3. Le Fantôme de l'opéra (1/2)

Suzanne admira l'immense bâtiment qui se tenait face à elle de l'autre côté de la route. Sa forme arrondie donnait l'impression de grandeur à côté des quelques immeubles qui se trouvaient à proximité. De l'extérieur, la blonde ne saurait réellement dire sur combien d'étages la bâtisse s'étendait tant les fenêtres qui donnaient sur l'intérieur étaient démesurées. Le National Maria Opera avait été remis à neuf, il y a plus de vingt ans, suite à un grand incendie qui avait détruit l'intégralité de l'ancien bâtiment. Lors de sa rénovation, les architectes avaient tous proposé des plans élaborés alliant tradition et modernité, cependant, malgré les grands noms qui avaient proposé un projet, ce fut un jeune architecte tout juste sorti d'école qui vit son esquisse retenue. L'aide-soignante ne put que comprendre cette raison en admirant ce qui se trouvait devant elle. Elle était déjà passée devant rapidement, mais n'avait jamais réellement pris le temps d'admirer ses finitions.

Une fois satisfaite de ses contemplations et réalisant que le vent commençait à se lever, elle se décida à rentrer dans l'Opéra, tout en soupirant. Son jeudi de repos n'était au premier abord pas censé ressembler à cela. Elle aurait dû se retrouver dans son canapé à regarder la télévision et à manger des chips. Toutefois, pour une obscure raison, Ackerman Junior, comme elle avait décidé de le surnommer, avait souhaité la rencontrer. La blonde avait voulu décliner l'offre, mais sa curiosité, ainsi que le regard de Kuchel l'en avait dissuadé, un regard de fierté mêlé à une grande mélancolie. Sans trop de conviction, elle avait fini par obtempérer arrachant un grand sourire à la cinquantenaire qui lui expliqua dans les moindres détails comment accéder à l'entrée des artistes pour rejoindre les bureaux. Assise sur son fauteuil devant sa fenêtre, la brune racontait tout ce qu'il y avait à savoir sans jamais faire de pause entre ses phrases. Ainsi, en l'espace d'un après-midi, Suzanne pouvait désormais faire la différence entre la grande salle Beethoven et la salle Mozart, en plus de savoir avec exactitude combien de places assises avait la salle de représentation. Le souvenir de ce petit moment privilégié avec la femme fit sourire l'aide-soignante tandis qu'elle passa la porte enfoncée sur le bas-côté de la rue.

L'accueil était tel que l'avait décrit Kuchel, juste quelques canapés noirs, parfaitement entretenus installés devant un comptoir où la réceptionniste contemplait de derrière son ordinateur la nouvelle venue. Rien de cette pièce ne laissait imaginer l'immensité de l'opéra qui se situait juste au-dessus.

— Bonjour, je suis venu voir Monsieur Ackerman, s'il vous plaît.

— Vous avez rendez-vous ?

La blonde se retint de claquer la langue contre son palet devant le manque de politesse flagrant dont faisait preuve la travailleuse.

— Oui, Madame Suzanne Célène avec un C pour le nom, récita-t-elle par cœur habitué à ce que ce dernier soit mal orthographié.

Sans un mot, la jeune femme tapota sur son clavier, rompant avec le silence de la pièce. Le son dura quelques minutes laissant le temps à l'aide-soignante de regarder fixement le seul couloir qui se trouvait à sa droite. Les murs de couleur blancs immaculés semblaient décorés de photos ou de tableaux dispatchés de part et d'autre du mur. Bien trop loin pour admirer les cadres, Suzanne préférait deviner ce qui pouvait s'y trouver faisant travailler son imagination. Quand une idée trop saugrenue lui passait par la tête un léger rictus apparaissait sur son visage pour être aussitôt chassé par son visage neutre.

— Une personne va venir vous chercher. Vous pouvez vous installer dans les sofas en attendant, désigna la femme après quelques secondes de silence.

— Bien, merci.

Suzanne ne se fit pas prier pour s'installer dans les canapés. Ces derniers, presque neuf n'étaient que peu confortables. Dès que la blonde bougeait un peu pour s'installer plus aisément, le cuir grinçait stridemment, obligeant l'aide-soignante à se tenir le plus droit possible en espérant qu'on vienne vite la chercher.

Ses yeux parcoururent ce qui l'entourait, toute la salle était blanche, comme aseptisée tant elle était bien entretenue. Aucune trace ne noircissait les murs ou le plafond, seul les ombres des meubles donnaient du relief à la pièce, le sol en dalle bicolore noir et blanc ne présentait également aucun défaut ou aucune poussière. De derrière son comptoir, l'hôtesse d'accueil était retournée à son occupation sur son écran. Ses cheveux bruns, attachés en queue-de-cheval, étaient parfaitement plaqués sur son crâne ne laissant aucune mèche rebelle s'échapper ou venir s'installer sur son tailleur. De temps à autre, du coin de l'œil, elle vérifiait ce que faisait la visiteuse avant de retourner à sa tâche. Un silence pesant s'était installé uniquement rompu par les quelques couinements du canapé aussitôt suivi du son du frottement du tissu contre les coussins de ce dernier.

— Excusez-moi de vous avoir fait attendre.

Du fameux couloir sortit finalement une tête auburn se dirigeant à vive allure vers la visiteuse, avant de se poster juste devant.

— Bonjour Madame Célène, Monsieur Ackerman vous attend dans son bureau, veuillez me suivre.

Avant même qu'elle n'ait pu finir sa phrase, l'aide-soignante s'était levée d'un bon faisant reculer par réflexe la secrétaire. Pouvoir quitter la position inconfortable qu'elle avait été obligée de prendre était une telle délivrance qu'elle n'avait pas réellement fait attention à ses mouvements brusques. Les yeux verts de la blonde profitèrent de l'instant de flottement pour scruter la nouvelle venue. Plus petite qu'elle, la jeune femme se tenait parfaitement droite dans ses chaussures à talons qu'elle portait. Sa chemise parfaitement repassée était rentrée dans son pantalon et lui donnait un air sophistiqué. En comparaison avec l'hôtesse d'accueil, la jeune femme semblait moins stricte, plus détendue malgré les quelques cernes visibles sous son correcteur. D'un mouvement gracieux de main, elle incita Suzanne à la suivre, rompant ainsi sa contemplation. Certaines d'être suivi, la secrétaire se mit en route vers le couloir qu'elle avait emprunté quelques secondes plus tôt, répondant ainsi aux interrogations précédentes de la trentenaire. De chaque côté du couloir blanc, les cadres accrochés au mur représentaient des photos de chanteur en tenue de scène ou encore des danseurs en pleine action. Cette découverte chagrina quelque peu Suzanne qui s'attendait à des images plus excentriques, plus coloré, cependant elle reconnaissait que chaque photo dégageait une énergie propre à la scène et semblait l'appeler à venir écouter l'œuvre pour voir les prestations de ses propres yeux. L'une d'entre elle attira particulièrement son attention. Placer dans un endroit peu visible, plus qu'au milieu du couloir, mais pas à l'extrémité, l'image représentait une femme debout qui regardait son public tout sourire. Comparée aux autres, elle semblait moins professionnelle, moins contrôler ses sentiments sur scène, mais l'aura de joie qu'elle dégageait à travers une simple photo mis immédiatement le baume au chœur à l'aide-soignante. Malgré les quelques années en moins que la femme avait, la blonde l'avait reconnu immédiatement, Kuchel Ackerman était magnifique sur cette scène. La lueur dans ses yeux exprimait la plus grande des passions tandis que sa tenue la sciait à merveille, mettant en avant son teint d'albâtre.

— Tout va bien ?

Sans s'en rendre compte, la visiteuse s'était arrêtée devant la photographie, arrêtant de suivre son guide de fortune.

— Oui, excusez-moi, je vous suis, reprit-elle immédiatement le chemin un sourire aux lèvres.

Le reste des couloirs se ressemblaient tous plus ou moins, toujours dans une couleur monochrome avec parfois quelques peintures de grand artiste accroché dessus pour satisfaire l'égocentrisme et la rétine des personnes arpentant les murs. Ce ne fut qu'une fois devant une grande porte en bois que la secrétaire finit enfin sa route avant de toquer. La plaquette dorée sur le devant ainsi que la voix les indiquant d'entrer ne fit aucun doute quant à l'occupant des lieux. Sans plus attendre, l'assistante poussa la porte, laissant dévoiler une grande salle, avec un bureau en son centre.

Livai Ackerman ne prit même pas la peine de lever les yeux de son dossier pour saluer les nouvelles arrivantes, invitant juste sa secrétaire à regagner son poste de travail, ce qu'elle fit sans plus de cérémonie. Le silence pesant de la pièce qui s'instaura dès que la porte fut refermée dérangea grandement Suzanne qui se mit à contempler plus longuement la pièce pour dissimuler sa gêne. De part et d'autre, des bibliothèques parfaitement rangées où diverses œuvres opératiques classées par compositeur s'y trouvaient. Sur le mur de droite dans un des angles, une photo du nouvel opéra avec plusieurs personnes devant, assis sur des bancs, la composition du cliché ressemblait à s'y méprendre à une de ses photos de classe que les élèves prenaient chaque année. Sans trop de mal, la blonde compris qu'il s'agissait des personnes travaillant dans l'opéra, qui s'était réuni pour immortaliser un moment. Pour relever la couleur des murs beiges, plusieurs affiches décoratives étaient accrochées mêlant ballet à opéra lyrique.

— Prenez place, je vous prie, coupa court la voix de toutes ses contemplations.

A la relecture je n'étais pas pleinement satisfaite de ce chapitre, les descriptions sont un peu fades à mon goût... Peut être que je repasserai dessus quand j'aurais  plus d'inspiration. 

En attendant, j'espère que ce chapitre vous aura plu ! Si c'est le cas, surtout votez et commentez s'il vous plait. C'est la seule façon pour que je sache si l'histoire vous plaît et si elle vaut le coup d'être continuer ! 

Un grand merci à ce qui prendront un millième de seconde de leur temps pour faire le geste !

A bientôt ~

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