Chapitre XXVI

Empire de Donya, Forêts du Nord, 1776

Liz ralentit le frénétique galop de son cheval ; à ses côtés, Loë, Xi et Shazar passèrent aussi au trot. Visage couvert de transpiration et d'égratignures, teint pâle, yeux écarquillé. Seule la seconde poussa un long soupir, puis sortit un rire nerveux. Il résonna sur les larges arbres du bois, bien plus sombre, qu'ils avaient pénétré depuis trente bonnes minutes déjà.

— Ces Sangliers... J'ai vraiment cru qu'ils allaient nous défoncer !

Elle se tourna vers sa partenaire, un petit sourire tremblotant aux lèvres.

— T'en as abattu combien ? Perso... Je crois, trois... ? Un exploit, je vous dis...

— Deux, souffla Liz. C'est déjà trop. Shazar, Loë, ça va ?

Le premier leva le pouce, le second essuya son front de son éternelle anxiété.

— Personnellement, débita-t-il, j'ai cru y passer. Mais ça va, sinon. Vous êtes vraiment les filles les plus tarées de ce monde... C'était quoi, cette chasse ?!

— C'est pourquoi on va si bien ensemble, railla Xi dans un rictus.

Puis, elle retrouva peu à peu son sérieux. Elle repense à sa mère, conjectura Liz, l'œil bas.

— Il faut y aller. On a beau les avoir dépassés, il nous reste encore du chemin avant d'atteindre le massif du nord-est.

— Risquer sa vie pour des Diables qui n'existent pas même, c'est du grand n'importe-quoi, grommela Loë. Au moins, on voit du paysage. Genre, cette forêt...

— Je ne l'aime pas, débita soudain Shazar.

Tous se tournèrent vers lui avec surprise : il étudiait la moindre ombre rampant autour d'eux. Là seulement Liz remarqua-t-elle que chaque parcelle de verdure se penchait sur eux, ou les surplombait, ou tentait même de les étrangler. Elle déglutit avec malaise. Puis une main rassurante se posa sur son épaule.

Xi lui souriait, mi-franche, mi-anxieuse.

— On ne va pas s'arrêter là, toi et moi, si ? murmura-t-elle. On s'est promis d'aller voir ces Diables ensemble.

— Bien sûr que non, on ne s'arrête pas là, bougonna l'intéressée. Mais les deux derrière...

Deux lourdes chutes interrompirent sa phrase : les combattantes se retournèrent en chœur. Parmi « les deux derrière », Shazar était désormais étalé par terre, Loë l'étudiait avec surprise, et une nuée de papillons bruns s'envolait dans toutes les directions tels des bêtes affamées depuis des siècles déjà.

— C'est quoi, ça ? s'étonna Liz. Il s'est évanoui ?

Loë descendit de son cheval, les sourcils froncés.

— Tu penses qu'il a la phobie des papillons ? brocarda Xi.

— Idiote, grommela Loë. Il a dû avoir du mal à encaisser vos folies contre les Sangliers.

Elles sautèrent à terre, pour s'avancer vers l'alchimiste, prêtes à secouer Shazar comme elles le faisaient chaque matin. Mais toute couleur moururent de leurs traits dès qu'elles le retourna. Membres mous, bouches entrouvertes, bave au coin des lèvres...

Et yeux écarquillés sur du vide.

Liz bondit en arrière sous l'urgence ; les autres se glacèrent de pied en cap. Xi finit par s'avancer et passa une main secouée de soubresauts dans le cou de Shazar. Quelques touchers plus tard, un gémissement s'échappa de sa gorge. Ce gémissement se transforma en cri déchiré. Ce cri déchiré éclata tous les claquements des ailes des papillons voletant au-dessus d'elles.

Xi empoignait ses cheveux avec violence, à se déchirer les cordes vocales comme elle ne l'avait plus fait depuis sept ans. Sa compagne discerna les mots « dévoreurs d'âmes », « fils de pute », « crever », « vieux chiens » ; et le reste se transforma en babillage incompréhensible. Loë, lui, chancela en arrière d'une expression fantomatique. Ses lèvres formèrent des mots qui ne sortirent jamais. Pétrifié, à l'exact opposé de sa meilleure amie.

Les Papillons ridicules dont ils ont parlé au village... ? Ils ne sont pas sérieux ?! Elle leva enfin les yeux vers la nuée brune filant au-dessus d'eux : l'urgence la foudroya sur place. Là où Loë eut la décence de crier « couvrez-vous la peau ! », elle chahuta jusqu'à Xi, se prit les pieds dans une racine... et tomba droit vers un nid de ces insectes meurtriers.

Le temps passa au ralenti. Elle perçut son cœur cesser de battre, son souffle se couper sous le choc, Loë hurler, deux mains la pousser avec force.

On venait de la balancer puissamment au loin. Elle roula sur trois bons mètres, à rebondir sur pierres dures et branchages perçantes et ronces piquantes. Xi. Xi, qui lui servit un regard tiraillé, leur hurla de se barrer et disparut derrière cinquante bêtes frétillantes.

Liz se haït. Elle bondit sur son cheval en ramassant un Loë pétrifié par l'horreur et se haït. Elle fonça telle une démente dans la forêt et se haït. Derrière restaient les cadavres de ses deux amis...

... et elle se haït tant qu'elle s'en serait jetée d'une falaise.

Le lendemain, son cheval s'évanouit purement et simplement ; alors, elle courut d'elle-même dans les plaines, traînant par automatisme Loë derrière elle. Lui n'agissait plus. Il la suivait comme un pantin. Elle l'aurait pris pour un cadavre, s'il n'haletait pas aussi et que des larmes ne roulaient pas sur ses joues.

Liz n'avait pas le droit de dormir. Elle n'avait pas le droit de s'arrêter. « Casse-toi » : ce dernier vœu, le corps de Shazar, la fin invisible de Xi, la tinrent éveillée des jours durant. Elle surveillait frénétiquement le moindre mouvement de Loë, le porta lorsqu'il perdit conscience, continua sa route urgente et démentielle. Mais là où son esprit l'écartelait, son corps parla à sa place : ce fut à son tour de chuter dans le noir complet.

Elle se réveilla dans une hutte. Elle tenta de s'enfuir – en vain, car il paraissait qu'elle tirait une « tête de déterrée », qu'elle ne devait pas « abandonner Loë » et qu'on n'allait pas la « laisser partir dans cet état ! ». Elle resta là des jours, des semaines, des mois durant, embourbée dans des cauchemars insupportables et loin d'un Loë cloîtré dans sa propre chambre. Ils n'échangeaient plus un mot. Aucune parole n'était nécessaire.

Ils étaient des lâches, ils auraient dû y passer. Mais ils avaient fui. Liz n'avait pas même besoin de regarder son ami pour savoir que les remords et le désespoir le rongeaient ; cependant, la force lui manquait, elle se transformait en coquille vide.

Lui devint un fantôme. Bientôt, elle ne le vit plus. Et quand elle se résigna à frapper à sa porte, tout ce qu'elle trouva fut un cadavre fraîchement pendu.

Liz était seule. Elle s'y était préparée, et pourtant, le suicide de son dernier ami la noya pour de bon.

Elle n'en pouvait plus. Ce n'était pas juste : alors qu'il avait eu le droit de mettre fin à ses jours sous son œil aveugle, pourquoi l'empêchait-on elle de partir se noyer dans un fleuve, s'empaler au fond d'un ravin, se jeter du haut d'une montagne ? Se jeter du haut d'une montagne. Les montagnes...

Les montagnes, derrière lesquelles régnait les Enfers.

Xi avait souhaité y retrouver sa mère et son frère ; et Liz, alors qu'elle cramponnait la tresse blonde de sa compagne depuis deux ans déjà à errer tel un spectre, saisit peu à peu l'intensité de la haine ayant dû la dévorer. Néanmoins, cette haine, elle ne la ressentait pas. Seul régnait un déchirement affreux.

Mais les Dieux ne parurent pas l'entendre, malgré ses prières à rallonge : alors, il ne restait plus que le Diable.

***

Enfers, 1778

— Tu as erré pendant deux ans avant de venir ? s'étonna la Diablesse.

Liz se contenta de rester agenouillée à terre, les paupières tombantes. Elle ne savait plus comment elle était arrivée là. Elle se souvenait d'innombrables monts, d'un dragon, d'un gouffre, et c'était tout.

Je ne devrais pas avoir les jambes cassées... ? Elle ne voyait que ses mains crispées sur une roche grise. Du reste, ses longs cheveux corbeau cachaient toute scène se déroulant autour. Xi aurait aimé voir à quoi ressemblait l'Antre du Diable.

Mais Liz n'en entendait que des murmures stupéfaits et le long soupir de la Diablesse en face.

— Nos Papillons Dévoreurs d'Âmes ont en effet tué deux personnes... C'était donc tes amis. Je suis désolée, Liz, mais je ne peux pas faire grand-chose pour toi. Ressusciter n'est pas même dans les cordes de ces fichus Dieux, grommela-t-elle, alors chez nous...

La jeune femme l'entendit racler ses semelles contre le sol.

— Bon, continua-t-on. Reste un problème. Une mortelle qui franchit la frontière des Dieux ou des Diables ne peut pas sortir. Pour la faire courte, soit tu meurs, soit tu deviens immortelle. Cela dit, ici... Eh bien, c'est un poil compliqué ? Je veux dire, je ne peux pas créer des Diables à la pelle. On est élus...

— Les archives, énonça difficilement Liz.

On se tut avec surprise, en face.

— Les archives disaient qu'à l'issue d'un duel... on pouvait prendre votre place. Alors, je vous défie en duel..., murmura-t-elle.

— Tu n'es pas en état, lui fit-on remarquer.

— Je ne peux pas rester là, chevrota-t-elle. Xi voulait, elle voulait vous voir et vous défoncer car sa mère est morte, et elle est morte à son tour, et Loë et Shazar aussi, et je dois les revoir, je ne peux pas...

Elle s'arracha une touffe de cheveux, secouée par une brutale honte.

— Je ne peux pas rester une incapable ! hurla-t-elle.

— J'ai l'oreille sensible..., grommela la Diablesse. Tu vas perdre, tu le sais ?

— Je m'en fous. Même si je meurs... peu importe...

... car je veux juste finir le travail de Xi. Car elle est morte à ma place... Cette pensée l'habita du début jusqu'à la fin de leur duel. Elle s'obstina même lorsque son bras vola sous la lame de la Diablesse et qu'elle tomba à genoux en s'égosillant. Son épée claqua au sol, du sang l'éclaboussa en masse, son visage se refroidit peu à peu.

— Arrête-toi là. Tu te fais du mal.

Elle ne s'arrêta pas. Mais à la seconde où elle se releva, où elle découvrit enfin le long visage de son opposante, celle-ci planta son sabre dans son estomac : des étoiles dansèrent devant ses yeux exorbités. Aucune douleur ne suivit. Seul le goût amer du sang.

« Aucune douleur ». Non, cette douleur la submergea l'instant d'après. Liz se tortilla sur cette épée en s'époumonant du plus profond de ses entrailles. Son dos, le reste de son biceps, son plexus, tout, tout la martyrisa jusqu'à la rendre folle. Le monde s'évanouit, sa vision s'obscurcit, mais jamais ses hurlements ne moururent-ils.

— Un pacte ! s'égosilla-t-elle désespérément.

On retira derechef son arme de ses entrailles et la retint dans sa chute. Ces deux paumes lui ayant tailladée la peau l'aidèrent désormais à s'allonger, alors même qu'elle convulsait en s'étranglant. Aurait-on fait de même, là-haut ? L'aurait-on démembrée, puis cédée une option ?

Oui, car elle l'avait demandé.

— Un pacte ? répéta la Diablesse avec souci. Je peux, mais ça a un coût, et ce n'est pas...

Et Liz de fendre l'air d'un vif geste circulaire. La gorge de l'être éternel éclata à moitié : elle plaqua sa paume dessus, les dents serrées et le regard enflammé. Quelqu'un courut aussitôt vers elle, bandages en mains ; mais son teint pâlissait déjà, et celui de Liz commençait à regagner quelques couleurs.

Et cet étrange transfert de vie s'arrêta là, car on avait cessé l'hémorragie de la Diablesse et que la jeune femme perdait petit à petit conscience.

Elle se réveilla quelques heures plus tard, ou le lendemain, ou le surlendemain, elle n'en savait rien. Ici, ce n'était pas le monde des mortels : le soleil brillait toute la journée, et la titilla dès son retour.

La Diablesse était assise à son chevet, plus morose que jamais. Liz ne distinguait toujours pas ses cheveux, elle ne savait pas si elle avait coupé ses tresses – mais son exaspération, elle la sentait de là.

— Tu as failli me tuer, marronna-t-on. Et même prendre ma place. Bon sang, ça va vite. Faut jamais baisser sa garde...

Elle poussa un court soupir.

— Ton bras a repoussé, fit-elle remarquer. Tu m'as volée une partie de mon immortalité. Félicitations. Donc, ce pacte ? Tu es sûre de toi ?

Liz, au beau milieu de sa stupéfaction, hocha la tête sans réfléchir. Protéger Xi, Loë et Shazar. Donner à Liz les outils pour empêcher son voyage, et promettre de la détourner du Diable.

— Mais si tu n'y arrives pas, ça ne me portera pas préjudice, expliqua la Diablesse. Je vais littéralement te renvoyer dans le passé, te transférer dans un autre monde.

— Un autre monde... ?

Cette Diablesse se pinça l'arête du nez.

— Tu es chez les êtres éternels, là. Tu as vu la météo dehors ? On ne connaît pas de nuit ni de jour. On est obligé de se baser sur le monde des mortels pour compter les heures. Notre dimension n'a rien à voir avec la votre – ce n'est pas pour rien qu'un humain ne peut pas sortir. Et puis, l'existence de plusieurs Diables alors qu'il n'y en a qu'un seul, ça ne t'a jamais paru complètement loufoque ? Conséquence de l'existence de plusieurs mondes. Parfois, tel ou tel univers se frôle, et ça altère notre comportement.

Elle se pencha en avant, sa face toujours dissimulée.

— Ici, on peut vivre éternellement. Qui dit vie éternelle dit magouilles temporelles. Alors le temps, c'est dans nos cordes, bien qu'avec des restrictions précises. On évite de faire ça d'habitude, c'est particulièrement risqué avec les relations de cause à effet si on signe un pacte, mais tu as plus ou moins failli me tuer, donc je te dois ce contrat...

Court soupir.

— Seulement, tu auras beau mettre autant de bazar que tu voudras, il y a une règle à respecter : l'équilibre des morts.

L'horreur tordit les entrailles de Liz.

— Vous voulez dire..., chevrota-t-elle avec frénésie. Vous voulez dire que c'est impossible de les sauver ?!

— Ouah, du calme ! Non, je parle des deux morts qui ont enclenché l'incident – le frère et la mère de ton amie, je crois ? Navrée, mais ça ne pourra pas être changé.

Les mains ankylosées de Liz tressautèrent sous la pression.

— Pourquoi ? Ça n'a pas de sens. Pourquoi ces deux morts doivent être conservées, et les autres, évitées ?!

— Car c'est l'élément déclencheur ? répondit-on, le nez froncé. Tu m'as dit que tu voulais tout modifier à partir de son départ...

— Non, non ! Je veux tout modifier depuis son enfance !

— Dans ce cas, tu devras mourir.

Ces mots lui glacèrent le sang.

— Mourir... ? En mourant, je ne pourrai rien faire, chuchota-t-elle à pleine vitesse. Tout ça pour rien, et...

— Soit toi, soit ta version enfant, trancha la Diablesse. Ça ne me fait pas plaisir, mais même moi, je serais obligée de subir ça si je me renvoyais dans le passé. Tu ne te rends pas compte à quel point la manœuvre est risquée !

— Ça n'a aucun sens, débita Liz. Je peux changer les évènements, mais les morts...

— Je te dis que c'est un principe de causalité !

L'exclamation agacée de la démone lui cloua le bec. Elle ravala sa salive avec terreur, le pouls battant à tout rompre.

— Si tu veux arrêter le voyage de Xi, il faut que Xi commence son voyage – donc, que la cause de son voyage existe. Donc, que ces deux morts arrivent. Sinon, ça n'a pas de sens. Et il y aura deux toi dans cette dimension. Donc, il faudra que l'un des deux toi y passe.

— Moi, souffla la jeune femme.

La Diablesse haussa les sourcils.

— Toi qui ?

— Moi enfant. J'échange moi enfant contre la mère de Xi.

Et en retour, elle allait devoir faire de la Diablesse une future Diablesse.

— Je ne suis élue que depuis deux ans. Avant, c'était Neeh, mais il a été détrôné. Dans ton prochain monde... Bouscule ce que tu veux dans leur voyage, après ces deux morts. Mais ne perturbe jamais les Enfers.

Liz étudia ses mains. Son crâne s'embrumait petit à petit : faire un pacte avec le Diable ? Changer de monde, se tuer, détruire l'enfance de Xi pour mieux la réparer ? Un échec comme elle en était-il seulement capable ?

— Donc, une malédiction pour ton alter-ego et le frère de Xi..., énuméra alors la démone. Si tu essaies de la briser, tu meurs, donc il va falloir que tu forces les choses si besoin... Me réélire, essayer d'empêcher que Loë ne se suicide... Ah, je suis censée t'en donner les outils. Ici, on ne vend pas de la chance, grimaça-t-elle. Tu as une partie de mon immortalité, donc... Oh, je sais ! Tu peux me représenter. C'est-à-dire que mon futur moi te possédera à un moment – en te prévenant à l'avance –, et tu auras deux-trois capacités. Comme une seconde vie. Ou un lien avec les Papillons. Ce n'est pas pour autant que tu seras moi, ou que je serai toi...

— Pourriez-vous éclaircir ce point ? souffla Liz.

— Oui, certes. Mon esprit présent t'aidera jusqu'à ton but : sauver Xi, Loë et Shazar. Et une fois que ma promesse sera remplie, tu devras respecter la tienne. Ne pas bousculer les Enfers avant 1777, ce qui est déjà pas mal, selon moi. Et moins tu y arriveras, plus ton état sera faible, moins je respecterai ma promesse. C'est tout aussi donnant-donnant que perdant-perdant.

— Me posséder. Me parler. Quand ?

— Lors de situations épineuses.

Qu'appelait-elle situations épineuses ? Cette Diablesse n'avait-elle pas aussi des limites ? À glisser des « si » dans leur contrat, Liz doutait de plus en plus de la solidité de celui-ci.

Néanmoins, elle ne put rien y faire. De ce qu'elle comprit de ce discours alambiqué, cette Diablesse allait la posséder deux fois maximum. Le destin allait forcer Liz dans certaines de ses actions. Son rapport avec les Papillons Dévoreurs d'Âmes allait différer de celui qu'ils entretenaient avec les humains. Et enfin, Liz pouvait mourir une fois.

Lorsque Loë, Shazar et Xi allaient être hors de danger, Liz allait devoir s'atteler à empêcher cette dernière d'aller voir le Diable. En cas d'échec...

— En cas d'échec de ta part, conclut la Diablesse, ton existence sera éradiquée. Si c'est moi qui commets une erreur, cette partie de moi qui t'habitera parfois sera expulsée de ta tête. Maintenant, il va falloir que tu te forges une nouvelle identité avant de partir...

— Quel est votre nom ?

La voix rauque de Liz arrêta la démone dans ses mots. Elle baissa étrangement la tête : durant un court, très court instant, son air tourna au récalcitrant. Puis, une platitude sans nom se plaqua sur son visage. Pourquoi un tel changement de comportement ? Que venait-il de se passer ?

Elle reprit toutefois la parole, d'un timbre à la sobriété soufflante.

— Mon nom, à moi, est Phoe.

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