est ça.

Gabriel était le garçon qui séduisait n'importe quelle fille : beau, grand, des tatouages sur les phalanges et les mains, des cheveux foncés et des yeux sombres. Le type de garçon qui fumait pour évacuer les problèmes qu'il a dans sa vie.

Moi : Que fais-tu là ?

Gabriel : J'ai entendu ta conversation avec Louis grâce à l'un de mes messagers.

Je ne disais rien et je me collais plus étroitement contre la porte derrière moi.

Gabriel : Il t'a annoncé que tu étais morte ?

J'hochais la tête pour confirmer ses dires et il se mettait assis face à moi, ses genoux relevés avec ses poignets contre ses genoux.

Gabriel : Tu dois sûrement te demander pourquoi je suis là, avec toi, dans cette chambre ?

Moi : Oui...

Gabriel : Les étoiles m'ont désignées pour être ton compagnon.

Moi : Mon... compagnon ?

Gabriel : Oui, ton compagnon.

Je le regardais en arquant un sourcil, laissant les dernières larmes couler sur mes joues, au mot « compagnon ». Que voulait-il dire ?

Gabriel : Ton compagnon de voyage si tu préfères.

Moi : Ah... d'accord. Je croyais « compagnon » dans le sens d'un partenaire dans une relation amoureuse.

Gabriel : Eh ben, non.

***

En entendant la réponse de Lilith face à la révélation que je lui avais fait, elle semblait s'en moquer et me prendre pour un fou mais je ne mentais pas, les étoiles m'avaient désignées pour que je devienne son compagnon de voyage afin de l'accompagner dans toutes ses aventures.

S'il y avait bien une chose qu'elle ne savait pas, c'était que les étoiles l'avaient désignées pour devenir la messagère entre le monde de la vie et le monde de la mort, comme sa mère et sa grand-mère auparavant.

Je me levais et je lui tendais ma main, elle me regardait d'un air méfiant puis elle fixait ma main.

Moi : Tu ne vas sûrement pas me croire mais les étoiles t'ont désignées.

Lilith : Elles m'ont désignées ? Pourquoi ?

Moi : Pour la simple et bonne raison que tu es la nouvelle messagère entre le monde de la vie et le monde de la mort.

Lilith : Quoi ?

Moi : Lève-toi et prends ma main dans la tienne.

La brune semblait méfiante face à mon affirmation, elle était encore choquée du fait que sa main ait traversé le poignet d'Eurydice quand elle a voulu la retenir et elle était encore sous le choc de l'annonce de sa mort par le dénommé Louis.

Je ne sais pas pourquoi mais je sens que ce Louis va me donner du fil à retordre dans ma mission.

Elle semblait hésitante pendant quelques instants puis elle posait timidement sa main dans la mienne, elle avait les ongles un peu longs, et je serrais sa main dans la mienne en l'aidant à se relever.

[...]

Une fois que Lilith avait fini de pleurer et qu'elle s'était calmée, on était sortis du manoir pour aller dans les jardins du manoir. On était assis sur le banc et Lilith regardait ses chaussures en les balançant légèrement dans le vide, elle était plus petite que moi et ses pieds ne touchaient pas le sol.

Lilith : En quoi va consister mon travail de messagère ?

Moi : Tu viendras en aide aux vivants et aux morts, ils ont tous quelque chose à se reprocher – peu importe leur faute – et ils ne seront pas tranquilles tant que leur esprit ne sera pas débarrassé de cette peine.

Lilith : Je suis comme la justice entre les morts et les vivants ?

Moi : Oui, c'est ça. Tu as tout compris.

Je la regardais et elle continuait de regarder ses chaussures en balançant ses jambes, ses épaules étaient toujours baissées.

Lilith : Tu crois que mes parents sont tristes de savoir que...

Moi : Que tu es morte ?

Lilith : Oui...

Moi : Je pense que oui.

Elle mettait sa main dans la poche de son gilet à capuche et elle sortait une étiquette qu'on mettait sur les valises puis elle la tendait vers moi.

Moi : C'est quoi ?

Lilith : C'est de ma mère... c'était inscrit à l'arrière de mon nom et de mon prénom.

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