Oui, je ne suis qu'un pauvre con.

Quand elle est entré dans la chambre, j'ai eu peur, j'étais en train de pleurer et je déteste que l'on me voit comme ça et le fait qu'elle veuille parler de ce qu'il s'est passé tout à l'heure alors que je savais très bien ce qu'elle allait dire m'a mit hors de moi.

Il faut dire que les anti-dépresseurs ont aussi eu un petit effet sur moi et ce comportement digne d'un chien.

Même le chien serait plus poli connard.

Je l'ai blessée, je le sais. Mais je ne savais pas comment agir. Je reste donc devant la porte de ma chambre en attendant qu'elle sorte de la salle de bain et que je puisse m'excuser.

Après de longues minutes qui me semble des heures, je la vois sortir, ses cheveux lisses, bien maquillés et habillée pour aller à une soirée, elle me regarde, je la regarde et m'avance vers elle.

— Harper...je...

Elle me montre son majeur et part sans rien ajouter.

Tu as été une sous-merde, assume.

Non, c'est compliqué, j'ai été ingrat avec elle.

Je retourne vers ma chambre, mais quelque-chose m'interpelle.

Il me faut de l'alcool.

Je rebrousse donc chemin en m'assurant qu'elle ne soit plus là et entre dans sa chambre.

Une pile de vêtements jonche le sol, des joints sont roulés sur son bureau à côté d'une bouteille de Whisky qu'elle n'a pas entamer. Mais il y a également son téléphone qui, par chance, n'a pas de code. Je peux donc voir le message que Kai lui a envoyé :

Kai : J'ai hâte de te voir ce soir, on va passer une très bonne soirée.

Enfoiré.

Je n'ai pas mon mot à dire sur leur relation et sur aucune de ses relations d'ailleurs, parce que je ne suis rien pour elle.

Je n'ose pas prendre la bouteille, sachant que ça lui appartient, mais je reste un moment dans sa chambre en faisant attention aux moindres détails.

Le briquet est posé sur son bureau, il y a un peu de maquillage sur sa coiffeuse et son lit est complètement défait, comme si ça faisais plusieurs jours qu'il aérait.

Alors que j'allais sortir, un livre dépassant de sous le lit m'intrigue, je m'approche et le récupère en lisant le titre : "Live or survive, that is the question.", il n'y a pas de nom d'auteur, ni de nom de plumes, je reconnais également son écriture et comprends que c'est son journal intime, celui qui la connaît le mieux, celui à qui elle raconte tout ce qui ne va pas.

Je le repose à sa place, choisissant de ne pas le lire, par pur respect pour elle. Et je quitte sa chambre sans rien avoir pris.

— Allô Ayla, il est deux-heures du matin, qu'est-ce qu'il se passe ? demandé-je à moitié endormis.

J'entends la musique en fond et me doute qu'elle doit être de sortie.

— Euh... disons que... ça concerne Harper.

Je me redresse brutalement en prenant conscience de ce dont elle veut me parler.

— Je t'écoute, dis-je avec empressement.

— C'est ta copine ?

— Non, mais pourquoi cette question ?

— Parce que vous vous êtes embrassés et qu'actuellement, sa langue est dans la bouche de Kai, mais tout va bien du coup !

Elle a bu, c'est certain. Elle ne m'aurait jamais dit les choses comme ça autrement, elle y serait allé avec plus de tact. Mais puisqu'elle est enceinte et qu'elle a bu, ça veut dire qu'elle a pris la décision de ne pas le garder...

Mais là n'est pas la question, Kai et Harper sont de nouveau ensemble, tant mieux pour elle.

Tu ne penses pas un mot de ce que tu viens de dire.

En effet.

Et si j'allais à cette fête ? Non, mauvaise idée... Si je vais là-bas, ça va partir en provocation des deux côtés, je le sens. Mais j'ai envie d'y aller, d'essayer de lui montrer que ça ne m'atteins pas.

Bon, on dirait que ma décision est prise.

Je prends un taxi en bas de notre immeuble et lui communique l'adresse d'Hudson que j'ai auparavant demandé à Ayla à qui je dois également parler.

Je n'ai pas peur d'aller à cette fête sachant pertinemment ce qui m'attends là-bas. Mais quand même, il y a un petit stress de la rencontre, de la discussion, si elle a lieu évidemment.

J'arrive devant chez Hudson une petite quinzaine de minutes plus tard, paie le taxi et rejoint Ayla et Levi à l'extérieur, ils se regardent dans le blanc des yeux en souriant et ça me rend heureux pour elle.

— Ah, enfin tu es là ! s'exclame-t-elle quand j'arrive à leur niveau.

— Oui, j'ai réussi à venir.

Je regarde Levi qui me salue d'un signe de tête et dit à Ayla :

— Tu as pris une décision à ce que je vois.

— Oui... c'est triste à dire, mais je ne voulais plus rien de lui et je savais que si je le gardais une partie de moi lui en voudrais toujours puisqu'il me rappelle une mauvaise période... Dans quelques années j'aurais un enfant, mais aujourd'hui, ce n'est pas dans mes projets. Contrairement à lui ! crie-t-elle en se lançant dans les bras de Levi qui la rattrape de justesse.

Je souris en les regardant puis, repère Harper et Kai de l'autre côté, s'embrassant langoureusement. Harper me voit et me sourit malicieusement avant de reprendre là où elle en était avec lui.

Ça me met hors de moi, je ne sais pas pourquoi, mais ça m'énerve à un niveau assez élevé. J'aperçois à ce moment précis Ruth sans Jayce et m'avance vers elle.

— Salut, dis-je.

— Aspen, ça fait plaisir ! Qu'est-ce que tu veux ?

— J'ai besoin que tu me rendes un service...

— Dis-moi tout.

Je lui explique mon idée et elle acquiesce après quelques petites négociations qui joue en notre faveur que ce soit pour elle ou pour moi. On convient donc de se retrouver quand je serais un peu moins sobre ici.

J'entre dans la maison, salue quelques personnes au passage et me sers un premier verre de Vodka et utilise de jus de pomme pour diluer tout ça. J'en bois un, puis deux, puis trois et je commence à les sentir passer, mais ça me fais un bien fou.

Je commence à m'échapper dans mes pensées aussi sombres les unes que les autres, j'ai juste envie de tout brûler, d'effacer ses souvenirs qui me hantent chaque jour...

I don't want to be afraid
The deeper that I go
It takes my breath away

Panic at the disco ; House of memories

Je sors de la maison pour rejoindre Ruth, je ne sais plus si mon idée tient la route, mais tant pis, je ne suis plus en capacité de réfléchir désormais. Elle m'attend et quand j'arrive ses yeux s'écarquillent.

— Aspen, ça va ?

— Oui très bien, ne t'inquiète pas.

Je m'assure qu'Harper nous regarde et je fond sur les lèvres de Ruth, elle se laisse faire, nous langues se cherchent, nos souffles se saccadent, ses mains retrouvent leurs anciennes places sur ma nuque, mais je ne peux pas penser que c'est elle qui m'embrasse, dans ma tête, c'est Harper et seulement elle.

Je m'écarte d'elle au moment où elle me repousse et me dit :

— Je pense que je t'ai bien aidé. Tu me dois quelque-chose en retour...

Je vois Harper approcher et réponds seulement à Ruth :

— Tu me diras plus tard ok ?

Je pars en faisant le tour pour qu'elle me rejoigne tranquillement derrière la maison. Et être loin des yeux de Kai, parce que je n'ai pas envie qu'il s'incruste dans nos discussions.

Et j'avais raison, quand je me retourne elle est devant moi, un verre à la main.

— Je ne savais pas que tu étais du genre à manger ce que tu as vomi, me dit-elle.

— Je ne savais pas que tu étais pareille que moi.

Elle me fusille du regard et je fais de même.

— On s'est redonné une chance avec Kai. Mais Ruth est toujours avec Jayce, alors, nous ne sommes pas exactement les mêmes Aspen.

Je m'avance d'un pas.

— Effectivement, nous sommes loin d'être pareil.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

— Je ne joue pas sur deux tableaux, quand je joue, je vais jusqu'au bout du jeu. Mais tu as abandonné pour la facilité.

— Tu m'as rejeté, me coupe-t-elle.

Elle parle certainement de l'épisode dans ma chambre et je la comprends. Cette fois-ci c'est elle qui avance d'un pas.

— Pourquoi Ruth ? Tu pensais que ça m'atteindrait de te voir embrasser cette fille. Détrompe-toi.

— Ah oui ?

Je m'avance vers elle et penche son visage sur le sien.

— Oui, je me suis seulement posé une question, dit-elle.

— Laquelle ?

Elle me regarde droit dans les yeux et me demande :

— Pourquoi tu ne m'embrasse jamais comme ça ?