Chapitre XI - Une robe faite de roses
-Alors, jeune fille ? s'impatienta sa mère.
Pansy observa pour la énième fois les toilettes qui s'alignaient devant elle. Ce n'étaient que des robes que d'autres dames complimenteraient et que toutes porteraient de semblable. Désespérant.
-Aucune, lâcha-t-elle finalement.
La vendeuse fut outrée.
-Mademoiselle, ce sont les plus chères que nous avons, et les plus précieuses.
-Pansy, cela fait des heures que nous cherchons.
-Alors autant en trouver une qui me plaise.
Avant que sa mère n'ait eu la chance de répliquer, une sonnette claironna gaiement. Elle tourna la tête avec lassitude, les bras toujours chargés de lourds tissus. Soudain, son cœur s'arrêta quand elle reconnut les nouveaux clients.
-Oh ! Quelle surprise ! s'exclama faussement sa génitrice.
Narcissa Malefoy sembla regretter d'être venue dans cette boutique. Son fils se raidit et ses yeux croisèrent ceux de Pansy. Elle s'y cogna comme devant un mur de glace.
-Elyna, salua poliment Narcissa.
Son visage était pâle et ses joues creuses. Ses cheveux manquaient cruellement de brillance, aussi les avaient-elle joints en un somptueux chignon décoré d'un serpent argenté. Malgré tout, son regard gardait cette tendresse naturelle, et elle n'hésita pas à regarder Pansy comme une mère le ferait à sa fille.
-Narcissa, quelle joie.
Elle leva les yeux au ciel devant l'hypocrisie de sa mère. Les deux femmes commencèrent à parler de sujets futiles et la jeune fille se détourna, déjà ennuyée.
-Tu ne sais pas laquelle choisir ?
La voix traînante de Drago la fit sursauter. Il s'était avancé si discrètement qu'elle ne l'avait pas entendu. Dans son costume noir fait sur mesure et son port de tête élégant, il semblait avoir vieilli de dix ans.
Et la partie idiote de son esprit en fut toute excitée.
-Elles se ressemblent toutes.
Il observa d'un œil critique les tissus.
-Pas faux.
Dans un soupir, elle déposa ceux qu'elle portait au bras et ordonna d'un regard à la vendeuse de les ranger elle-même.
-Je ne savais pas que tu faisais les magasins.
-Moi aussi j'ai un costume à acheter, fit-il en haussant un sourcil.
-Vous les garçons, on dirait que vous portez le même tous les ans.
-Tu me vexes, Parkinson ; moi qui mets tant de temps à choisir le plus élégant.
Elle rit devant son air faussement blessé.
-Dans ce cas j'y ferai plus attention cette année, si tu y as voué tant d'efforts.
-Je suis ravi de te l'entendre dire. Sinon, laquelle vas-tu porter ?
-Vraiment, je n'arrive pas à me décider, dit-elle d'un ton sarcastique.
-Viens.
Il lui attrapa la main et la tira en toute discrétion dans l'arrière-boutique.
-Tu es fou ! chuchota-t-elle, scandalisée. On a pas le droit d'être ici !
-Ces robes sont ridicules. Il y en a des bien plus précieuses que Madame Guipure n'ose pas vous montrer car elle sait qu'elles sont hors de prix.
Elle retira immédiatement sa main et il se tourna vers elle, curieux.
-Je sais que ma famille a perdu toute sa fortune, aussi si elles sont hors de prix autant ne pas me mettre les étoiles plein les yeux pour rien.
-Tu n'auras pas les étoiles plein les yeux pour rien. Crois-moi.
Elle fronça les sourcils, sceptique. Comptait-il voler ? Venant de sa part, cela ne l'étonnerait guère. Sa témérité n'avait aucune limite, de même que sa bêtise. Il lui attrapa de nouveau la main et l'entraîna entre les rangées entières de robes toutes aussi sublimes les unes que les autres. Une légère obscurité planait, mais elle arriva à deviner que plus ils avançaient, et plus elles paraissaient décorées et chères, ce qui n'arrêta pas Drago pour autant. Finalement, ils s'arrêtèrent devant trois grandes robes alignées. Il en décrocha une, un sourire satisfait sur les lèvres.
Pansy écarquilla les yeux et recula de quelques pas, estomaquée. Elle ne savait pas qui était le créateur, mais Merlin qu'il était talentueux. L'énorme jupon était entièrement fait de roses rouges, couleur du sang et de l'amour. On se demandait même comment elles arrivaient à tenir sur le tissu tellement il y en avait. Le haut était aussi sublime, voire plus. Il était composé d'un bustier plongeant noir orné de rubis aux milles éclats. Il portait des manches de mousseline noire presque transparente qui se resserrait aux poignets par des pétales pourpres. Cette parure devait coûter des millions, rien qu'à voir la quantité de pierres précieuses et de fleurs qui l'ornaient.
-C'est une blague j'espère ? lâcha-t-elle accompagné d'un petit rire nerveux.
-Quoi ? Tu n'aimes pas ?
-Si... justement, c'est... c'est trop beau pour moi.
Un sourire illumina son visage.
-Essaie-la. Je veux te voir dedans.
-Oh non. Oh non, non, non.
-Oh si. Oh si, si, si.
-Non.
-Si.
-Non.
-Non.
-Si... Drago !
Il éclata de rire avant de la regarder avec des yeux pétillants.
-S'il te plaît.
Évidemment. Comment voulait-il qu'elle refuse devant son attitude tout à fait craquante ?
-Tu vas me faire perdre mon temps, soupira-t-elle, la lui prenant des mains avec la plus grande délicatesse.
-Tu n'as qu'à te changer dans un autre rayon.
-Oui, figure-toi que je ne comptais pas me déshabiller devant toi.
-J'aurais aimé voir ça.
Ses joues s'empourprèrent brusquement et elle s'enfuit plus loin avant qu'il ne le remarque. Elle se démena avec sa robe pour l'enlever sans avoir à l'appeler pour qu'il descende sa fermeture éclair. Le connaissant, il s'y serait attardé le plus longtemps possible et en aurait profité pour rester. Non pas qu'elle était contre, mais... non, il valait mieux éviter ce genre de scène. Pour sa santé mentale.
Elle eut l'impression de tarder une heure à revêtir cette toilette. Elle y faisait tellement attention que toucher à une fleur ressemblait à un péché. Elle se tordit pour passer ses bras. Finalement, elle arriva au bout et se sentit telle une reine prête à être couronnée. C'était n'importe quoi. Elle devait être ridicule devant.
-Drago, appela-t-elle d'une petite voix.
L'instant d'après, il parut au bout de la rangée, et alors, ses yeux brillèrent de fierté. Il détailla le moindre millimètre et fut pris d'une certaine admiration.
-C'est... plus que parfait, souffla-t-il, ne pouvant pas détacher son regard de son corps.
Elle allait vraiment foudre ou tomber inconsciente s'il continuait de la fixer ainsi.
-C'est surtout déraisonnable, ridicule et...
-Je crois que tu as besoin de te voir, la gronda-t-il.
Il s'approcha d'elle, un peu trop près à son goût et fit apparaître avec sa baguette un miroir se mouvant comme l'eau d'une rivière, qui se figea pour faire apparaître son reflet.
Elle ne s'y reconnut pas et en eut presque peur. Sa taille était si finement marquée, sa poitrine si habilement mise en valeur, et cette jupe, par Merlin... pourquoi des roses, toujours des roses ? Était-ce une coïncidence ?
Dans le reflet, elle y vit Drago se tenir à ses côtés et la dévorer du regard. Ensemble, ils dégageaient une force incroyable, lui dans son impeccable costume noir et elle dans cette robe digne d'une grande dame. Leurs regards fixaient la même chose, ce miroir qui semblait leur hurler combien ils allaient bien ensemble. Elle allait devenir folle. Folle de lui, de ce reflet irréel, de ses yeux gris glacés... Sans prévenir, il plaça une couronne de roses rouges toutes fraîches sur sa tête. Et la reine venait d'être couronnée par son roi des ténèbres...
-Drago, je... je ne peux pas.
Elle plaça une main devant sa bouche pour empêcher les larmes de monter.
-Bien sûr que tu peux. Elle est faite pour toi.
-Je refuse.
-Je t'y oblige.
-Ce n'est pas moi, ça ! s'écria-t-elle, son cœur battant à tout rompre.
-Bien sûr que c'est toi, lui souffla-t-il dans l'oreille. Ça a toujours été toi mais tu n'as jamais su le voir.
Un frisson parcourut son échine. C'était n'importe quoi. Non, elle ne pouvait pas porter ça, pas elle, pas Pansy Parkinson.
-Drago ? appela une voix douce à l'autre bout de l'arrière boutique.
-Mère ! répondit celui-ci, le sourire aux lèvres.
Pansy paniqua.
-Non mais ça va pas non ! chuchota-t-elle. Arrête ça tout de suite !
Il l'ignora royalement.
-Mère, par ici !
-Par Merlin et toutes les divinités qui puissent exister sur terre.
Encore un peu et elle aurait pleuré. Le miroir disparut et Narcissa Malefoy apparut devant eux, toujours aussi sublime et assurée.
-Qu'est-ce que vous... oh !
Pansy détourna la tête, morte de honte. Où allait menait tout ça, allez savoir...
-Pansy, tu es un vrai joyau ! s'exclama-t-elle.
-N'est-ce pas ? affirma son fils, tout heureux.
-C'est ridicule, répéta Pansy, je n'ai pas...
Elle se mordit la lèvre inférieure, encore plus gênée. Les deux Malefoy l'observaient, curieux de savoir ce qu'elle n'avait pas. Maudite soit cette famille.
-Je n'ai pas l'argent nécessaire, lâcha-t-elle brusquement avant de se retourner pour repartir.
Mais Drago lui attrapa le poignet et l'obligea à faire volte-face.
-Je t'ai dit de ne pas t'occuper de ça.
Aussitôt qu'elle comprit où il voulait en venir, elle s'indigna.
-Jamais de la vie, tu m'entends ?
-Mère ?
-On ne discute pas, Miss Parkinson.
-Madame, vous...
-Tu as entendu ma mère ? Personne ne s'oppose à elle.
-Je te déteste.
-C'est bon à savoir, sourit-il, vainqueur.
Par la suite, les mains habiles et douces de Narcissa l'aidèrent à ôter sa toilette tandis que Drago réglait les affaires dans la boutique.
-Madame, je... je ne sais comment vous remercier...
-Ce n'est rien, Pansy, la rassura-t-elle. J'ai acheté des centaine de robes comme celle-ci dans ma jeunesse sans me préoccuper de savoir si elles allaient me ruiner.
-Quand même, c'est tellement généreux...
Un doux sourire éclaira ses yeux noirs et alors elle prononça cette phrase que Pansy se souviendrait toute sa vie :
-La générosité ne s'applique pas à ceux que l'on aime.
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