𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟕






San



Comment peut-on me faire venir ici, au Mexique, pour un plan foireux ? Victor abuse, je pense qu'il est temps pour lui qu'il aille à la retraite. Sérieusement.
Je ne sais pas où il a trouvé ces acheteurs, mais ils m'ont pompé l'air. J'ai bien cru que j'allais tirer sur l'un d'eux, et ça m'aurait pas déplu. Vu leur sale gueule.

Soit il nous trouve d'autres acheteurs par ici et l'on vend la marchandise, soit ce n'est pas autrement. On ne va pas repasser la frontière avec la drogue. Il en est hors de question.

Le pire dans tout ce merdier, c'est de se coltiner la petite protégée de mon frère. Il suffit qu'elle fasse une connerie monumentale et on est tous mort.

Mais je ne la laisserais pas faire.

Je surveille bien trop tout ces faits et gestes que ça me parait improbable qu'elle en fasse une. Mais je me méfie toujours.

Elle n'a d'ailleurs pas reparlé de l'histoire de son père. John.

L'enflure.

J'espère qu'elle ne compte pas s'attacher ou quoi que ce soit à lui, car le tuer, c'est dans mes futurs projets. De toute manière, je ne sais pas quand elle aura l'occasion de le rencontrer...et ça m'importe peu.

Je me demande pourquoi elle n'aborde plus le sujet. Est-ce du déni ? Je ne juge pas mais quand même. C'est une sacrée nouvelle à avaler. Je ne m'attarde pas plus à ce qu'elle y pense, mon plan est déjà tout tracé. Je ne veux pas qu'elle s'en mêle ou pire, m'en dissuade.

Une fois de plus, je ne la laisserais pas faire.

Leïla a choisi cet hôtel qui pour ma part, fera l'affaire. Les deux autres sont ravis peu importe où ils se trouvent, tant qu'il y a un peu de confort ça leur suffit. Moi, de toute façon, je dors peu.

Et j'ai ce besoin ultime.

Vite, que j'aille dans ma chambre.

J'avance vers l'ascenseur, suivant la brunette mais, je ressens à quelques centimètres d'elle, sa réticence.

Elle m'a vu et tout à coup ses gestes sont imprécis.

Elle reluque ma clé et laisse apparaître un agacement ? Je rêve là.

Ce n'est qu'une chambre à côté de la sienne.

Il n'y a pas de quoi en faire toute une chose.

Elle n'est jamais contente, de ce que je vois.

L'ascenseur s'ouvre et j'y entre à l'intérieur, je me retourne et la regarde, confus. Elle ne rentre pas avec moi ?

Tu es une gamine tu le sais ça ?, relaté-je en fronçant les sourcils.

Suite à mes mots j'empoigne son bras fin, la contraignant à me rejoindre dans cet espace étroit. Un hoquet de surprise sort de sa bouche, je l'attire contre moi, un peu plus fort que je ne le voulais. Les portes allaient se refermer.

Nos visages sont proches, mes yeux rencontrent les siens et j'admets que ses yeux noisette m'hypnotisent pour une raison que j'ignore. Comment peut-on avoir un visage si symétrique ? Une bouche parfaitement dessinée, des sourcils légèrement courbés et un nez droit. Ses traits fins lui donnent un air pur. Si John est vraiment son père, elle tient de ses origines turques. Je ne l'ai jamais entendu dire un mot dans cette langue d'ailleurs. Peut être qu'elle ne le parle pas correctement.

Tout s'éclaire, tout s'illumine.

Son visage est putain d'attirant.

Je ne peux pas le nier bien que c'est une emmerdeuse, et que je n'oublie pas le coup-de-poing qu'elle m'a infligé. Ça aussi je l'avoue, elle a une sacrée force.

Ma main est agrippée à son bas du dos, qu'est-ce que je fou au juste ?

Elle se recule d'elle-même, me ressaisissant. La brune me dévisage, je sens son regard qui me brûle, me sonde tout entier. Du coin de l'œil, je remarque que sa poitrine se soulève anormalement, son corps bouge avec nervosité. Est-ce moi qui lui fait cet effet ?

Ce n'est pas bon si c'est le cas.

Les portes se rouvrent, nous offrant un couloir, tout en longueur et un tapis vieillot jonche le sol. J'avance vers ma chambre, cherchant la numéro 23. Trouvé, je tourne la clé dans la serrure.

Bonne nuit San.

Derrière moi, Leïla me scrute une dernière fois avant de disparaître et de partir dans sa chambre. Elle n'attendait pas une réponse de ma part. J'arque un sourcil par réflexe.
Et j'entre à mon tour dans la mienne.

Mon sac posé sur mon lit, je me fiche de savoir à quoi ressemble la déco, ma seule envie est de me satisfaire pour cette fin de journée. Je trifouille dans mes affaires, désespéré, à la recherche de mon petit plaisir. Mon cœur loupe un battement.

Rien.

Mon cœur se retourne complètement dans ma cage thoracique.

Pas de sachet.

C'est vide.

Une perle de sueur me chatouille au niveau de ma tempe, qu'est-ce que j'en ai fait ?
Je ne l'ai pas oublié, c'est impossible.

Jamais j'aurais fait ça.

Non, je ne peux pas faire ça. J'en ai tellement besoin. Ce n'est pas possible.

Je défais en vitesse toutes les affaires que j'ai emmenées, jetant les vêtements par terre, incontrôlable je suis. Je me tiens la tête pour réfléchir à une solution, un souvenir ou quoi que ce soit qui m'aiderait.
Je balance mon sac au sol et deviens de plus en plus irrité, comme si j'en voulais à la terre entière.

Je n'ai pas pu faire ça.

C'est forcément...une erreur. Je saisis l'arme enfouie dans ma poche, et m'assois à même le sol, contre le rebord du lit. Les questions s'enchaînent dans ma tête et je me cogne le crâne avec le revers du glock dans ma main. Je me haïe de ne pas avoir...

Ça fait tilt.

J'ai bien emmené le sachet.

Il a juste disparu.

Mon regard se relève soudain, c'est de sa faute. Je le sais, j'en suis sûr. J'en suis persuadé même.

Ni une ni deux, je suis devant sa porte, frappant fermement contre, le numéro 22 affiché en bois s'alliant avec la peinture croulant avec l'usure et le temps, le papier peint élimé me donne la nausée.

Leïla fait son apparition avec un air inquisiteur au visage puis se raidit, face au mien.

Je suis tout sauf calme.

Tu vas pas dormir ? Je-

Cette emmerdeuse ne termine pas sa phrase car j'entre sans broncher dans sa chambre, c'est fou comme son odeur a déjà imprégné la pièce. Elle me reluque, perplexe, mais elle ne veut pas que je sache que je la terrifie en ce moment même.

Où il est ?, vociféré-je m'approchant toujours d'elle.

Plissant les yeux, elle feint de ne pas comprendre alors ça me met encore plus hors de moi.

Putain mais d'où tu te permets ?, m'emporté-je tout en fonçant sur elle.

Son dos percute la commode de la pièce et elle évite mon regard tournant sa tête sur le côté. Je crispe la mâchoire et viens maintenir son visage à l'aide de ma main, la contraignant à me regarder dans les yeux.

Lâche-moi putain t'es cinglé !, crie-t-elle.

On t'a jamais dit de ne pas toucher aux affaires des autres, et encore moins aux miennes.

Je lui parle tout près de son oreille, avec un ton hargneux car je suis vraiment en colère.

Voilà dans quel état elle me met.

Je sais ce que tu m'as pris, rend le moi et tout se passera bien.

Je sens son souffle qui est devenu irrégulier, sa poitrine se soulève de nouveau, dans ses yeux je lis de la peur.
C'est ce qu'il faut, je souhaite ce qu'il m'appartient, ce qui est mien. Elle n'avait aucun droit de me le prendre.

San, laisse-moi, laisse-nous t'aider ! Je t'en supplie. Je ne veux pas que tu m-meures. Arrête de te faire du mal ! Arrête de prendre cette merde. Ça te détruit.

Après ses mots, je suis poussé loin de son corps, je la regarde ahuri. Sa force enlève tous les doutes que j'avais pu avoir auparavant.
Mais elle me connaît à peine, comment peut-elle sortir ce genre de choses, ce genre d'aveux. Putain, j'en ai ras le bol que ce sont les autres qui décident pour moi ! Elle me lance ça au visage comme si les paroles venaient de mon propre frère et cela m'enrage encore plus.

Le truc c'est que, quand je prends cette merde comme tu dis, je me sens revivre ! J'ai envie de vivre de nouveau, j'ai une sensation de renaître. C'est mon échappatoire à moi, à moi putain !, beuglé-je en encerclant mes mains près de son visage.

Mes mains l'entourent, comme un objet précieux, que l'on ne veut pas briser dans un geste brusque. Tout mon corps me retient, je fais violence avec mon impulsivité, bien que mes mains s'abstiennent de lui sauter au cou. Je ne veux pas lui faire du mal et pourtant à ce moment-là, j'ai envie de tout casser.

Je pourrais le regretter.

Je la dévisage tandis qu'elle reprend son souffle, déglutissant péniblement tout en me balayant du regard.

Je sais que ça va être dur, mais t'en as besoin San. C'est pour ton bien que je fais ça, déclare-t-elle à mon attention.

Ça m'a l'air sincère, mais tout mon corps s'embrase, réclamant cette chaleur et cet effet de bien-être que je ne peux plus me passer.

C'est trop difficile.

Je ne vais pas y arriver !, braillé-je dans un état second.

Je la plaque de nouveau contre cette foutue armoire et je crois qu'elle aperçoit la noirceur si profonde de mon âme dans mes yeux. La terreur. Je la supplie du regard, pince mes lèvres entre elles, mon visage proche du sien.

Tu peux y arriver. Je serais là, pour t'aider, je t'assure. Calme-toi maintenant, s'il te plaît, grimace-t-elle tremblante.

Je l'effraie.

Je ne contrôle plus mes émotions, elles s'entrechoquent et maintenant, je suis triste, une peine si profonde emplit mon cœur.
Ma tête se pose comme automatisme sur son épaule, lâchant toute la pression, je soupire près de son cou. Là où une chaleur m'expie de tous mes soubresauts. Ses cheveux me cachant les yeux.

Je sens son corps s'immobiliser quelques instants puis une main vient agripper mes cheveux, les caressant avec douceur, afin de me calmer.

Par miracle, je n'ai plus envie de lui faire du mal après ce qu'elle a osé faire.

Je ne comprends pas d'ailleurs. Je suis tellement lunatique quand je suis en manque.

Pourquoi veut-elle m'aider ?

Elle n'est pas censée me détester ?

Ça va aller, me souffle-t-elle.

Je suis tremblant, j'ai du mal à me dire que je ne vais rien pouvoir prendre pendant 24h encore. Cela me rend fou. Une fois de plus, mon humeur change.
Je me recule d'elle et ses yeux me scrute, cherchant à deviner mes prochains gestes.

Si je n'en prends pas maintenant, demain je ne suis pas sûr d'assurer ma mission Leïla.

C'est du chantage que tu me fais là ? Tu ne pourras pas. Je l'ai jeté !

Elle a quoi?

Mes oreilles bourdonnent, je crois avoir mal entendu. Tout mes sens sont en alerte. Il faut que je m'éloigne d'elle, avant que je lui fasse du mal. Si je la touche, mon frère ne me le pardonnera jamais. Et pourtant, j'ai cette irrésistible envie de la remettre à sa place. Comment ose-t-elle se mêler de ma vie comme ça ?!

T'es qu'une emmerdeuse, tu m'étonnes que ton père il veut ta peau, je l'aiderais bien même s'il faut ! Putain, craqué-je.

Son regard change, une lueur étonnée et de colère traverse ses pupilles. Je crois bien que ce que je lui ai dis ne lui a pas plu du tout. Et tant mieux. C'était le but. Elle est vexée et je l'ai touché en plein dans le mille.

Quand la seule chose qui me procurait une sensation de bien-être, ne peut plus être présente, je n'ai pas d'autre choix que d'extérioriser sur quelqu'un. C'est à ma façon que je lui fais comprendre, je vais lui faire regretter de m'en avoir privé. Et mes mots crus n'étaient que le début de ma haine grandissante.

Sors de ma chambre maintenant San.

Avec plaisir !

Pour autant, je ne bouge pas. Je ne sais pas ce que j'attends, une gifle peut-être ? Quelque chose qui me remettrait les idées claires, ou qui me redonnerait la raison. Mais rien de tout ça ne se passe. Je suis seul avec moi-même face aux ténèbres. Planté dans sa chambre, je l'observe, jamais je lui pardonnerais de m'avoir enlevé mon plaisir que je me procure. À cause d'elle, je vais passer une sale nuit.

En quittant sa chambre, la brune claque la porte laissant un bruit stoïque à travers les murs du couloir. Puis le silence.
Je n'entends que mon cœur battre à toute allure, cela bourdonne dans mes oreilles et c'en est agaçant.

Comment vais-je passer la nuit désormais ?
Elle risque bien d'être longue et éprouvante. La sueur et la psychose m'attend, et Leïla tu connaîtras les conséquences de tes actes.









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