𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟖






San



Sombrant dans l'insomnie, emprisonné par des pensées négatives, le calme n'est pas. Mes soubresauts m'empêchent de dormir totalement, mon regard se tourne vers l'horloge accrochée au mur de la chambre. Elle affiche 3h28.

L'insomnie se moque de moi.

Mon cœur exécute des bonds effrénés, il pompe férocement dans ma poitrine. Cela me donne la nausée.

Par malheur, quand je ferme les yeux, je ne vois que des fibres du passé dont je ne voulais pas revivre. Des milliers de frissons parcourent toute ma chair et des fourmis sont logées dans mes mains et dans mes jambes.
L'effroi peut se lire dans mes yeux, je ne veux pas vivre cette nuit d'horreur.

Je préfère ne pas dormir au pire, je n'aurais pas à subir un cauchemar. En transe, de la sueur coule sur mon front touchant mes cheveux noirs, ils sont mouillés désormais.
Je ne peux pas rester comme ça.

Difficilement, je me surélève du lit et m'avance vers la salle de bain. Je retire les vêtements collés à ma peau, entre dans la baignoire de l'hôtel et allume l'eau froide.
Cela me fait du bien instantanément, je penche la tête en arrière et ferme les yeux, profitant de ce moment infime où je ne pense pas à tuer des gens, ni à la mort tout court. Où je ne la visionne plus. Je sens seulement l'eau couler sur mon corps, je soupire et ma chaleur corporelle s'atténue, je ne suis plus qu'un chauffage ambulant.
J'ai l'impression et la sensation que ma tête va exploser d'une minute à l'autre.

Par mes mains, je tiens mon visage et je m'assois tout doucement dans la baignoire.
Rapprochant mes genoux vers mes épaules, je me recroqueville tout en laissant l'eau gelée couler sur moi.

Mes émotions s'entrechoquent tellement que je suis perdu, je ne sais plus si je dois ressentir de la haine ou de la compassion parce que cette emmerdeuse essaye de me sortir de ce foutu trou noir. De cette terrible addiction. Mais tous mes espoirs s'effondrent quand je pense à la difficulté devant moi, les portes menant vers la liberté se barricadent et je ne peux pas l'ouvrir tout seul.

Je suis coincé.

L'eau coule à flots sur mon torse, je commence petit à petit à avoir des frissons, il était temps. Ça veut dire que mon corps reprend une chaleur corporelle tout à fait normal.

Je ferme le robinet de ma main, frêle et pâle, je me soulève de la baignoire. Attrapant une serviette, je l'enroule autour de ma taille et admire mon reflet dans le miroir avec dégoût. Comment je peux encore me regarder en face après tout ça ? Je me répugne. Je n'ose plus me faire face alors je retourne vers le lit, vide et sans hôte. Je m'allonge à moitié nu, mais ça je m'en fou complètement, puis j'essaye de trouver le sommeil.

Cela risque d'être très long, l'horloge affiche 3h45.

~~~

Un bruit assourdissant me surprend au point que je bondis de mon lit affolé.

Décontenancé, j'ai pris le premier objet qui me venait sous la main, c'est-à-dire mon arme sur la table de nuit. Je ne la brandis pas, mais ça n'a pas l'air de plaire du tout à celle qui se posture devant moi.
Mes yeux rencontrent les siens, les mots ne sortent pas aussi rapidement de ma bouche que d'habitude, puis elle reluque quelque chose en particulier. Ma serviette.

Putain, j'avais zappé.

Mon regard descend vers le bas de mon corps, mais étonnamment, il n'y a pas de serviette. En fait, je suis tout nu !

J'ai une arme à la main alors que je suis déshabillé, j'ai l'air franchement pas crédible.

C'est pas vrai ! Dieu fait moi oublier cette horreur matinale !, crise Leïla en se cachant les yeux et mimant une grimace de dégoût.

Sur le coup de mon réflexe, par erreur, j'ai dû faire tomber cette satanée serviette.
Mais sa réaction me fait rire alors j'en joue un peu avant de mettre un caleçon et un jean qui étaient posés sur la chaise. Je mets ensuite mon glock dans ma poche arrière.

Fais pas la choquée, je roule des yeux puis esquisse un sourire en coin.

J'aurais dû toquer, se lamente-t-elle.

Ça, j'aurais pas dit mieux.

Elle s'approche de moi et croise les bras, elle n'a plus l'air si sûr d'elle tout à coup, est-ce que je la mets mal à l'aise ? En même temps, ça doit être traumatisant d'avoir vu ce qu'elle vient de découvrir, ou pas.

Je prends un malin plaisir à en surjouer, car je ne vais pas oublier ce qu'elle a fait d'aussitôt.

Et t'aurais surtout dû te mêler de ce qui te regarde, petite emmerdeuse, bouillonné-je de nouveau. Tu fous quoi dans ma chambre ?

Je plante mon attention sur l'heure qui s'affiche et je manque d'écarquiller les yeux. Bordel, je n'ai pu dormir que 3h mais il est déjà 11h passées et la mission est censée continuer vu que l'on n'a pas pu vendre la marchandise hier soir.

Les autres m'ont réveillé, mais ils n'osaient pas faire la même pour toi, alors je me suis proposé, sourit-elle de façon hypocrite. De rien.

Je prends une grande inspiration pour ne pas lui dire tout ce que je pense sur-le-champ, j'ai envie de lui faire bouffer le matelas, mais je me retiens. J'ai déjà déconné hier.

Mes yeux rivent vers la brune qui me tend mon tee-shirt l'air de dire qu'ils faut qu'on se grouille. Je l'enfile sans broncher.

Au fait, Max a reçu un message de Victor et il a un nouvel acheteur à 100 km d'ici. Tu vois, tu n'es pas aussi indispensable que tu penses l'être.

Elle fait encore un pas vers moi, son corps est à 2 cm de moi, sa tête est relevée vers la mienne et je dois faire deux têtes de plus qu'elle. Je pouffe un peu face à sa réaction, elle est ridicule, quand est-ce qu'elle aura terminé son petit jeu avec moi ?

Je n'oublie pas ce que tu m'as jeté à la gueule hier, en manque ou pas, jamais ça passera. On fait cette mission, et je retournerais chez moi, loin de votre réseau et surtout de toi.

Elle me tourne le dos, prête à prendre la fuite en quittant la chambre, mais je la rattrape par le bras, perdue. Qu'est-ce que penserait mon frère ? Elle ne peut pas rentrer ! Ce serait trop risqué.

Tu ne penses pas ce que tu dis, annoncé-je d'une voix ferme.

Ses pupilles transpercent les miennes, je peux lire dans son regard de la fureur, un feu étincelant qui pourrait me brûler tout entier si elle en avait le pouvoir. Ses sourcils froncés, elle dégage son bras de ma main d'une force dont je ne peux riposter.

T'es si présomptueux ! C'est mon choix de toute manière.

Tu m'as laissé le choix à moi ? T'as pris ma drogue !, éclaté-je en sentant des bouffées de chaleur revenir.

Oh je t'en prie, c'est un service ce que je t'ai donné ! Sois pas triste pour ta petite came, tu la retrouveras bientôt quand on rentrera.

Sur ses mots, elle part pour de bon de la chambre et me laisse sans voix. C'est la première fois que je n'ai pas le dernier mot.
La situation est déjà assez compliquée par rapport à mon souci, alors le fait qu'elle veut rentrer ne m'arrange pas du tout. Mais elle m'a tellement énervé que je devrais m'en foutre, qu'elle soit en danger ou non, elle arrêtera comme ça de me mettre des bâtons dans les roues.

Je rends les clés à la dame de l'accueil et sors de l'hôtel, à ma gauche se trouve Jesse. Il me fait un remake de sa soirée comme quoi il a très mal dormi à cause de Max qui ronflait comme un porc. Ah s'il savait !

Jetant nos affaires dans le coffre, je me dépêche tout de même, il nous restes plus de la moitié de la journée avant de livrer la marchandise.

Sur la route je suis tendu, tous mes muscles se contractent entre eux, le début de sevrage est dur pour le moment, mais j'essaye de résister à ne pas craquer ni à exploser.

L'autre est à l'arrière, tant mieux, je ne veux pas la savoir à mes côtés alors qu'elle me coupe les vives depuis cette nuit. De toute façon ce serait du suicide de nous mettre à côté désormais, car j'aurais envie de lui faire ravaler son sourire faux qu'elle lance aux deux autres zigotos.

Au bout d'une demi heure, je demande à Jesse de conduire, et le temps de changer de siège je vomis sur l'aire d'autoroute.

Satané de sevrage à la con !

Putain Leïla tu vas me le payer !

J'entends un ricanement de sa part, logée dans la voiture, elle me dévisage avec un sourire malicieux au visage. Des envies de meurtres apparaissent dans mon esprit et je crois bien que ça se remarque, car elle perd son sourire et regarde dans une autre direction.

Ça va mon pote ?, me lance Jesse un peu inquiet au vu de mon état critique et lamentable.

J'opine simplement de la tête.

Juste un peu patraque.

Je retourne dans la voiture du côté passager et envisage de faire une sieste pour faire passer ses nausées.

Arrivée enfin à l'endroit, nous voilà devant un entrepôt. C'est une blague ? Notre boss a trouvé son type ici ? Un mec qui travaille dans une carrosserie et qui vend des matériaux pour les voitures.

Ça promet.

Mon coéquipier, Jesse veut y aller accompagné seulement de Max.

Je refuse catégoriquement.

Premièrement, parce que je suis chargé aussi entre autres de cette mission et deuxièmement, car je ne souhaite pas rester en compagnie de l'emmerdeuse. C'est hors de question.

J'ouvre difficilement la portière, je dois être blanc comme neige.

Max tu devrais la surveiller, lui supposé-je en sortant de la voiture.

Non. On a qu'à l'emmener avec nous si tu ne souhaites pas rester là.

Mon regard dévie sur le sac noir qu'il tient dans sa main gauche puis sur son visage.
Pour rien arranger, les émotions que j'éprouve comme la colère ou la tristesse sont décuplés, là en revanche, j'ai une haine incontrôlée qui monte en moi et je ne peux rien faire pour ne pas qu'elle explose.
Mes mains agrippent son col et je le pousse fermement contre le véhicule garé. Nos yeux se confrontent, attisant ma colère, un duel de regards s'impose.

Mec tu ferais mieux de retourner à ta sieste et nous laisser gérer, tu fais n'importe quoi !, s'énerve Jesse en m'éloignant de Max avec son bras.

Lui il dit de la merde, on va pas l'emmener avec nous ! Qui sait ce qu'il pourrait y avoir, répliqué-je à mon ami en reniflant.

Mes sourcils se froncent, ressentant le liquide qui coule en dehors de mon nez. Je suis persuadé que c'est du sang alors pour vérifier je passe furtivement mes doigts par dessus mes narines. Un liquide rougeâtre les peints.

Putain de merde !, déclare subitement Jesse.

Je le regarde incrédule, pensant qu'il réagissait à ma nouvelle crise mais non, son attention est rivé par quelque chose derrière moi. Je me retourne et découvre Leïla avancer d'un pas déterminé vers l'entrepôt.

Elle va me rendre fou !









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