𝐓𝐇𝐑𝐄𝐄

Dans les vestiaires bien bondés du club Toshinori, les claquements métalliques des casiers résonnaient aléatoirement les uns après les autres, l'humidité des douches communes rendant l'air plus pâteux et pénible à respirer. 
Dix neuf heures passée de quelques minutes, Katsuki referma son sac de sport en tirant d'un mouvement vif sur le curseur de la fermeture éclair, passant ensuite la lanière sur son épaule pour le transporter plus facilement. 
Ses cheveux mouillés, quelques gouttes mal séchées ruisselant ici et là sur son front, il traversa la pièce sans saluer ses camarades autour de lui, quittant simplement les lieux comme il le faisait toujours. 

Débarquant alors dans la grande salle d'entrainement, par laquelle il devait repasser pour sortir du bâtiment, il s'avança de quelques pas avant de se retrouver en face du sourire anormalement curieux de son amie boxeuse. 
Tous les jours, à la fin de leurs exercices quotidien, lui et Ochaco rejoignaient ensemble le même arrêt de bus et, la jeune femme descendant maintenant deux arrêts après lui depuis son déménagement, il n'effectuait pas le trajet en transport en commun tout seul. 
La voir ici, occupée à l'attendre pour partir ensemble, n'avait donc rien n'inhabituel. 
En revanche, le sourire inquisiteur placardé à son visage ne présageait rien de bon et, lui passant à côté en tentant d'esquiver un sujet qu'il devinait embarrassant, Katsuki la devança de plusieurs enjambées. 

_ Comment ça se passe alors ? Cette colocation ? finit-elle par lancer après quelques secondes, s'élançant à la suite de son ami pour le rattraper. 

Nouant en même temps ses cheveux détrempés à l'aide de ses deux mains, elle atteignit sa hauteur en lui lançant un regard déterminé, bien décidée à obtenir une réponse de sa part. 
Débarrassée de ses gants imposants et de sa tenue de combat, elle portait maintenant un décolleté fin, insinuant sa poitrine sous le tissu blanc avec beaucoup d'élégance.
Marchant près de lui, elle donna un léger coup de coude près de son épaule pour l'inciter à lui parler, terminant en même temps de réaliser un chignon approximatif à l'arrière de sa tête.  
Ses jambes tracées dans un jean serré épousant ses courbes franches et délicates, elle réitéra sa question sur un ton plus appuyé, espérant faire réagir son ami à force d'acharnement. 

Puis, tout en poussant la lourde porte de l'établissement, elle se tourna gaiement vers son coach pour le saluer d'un geste ample de la main, écartant son sourire encore davantage avant de sortir complètement, suivant Katsuki à l'extérieur. 
Dehors, la fraicheur du début du printemps retombait progressivement sur les habitations, apportant avec elle le vent doux qui fit frissonner sa nuque encore humide. 

_ Aller Katsuki ! Dis quelque chose au moins, t'abuses sérieux ! 

_ Ca s'passe .. finit-il par soupirer entre ses dents, la mauvaise foi au bout des lèvres et la nonchalance dans le haussement de ses épaules désinvoltes .

_ Tu te fous de moi ? C'est pas une réponse ça ! Raconte moi, tu m'as rien dit encore. Il s'appelle comment ? Tu t'entends bien avec lui ? Il est gentil ? s'excitait-elle en marchant désormais à reculons devant lui, le visage barbouillé de curiosité et d'impatience.

Soufflant bruyamment, Katsuki plongea ses mains au fond des poches de son jogging, relevant le menton pour observer le paysage devant lui. 
Marchant tout droit, gardant d'abord la bouche solidement fermée, il s'interrogea lui même sur la réponse qu'il devait donner. 
Le matin même, Izuku l'avait invité à se joindre à lui et son ancien colocataire, pour ce qu'il devinait être une sorte de soirée entre amis et, s'il n'en demeurait pas moins mal à l'aise, il en ressortait finalement un étrange sentiment de sympathie. 
Bizarrement, ce garçon semblait posséder le même don qu'Ochaco, celui de ne pas s'arrêter à l'image désagréable qu'il donnait de lui pour tenter de l'approcher coute que coute. 
Sans doute ces deux-là étaient-ils fait pour se rencontrer ! 

_ Ouais .. 

_ Quoi ouais ?! Tu veux pas faire un effort un peu ?! T'es lourd sans déconner.

_ Ouais, il est sympa ! Putain c'est toi qu'est casse couille ce soir. s'énerva t-il faussement, feintant l'agacement quand bien même il ne parvenait jamais à s'agacer réellement après elle. 

Sautillant maintenant sur ses pieds, elle se retourna pour marcher à nouveau dans le bon sens, le doublant d'un mètre ou deux en accélérant le pas vers leur arrêt de bus. 
Puis, venant s'assoir sur le petit banc posé là, elle attendit joyeusement qu'il vienne l'y rejoindre, se préparant déjà à le bombarder de questions pour en apprendre plus. 

_ Il s'appelle comment alors ? Vous vous entendez bien ? Oh, il étudie quoi ?! 

_ Détend toi deux s'condes, t'es chiante quand tu t'y mets. se plaignit Katsuki en s'installant à ses côtés, appuyant son dos contre la paroi en pvc derrière lui. Il s'appelle Izuku. Et on s'parle pas vraiment, enfin pas beaucoup. Et j'sais pas c'qu'il étudie. 

_ Tu sais pas ?! Mais- Katsuki ! Tu lui as pas demandé ? Fais preuve d'un peu de curiosité sérieux. Tu viens d'emménager avec lui, fais connaissance un peu, je sais pas. T'es pas croyable franchement .. 

Ochaco avait le don pour l'engueuler comme une mère quand ça lui prenait subitement, le dévisageant de haut en bas avec son regard réprobateur que Katsuki lui connaissait si bien. 
Souvent, elle agissait avec lui comme une sorte de guide de sociabilisation, l'incitant systématiquement à se faire violence pour aller un peu vers les autres, quitte à le hisser hors de sa zone de confort sans état d'âme. 
Depuis qu'elle le côtoyait, elle avait appris à le connaitre réellement, elle savait qu'il n'était pas aussi aigri dans le fond, pas autant qu'il ne voulait bien le montrer tout du moins. 
Katsuki faisait partie de ces gens qui, légèrement en décalage avec le reste du monde, s'était vu relégué au rang de petit con et, à force d'être traité comme tel, il avait fini par en adopter tous les plis. 

_ Ecoute. enchaina t-elle immédiatement, frappant du plat de la main sur son biceps pour le faire réagir.  T'as intérêt à lui poser la question, et ce soir ! Parce que je te redemanderai demain, et autant de fois qu'il le faudra jusqu'à ce que tu le fasses. Tu pourrais en profiter pour prendre le temps de parler un peu plus avec lui. 

_ Y'a .. Son ancien coloc vient à l'appartement ce soir .. 

_ Et ? 

Soupirant, Katsuki redressa légèrement son dos en voyant la silhouette de leur bus se dessiner à quelques mètres de là et, se relevant sur ses jambes, il replaça correctement la lanière de son sac sur son épaule avant de s'avancer jusqu'au bord du trottoir. 

_ Il m'a invité à rester avec eux. 

_ Oh ! Mais c'est bien ça ! Rassure moi, t'as accepté hein ?! Tu vois, vous pourriez vous entendre, il a l'air de vouloir te connaitre et c'est cool. 

_ Ouais, j'ai accepté. dit-il en haussant la voix pour se faire entendre par dessus le ronronnement bruyant du moteur du bus qui, venant de s'arrêter devant eux, ouvrit ses portes pour les laisser monter. 

Grimpant les marches pour atteindre les rangées de sièges, ils s'avancèrent ensemble dans la foule assise jusqu'à trouver deux places pour s'installer côte à côte. 
A travers les vitres, le soleil entamait désormais sa redescente progressive, s'échappant doucement derrière les bâtiments pour étendre ses rayons à plus basse altitude. 
Les yeux éblouis par la lumière, Katsuki fronça les sourcils en sortant son téléphone de sa poche, surveillant machinalement l'heure comme s'il avait rendez vous. 
Peut être était-ce le cas, d'une certaine manière.

Supportant le mélange de conversations brouillonnes autour de lui, il grimaça en entendant, un peu plus loin, les pleurs assourdissant d'un bébé au milieu de la cohue. 
Il détestait tout ce bruit qui lui donnait systématiquement mal à la tête, et cherchait à chaque fois un moyen de détourner son attention en pivotant son visage vers son amie. 

_ J'ai pas vu ton mec en cours aujourd'hui. 

_ Ah, oui ! Tenya avait un rendez vous qu'il ne pouvait pas déplacer. Crois moi, il aurait préféré, j'ai cru qu'il allait pas s'en remettre quand il a réalisé qu'il allait rater une journée. Tu le connais, dès qu'il loupe un cours t'as l'impression qu'il fout sa vie en l'air. se moqua t-elle doucement, roulant des yeux en repensant au caractère parfois trop carré de son petit ami. 

En couple avec Ochaco depuis un peu plus d'un an, Tenya ambitionnait de devenir professeur d'éducation physique et sportif et, suivant les mêmes cours que Katsuki, il leur arrivait de s'adresser une ou deux paroles à l'occasion. 
Rien de bien transcendant cela dit, les deux garçons se concentrant bien plus sur leurs études que sur d'hypothétiques amitiés. 

Ralentissant progressivement, le bus s'écarta doucement de la chaussée pour se ranger au bord de la route, gênant la circulation derrière lui le temps d'ouvrir ses portes devant l'arrêt de Katsuki.
Alors, s'empressant de se relever pour quitter l'endroit bruyant, ce dernier salua son amie en lui souriant pour la première fois de leur conversation, la laissant terminer son voyage seule. 
Puis, descendant du véhicule, il inspira profondément l'air frais de l'extérieur en s'avançant de deux pas, massant son front engourdi d'avoir supporté l'ambiance anxiogène des transports en commun.  
Enfin, s'élançant sur le trottoir pour finir le trajet à pieds, il se faufila au milieu des passants qui envahissaient encore les rues, sans doute pour les mêmes raisons que lui. 

Graduellement, à mesure qu'il se rapprochait de son appartement, une appréhension toute nouvelle vint se faire une place dans le fond de son estomac.
Dans quelques minutes, il se retrouverait face à un parfait inconnu, ami d'Izuku qui plus est, et cette prévision le rendait bizarrement nerveux.
Le matin même, le sourire et l'invitation de son colocataire avait déclenché une gêne tout à fait inédite à sa poitrine, le poussant à s'enfuir au plus vite et, l'idée de lui faire regretter sa bienveillance l'inquiétait subitement.
Katsuki se connaissait suffisamment pour avoir connaissance de ses propres débordements, qui survenaient plus facilement que l'on ne pouvait le croire, et qui avaient tendance à couper court aux tentatives de rapprochements des autres. 

Jusqu'alors, seule Ochaco ne s'était pas découragé en le voyant la rembarrer et, même si Izuku semblait étrangement suivre les mêmes réactions, il n'en restait pas moins qu'il n'en possédait aucune certitude. 
Rien ne garantissait que, à la première contrariété, la soirée ne prenne pas un tournant désagréable au hasard d'une réponse maladroite ou d'un mot mal placé. 
Katsuki ne savait pas interagir avec les autres, accorder ses mots à ses intentions lui faisait toujours défaut, pour une raison qu'il ignorait, son ton ne s'accordait jamais avec ses intentions. 
Ainsi, sa gêne se transformait souvent en agressivité, sans qu'il ne puisse y faire quoi que ce soit. 

Quand il arriva devant la grande porte de son immeuble, il s'autorisa une courte pause pour souffler lentement l'air de ses poumons, passant sa main dans ses cheveux mouillés et refroidis par le vent. 
Puis, raclant sa gorge par automatisme, il composa le code d'accès pour déverrouiller l'entrée, qui heureusement pour lui ne contenait pas le chiffre huit, la touche correspondante ayant disparu des radars. 
Enfin, passant devant les boites aux lettres sans s'y attarder, il gagna l'ascenseur pour s'engouffrer dedans, bien content de s'y trouver seul pour pouvoir jeter un oeil à son allure dans le miroir fixé à la paroi. 
Pour une raison qui le dépassait, il tenait à ne pas apparaitre coiffé n'importe comment au moment d'entrer dans son appartement
Alors, consciencieusement, il recadra ses mèches blondes aux abords de son front et de ses tempes pour arranger leur positionnement. 

L'instant fatidique de l'hypothétique rencontre se rapprochant, il tira légèrement sur le pan de son t-shirt pour le remettre également en place une dernière fois, juste avant de voir les portes automatiques se rouvrir pour le laisser sortir. 
Son sac de sport sur l'épaule, il souffla lourdement comme s'il s'apprêtait à sauter dans le vide, cherchant finalement l'élan nécessaire pour rejoindre le seuil de son logement. 
Sur le tapis étendu devant l'entrée, il s'immobilisa quelques secondes, posant sa main sur la poignée sans l'abaisser pour autant, une appréhension furtive se frayant un chemin à travers sa colonne vertébrale. 
Plissant les sourcils, il distingua effectivement les échos discrets de deux voix distinctes à travers le bois et, à l'instar d'un enfant curieux, il pressa son oreille contre la porte, tentant d'identifier la conversation qui se tenait de l'autre côté. 

Ceci dit, la distance et la paroi qui le séparaient de la discussion ne lui permettait pas de reconnaitre les mots prononcés et, rester ici à espionner bêtement ne menait de toute évidence à rien du tout. 
Alors, rassemblant le courage du fond de son ventre, il redressa sa nuque avant d'actionner la serrure pour entrer franchement dans l'appartement, refermant derrière lui plus bruyamment qu'il ne l'aurait voulu. 
Ses gestes rendus maladroits par la gêne, il grimaça pour lui même en réalisant qu'il venait de claquer involontairement la porte. 

A son arrivée, la conversation du salon se tût immédiatement, supposant que les deux garçons attendaient désormais de le voir s'approcher et, se sentant très mal à l'aise, il accusa violemment les remous du trac entre ses côtes. 
Avalant sa salive tout en abandonnant son sac contre un mur, il plongea finalement ses mains dans le fond de ses poches, une sorte de mécanisme de défense qu'il avait développé avec les années, et qu'il déployait à chaque fois qu'une situation le rendait nerveux.
Amorçant silencieusement un premier pas maladroit, il parcourut les quelques mètres qui le séparaient de la pièce principale, débarquant tout à coup face aux deux autres en détournant le regard.

_ Hey, Katsuki ! s'exclama immédiatement Izuku sans lui laisser le temps de réaliser quoi que ce soit, quittant l'assise du canapé pour venir l'accueillir. Viens, je te présente Eijiro ! 

Se déportant légèrement, Izuku tendit son bras en direction du canapé, pointant impoliment son ami nonchalamment avachi contre l'accoudoir, une bière à la main et le regard inquisiteur. 
Ses cheveux mi-longs, maintenus attachés dans un petit élastique à l'arrière de sa tête et arborant une coloration rouge, s'accordaient étonnement bien avec les nuances cardinal de ses iris taquins.
Son visage transmettait un étrange mélange de gentillesse et de moquerie, semblant trahir une personnalité à double tranchant qui, immédiatement, braqua Katsuki. 

_ Je te l'ai déjà dit, mais c'est mon ancien coloc. Il a habité ici pendant un an avant d'aller s'installer avec sa copine. Mais c'est surtout un très bon ami. Ta journée s'est bien passée sinon ? On va sûrement commander à manger ce soir si tu veux. Oh, tu veux boire un truc au fait ? enchaina Izuku en s'agitant près de lui, s'emballant tout à coup dans sa bonne humeur maladive.

Perdu dans trop de paroles, Katsuki le dévisagea de la tête aux pieds, ne sachant plus à quoi répondre ni où se mettre, et se reculant instinctivement d'un pas méfiant en haussant un sourcil.
Cet altruisme trop peu commun pour lui le rendait nerveux, réveillant subitement ses mécanismes de défense maladroits pour le pousser à retrouver sa zone de confort. 

_ Non. se contenta t-il de répondre en tout et pour tout, faisant immédiatement volte face pour rejoindre la cuisine et y chercher un refuge de fortune. 

Ignorant les réactions dans son dos, il s'avança instinctivement vers le réfrigérateur, ouvrant doucement la porte pour balayer son contenu du regard. 
Les yeux rivés sur une petite bouteille de jus de fruit lui appartenant, il pinça ses lèvres en inspirant profondément par le nez, regrettant déjà ses propres agissements. 
Le front baissé, il plissa les sourcils en tournant légèrement la tête dans le vide, se concentrant pour capter les bribes d'une conversation chuchotée lui parvenant depuis le salon. 

_ Il lui prend quoi ? murmurait Eijiro, étouffant un rire moqueur dans sa gorge. 

_ Rien, il est pas très à l'aise c'est tout. répondit Izuku, chuchotant lui aussi, pensant certainement ne pas se faire entendre. 

_ Il a surtout l'air bizarre. T'as vu comment il te répond ? 

Serrant sa main sur la porte du réfrigérateur, Katsuki contracta sa mâchoire en fronçant davantage ses sourcils, attendant la suite de la discussion pour, éventuellement, intervenir et défendre sa propre personne. 

_ Sois pas méchant. Je suis content qu'il ait accepté de rester déjà, il parle pas beaucoup mais moi je l'aime bien. Il est juste gêné. 

_ Si tu le dis, mais dans ce cas fais le revenir, j'ai même pas eu le temps de lui parler.  

Crispé, Katsuki referma rapidement la porte du frigo en entendant des pas se rapprocher de lui, alors qu'il venait d'assister en secret à cette conversation dont il ne faisait pas partie. 
Outre le fait qu'il ne s'attendait pas à ce que son colocataire prenne sa défense, il craignait surtout de passer pour un lâche indiscret qui écoutait aux portes. 
Alors, rangeant à nouveau ses mains dans ses poches, il vint appuyer son coccyx contre le plan de travail, adoptant une posture qui se voulait nonchalante tandis qu'Izuku entrait dans la cuisine. 

Passant simplement devant lui, le garçon ouvrit à son tour le réfrigérateur, fouillant dans ses compartiments personnels pour en sortir deux bières toutes fraiches. 
Puis, se tournant vers Katsuki, il lui tendit une des deux petites bouteilles en souriant de toutes ses dents, son regard s'illuminant autant à la lumière de sa bonne humeur qu'aux rayons résiduels du soleil à travers la fenêtre. 

_ Tiens. T'es pas obligé de rester dans le salon avec nous si t'en as pas envie, je te force pas. 

Arquant un sourcil, Katsuki hésita une seconde avant de réceptionner la boisson qu'il lui offrait, enroulant ses doigts autour du verre froid avant de pivoter sur lui même pour récupérer un décapsuleur dans un tiroir. 
Faisant sauter la capsule sans la laisser tomber par terre, il la déposa au hasard sur le plan de travail, avalant ensuite une première gorgée sans rien dire. 
L'alcool traversant son œsophage, il apprécia discrètement le gout ambré sur sa langue en jetant un oeil à la marque imprimée sur l'étiquette de la bouteille. 

_ Ta journée s'est bien passée ? continua Izuku en venant se poster à côté de lui, ouvrant à son tour sa boisson. 

_ Hm. 

_ C'est une manière de dire que c'était pas trop mal ? Tes parents m'ont parlé de la boxe quand je les ai eu au téléphone, tu y vas tous les jours n'est-ce pas ? 

Fixant les remous du liquide à travers l'ouverture du goulot, Katsuki avala sa salive avant d'inspirer profondément. 
Izuku s'efforçait d'ouvrir une conversation avec lui, abordant des sujets qui le concernaient dans l'espoir de le défroisser un peu et, si la tentative le rendait nerveux, il n'en restait pas moins qu'elle lui faisait plaisir. 
Il était rare que les gens s'intéressent à lui, encore moins juste après s'être fait rembarrer grossièrement comme il venait de le faire quelques minutes plus tôt. 

_ Ouais. Depuis dix ans. 

_ C'est cool ! renchérit Izuku en hochant machinalement la tête. Tu dois être doué alors. Eijiro en a fait un peu à une époque, mais il a plus le temps avec ses études. 

_ Il étudie quoi ? s'enquit Katsuki, réalisant subitement qu'il s'interrogeait sur les études de l'ex colocataire avant même de s'intéresser à celles d'Izuku lui même. 

Se décollant du plan de travail, Izuku avala une nouvelle gorgée avant de s'avancer d'un pas, pointant le salon d'un geste du menton. 

_ Il est en deuxième année pour devenir maïeuticien. D'ailleurs, on devrait le rejoindre, enfin si tu veux. 

Brusqué, Katsuki pressa sa main un peu plus fortement autour de sa bouteille de bière, hésitant un instant à suivre Izuku dans l'autre pièce. 

_ C'est quoi maïeuticien ? 

_ C'est comme ça qu'on appelle les hommes qui exercent le métier de sage femme. Pardon, je veux pas te forcer la main, si tu préfères rester tranquille, je t'en voudrais pas. 

Soupirant, Katsuki sentit l'appréhension se réveiller à nouveau sous son estomac, lui rappelant qu'ils ne se trouvaient pas seuls dans l'appartement alors que, pour une fois, ce début de conversation lui plaisait. 
Il aurait aimé la poursuivre sans une tiers personne au milieu mais, percevant le sourire bienveillant d'Izuku, il souffla sur le goulot en verre avant d'amorcer un mouvement en avant. 
Puis, se stoppant momentanément, il s'éclaircit la voix pour interpeler Izuku, le retenant dans la cuisine encore un petit instant, repensant alors à sa conversation avec Ochaco. 

_ Et toi ? Tu fais quoi ? 

S'arrêtant de bouger, Izuku baissa la tête une seconde, avant de la relever bien haut, semblant vouloir faire valoir sa fierté comme s'il se devait subitement de se justifier de quoi que ce soit. 
Etirant un sourire avenant à son visage, il gonfla sa poitrine avant de marcher à reculons face à lui. 
Sa démarche délicate trahissant ses mouvements, il inclina légèrement la tête sur le côté en ouvrant son bras libre pour y étirer un geste gracieux. 

_ Moi, je suis en dernière année à l'école supérieure de ballet. 

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