♆𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏♆
-"Détection de multiples formes de vie de classe Léviathan dans la région. Êtes-vous convaincu que ce que vous faites en vaut la peine ?"
La voix mécanique et automatique de l'intelligence artificielle résonna dans le casque du jeune homme. L'explorateur esquissa un sourire, bien sûr que ça en valait la peine. Après tout, il était le tout premier à explorer cette zone.
Satoru Gojo continua à nager toujours plus loin vers les profondeurs. Son oxygène était haut : il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Dans son oreillette, les opérateurs braillaient des indications inutiles, mais le jeune homme n'en avait que faire. Il avait bien compris sa mission, et il l'accomplirait seul.
Les eaux devenaient de plus en plus sombres à mesure qu'il s'enfonçait, le faible halo de lumière de sa combinaison faisait peine à voir. Des algues géantes ondulaient autour de lui semblant chercher à l'agripper. Le silence était pesant, uniquement rompu par le bruit régulier de son souffle et le léger grincement métallique de son équipement.
Soudain, il aperçut un toit. Le toit d'un ancien building de Tokyo ! Satoru nagea rapidement pour examiner le matériau, son regard brillant derrière la visière de son casque. Évidemment, tout était rouillé, le métal corrodé par plus de deux décennies sous l'eau. Pourtant, il pouvait encore deviner l'architecture lointaine mais pourtant si familière d'une époque révolue : des panneaux solaires brisés, des antennes tordues... Un fragment oublié de la civilisation humaine.
Il effleura la surface d'une main gantée, dégageant quelques coquillages incrustés. Alors qu'il inspectait les lieux, une étrange sensation l'envahit.
-"Anomalie thermique détectée à dix mètres de votre position." brailla le robot.
Le jeune homme pivota lentement, ses yeux scrutant les ténèbres au-delà de la lumière de sa lampe. Un frisson lui parcourut l'échine. Quelque chose bougeait. Une silhouette indistincte se fondait dans les ombres... Satoru activa un scanner sur son poignet. Rien. Pourtant, il pouvait sentir un regard sur lui, lourd et insistant, provenant des abysses.
Le toit sous lui émit un craquement sourd, une vibration qui résonna jusque dans sa combinaison. Satoru recula instinctivement, son cœur battant plus vite. Une chose était sûre : cet endroit n'était pas aussi abandonné qu'il le paraissait. Soudain, le métal se plia bruyamment avalé par une mâchoire titanesque. Des crocs aussi longs que dix lames de couteaux menaçaient Satoru tandis qu'un grondement sourd résonnait, faisant vibrer de son corps à toute son âme.
Instinctivement, il se propulsa en arrière, ses palmes battant frénétiquement pour mettre de la distance entre lui et cette monstruosité. La bête était massive, une créature de classe Léviathan sans aucun doute ! Son corps était titanesque et devait faire au minimum quinze fois la taille de Satoru lui-même !
-"Gojo ! Évacuez immédiatement ! Ce n'est pas un environnement sûr !" hurla l'opérateur dans son oreillette, la panique omniprésente.
-"Oh, allez, c'est pas tous les jours qu'on rencontre un hôte aussi impressionnant," murmura-t-il, son ton léger, trahissant un soupçon d'excitation noyé dans la panique.
La créature broya le métal entre ses dents laissant un petit arrière goût à Satoru, lui signifiant qu'il serait le prochain. L'explorateur activa son scanner qui commença à biper.
-"Analyse partielle : espèce inconnue. Comportement prédateur. Menace critique."
Un court instant, il hésita. Battre en retraite serait sans doute la meilleure option, mais il savait que cet instant, ce face-à-face avec cette monstruosité révolutionnerait la manière d'explorer les profondeurs. Ce serait peut-être dernière fois qu'il aurait le droit d'aller dans de tels endroits...
Il porta une main à son flanc, activant la lance de plasma fixée à sa combinaison. L'arme se déploya avec un sifflement suraigu, son extrémité émettant une lueur bleutée.
-"Gros malin, voyons ce que tu sais faire," marmonna-t-il, un sourire toujours vissé aux lèvres.
La créature plongea soudainement vers lui, n'ayant fini avec son bout de métal, sa mâchoire se refermant dans un claquement assourdissant à quelques centimètres de la tête du jeune explorateur. Satoru esquiva sur le côté, évitant de justesse l'attaque. Il manoeuvra un échappatoire, profitant de son entraînement d'élite pour rester hors de portée.
La bête pivota avec une vitesse étonnante, son corps immense déchirant le tapis d'algues et heurtant la structure du bâtiment. Le métal grinça à nouveau, des morceaux entiers s'effondrant dans un nuage de débris.
Satoru se propulsa vers l'arrière, utilisant les propulseurs intégrés à sa combinaison pour gagner du terrain. Mais il ne partit pas sans un dernier coup d'œil. Il pointa la lance vers la créature et tira un faisceau concentré de plasma.
L'attaque frappa la bête au niveau d'une de ses mandibules. La créature, après avoir poussé un cri, recula brièvement, peu habituée à être blessée.
-"Oh, t'aimes pas ça..." lâcha Satoru, suivit un éclat de rire.
Mais son amusement fut de courte durée. La créature, loin de fuir, semblait maintenant furieuse. Elle poussa un hurlement assourdissant et chargea de nouveau, cette fois avec une rage brulante.
-"Probabilité de survie en cas de confrontation directe : 3 %. Évacuation recommandée immédiatement."
Satoru serra les dents.
-"D'accord, d'accord, on joue la sécurité pour une fois."
Il activa les propulseurs de sa combinaison à pleine puissance, se lançant vers la surface à une vitesse fulgurante. Derrière lui, il pouvait sentir les courants violents provoqués par la créature, qui ne comptait pas le laisser partir si facilement. Heureusement, la combinaison moderne de Satoru lui permit de retrouver la plaine de sable l'endroit où se trouvait les zones scientifiques.
Il s'approcha de la trappe principale, une lourde paroi métallique gravée du symbole du gouvernement, GMU. Il posa la main sur le panneau de contrôle et attendit que le scanner reconnaisse son empreinte. Un bip résonna, suivi d'un déclic, la trappe s'ouvrant.
Rapidement, des scientifiques aidèrent Satoru à se hisser dans le bâtiment. Il retira son casque, secouant ses cheveux blancs mouillés, et inspira profondément l'air purifié de la base.
-"Gojo-san, vous êtes vivant ?"
La voix familière et légèrement sarcastique de l'opératrice résonna dans l'interphone au-dessus de lui. Satoru esquissa un sourire amusé.
-"Évidemment. Tu croyais que j'allais me faire bouffer par un gros poisson ?"
-"Ce "gros poisson" est une anomalie de classe Léviathan non identifiée." répondit-elle d'un ton un peu sec. "Vous avez mis en danger l'équipement de la mission, sans parler de votre propre vie. Encore une fois."
Satoru haussa les épaules tout en retirant les parties lourdes de sa combinaison, laissant apparaître une tenue moulante noire, conçue pour réguler la température de son corps.
-"Relax, je vais bien, et j'ai même quelques données intéressantes à transmettre. En plus, j'ai survécu, c'est tout ce qui compte, non ?"
L'opératrice soupira.
-"Rapport de mission, immédiatement. La salle de briefing vous attend."
-"Oui, oui, j'arrive."
Il marcha nonchalamment dans les couloirs de la base, saluant les quelques chercheurs et techniciens qu'il croisa en chemin. La majeure partie des gens le regardait avec un mélange d'admiration et de soumission. Satoru Gojo était un explorateur brillant, il avait quasiment tout le staff à ses pieds, son caractère téméraire, voire insubordonné, totalement absent des rapports.
Lorsqu'il entra dans la salle de briefing, plusieurs têtes se tournèrent vers lui. Un immense écran projetait des images floues de la créature qu'il avait rencontrée, probablement enregistrées par les capteurs de sa combinaison. Les représentants des trois clans majeurs et d'autres plus petits, aujourd'hui alliés, étaient présents.
-"Alors, c'est quoi ton monstre cette fois, Gojo ?" lança un homme blond portant le symbole des Zenins, un sourire moqueur sur les lèvres.
-"Une beauté." répondit Satoru en s'asseyant. "Immense, armée de dents et de très mauvaise humeur. Je l'ai appelée Désirée des Profondeurs ? Ça sonne bien, non ?"
Un éclat de rire parcourut la pièce, mais le chef d'expédition, un homme vieux, chauve et aux fins sourcils accompagnés d'une longue babrbe, ne semblait pas amusé.
-"Gojo, ce n'est pas une blague. Cette créature pourrait compromettre nos opérations dans cette région. Si elle est aussi agressive que vous le prétendez, elle pourrait attaquer nos infrastructures."
Satoru croisa les bras derrière sa tête, imperturbable.
-"Elle ne m'a pas suivi jusqu'ici. Et puis, ce n'est pas la première fois qu'on croise une bestiole un peu trop territoriale."
Le chef le fixa un moment, son regard perçant.
-"Envoyez vos données au laboratoire. Nous avons besoin d'une analyse complète de cette créature. En attendant, vous êtes suspendu des explorations profondes jusqu'à nouvel ordre."
Satoru se redressa, une expression indignée sur le visage.
-"Quoi ? Vous ne pouvez pas faire ça ! Je suis le meilleur explorateur que vous ayez !"
-"Et c'est justement pour ça que je veux que vous restiez en vie." rétorqua calmement le chef. "Fin de la discussion."
Satoru grogna, mais il se retint de protester davantage. Il savait que discuter serait inutile. Il se leva alors pour quitter la salle. Avant qu'il parte, il entendit une jeune femme, une de ses amies, prendre la parole afin de calmer les ardeurs.
-"Ce n'est que le début. Et si cette chose existe ici, qu'est-ce qu'on trouvera encore plus loin dans les abysses ?"
Le brouhaha naissant se tut lorsque la large porte se referma, laissant Satoru divaguer seul dans les corridors. Son regard se perdit un instant dans les vitres transparentes du couloir, au-delà desquelles le vaste océan s'étendait à perte de vue. Je reviendrai là-bas, pensa-t-il, une étincelle d'excitation et de défi dansante dans les yeux. Ce Léviathan n'a pas fini d'entendre parler de moi.
Le soir vint assez vite et Satoru se retrouva dans son immense suite, presque royale, il faut l'admettre. Il avait une vue panoramique sur la plaine de sable, immergée qui était magnifique.
Il y a plus d'une vingtaine d'années, un cataclysme sans précédent fit monter les eaux jusqu'à engloutir plus de 99 % de la planète, ne laissant derrière lui qu'un vaste océan sans fin. Le Japon fut le seul pays à préserver une fraction plutôt significative de sa population, avec un taux de survie supérieur à 0,5 %. Les autres nations disparurent, balayées, ne laissant que quelques âmes éparpillées : trois Français, deux Australiens, et peu d'autres. Face à cette crise, le gouvernement, rebaptisé GMU (Gouvernement Mondial Unifié), entreprit la construction d'une civilisation sous-marine. D'immenses dômes sous-marins, reliés par des tunnels et des plateformes flottantes, furent érigés pour abriter la population. Quelques rares pontons émergent encore à la surface, vestiges fragiles d'une ère révolue.
Cependant, la population vieillissante posait un défi majeur : avec la destruction de la plupart des terres émergées, le taux de natalité déclinait. Le GMU instaura des mesures strictes pour contrôler les naissances et encourager la reproduction, allant jusqu'à forcer certains couples à s'unir dans le but de repeupler la planète. La hiérarchie sociale devint rigide : les alphas, puissants et influents, prenaient les décisions et bénéficiaient de privilèges, tandis que les omégas, considérés comme des outils essentiels pour la reproduction, étaient relégués aux échelons inférieurs.
Les mariages arrangés avaient fait un retour fracassant. Désormais, ils n'étaient plus une option, mais une obligation imposée par le GMU. Les lois étaient claires : chaque individu devait trouver l'amour avant l'âge de 25 ans, sans quoi il serait condamné à ne pas le choisir. Passé cet âge, un partenaire leur serait assigné par le gouvernement, selon des critères stricts mêlant surtout la compatibilité génétique.
Cette mesure, bien qu'ouverte à la critique fut adoptée, fantasme pour certain... Il faut croire que les vagues avaient englouti presque tous les connards, maris/femmes violent(e)s et j'en passe, car peu d'Omégas et d'Alphas en étaient malheureux...
Satoru soupira.
Il avait 26 ans et comme il enchaînait les entrainements, meeting et explorations, il avait réussi à échapper à cette mesure. Mais il se doutait que pendant cette période de moue, le gouvernement en profiterait pour lui assigner un Oméga. Ces-derniers temps, Satoru avait été si occupé qu'il avait même sauté deux fois ses ruts, un jamais vu pour lui qui adore se réconforter en se frottant à ses coussins.
Quoi que... Si personne ne s'en plaignait c'était peut-être car ce n'était pas si mal... ? Shoko a bien eut une Oméga sauvage au début, mais elle a réussit à l'apaiser, songea Satoru. Et la mienne ? Elle sera comment ?
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