𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟔
℘ Isas ℘
J'ai arrêté de fumer, mais l'envie de reprendre se fait de plus en plus rude. De plus en plus difficile.
Je dois renoncer à l'envie.
Je sais que ce n'est pas sain ni une bonne hygiène de vie, je crois que je commence de nouveau à péter les plombs.
En plus de ça, il y a mon petit frère qui revient comme si de rien était. Je ne crois pas un mot quand il me dit qu'il n'a plus rien à voir avec ses affaires à San Francisco.
Ces mensonges, je les aperçois sans sourciller, sans le moindre effort et j'en suis persuadé qu'il va tout foutre en l'air.
C'est son truc.
C'est le pressentiment que j'ai et putain ce que ça me donne envie de fumer pour décompresser.
Forcément, quand il est revenu, j'ai directement pensé à ce qu'il entraîne Leïla, je me suis dit que ça pourrait m'aider pour repousser mes ardeurs et l'attirance que je commence à ressentir.
Et aussi à m'avancer sur mon vrai travail.
Mais je dois garder San à l'œil, il ne doit pas tout foutre en l'air avec elle. J'ai décidé de lui faire confiance à propos de l'entraîner, sauf que je reviens dessus sans cesse.
Je ne peux m'empêcher de penser qu'il doit profiter de son rôle.
Je le connais par cœur.
Il jubile intérieurement.
Marchant dans les rues de Boston, bondées de touristes en cette période de l'année, je rentre dans un café pour la rejoindre.
Je la cherche du regard et la remarque dans son pull bleu azur, faisant ressortir ses cheveux marrons noisettes.
Elle est en train de boire un milk-shake, sûrement goût vanille.
Je marche vers elle moins serein que d'habitude, peut être dû à ce stress qui ne cesse d'augmenter.
– Salut toi, j'entame la conversation.
Après m'être assis, je remarque le serveur déjà debout à côté de notre table, son carnet en main.
Je me racle la gorge.
– Un café noir pour moi, merci.
Le voyant repartir, je plonge mon regard dans celui de celle qui m'est chère.
Ses yeux me scrutent, elle n'a pas dit un mot, ne serait-ce qu'un mini bonjour inaudible.
Quelque chose ne va pas.
– Est-ce que ça va ?, je la questionne hésitant.
Une mèche rebelle est rebiquée sur sa joue, sa mélanine rayonnante lui donne une bonne mine surtout grâce aux reflets du soleil qui traverse les vitres du café.
Elle semble chercher ses mots, car elle ne me regarde pas dans les yeux.
Je plisse alors les miens, confus.
– Je ne sais pas si je dois t'en parler ou si c'est à lui de le faire...
Lui ? De qui elle parle ?
– Enfin je veux rien te cacher je-
Je pense deviner.
– C'est de mon frère que tu parles ?, je fronce les sourcils. Il t'as fait quelque chose ?
Elle se mordille la lèvre inférieure l'air d'hésiter à m'avouer ce qu'elle essaye de me dire.
– Je le savais, j'aurais jamais du lui-
– Non écoute moi Isas, ton frère il..., elle soupire, il est instable. Je veux dire par là qu'il peut être parfois dans un état pas normal.
Je penche la tête essayant de comprendre ce qu'elle me manifeste. Mais je crois que je fais vite le rapprochement.
– T'entends quoi par là ? Je sais qu'il est difficile à gérer il en fait qu'à sa tête.
– Isas, il se drogue.
La vérité me donne un coup de massue en pleine tronche.
Je pensais qu'il avait arrêté, qu'il avait repris un nouveau départ et que c'était de l'histoire ancienne.
Putain, j'aurais dû m'en douter.
Voyant que je ne réagis pas, elle me dévisage un long moment en plissant les yeux et là, je crois qu'elle comprend mon mutisme.
Je grimace légèrement.
– Tu le savais ?
Elle est surprise, cela s'entend dans sa voix.
Je soupire exagérément puis je hoche la tête.
Je ne voulais pas qu'elle sache ou du moins pas de cette manière.
– Comment toi tu le sais ?, lancé-je.
– Je l'ai vu, dans les vestiaires.
– Tu l'as vu ou tu l'as espionné ?, je fronce rapidement les sourcils.
Leïla s'adosse plus confortablement sur le siège du café et m'analyse d'une manière que je n'apprécie guère.
Nan mais c'est vrai quoi, qu'est-ce qu'elle foutait dans les vestiaires avec lui ?
– Je l'ai peut être suivi oui mais c'était pour savoir ce qu'il manigançait, j'avais un pressentiment et j'ai bien fait de l'écouter.
Elle soupire et reprends,
– Tu comptais me le dire quand ?, elle s'irrite.
– Je n'étais pas au courant qu'il continuait, je pensais qu'il avait arrêté toute cette merde.
– Il y a quelque chose d'autre encore que je ne sais pas à son sujet ?, elle demande inquiète.
Mon café servit, je prends une gorgée, j'hésite à lui révéler ce qu'il faisait à San Francisco, ça pourrait la mettre en danger et moi de même.
Il me faut une clope tout de suite.
– Écoute, mon frère il s'est toujours mis dans des situations galères.
– Quels genres de situations ?, elle frémit un peu.
Je passe une main dans mes cheveux contraint à lui dire la vérité, car elle ne lâchera pas le morceau tout de suite.
– Là-bas, il a connu le monde du côté obscur. Il a su trouver comment se faire de l'argent différemment. Je sais qu'il est entré dans un réseau de drogues et bien pire.
Elle fut sous le choc après ce que je lui ai annoncé. C'est normal après tout, mon frère a fait partie d'un gang là-bas.
– Tu crois qu'il a déjà tué ?, me sort-elle de but en blanc.
Je suis maintenant moi-même surpris de sa question. C'est difficile à dire quand ton petit frère te cache quasiment tout de sa vie et disparaît du jour au lendemain sans réponse. Puis qu'il ramène ses problèmes ensuite, et fout le désarroi.
Je ne peux pas le nier, il est encore dangereux parce que son passé pourrait bien le rattraper.
Quoi qu'il arrive, je ne veux pas mêler Leïla à tout ça, et si ça arrivait, je ne pourrais plus me regarder en face.
Depuis le jour où je l'ai rencontrée, je me suis fait la promesse de la préserver de ce monde de brute. Elle est si sensible mais courageuse en même temps.
Je l'ai sorti en quelque sorte de sa misère, je lui ai tendu la main et je ne regrette absolument pas.
– Je t'en ai déjà dit trop. Je vais y aller.
Je finis mon café et le repose d'un coup sec sur la table. Je sens qu'elle se crispe à ma manière de conclure le sujet et que je me précipite à partir.
Pour elle, je suis probablement en train de fuir.
– Attends. Elle se lève. Tu comptes faire quoi ? Le laisser m'entraîner alors qu'il est constamment sous l'influence de ce qu'il prend ?
Merde, je crois qu'elle est apeurée maintenant.
J'observe son visage maintenant inquiet et je ne sais pas ce que je dois lui dire pour la rassurer.
A vrai dire, ça n'a jamais été trop mon truc.
– Il ne te fera rien.
– Comment tu peux le savoir ?
– Je le sais c'est tout. Je dois vraiment y aller, le boulot m'attend.
Je m'approche d'elle et prends son visage en coupe, je dépose un baiser sur son front.
Son parfum enivre mes narines, elle n'a pas changé le shampoing pour ses cheveux.
Cette odeur me donne envie de la serrer contre moi mais je m'en dissuade.
– Je le laisserai pas te faire du mal ni quoi que ce soit, je te le promets.
C'est sur ces derniers mots que je quitte le café en ayant qu'une chose en tête, régler ses histoires avec mon frère.
🥊 🖤 🥊
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