𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟓






Leïla



Tout ceci commence à me peser, je ne pensais pas que ma vie prendrait un tournant de ce genre.

Je veux partir.

Mais c'est impossible pour le moment.

Heureusement que j'ai pu récupérer un téléphone grâce à Isas qui a dû mettre un coup de pression à Victor. J'ai alors pu donner des nouvelles à ma tante même si j'ai omis la situation dans laquelle je suis contrainte.

Je lui ai menti et c'est rare.

Malgré ça, je ne me suis pas enfuie.

Ça aurait été puéril de ma part et puis je me serais retrouvé à coup sûr embarquée par l'autre plus grand réseau de la Californie.

Aujourd'hui, je suppose que certains membres des Forsaken ont une mission, ils écoutent attentivement les ordres de leur patron dans le hall. Chacun porte une arme dans leur poche arrière et est habillé tout en noir. Sûrement pour passer incognito ?

Un visage sanguinaire accroché au visage, ils acquiescent à tout ce que peut dire le vieux.

Je ne peux m'empêcher de reluquer leur chevalière à leur doigt, elle est si imposante que si un des leurs donne un coup-de-poing, la personne en face aura la marque de la bague collée au visage.

C'est clairement une arme.

Je pouffe à cause de mes propres pensées et j'aperçois que San s'est retourné vers ma présence.

Je reprends un air sérieux alors que j'ai clairement envie d'éclater de rire en voyant son air tendu, bien que son regard meurtrier me retient de flancher.

En passant par la frontière du Mexique, vous irez à Tijuana et vous déposerez la marchandise comme prévu à l'adresse donnée. Vous avez 48h pour l'allée et le retour à partir de maintenant, ça devrait aller si vous ne rencontrez pas de soucis.

Je croise les bras en les observant, que vais-je faire ici moi ? Je vais rester avec le vieux et on va se regarder dans le blanc des yeux ?

Je ne veux pas vraiment lui parler en plus, pour lui je ne suis qu'une vengeance personnelle et il ne m'enlèvera pas cette idée de la tête.

Même si je suis consciente que certains vont rester pour garder en sécurité la demeure, je sais que San va faire partie de cette mission.
Étant observatrice, j'ai remarqué que c'est quasiment le bras droit du boss.
Ça doit être son second. Il a l'air de lui faire une confiance aveugle.

Est ce qu'il est au courant qu'il est accro à la drogue qu'il s'engendre ?

Et qu'il compte perdre la boule s'il n'arrête pas ?

Et elle ? San me pointer du doigt. On la laisse ici ? Je pense pas que ce soit une bonne idée.

Mais qu'est-ce qu'il raconte ? Il n'est pas en train d'essayer de me convier à leur mission quand même !

Avant que je ne riposte, Victor me devance tout sourire.

Oh mais oui, que suis-je bête ! Étant donné que nous sommes en infériorité ici, il est préférable, Leïla, que tu les accompagnes. Je vais bien te trouver une mission histoire que tu ne sers pas à rien.

C'est n'importe quoi !, m'emporté-je.
Ne m'envoyez pas en mission avec lui par pitié, je préfère rester ici, merci.

Mais quel connard, ce mec est une vraie ordure, tu m'étonnes que mon soit disant père le haïe s'il le traitait de la même manière.

Il ne mérite rien du tout et j'ai envie de le gifler.

Écouter ses ordres me donne la nausée, être le patron d'un réseau ça l'a fait perdre des neurones. Dans sa tête, il doit n'y avoir que de la stupidité et une soif de vengeance.

Ce n'était pas une question, Leïla, tu vas les suivre. Prépare des affaires.

Quelles affaires ? Je n'ai pas grand-chose ici de toute manière. Et puis allez vous faire foutre à me parler comme votre toutou.
Je ne suis pas une des vôtre.

Je remarque San avancer vers moi, devançant la silhouette de son boss, les yeux plissés.

Tu ne sais pas de quoi tu parles idiote, ici ce ne sont pas les arts martiaux, on est pas à ton putain de donjon. Donc un conseil, écoute ce qu'on te dit.

Je n'ai aucun ordre à recevoir de toi, dis-je en fronçant les sourcils de nouveau irrité devant sa personne.

Je me renfrogne toujours les bras croisés, je ne veux pas vivre cet enfer. Mais tous me regardent, attendant que j'agisse et que je file en haut chercher des affaires.
C'est malheureusement, ce que je fis.
À contrecœur.

Si Isas sait comment son frère insupportable me traite, je pense que ça ajouterait encore plus de l'huile sur le feu entre eux. Ce n'est pas ce que je veux, mais je le déteste et c'est difficile de rester ici avec des gens que tu ne connais pas et qui te traitent comme un vulgaire objet.

En plus, ce sont tous des hommes. Il n'y a pas de filles et je me demande pourquoi d'ailleurs.
Je suis inquiète, je devrais me sentir en sécurité avec eux mais ce n'est pas encore tellement le cas.

J'ai à peine fermé l'œil de la nuit surtout après ce qui c'était passé dans la cuisine.

Je chasse mes pensées négatives et redescends en bas rejoindre le groupe de trois qui est prêt à partir.

Deux sont accoudés à la voiture, c'est une Maserati Levante noire.

J'avoue que maintenant, je veux bien faire un road trip. Bien que les raisons de ce dernier ne soient pas si ludiques.

Mon sac dans le coffre, je lance un furtif coup d'œil au frère d'Isas, il cause avec le blondinet, Jux si je ne me trompe pas. Il lui tape une accolade puis revient vers la voiture, nous rejoignant moi, Jesse et Max.
J'ai à peine le temps d'ouvrir une portière que les deux se mettent à l'arrière, je dois me retrouver sur le siège passager à côté de l'autre con.

J'ai déjà envie de me jeter sur l'autoroute quand on y accédera.

J'entre dans la voiture et je remarque la beauté de l'engin, l'intérieur est rouge pourpre et noir. Jamais je ne pourrais m'offrir ce genre de voiture.

J'attache ma ceinture et souffle un coup, je crois que je ne suis pas prête à ce qu'il m'attend.

~~~

Cela fait déjà 4 heures qu'on roule, nous sommes bientôt arrivés à la frontière.
Le chauffage commence à m'étouffer, je n'en peux plus de rester dans cette voiture à ne rien dire.

Je sens mon téléphone qui n'arrête pas de sonner, je sais qui est le destinataire.
Je n'ai pas envie de lui répondre, pour lui expliquer quoi ? Que je suis en pleine mission avec ces fous ? Ça ne me ressemble pas. Mais je n'ai pas d'autres choix.

Quelques minutes plus tard, la sonnerie de San s'enclenche à son tour, mais lui, décroche sans hésitation.

Oui, elle est en sécurité avec moi, annonce-t-il directement au téléphone d'un ton las.

Je n'entends pas ce que mon coach dit, mais vu les mimiques de son frère, cela semble l'agacer de plus en plus. Il est en train de dire qu'il me protégerait en cas de gestion de crise ?

J'y crois à moitié. Vu comment on se déteste.

T'en fais pas, ouais, à toi aussi...

Puis il raccroche, je mords ma lèvre inférieure, hésitante. Je finis alors par lui envoyer un message rassurant, bien que moi-même je ne le suis pas du tout.

C'est avec lui à cette heure-ci que je devrais être, à me battre et à m'entraîner pour ce fichu concours.

Mais le destin en a décidé autrement.

Alors, c'est quoi ma mission ? Parce que je dois bien en avoir une, déclaré-je sous l'attente.

Ouais tu vas devoir nous faire passer incognito à la frontière avec tes yeux de biche, dit Jesse en souriant en coin.

Je lui fais les gros yeux, je n'avais pas directement pensé à ça.
Évidemment, là-bas les gardes sont présents et peuvent tout à fait contrôler s'ils le veulent.

Le stress me monte tout à coup au ventre, formant une boule, et si je foirai tout ?

Ma gorge se serre.

Je déglutis une fois de plus et foudroie du regard le noireau. Il ne dit rien mais il n'en pense pas moins, c'est certain.

Je suis certaine qu'il est persuadé que je ne fais pas le poids et que je pourrais tous les mettre en danger.

Je vais lui prouver le contraire.

Après tout, je suis dans la gueule du loup non ?

D'accord, ça devrait le faire. Mais il faut que tu me laisses conduire pour que ce soit plus crédible, lancé-je à San en esquissant un sourire narquois.

Hors de question !, intervient Hulk.

Moi je trouve que c'est une bonne idée, t'en penses quoi San ?, évoque Jesse.

Je dévisage le concerné, il semble réfléchir, passant son index sur ses lèvres charnues.

Son regard est toujours concentré sur la route alors que nous attendons tous sa réponse avec impatience.

Aller dit oui ! Je ne vais pas l'abîmer ta voiture.

Elle n'a même pas son permis, annonce-t-il moqueur.

Bien sûr que si ! Je n'ai juste pas de quoi me payer une voiture, me défends-je en levant les yeux au ciel.

Cela m'agace qu'il parle de moi en utilisant le pronom « elle », comme s'il avait un complexe d'infériorité et qu'il était obligé de me rabaisser.

Connard.

Autant pour moi. C'est peut-être un oui.

Petit con.

Je prends mon téléphone et décide de l'ignorer jusqu'à nouvel ordre. J'essaye de m'occuper du mieux que je peux pendant ce calvaire, je surf sur le net et commence à mater une vidéo de combats.

J'analyse les gestes et les coups donnés, j'essaye de prendre note de ce que je peux retenir, dans ma tête. C'est très technique souvent, il ne faut pas se rater si l'on manque de jugeote.

Je suis tellement à fond sur mon écran que je n'avais pas vu le frère de mon coach lancer quelques coups d'œil vers ce dernier.

De quoi je me mêle ?

Le match fini, je range mon portable dans la poche de ma veste en cuir en échappant un soupir.

Je m'ennuie.

Contre toute attente, Jesse décide de me poser quelques questions sur ma vie personnelle et je lui réponds en toute franchise. C'est étonnant d'ailleurs que lui ne la connaisse pas bien qu'ils ont dû en savoir des choses pour passer à l'action de me retrouver.

C'est-à-dire m'enlever.

Maintenant, il sait que je suis une fauchée en manque d'argent et qu'il ne me reste plus que ma tante.

Du moins ils savent, puisque les deux autres ont bien évidemment écouté.

Le camé reste en retrait, je suis tout aussi curieuse de son passé à lui. Il ne doit pas être glorieux étant donné ce qu'il consume,
ça ne lui plaît pas que je le traite de toxico alors que c'est ce qu'il est. Il fait tout autant du mal à lui-même qu'à son frère.

Je l'ai vu, ça le touche bien plus qu'il ne le laisse croire.

Nous sommes presque arrivés à la frontière, nous nous arrêtons dans un parking en plein milieu des arbres afin de se reposer.
Et aussi que je prenne la place du conducteur. Même si je remarque qu'ils ne sont pas sereins, j'hallucine, comme si je ne pouvais pas conduire mieux qu'eux.

Le moteur allumé, je nous reconduis vers l'autoroute, je suis stressé à l'idée de ce qu'il pourrait se passer.

Cependant j'accélère, pressé de terminer cette mission qui ne fait que commencer...









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