𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟓𝟕

La petite Mia se glissa discrètement sur le petit balcon avant de prendre en photo ses deux frères en train de fumer une cigarette au petit soleil couchant.

Le cliquetis de l'appareil les fit immédiatement se retourner vers elle. 

- Sunshine, how many photographs have you already taken ?  lui demanda Matthew tout en écrasant sa cigarette et en s'approchant d'elle.

- Two... okay maybe twelve.

Le jeune homme fronça les sourcils tant dis qu'un sourire se forma sur le visage de son cadet.

- Comment ça tu as pris déjà douze photos !? s'exclama-t-il en imitant une réaction surdimensionnée.

- Peut-être, répondit la petite tout en tenant l'appareil derrière son dos.

Matthew pinça le nez de la fillette avant de lui déclarer :

- J'espère pour toi que ces photos vont être belles.

Mia hocha énergiquement de la tête avant de courir à l'intérieur pour aller ranger changer la pellicule de son appareil photo.

Si vite, elle avait appris tellement de choses... comment choisir le nombre d'ISO sur sa pellicule en fonction de la lumière, comment faire les réglages, comment nettoyer l'appareil...

C'était devenu son petit bijou.

Et puis elle avait déjà fait quelques photos test avec ses doudous, ce qui lui avait fait acquérir quelques bases. Bien évidemment elle avait été accompagnée par son frère Tommy qui regardait des tutoriels sur YouTube pour l'aider.

Mais alors que la fillette se dirigeait vers les pellicules avec enthousiasme, elle sentit son petit corps soudainement léviter en l'air.

- Baby, you didn't finish to pack your stuff yet, did you ? lâcha Anthony avec un sourcil levé.

Avec un sourire malicieux, petite ignora sa question et lui répondit par une autre :

- Have you seen my photos ? 

Un petit rictus se forma sur le visage du jeune homme. Alors, ce dernier poussa un léger soupire avant de reposer l'enfant à terre.

- Tu me montreras tes photos plus tard ma puce, là il faut qu'on aille finir de faire tes affaires pour demain.

Mia souffla bruyamment en signe de mécontentement puis finit par suivre son aîné jusqu'à sa chambre.

Ce dernier s'arrêta dans l'entrée lorsqu'il vit une valise vide ouverte au milieu de la pièce. A cet instant, il baissa la tête et se pinça le nez avant de jeter un regard accusateur à la fillette qui se trouvait à côté de lui.

Il posa un poing  sur sa hanche et de l'autre vint s'appuyer contre l'encadrement de la porte, ce qui lui donna une stature encore plus dominante au dessus de sa petite.

De son côté, la fillette baissa le regard et se mit à jouer avec ses mains.

- Mia, commença-t-il avec un air sérieux. Tu n'as même pas commencé à faire ta valise.

- Pardon m-mais je voulais j-juste prendre des photos avec mon n-nouvel appareil ! se défendit-elle.

A nouveau, Anthony soupira avant de se diriger vers le placard de sa sœur.

- Bon allez, assis-toi sur le lit. On va faire tes affaires ensemble. Moi je fais les vêtements, et toi le reste. D'accord ?

- Okay ! s'exclama la petite tout en s'installant sur sa couette.

Après quelques minutes pendant lesquels Mia coopéra avec son frère pour remplir sa petite valise, tous les deux eurent presque fini lorsqu'ils se firent interrompre par le bruit de la porte d'entrée suivi de quelques bruits de pas.

Pourtant, Tommy, Leo et Matthew étaient tous déjà là. De ce fait, il ne pouvait rester qu'une personne qui puisse faire son entrée sans prévenir ni toquer.

Comprenant en même temps que son frère, Mia sentit son sang se glacer et des frissons parcoururent son corps.

Oui, c'était son père.

Oui, il ne lui avait encore jamais fait de mal.

Mais l'aimait-elle ?

Elle ne savait pas.

Il était difficile de savoir si l'on aimait son parent si ce parent ne nous avait jamais montré une once d'affection.

Et en ce qui concernait le fait de montrer son amour, ses frères étaient meilleurs pour cela. Mia le savait, c'était grâce à leur mère. Sans elle, ils n'auraient jamais été capables d'être aussi doux et tendre avec la fillette.

Cette dernière écouta les bruits de pas de son père monter les escaliers. Cela lui rappela ceux de Eric lorsqu'il venait dans sa chambre pour lui crier dessus.

Elle ne remarqua même pas que son frère s'était levé pour aller à l'encontre de son père.

- Anthony, lâcha l'homme tout en apparaissant dans l'entrée.

- Bonjour Daniel, qu'est-ce que tu viens faire ici ?

- Voir ma fille avant son départ, que d'autre pourrais-je faire ?

Bien sûr qu'il était au courant. Même si personne ne lui avait rien dit, Daniel savait toujours ce qu'il se passait dans la vie de ses enfants.

Mia vit sa vision se troubler, et son corps se mit à trembloter.

- Elle est là, je t'en prie, déclara l'aîné tout en croisant ses bras sur son torse et en laissant son père passer.

Daniel s'approcha de la fillette chez qui la respiration commença à s'accélérer.

Soudain, ce dernier s'arrêta lorsqu'il vit son ancien appareil photo argentique posé à côté d'elle. Ce fut comme s'il avait eu un flashback qui lui avait traversé l'esprit.

Par conséquent, ce dernier prit l'appareil dans ses mains avant finalement se mettre à parler :

- Je vois que vous l'avez restauré.

Ni Mia ni son frère ne lui répondirent.

Au lieu de ça, la petite commença à se calmer lorsqu'elle entendit la voix calme de son père. C'était la première fois qu'elle distinguait un réel enthousiasme dans le ton qu'il employait. Par conséquent, elle leva ses grands yeux curieux vers lui.

- Tu sais, s'adressa-t-il à elle, j'aimais beaucoup prendre des photos avec cet appareil. C'est ce qui m'apaisait. J'en ai même pris plusieurs de ta mère et des nous deux quand nous étions plus jeunes...

C'était comme s'il y avait eu une sorte de nostalgie dans son regard lorsqu'il avait dit ça. Même Anthony était surpris d'entendre ça.

- Tu p-pourrais me les montrer ? demanda la fillette avec des yeux pétillants.

- Bien-sûr, répondit l'homme avant de venir s'asseoir à côté d'elle, toujours l'appareil entre ses mains.

Anthony surveillait de près ce que son père faisait avec sa sœur. Il était comme un officier surveillant un détenu.

Mais cela ne dérangeait pas son père. Car au fond, il savait pertinemment lui-même qu'il était un danger. Mais ça, tout le monde le savait.

- Tu sais, je comprends. Faut pas que tout ça disparaisse, dit-il en faisant allusion aux souvenirs.

Sa voix était rauque, ses mains étaient grandes. Il avait tout de la figure paternelle imposante. Et cela avait à la fois son côté terrifiant, mais cela pouvait aussi être très rassurant.

Un père était en général le parent à qui l'on se référait le plus en ce qui concernait la protection. Et avec lui, Mia savait pertinemment que rien ne pouvait lui arriver. 

Peut-être qu'avec sa mère elle avait été très protégée contre les atrocités de ce monde, mais avec lui, elle savait que plus personne ne pouvait la toucher.

- On peut faire une photo t-tous les deux ? demanda la petite à son père.

Un léger très sourire se forma sur ses lèvres.

- Avec plaisir ma fille.

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