Chapitre XIX - Secrets et trahisons

26 avril 1996
Cher Drago,
Je suppose qu'en sortant de nouveau avec Blaise je voulais te faire autant de mal que tu m'en avais fait. Quand je l'ai embrassé dans la Salle Commune, tu étais là. Tu n'as pas bronché. Tu as juste détourné la tête. J'ai surpris Astoria en train de sourire, mais elle n'a pas cessé de le faire quand j'ai planté mes yeux dans les siens. Tout ça l'amuse. Tant qu'elle a ce qu'elle veut, ça lui est bien égal de connaître la souffrance des autres. Un peu comme toi.
Je sors avec Blaise mais je me demande pourquoi je m'acharne toujours à venir te voir dans ta chambre. Pourquoi on continue de coucher ensemble, comme s'il n'y avait rien de plus normal. On devrait arrêter, mais aucun de nous n'a le courage. J'aimerais bien prétendre que tu es ma bouffée d'air dans mon existence pitoyable, mais ce serait mentir. Tu es celui qui m'étouffe, et je suis celle qui t'étouffe. Mais on s'étouffe ensemble, c'est déjà ça.

6 mai 1996
Daphné m'a dit que tu sortais avec Astoria. À présent, on est au même pied d'égalité. On se tue à être jaloux le jour et on se venge toutes les nuits. Je suppose qu'on devrait se contenter de ça tout le reste de notre existence.

5 juin 1996,
Bon anniversaire Drago. Je ne te le souhaite pas en face parce que ça paraîtrait déplacé. Il n'y a plus aucun mot entre nous depuis des mois, alors autant que ça reste comme ça. Nos corps parlent pour nos cœurs.

25 juillet 1996,
Il fait une chaleur d'enfer. Dorian m'a proposé d'aller venir travailler avec lui au Ministère pour commencer à m'aventurer dans le monde du travail, mais j'ai refusé car je savais que j'y rencontrerai ton père. Je n'ai pas le courage de me tenir face à celui qui nous a détruit.

3 août 1996,
J'ai 16 ans. J'aurais aimé les fêter avec toi.

15 août 1996,
Tu me manques.

20 août 1996,
Ton visage me manque.

23 août 1996,
Tes yeux gris me manquent.

25 août 1996,
Nos nuits dans ton lit me manquent.

1 septembre 1996,
Enfin Poudlard. Enfin toi. La Salle sur Demande est bien mieux que ton dortoir, je m'y plais. Je me demande comment tu as réussi à la découvrir. Sûrement un de tes nombreux secrets que tu gardes avec jalousie.

18 septembre 1996,
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que quelque chose a changé. Tu n'es plus le même. Tu ne manges presque plus, tu ne souris plus. Toute humanité s'est envolé de ton regard, la tristesse est plantée comme un monstre aux griffes acérées sur ton visage. Je sais que ton père est à Azkaban, mais je pensais que ça ne t'affecterais pas plus que cela. J'ai appris que tu repoussais sans cesse Théo et Daphné. Camille et Millicent ont abandonné depuis longtemps, et moi je fais partie des marginaux avec Blaise. Notre groupe n'est plus ce qu'il avait été. Nous l'avons brisé.
Même tes baisers sont devenus froids. Tu refuses toujours d'enlever ta chemise ce qui ne m'a pas attiré l'attention au premier abord, mais après plusieurs nuits, je m'en suis rendu compte. J'espère juste que tu n'as pas fait l'erreur de ta vie.

14 octobre 1996,
Mes doutes se sont confirmés. Pourquoi. Pourquoi faire ce que ton père a fait il y a vingt ans si tu le détestes autant. Pourquoi suivre ses pas, pourquoi gâcher ta vie pour un monstre qui n'en a rien à faire de toi. Je n'ai pas mon mot à dire là-dedans, mais sache que je désapprouve totalement. Et quoique tu puisses penser de mon silence, sache que je continuerai de t'aimer peu importe tes choix. Même si tu ne le mérites pas.

21 octobre 1996,
Je n'ai pas eu mes règles. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais je n'ai pas eu mes règles. Je ne devrais pas paniquer. C'est juste un déréglage. Le stress des examens.

24 octobre  1996,
Ce n'est pas un déréglage.

Un sanglot brisa le silence des toilettes de Poudlard. Pansy se cogna pour la énième fois la tête contre la porte de sa cabine.

-Allez, réveille-toi, réveille-toi Pansy, bon sang, réveille-toi !

Un bruit sourd puis un juron. Elle porta une main à son front en grimaçant et se laissa de nouveau glisser contre le mur pour s’asseoir au sol, le regard perdu dans le vide. Ce devait être un cauchemar. C'était la seule explication à tout cela.
Elle descendit sa jupe et vérifia s'il n'y avait toujours pas de marque rouge sur sa culotte. Une seule goutte lui suffisait. Juste une seule.
Mais il n'y avait rien. D'un blanc immaculé.

-Putain de merde !

Elle écrasa son poing contre le mur mais regretta l'instant d'après ce geste. Une douleur vive s'infiltra jusque dans son avant bras. Elle remonta sa jupe et sortit brusquement des toilettes, faisant claquer la porte derrière elle. En passant, elle aperçut son reflet dans le miroir et s'arrêta quelques secondes.
Son visage était plus pâle que la mort. Ses cheveux indisciplinés étaient en bataille sur sa tête, lui arrivant jusqu'aux épaules. Ses yeux étaient injectés de sang. Elle secoua la tête. Non. Non, elle n'accepterait pas. Ce serait le destin qui s'acharnerait sur elle par pur ennuie. Elle devait prouver qu'elle n'avait rien dans le ventre. Peu importe comment. Le médicomage lui dirait que c'était ses règles qui avaient un problème. Pas autre chose. Il devait le lui dire.
Elle fit un pas en avant puis s'arrêta de nouveau. Et si sa crainte supposait être vraie ? Si elle était vraiment enceinte ? Une envie de hurler jusqu'à s'en déchirer les poumons la prit à cette idée mais elle se retint. On lui demanderait qui était le père.
Une question qu'elle donnerait tout pour éviter.
Un soupir franchit ses lèvres et elle porta ses mains à sa tête.

-Pense Pansy. Ne sois pas idiote. Réfléchis. Qui est le père.

Ce n'était pas le fait de savoir qui était le père, mais surtout si elle devait le révéler ou non. « Oui bien sûr que je sais, c'est Drago Malefoy, vous savez celui qui était censé m'épouser une fois atteint la majorité puis qui m'a humiliée en fréquentant la sœur de ma meilleure amie et qui à présent trompe celle-ci en couchant avec moi tous les soirs. » Ce serait vraiment à s'en tuer de rire. « Oh et oui, qui est mangemort à présent. ».
Non, impossible. Ce serait pire que se couper les veines. Il ne lui pardonnerait jamais, et elle serait humiliée à vie, avec un bâtard dans les bras. Il doit y avoir une solution.
Décidée, elle traversa la moitié du château et entra dans la Salle Commune d'un pas rapide. Elle monta quatre à quatre les escaliers qui montaient dans les dortoir des filles et ouvrit la porte de sa chambre sans prendre la peine de toquer. Daphné était la seule présente, un livre entre les mains, plongée tranquillement dans sa lecture. Elle ne fut même pas surprise et releva avec lassitude la tête, habituée aux entrées subites de sa meilleure amie.

-Oui ?

-J'ai un gros problème.

Elle soupira comme pour dire « pour changer » et referma sèchement le livre.

-Ma sœur t'a encore provoquée ?

-Quoi ? Non !

Son expression se fit dramatique.

-Blaise a rompu.

-Daphné, c'est un problème sérieux.

-Un problème qui va changer le cours de ta vie ? dit-elle sur le ton de la rigolade.

-Oui.

Son sourire s'évanouit aussitôt face à l'expression sérieuse de Pansy.

-Tu me fais peur là.

Son cœur se mit à battre à cent à l'heure. Il fallait qu'elle le dise. Daphné était la seule capable de la sortir de là. Sa tante travaillait à Saint Mangouste, elle lui organiserait un rendez-vous avec un médicomage. Il lui affirmerait que ce n'était qu'une erreur, et tout rentrerait dans l'ordre. Elle inspira lentement puis lâcha :

-Je suis enceinte.

Son amie papillonna plusieurs fois des yeux. Son visage s'était figé en une expression d'horreur.

-Dis-moi que tu rigoles.

-J'ai une tête à vouloir rigoler ?

-Ce n'est pas possible, souffla-t-elle.

Les larmes lui montèrent aux yeux mais elle se mordit la joue intérieure pour les empêcher de jaillir. Ce n'était pas le moment de se montrer faible. La situation la dépassait peut-être, mais elle devait assumer.

-Je... (sa voix se brisa un instant mais elle se reprit), ça fait trois jours que j'aurais du avoir mes règles.

Daphné porta une main à sa bouche.

-Par Merlin. Pansy, je... oh non...

Elle se leva et l'entoura de ses bras fins. La tentation était trop forte. Pansy laissa échapper le sanglot qui tenait tant à sortir de sa poitrine et laissa tomber sa tête dans son épaule. La réaction de Daphné lui avait fait comprendre que ce n'était pas un déréglage. C'était une dure vérité.
Elle lui caressa tendrement les cheveux, comme le ferait une mère à sa fille. C'était dans ces moments là qu'elle remerciait le destin de l'avoir mit sur son chemin et de l'avoir elle comme meilleure amie. Pour une fois qu'il faisait les choses bien.
Elle finit par se détacher et essuyer ses larmes d'un revers de la main. Paraître forte semblait la solution la plus adéquat pour le moment. Il fallait qu'elle le reste, ou on finirait par le savoir et tout s'écroulerait.

-Pansy, qui est le père.

-Non.

-Qui est le père ?

Elle tenta de la contourner mais Daphné lui empoigna le bras et l'empêcha de faire un pas de plus. Elle plongea ses yeux dans les siens mais garda le silence.

-Je ne peux pas t'aider si je ne sais pas qui est le père.

Elle aurait du méditer sur la question plus en profondeur avant de tout lui révéler. Maintenant, elle possédait cinq secondes pour se décider. Mensonge ou vérité ?

-Pansy.

-Blaise, lâcha-t-elle tout à coup.

Eh bien voilà. Mentir avait été la solution qu'elle s'était imposé à elle-même. Comment elle expliquerait que son enfant aurait une chevelure platine à la naissance, cela serait son problème plus tard. Daphné hocha la tête, comme si elle avait craint un instant qu'elle lui révélerait le nom de Drago. Son choix avait été le meilleur, visiblement.

-Écoute-moi, mieux vaut attendre quelques mois avant de le lui dire. Ça reste entre nous jusqu'à Noël. D'ici là, je m'arrangerai pour convaincre ma tante de trouver un médicomage discret qui se rendre à Pré-au-Lard pour t'examiner. On achètera des vêtements d'hiver amples et plein de chocolat.

Elle tenta un sourire pour lui remonter le morale, mais c'était inutile. Sa vie ne pouvait pas prendre un aussi horrible tournant.

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