Chapitre XXXIII
Xi et cette guerrière traversèrent une allée bondée. Leurs habitants leur jetèrent des regards curieux, sans jamais s'avancer.
Bientôt s'imposa à elles un haut édifice à la façade soignée. Ici flottaient des drapeaux noirs, marchaient des gardes et trônait une large double-porte de bois. Que renfermait-elle ? Ce qu'avaient rapporté des archives – férocité et effusions de sang ?
Non ; juste de nombreux autres battants, des fonctionnaires hâtés et un secrétaire installé derrière un comptoir ciré, dans une vaste antichambre au sol de marbre.
— Notre Diable ? s'étonna-t-il. Il est avec ses collègues. Navré, il ne pourra vous recevoir que dans six semaines et trois jours...
— Il sera compliqué de patienter tant de temps, intervint la soldate. Cette jeune femme se nomme Xi. L'humaine tombée du Ciel, l'acolyte de la Phoe qu'on recherche.
Ni une ni deux, il courut dans un corridor annexe, pâle comme de la craie. Au lieu d'attendre six semaines et trois jours, la démone et la combattante s'assirent brièvement sur un banc. La seconde étudia les cloisons de briques plates et le plafond arqué dans un mélange de fascination et de dégoût.
— Je ne comprends pas votre monde, balança-t-elle de but en blanc. Vous semblez bien lotis. Pourquoi défier le Paradis ? C'est absurde.
— Cela fait mille sept cents soixante-seize ans que nous nous opposons – et ils ne lâchent pas le morceau, lâcha cette dame.
À la poubelle, son ton soutenu.
— Je l'ai vue de mes propres yeux, l'arrogance des Dieux. Ils souhaitent dominer le monde entier. Nous étions une minorité à trouver ça abject. Contrôler la race humaine ? Ce n'est pas de l'honneur, mais de la tyrannie ! Qui se fout de la façon dont vous devez faire la guerre, cultiver votre blé ou naviguer vos bateaux ?!
— Vous y étiez ? questionna Xi, l'œil plissé.
— J'étais Déesse de la Guerre, s'emballa-t-elle, et je créais des horreurs. Notre Dieu Suprême, à bannir des mots et refiler des punitions, me tapait sur les nerfs. Liberté, volonté d'équilibrer notre Monde ? Une blague ! Ils ne souhaitent que le pouvoir ! Alors, pourquoi ne pas créer un second Paradis ? Même des humains nous ont rejoints, dans notre première guerre contre eux. Et on nous a bannis car on a voulu révolutionner les Cieux ! Ce que vous voyez autour de vous, Xi, c'est le Paradis. Là-haut ne résident que des élites avides de pouvoir. Notre règne à nous, jetés dans le monde des mortels et livrés à notre sort, se veut juste !
— Attendez, l'arrêta Xi. Des humains vous ont rejoints ? Je pensais qu'on ne pouvait pas rester là si on était mortel.
— Tous ceux que vous avez croisé descendent de ces humains, et sont devenus immortels sous l'influence de la dimension que nous avons réussi à créer. On ne connaît pas la mort. On ne connaît pas les nécroses. Et nos représentants, eux, sont élus.
La colère bouillonna peu à peu dans les entrailles de Xi.
— Et vos malédictions, cracha-t-elle. C'est « juste », peut-être ?
— On n'a pas le choix ! se défendit sèchement la garde. On a dû se nourrir de pactes, de souffrance et d'Âmes, car les Dieux monopolisaient toute autre source de pouvoir ! Ça fait pas plaisir, de voir des gens crever, hein ! On n'est pas parfaits non plus : on est passés d'empire à royauté à république à empire à république, mais on se fait entendre, au moins ! On est normaux !
Elle enchaîna ainsi sur la poignée de Dieux étant devenus les premiers Diables et la propagande qu'ils avaient diffusé chez la race humaine. Elle détailla leur société « équilibrée », leurs souhaits « bien plus purs », leurs regrets que leurs premiers affrontements à l'épée aient enclenché des catastrophes naturelles, et leur soudaine baisse de popularité depuis un demi millénaire.
Xi n'eut cure du pourquoi du comment. Superbe, les premiers Diables étaient d'anciens Dieux. Génial, ils se sentaient si coupables de maudire des Hommes comme source d'énergie. Impressionnant, ils tentaient d'instaurer une démocratie tordue uniquement basée sur des traditions.
Mais surtout, j'ai déniché si peu d'archives sur eux à cause de ce déclin de popularité. Chez nous, comprit-elle, mi-figue mi-raisin, ce manque d'informations sur les Enfers vient donc de là. À quoi bon s'intéresser à eux et étudier leur histoire, si on n'en a rien à carrer ?
Aucun temple à leur nom, pas la moindre statue les représentant : tout s'emboîtait désormais. Elle se sentit bien fière d'avoir persévéré jusqu'à trouver des réponses. Elle se concentra donc enfin sur les attaques et les parades qu'elle allait user contre Neeh.
Le secrétaire revint alors ; il les conduisit jusqu'à Neeh même, dans une vaste pièce ronde. Elle ne différait pas bien du hall, au détail près qu'ici, le Diable était armé. Il ordonna à cette ancienne Déesse de disposer, puis fit face à Xi.
— Je comprends mieux pourquoi vous avez souhaité me défier. Navré de ne pas vous avoir reconnue, soupira-t-il.
Les rayons du soleil, filtrés par des carreaux encastrés dans une façade, enflammait ses mèches rouquines.
— Quel est le motif de votre venue ?
— Juste prendre votre place. On peut commencer ? Je n'ai pas de temps à perdre.
— Prendre ma place ?! s'étrangla-t-il. Attendez, je ne peux pas prendre une décision pareille à la légère !
« Quelque chose était étrange dans son comportement », résonna dans son crâne la voix de sa partenaire. « Parfois, elle semblait se forcer. J'aurais pu l'utiliser contre elle... » Xi tenta de calmer son pouls emballé et la pression compressant son crâne. Analyser. Dénicher des failles. Elle en était capable, car elle ne souffrait pas d'innombrables années tordues et de trois deuils catastrophiques.
Il n'y avait rien chez cette Phoe. Neeh, lui, est peut-être différent. C'est le Diable, après tout, et il est directement affecté par cette pluralité des mondes.
— Vous hésitez ? s'étonna-t-elle avec franchise.
— Vous êtes humaine. Vous abattre comme ça...
— Donc votre comportement est incohérent aussi ? Quelque chose vous contredit ? Vous vous bridez, ou on vous bride ? Pourquoi m'épargner, si je suis une menace ?
Et Neeh de se figer de pied en cap. Ses yeux manquaient de sauter de leurs orbites, tant ils s'écarquillaient sous l'horreur. Cette scène extasia tant Xi que sa poitrine s'allégea d'un coup. Le Diable, tirer une tronche aussi estomaquée. Pouvait-elle lui faire roter du sang ou vomir ses tripes ? Je veux essayer, s'émerveilla-t-elle.
L'adrénaline électrisa ses muscles ; elle éclata de rire sans même s'en rendre compte. La face éclatée de Liz et l'expression détruire de sa Phoe à elle tournoyèrent à pleine vitesse dans son esprit. Leur bourreau se tenait juste devant elle, si estomaqué qu'il restait de marbre !
Quelque chose s'éteignit alors, dans ses pupilles : elle le désigna en se gaussant, les larmes aux yeux. Puisque tant de pourpre manquait aux Enfers, puisqu'elle n'en avait pas vu une seule goutte et avait les crocs, elle se devait d'en faire couler. Cette idée primaire était si orgasmique qu'elle la faisait trembler.
— J'en étais sûre ! s'extasia-t-elle. Vous êtes un vrai esclave, hein ?! J'adore. J'adore ! C'est qui qui fait ça, vos ancêtres, vos collègues ? Vos traditions vous montent à la tête ? Vous ressemblez à un pantin, c'est énorme ! Dites, vous pouvez refaire cette expression ? La gueule que vous avez tirée, là, quand je vous ai causé !
— Attrapez-la ! hurla-t-on soudain.
Elle se retourna derechef ; l'individu lui ayant foncé dessus tomba par terre, décapité. Sa tête vola au loin dans une traînée de sang, pour atterrir sur les dalles impeccables. Emportée dans son élan, Xi glissa dans un petit cri ; la pointe de son sabre crissa à ses pieds, cinglant ses tympans au passage.
Plus on l'étudiait comme si elle était un monstre, plus sa bouche s'étirait. Cela faisait tant de bien de se défouler, après sept laborieuses années. Mais restait Neeh : si elle l'abattait avant les autres, allait-on la laisser tranquille ?
De toute façon, il faut que je prenne sa place.
Elle se tourna de nouveau vers lui.
— Donc, le duel ? Oui, non ?
— Sortez, souffla-t-il.
Sa voix rauque lui cloua le bec. « Sortez » ? Il lui ordonnait de sortir ? Non, son regard se fixait sur ses gentils petits soldats derrière. Ils protestèrent un instant, à babiller des « mais elle est tarée ! », « on doit vous garder ! » ou autres paroles si honorables.
Cependant, Neeh finit par beugler pour de bon un « partez et ne daignez pas contacter les Cieux ! », et les souris effrayées qu'ils étaient décampèrent la queue entre les jambes. Tout amusement quitta Xi, seule restait sa profonde soif de sang. Elle se retourna avec lenteur vers le Diable. Il agrippait sa tignasse de l'une de ses mains, l'œil rond.
— Je comprends pas, laissa-t-elle tomber. Vous avez l'air d'être un bon gars, en-dehors de votre boulot. Pourquoi vous gueulez, d'un coup ? Incohérent.
— Xi. Où est Phoe ?
— Par terre dans ma chambre.
— Pas notre Phoe, murmura-t-il, mais la Phoe responsable de toute cette situation.
— Oui, c'est elle.
Il lui lança un regard complètement désorienté.
— Ça ne peut pas être elle, contra-t-il du bout des lèvres. Je l'ai déjà interrogée, et elle est à mes côtés depuis des décennies.
— N'importe-qui peut être un traître. Du coup, on se bat, ou pas ?
— Mais qui vous accompagne, alors ?!
— Vous me cassez les couilles ! mugit-elle.
Là-dessus fonça-t-elle vers lui, car trop de rage bouillonnait dans ses entrailles. Démembrer. Dépecer. Décapiter. Pour Liz et Liz, et pour son frère aussi. Ce Diable-ci n'y était peut-être pour rien ; néanmoins, il gérait les Enfers. Et ce raccourci immature, aveugle, bourré de déni, suffisait à Xi pour l'assaillir de toute sa hargne.
Mais on para sa première attaque et la balança d'un violent coup de pied dans le ventre. Elle roula par terre en toussant : son estomac lui hurlait déjà de cesser, de se rendre et d'abandonner – au bout de la première seconde ! Cependant, elle ordonnait son corps, et pas l'inverse. Il n'avait jamais eu, n'avait pas et n'allait jamais avoir l'ascendant sur elle. Même à sa mort, son âme allait subsister et épouvanter chaque démon passant par là.
Alors, lorsque le Diable se jeta sur elle épée en avant, elle pirouetta à la dernière seconde. Elle leva son cimeterre et hacha l'air dans un long rugissement. Seule sa pointe frôla la joue de Neeh : il bondissait déjà en arrière. Mais en Enfer, on ne se tournait pas autour, on ne jaugeait pas l'adversaire.
On fonçait juste, et Xi l'apprit à ses dépends, car le sale coup qu'encaissa sa cotte de maille la clouta contre le marbre. De nouveau, elle roula, puis dérapa, puis se releva, puis esquiva.
Elle ne faisait plus que reculer. Ce duel n'était pas un duel : elle subissait une agression, le moindre faux pas lui coûterait la vie. Pour la première fois depuis sa naissance, on la tenait en haleine et on la terrifiait, à la surplomber ainsi et se jouer de son ridicule statut d'humaine.
Humaine, elle ne souhaitait plus l'être. On la dominait tant qu'elle manquait de fondre en larmes. Si seulement elle pouvait s'élever au rang d'enfoirée de première ; mais non, on lui empêchait de placer un seul coup fatal. Il ne lui restait plus que les mots, cette arme qu'elle maîtrisait comme un bambin.
Dès qu'elle bloqua un coup massif de Neeh, glissant en arrière au passage, elle braqua ses yeux farouches sur lui. Peu importait ce qu'elle sortait, elle avait besoin de l'hurler.
— Un ilote qui sait se battre ! cria-t-elle désespérément. Vous devriez bouffer de la merde, alors, puisque vous n'êtes qu'une marionnette ! Chez nous, on leur pisse dessus ! Allez, inclinez-vous trois secondes pour les imiter, puisque votre système est si juste et ressemblant à notre race mortelle !
Au désarroi de Neeh s'imposa une profonde irritation : il enfonça puissamment son poing... dans du vide. Xi l'évita enfin, saisit son poignet et le jeta cul par dessus tête. Sa face d'enfant perdu effleura à peine le sol quand elle prit son sabre à deux mains et le planta dans sa joue en s'époumonant.
La langue de Neeh frétilla à l'air, puis glissa plus loin dans un bruit flasque. Du sang s'échappa en masse de sa bouche hurlante ; cette douleur-ci devait surpasser un démembrement, car les prunelles rétractées du Diable tremblaient et alternaient entre le blanc flamboyant et le néant total.
Si satisfaisant, si jouissif. Son mitige et ses prémices de regrets parasitant son meurtre imminent, Xi les cacha tant bien que mal sous sa montagne de furie. Après avoir beuglé, elle pouvait enfin tuer. Son épée, elle la reprit sèchement et l'abattit une dernière fois ; un crissement l'arrêta net. Neeh l'avait bloquée de son bras armuré et se redressait en tremblotant sous la force de la jeune femme.
Puis, sa lame à lui aussi jaillit. Elle l'écarta de justesse. Un peu plus, et il l'aurait empalée. Il se mettait désormais sur un genou, une main plaquée sur la bouche. Vraiment, il n'avait qu'à fléchir pour qu'elle le découronne : pourquoi résister ainsi ?
Car il a un poste à tenir. Et son poste, il devait sacrément le chérir, car il lança son poing nu vers la mâchoire de Xi. Elle l'évita d'un poil. Un pauvre centimètre pour qu'il se relève et fende les airs à pleine vitesse.
Xi ne ressentit aucune douleur. Elle entendit sa cotte de mailles craqueler, vit du sang gicler, perçut une bouffée de chaleur agresser son biceps – c'était tout. Ne souffrait-on donc de rien, lorsqu'on se faisait taillader le bras ?
Ses doigts lâchèrent son sabre, hors de son contrôle ; elle le reprit de sa main gauche. En face d'elle, Neeh planta deux iris profondément mitigés dans les siens. Pourquoi tirer un air de chien battu ? Elle était son adversaire. Qu'il sorte victorieux était irrémédiable. Elle avait pu se battre à mains nues contre Phoe, mais le Diable démontrait bien plus de puissance. Des êtres étrangers, lointains, l'influençaient-ils de nouveau ?
Désormais, il allait lui trancher la tête à n'importe-quel instant – et il prit son temps. Quelque chose clochait, chez lui, remarqua-t-elle au beau milieu de sa propre confusion. Ainsi dent serrées, visage suant, paupières écarquillées au possible et membres tremblotants, il semblait retenir ses propres muscles de l'achever.
— Pourquoi vous ne bougez pas, monsieur le Diable ?
Il se jeta illico sur elle, bloqua ses épaules et enfonça sèchement son genou dans ses abdominaux. Une vive souffrance remonta sa trachée ; à peine crachait-elle de la bile qu'il la poussait en arrière avec brutalité, pour lui mettre un vif crochet dans l'arcade. Du pourpre l'aveugla, elle vacilla en hoquetant, son épée vola au loin avec fracas. À l'instant où elle posa ses yeux brûlant de rage et de confusion sur lui, il écrasa avec force son talon dans son ventre, l'envoyant voler pour de bon.
Elle s'écroula aux côtés de son arme tel un vieux sac de pommes de terre. Ses tripes, elle les vomit enfin : la moindre parcelle de son corps grelottait pitoyablement. Mais ce qui la frustra le plus furent ses propres sanglots. Elle était une ordure ; car à cet instant précis, elle aurait cent fois préféré échanger la vie de Phoe contre la sienne.
« Je veux survivre, même si elle disparaît ». Je suis la pire merde du monde... Elle qui a attendu un siècle crèvera car je n'ai pas tenu dix minutes... ? Si elle abandonnait la partie, les baisers et les promesses qu'elles avaient partagés n'allait plus se résumer qu'à de la poudre aux yeux. Or, Xi avait toujours cru être tout, sauf une hypocrite. Et voici qu'elle s'apprêtait à user de toutes les supplications possibles pour qu'on l'épargne...
Mais dans un monde éternel, je ne peux pas vivre en tant que mortelle..., se souvint-elle lentement. Alors, le démon courant encore vers elle, elle allait le vaincre. Même s'il la surpassait, elle devait au moins essayer. Jusqu'à ce qu'on lui tranche un bras et l'empale, comme Phoe l'avait subi...
Non, je ne veux pas de ça ! Elle prit son arme en geignant et se redressa sur ses genoux faiblards. Neeh ne faisait que son travail, elle avait déclenché ce combat puant l'injustice – et elle réalisait désormais que, ces sept dernières années, elle n'avait cherché qu'à blâmer les autres pour la mort de son frère et de Liz. C'était tombé sur le Diable, alors que cela crevait les yeux : il ne souhaitait pas tuer.
Xi n'était qu'une gamine incapable de faire ses deuils. Le constater la torturait déjà ; qu'allait-il se passer, si elle l'intégrait ? Et j'ai tiré Loë, Phoe et Shazar là-dedans. Si Phoe se fait choper, si Shazar est mort, ça sera de ma faute. Je n'aurais réussi à épargner que Loë...
Son sabre tremblotant rencontra une dernière fois celui d'un Neeh pâle et haletant. Elle pirouetta en arrière sous l'impact. Voici qu'il se dressait de nouveau devant elle, à déglutir avec malaise. On aurait dit qu'il s'apprêtait à tuer un chaton non désiré, et pourtant si dur à achever.
Puisqu'elle allait mourir, Xi se dressa sur son cimeterre, un genou à terre, dans l'exacte position futile dans laquelle elle souhaitait mourir, car cette image dégageait tant de dignité. Non, ce n'était pas suffisant, elle devait au moins esquisser un dernier coup. Mais le moindre mouvement la martyrisait : elle ne parvint qu'à pointer son épée face à elle d'un geste chétif, hors d'haleine.
La suite, elle ne la ressentit pas, car ce monde-ci l'abandonna pour de bon. Sa lame planta du vide, l'obscurité chuta sur elle d'un coup, une lumière aveuglante agressa soudain ses pupilles, quelque chose de mou s'empala sur son sabre, on hoqueta dans la foulée.
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