𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 15 : 𝓗𝓪𝓻𝓹𝓮𝓻

/!\ Ce chapitre contient des TW (violence, mutilation...). C'est certainement un chapitre important au niveau du passé d'Harper, mais pour les personnes sensibles à tout cela, vous pouvez le passer, vous comprendrez quand même la suite. /!\



Pourquoi ?

C'était la question qu'il devait se poser après tout.

Pourquoi est-ce que j'ai fumer un gros joint avant de venir en cours ?

Pourquoi est-ce qu'il va devoir vivre avec une fille qui n'en a plus rien à foutre de sa santé ?

Tant de question légitimes à se poser quand on me connaît.

Je ne suis vraiment pas une fille recommandable comme dirait mon père.

Je suis plutôt :

Une souillée, comme m'appelait mes anciens amis.

Une pute, comme me surnommait les inconnus qui me croisait.

Une honte pour la famille, comme aimait me le rappeler ma grand-mère.

Tant de jolie mot pour une fille comme moi, tant d'expressions pour qualifier ce que tout le monde pense que je suis, tant d'effort pour repartir à zéro mais devoir répondre à ces mêmes questions.

Une dépravée, comme disait Jude.

Une moins que rien, comme le pensait mes professeurs.

Une fille facile, était l'expression favorite de Ruth à mon égard.

J'en ai tellement bavé que je n'en ai plus rien à faire de mon image, elle a été détruite mainte et mainte fois de toute façon.

Ses parents doivent être déçue d'elle, j'entendais en me baladant lors de soirée.

Apparemment ce n'est pas une fille bien, disait quelques personne quand je passais à côté d'eux.

Qui a pu se soumettre si facilement à de tels actes, elle doit être du métier, ricanaient d'autres.

Cette dernière année a été une des plus difficiles pour moi. Le regard des autres, le jugement, le harcèlement, les tentatives de suicide, le mal que je me faisais à longueur de temps, la suite de ma relation avec Jude.

Aujourd'hui, je n'en ai que faire des commentaires, je suis froide et sans-âme comme le diraient beaucoup de gens, mais le sien m'a beaucoup affecté, j'étais dans un état second, ce qui n'était pas pratique pour être censée, mais ses remarques me reviennent en tête à chaque instant.

" Tu te rends compte que tu te détruis à cause de toutes ces merdes ou pas !"

"Tu veux que je te fasse un dessin de ce que tu vas devenir si tu continues !"

"Et arrête de te défoncer, ça va commencer à être remarqué."

J'arrive à la maison et ferme ma porte à clé derrière moi avant de me diriger vers la salle de bain. J'ouvre ma petite armoire à pharmacie et récupère mon briquet. Je m'assois sur le bord de la baignoire et je pleure.

Comment est-ce que j'ai pu devenir cette chose-là ?

J'allume mon briquet et regarde la flamme virevolter avant de diriger celle-ci vers mon poignet où se trouve d'ancienne cicatrice. La chaleur sur mes anciennes plaies me font du bien, ça fait mal, mais ça fait du bien. Je soigne la souffrance par la douleur.

Je l'éteins au bout de quelques minutes et refais une deuxième ligne sur le même poignet, puis une troisième, une quatrième et beaucoup d'autres encore jusqu'à la moitié de mon avant bras.

Je regarde mon bras rouge, très rouge et je continue de pleurer. Les larmes salés qui tombent sur les brûlures me piquent la peau. Je prends un bandage et de la crème que je pose délicatement sur mon bras avant de le bander et de poser du scotch dessus pour le maintenir en place.

Je me regarde dans le miroir, mon mascara dégouline sur mes joues, mes yeux sont rouges, mon visage est triste, vide de toutes autres émotions.

La sonnerie de mon téléphone me ramène à la réalité : Kai. Je décroche sans réfléchir en prenant la voie la plus neutre possible.

— Allô ? dis-je en décrochant.

— Harper, tu vas bien ? Je voulais simplement prendre de tes nouvelles puisque tu m'as ignorée aujourd'hui.

— Ce n'est pas le moment Kai, nous avons été clair quant à notre relation.

— Je sais, mais laisse-moi une chance.

— Non, je ne veux pas te faire de mal et me faire de mal alors, reste en dehors de tout ça, s'il te plaît.

Je raccroche rapidement et vais me coucher, je n'ai pas faim, ni soif, j'ai simplement mal.


J'entend une porte s'ouvrir et ma mère parler avec deux personnes et aucun n'est mon père... Ne me dites pas qu'ils ont avancé le déménagement...

— Harper ! Aspen et son père sont là !

Non, non, non, pas ce soir ! Je regarde mon bras, puis ma porte, puis mon bras et je finis par enfilé un gros pull avec un jean avant de sortir de ma chambre et de les rejoindre dans le petit salon.


Quand j'entre, Aspen me regarde de haut en bas et je lâche mon bras qui me fait mal pour n'éveiller aucun soupçons de sa part. Je les regarde assis là sans rien dire et les images me reviennent en tête, Jude et son père était assis à cet endroit, ils me regardaient, l'un avec un sourire victorieux, l'autre avec un dégoût atroce tout comme mes parents. Mes pieds me disent de partir, ma tête de rester et mon cœur de courir, mais je ne sais plus qui a raison sur quoi.

— Bonsoir, dis-je pas très à l'aise avec la situation.

Personne ne répond, je m'assois les jambes tremblantes, j'essaie de poser mon bras normalement sur l'accoudoir comme je le ferais habituellement, mais ça me lance. Et je sais qu'Aspen voit que ça ne va pas alors, quand la discussion démarre, je m'éclipse discrètement dans ma chambre.

— Qu'est-ce que tu as Harper, je croyais qu'on avait fait la paix.

— Exact. Ta chambre doit être au fond du couloir si tu veux.

— On emménage que demain.

— Cool, répondis-je avant de fermer la porte de ma chambre.

Mais, manque de pot, il la coince avec son pied, entre et ferme derrière lui.

— Tu as quoi à ton bras ?

Je ne dis rien et recule pour m'éloigner de lui.

— Harper...

— Ne t'inquiète pas pour moi...

Sans que je le vois, il s'avance vers moi, m'attrape le bras et j'étouffe un cri tandis qu'une larme roule sur ma joue. Son visage exprime de la tristesse quand il relève la manche et découvre le bandage taché de sang à certains endroits.

— Pourquoi ? me demande-t-il.

Pourquoi ? Quelle bonne question. Parce que j'ai l'impression de revivre certaine années d'être dans une spirale infernale, de ne pas pouvoir en sortir, d'étouffer, de ne pas être à ma place.

— Laisse-moi t'aider Harper, tu te fais du mal, tu es en danger.

— Tu ne comprends donc pas ! Je ne suis pas en danger, je suis mon danger, je suis ma source de problème et tu ne pourras rien y faire ! Ne cherche pas à me sauver, je ne suis pas une princesse, je suis...

Une ratée

Une traînée

Une salope

Quels sont les mots que tu veux utiliser Harper ?

— Je ne suis pas celle que tu crois. Laisse-moi maintenant.

Je me libère de sa prise et sors de ma chambre, de mon lieu de vie et part me balader dans la nuit New-Yorkaise avec l'envie d'oublier tout ce qu'il vient de se passer.

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