Chapitre XXV - Dernier souvenir
Un an et demi plus tard
L'obscurité de la pièce rendait l'atmosphère maladive. La pâleur du jour était filtrée par des rideaux épais, rendant l'ambiance putride et fiévreuse. Sur un grand lit à baldaquin, au centre d'une pièce vide, une femme poussait son dernier souffle. Son fils était à son chevet, s'arrachant les cheveux chaque fois qu'il ne voyait pas sa poitrine se relever. Il aurait du se faire à l'idée avec le temps, mais cela avait été trop dur. Et maintenant qu'il était au pied du mur, maintenant qu'il la voyait mourir, il regrettait ne pas avoir été avec elle plus longtemps.
La porte s'ouvrit sur sa femme. Son visage tendu et contracté allait à la perfection avec la scène qui lui faisait face.
-C'est Pansy, annonça-t-elle d'un ton froid.
La jalousie transparaissait clairement dans sa voix mais Drago n'y fit pas attention. Il se retourna vivement et l'autorisa à la faire entrer. Astoria laissa place à une femme dressée sur ses talons, portant une robe et une cape noire, boutonnée d'une chaîne en argent. Elle ôta ses gants en cuir et fixa le lit du malade. Son visage restait inexpressif, peint par une couche épaisse de maquillage et de rouge à lèvres noir.
-Tu es là, souffla le jeune homme avec des yeux brillants d'émotion.
-Je t'avais dit que je serais là pour sa fin. Je te l'avais promis.
Un sourire de remerciements brisa son expression désespérée. Elle déposa son chapeau et ses gants sur la table de nuit et s'assit au sol, à ses côtés. Narcissa semblait réveillée mais ouvrir les yeux lui demandait certainement trop d'efforts. Son mari avait été condamné à mort par la Justice Magique ce qui n'avait fait qu'accélérer la croissance de sa tumeur. On lui avait déjà offert quelques années de plus grâce à une potion, mais la maladie l'avait rattrapée aussi vite qu'elle s'était atténuée.
-Elle aura eut une belle vie.
-Elle méritait tellement mieux, fit-il en secouant la tête, le corps tremblant.
-Mais tu étais là. Je pense que ça lui suffisait amplement.
Après ces mots, elle posa sa tête contre son épaule et ferma les yeux. Le cri déchirant de Drago signa le dernier souffle de Narcissa. Elle était morte. Aux côté de son fils et de celle qui aurait pu être sa belle-fille. Pansy resta encore quelques heures à ses côtés, consolant son fils pleurant sa perte. Astoria lui ménagea une chambre pour qu'elle puisse assister aux funérailles. Deux jours après, on disposait déjà sa dépouille dans le caveau familial des Malefoy, aux côté de son époux. Drago refusa de manger les jours qui suivirent, s'enfermant dans son bureau avec ses bouteilles de Whisky Pur Feu et sa tristesse comme seules compagnes. Néanmoins, Pansy refusait de partir de nouveau sans dire un mot. Ce serait peut-être la dernière fois qu'elle le verrait. Elle ne lui avait pas fait d'autres promesses.
Aussi, elle toqua à la porte du bureau et entra. Il était assis sur un fauteuil près du feu, avec un verre d'alcool à moitié vide dans la main. Il la regarda prendre place en face de lui sans dire un mot. La danse des flammes créait des ombres vacillantes sur sa peau pâle.
-Je croyais que tu étais déjà partie.
-Des adieux sont nécessaires.
-Pourquoi ? Où vas-tu aller ?
Elle fixa elle aussi le feu, admirant les courbes que dessinait l'élément.
-Loin d'ici. Chez moi.
-L'Angleterre est chez toi.
-L'Angleterre m'a tout pris. J'ai tout recommencé en Italie.
Il lâcha un petit rire nerveux.
-L'Italie. Qu'espères-tu y trouver là-bas ? Des pizzas ?
-La paix.
Il passa une main sur son visage, dans ses cheveux puis but une gorgée de son verre.
-Et tu vis seule ?
-Je suis mariée.
Une toux faillit l'étrangler. Il mit du temps à se remettre de sa surprise, mais son teint resta livide.
-À un italien ?
-Non, à un russe, ironisa-t-elle.
-Tu l'aimes ?
-D'une certaine manière, oui.
-Mais pas comme tu m'as aimé.
-Je n'aimerai personne comme je t'ai aimé.
Cette fois-ci, elle plongea son regard dans le sien. Ils se faisaient face après une année et demi de séparation, assis près d'un feu qui les menaçait de les dévorer à tout moment.
-Alors reviens en Angleterre. Quitte le, je quitterai Astoria, on refera notre vie ensemble.
Elle soupira et reporta son regard vers les flammes, comme si sa réponse l'avait déçue. Pansy arborait une froideur singulière en elle, avec ses grands yeux noirs inexpressifs et sa bouche toujours dans la même position.
-Tu te rappelles de ce jour où j'étais allé chez toi alors que tu étais dehors avec Astoria ?
Il hocha lentement la tête, redoutant ses prochains mots.
-Bellatrix, ta tante, m'a dit quelque chose que je n'oublierai jamais. Je ne dirai pas que cela m'a changé, mais ses paroles ont contribué à mon changement. Ils m'ont révélés l'erreur que j'étais en train de commettre depuis des années.
-L'erreur ? Quelle erreur ?
-Toi, dit-elle comme si c'était évident. Elle m'a parlée de l'indépendance, de ce que cela signifiait vraiment. Elle m'a ordonné de ne jamais être blessée par quiconque, de garder mon cœur et mon âme pour moi-même. Elle était une meurtrière, une tueuse en série et elle m'a parlée de la vie mieux que personne. Je ne l'ai plus revue après, mais j'ai continué à suivre son conseil. Je me demande ce que j'aurais fait sans elle.
-Tu as cru cette folle ?
-Cette folle avait raison. Quoi que tu puisses penser, ces mots m'ont aidé à ne pas m'effondrer complètement.
-Elle ne voulait pas nous voir ensemble.
-Parce qu'elle savait ce qui se passait réellement. Elle a voulu me protéger.
-Ma tante ne protégeait pas, elle tuait.
-Les gens sont souvent bien plus compliqué que ce que l'on dit d'eux.
-Surtout toi, n'est-ce pas ?
Elle se retourna vivement, curieuse de ce qui allait venir.
-Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
-Tu es partie comme ça, sans rien dire. Tu m'as menti sur quelque chose d'important. Tu dis que je t'ai brisé quand ta souffrance provient en grande partie de tes secrets.
-Je suis partie parce qu'il n'y avait plus rien pour moi ici.
-Tu es partie après m'avoir avoué que l'enfant était de moi ! cria-t-il.
-Très bien, alors imagine un instant que j'eus avoué tout de suite qui était le père. Nos parents nous aurait marié de force, on aurait vécu toute notre vie avec un enfant fantôme entre nous. On se serait brisé par le temps, notre mariage aurait été un désastre. On est pas fait pour vivre ensemble, Drago. Je le savais à ce moment là, c'est pour cela que j'ai préféré mentir. Avec Blaise, j'avais une chance de tout laisser tomber. Je savais qu'avec toi, je n'aurai jamais eu le courage.
-Tu aurais pu me le dire en secret.
-Si quelqu'un l'avait su, la vérité aurait fini par éclater avant que je n'ai pu la révéler. Ce n'est pas ce que je voulais.
Elle se rendit alors compte de le grosses larmes coulaient sur ses joues. Il était si vulnérable. Prêt à s'écrouler à tout moment, au bord du précipice. Trop près du bord.
-Je t'ai fais du mal, je le sais. Mais tu n'es pas mieux. Ta souffrance était peut-être plus longue et agonisante, mais la mienne m'a frappée de plein fer.
Elle baissa la tête d'un air coupable. Ils étaient tous deux des âmes brisés, écorchés par leur vie et tous les obstacles auxquels ils avaient du faire face. Finalement, il n'y avait eu ni bourreau, ni victime. Les deux avaient contribué à la souffrance de l'autre, comme deux lions s'entre tuant dans une cage. Sauf que eux l'avaient fait au nom de l'amour. Là était toute la tragédie.
-Oublie-moi, et je t'oublierai.
Il ferma les yeux un instant, en proie à une vive réflexion.
-Tu es une personne qui ne peut pas être oubliée, Pansy. Je suis désolé, mais je ne peux pas.
-Alors essaie.
Ses yeux gris métalliques lui hurlait de rester. Rester pour toujours, à jamais. « Jusqu'à ce que la mort nous sépare » aurait-il dit si sa femme avait été elle.
-Je t'aime.
Elle se mordit violemment la lèvre inférieure.
-C'est trop tard.
Une grimace lui tordit la face. Il passa une nouvelle fois sa main sur son visage pour essuyer les larmes qui mouillaient ses joues. Pourtant, d'autres remplaçaient les anciennes presque immédiatement. Elle se releva et s'assit sur le sofa, plus large pour leur laisser la place à tous les deux. Il se coucha sur ses genoux, tremblant sous l'émotion. Elle lui caressa sa chevelure comme une mère le ferait à son fils, chantonnant une mélodie italienne qu'elle avait appris à son arrivée là-bas. Il ne voulait pas fermer les yeux. Il essayait de profiter de son contact une dernière fois, de sentir son odeur parfumée. Pourtant, le sommeil se fit plus fort que sa volonté et ses paupières se fermèrent une heure plus tard.
Quand il se réveilla, le lendemain matin, à la place de sa présence, il trouva un journal et une rose noire. Le feu s'était éteint depuis longtemps déjà. Peut-être l'avait-elle étouffé lors de son départ, comme elle avait étouffé son cœur.
Il se redressa sur le sofa et ouvrit le carnet en cuir avec délicatesse. Une écriture cursive et droite ornait le parchemin. Ses yeux gris se posèrent sur les premières lignes, le plongeant dans une époque ancienne et révolue.
25 septembre 1995,
C'est la première fois que je décide de tenir un journal. J'ai pourtant tellement de choses à dire que je serais capable de le remplir en quelques heures seulement. Le cours d'histoire d'aujourd'hui a été si excitant, non pas par ce que Binns nous a expliqué, mais par ce que Drago et moi avons fait...
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