𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒
℘ Leïla ℘
Donnant le reste d'argent liquide qui me reste à l'employée du Starbucks du coin, je prends le frappuccino dans ma main et vais m'asseoir dans le fond du commerce. J'attends le dénommé Isas, mais il est en retard de cinq minutes.
C'est souvent avec lui. Il ne sait pas être à l'heure.
Mais je suis habitué désormais.
Je commence à penser à ma tante, cela fait un moment que je ne lui ai pas donné de nouvelles. J'évite de l'appeler trop souvent, car lui mentir n'est pas très sain. Je ne peux pas lui dire ce que je fais vraiment à Boston sinon elle me tuerait. Elle qui a toujours été très protectrice. Elle n'est pas au courant que je suis en gros manque d'argent.
Je ne veux pas l'immiscer dans mes problèmes ni qu'elle se préoccupe pour moi, c'est fini tout ça. Chacun doit gérer sa vie et ma tante ne peut plus me donner des leçons.
Ayant presque fini mon gobelet, j'aperçois enfin mon coach, mais il n'est pas seul. Il est bien évidemment accompagné de son petit frère.
Pourquoi l'avoir ramené au fait ?
Je retiens une grimace et me lève pour faire une accolade à Isas sans un bref coup d'œil vers son frère, puis je me rassieds sagement.
– Comment tu vas ?, m'adresse-t-il avec un sourire charmeur.
Je me saisis de ma manche nerveusement et essaye d'ignorer la présence de San qui est pesante. C'est fou comme il émane une prestance et une aisance dominante. Il est vêtu seulement de noir, ce qui coalise avec ses tatouages. Je discerne la moitié d'une horloge avec des chiffres romains sur sa main droite et de son autre main, j'aperçois un corbeau déployant ses ailes avec une phrase citant les ténèbres sont mes alliés – Un truc dans le genre – J'annonce à Isas que je vais bien après m'être rendu compte que je le fixais un peu trop puis je lui demande impatiente,
– Je m'entraîne quand ?
Pour ce second semestre, je dois redoubler d'efforts et ne pas perdre les capacités que j'ai acquise.
Je ne dois pas me laisser abattre par une autre fille à qui je pourrais bien perdre face à ce concours. Qui aurait bien plus besoin de cet argent que moi-même ? Enfin, c'est ce que je me suis dit pour me motiver.
– Ne t'en fais pas, dès demain t'auras un programme que j'ai fait spécialement pour toi.
– Quelle générosité, même à moi il ne m'a jamais donné autant d'attention, commente San en nous observant.
Tournant la tête vers lui, mon regard croise
le sien, je peux apercevoir dans ses yeux si noirs qu'il n'y a aucune once de joie. C'est si vide. On dirait qu'il a vu la mort de près. Est-ce le cas ?
Je détourne les yeux et ce dernier fait de même en adressant un regard à son grand frère qui lui, évite sa remarque.
– Tu penses que je suis prête même avec tout ce que je sais pour le concours ?, je m'inquiète de nouveau.
– Bien sûr, tu es prête plus que n'importe qui. T'as tout pour gagner ce concours. J'ai confiance, ne te fais pas de soucis sur ça.
Un léger sourire apparaît sur mes lèvres et j'essaye de le réprimander.
– Y'a combien à la clé déjà ? Car pourquoi moi je ne pourrais pas y participer ?, le questionne celui aux cheveux noirs.
Mon coach le dévisage surpris puis fronce les sourcils, signe qu'il désapprouve totalement l'idée.
– Je pari que ce n'est pas parce que tu as besoin d'argent que tu veux y participer, tu veux juste frimer ou bien te faire tabasser pour amadouer les jeunes filles qui auront pitié de toi, lance ironiquement Isas.
Je ne cache pas mon amusement et détaille à mon tour la réaction de son petit frère.
– C'était juste une question comme ça, pas la peine d'être aussi chiant, il le toise du regard puis se tourne vers moi. Et toi, pourquoi t'as besoin de gagner à tout prix ce concours ? Pour l'argent ou autre chose ?
Sa question me prend de court, qu'est-ce qu'il insinue ?
– Pour ta gouverne, oui, c'est pour l'argent.
J'ai répondu de la manière la plus simple et sèchement possible.
De toute façon, ce ne sont pas ses affaires ma vie privée. Et puis pour qui il se prend encore une fois ?
– Tu dois surtout t'occuper de Leïla pendant mon absence, San, lui remémore mon coach et moi tout autant.
J'avais omis ce détail, et tout à coup mon amusement disparaît.
Isas avait prévu qu'on le remplace et son frère a déboulé comme par magie. Moi je ne pensais aucunement qu'il choisirait son frère pour le remplacer, et ça me fait un peu chier je l'avoue.
– Ne t'en fais pas, j'ai deux trois trucs à lui apprendre, affirme San avant de se lever.
Il part chercher une boisson au comptoir et je me retrouve alors nez à nez avec le brun.
Il retrousse ses manches de son pull blanc crème, il a l'air d'avoir chaud. Je le trouve séduisant alors qu'il ne fait rien de spécial.
Ça me désespère. Je ne veux pas ressentir ça.
– Désolé, il ne fait que me suivre depuis qu'il est revenu.
– Je ne comprends pas, tu souhaites qu'il me coach aussi ?
J'observe son frère payer à la dame qui sert les boissons chaudes, il arbore un sourire charmeur aux lèvres et l'employée lui sourit en retour, légèrement gênée.
Sa veste en cuir lui donne de l'assurance, ses gestes sont si précis et déjà préparés à l'avance. Il sait quel effet il envoie à ces femmes et il en profite tel un connard qui a toujours besoin de prouver de quoi il est capable.
Il m'insupporte rien qu'en l'observant avec son air de mauvais garçon.
Je suis irritée et même écœurée face à la vue de lui qui sourit faussement à cette serveuse. Je crois même qu'il lui fait un clin d'œil.
Je roule des yeux.
C'est pathétique.
– Mon boulot à côté me prend sacrément du temps en ce moment alors je préfère que ce soit lui plutôt que quelqu'un d'autre.
– Si tu penses que c'est une bonne idée je te crois, mais je ne lui fais pas confiance, j'admets toujours entrain de le fixer.
Quand son frère revient à sa place, une tension inexplicable réapparaît.
Je ne peux m'empêcher d'imaginer nos séances désastreuses que ça pourrait donner vu ce qu'il m'a fait l'autre jour.
J'ai bien cru qu'il voulait ma mort.
Sa nonchalance m'agace.
Il boit son café en regardant autour de lui, et doit être sûrement dans ses pensées ou que sais-je.
Jouant avec ses doigts contre la table, je me retiens de lui faire une remarque sur sa façon d'être mais je m'abstiens par peur qu'il se venge lors de nos prochains entraînements.
Décidant de l'ignorer pour de bon, je me consacre à mon coach et nous commençons à parler de tout et de rien.
C'est la meilleure partie de la journée, et je voudrais que le temps s'arrête à cet instant.
Parfois, je me dis que cette attirance n'est peut-être finalement pas qu'à sens unique quand je le vois pincer sa lèvre inférieure machinalement quand je ris à ses bêtises.
Nous tenons l'un pour l'autre une connexion spéciale, depuis le soir où je l'ai rencontré.
Il m'a tendu la main pour m'aider dans ma quête d'argent.
Il était là, quand j'en avais le plus besoin.
Maintenant, je dois lui remercier en accomplissant mon objectif...
🥊 🖤 🥊
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