𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟒






Leïla



Retenue prisonnière de cet endroit, je ne pense pas être consciente de ce qui m'attend.

On me réserve un sort auquel je n'étais pas préparé et incapable d'imaginer.

Me retrouver dans un milieu de drogues et de meurtres à tout-va. Là où le crime est permis dans n'importe quelles circonstances.

Inutile de s'échapper quand tu sais que le destin reviendra au galop.

Je suis consciente que les Forsaken m'ont conduit ici contre mon gré pour avoir un coup d'avance sur leurs ennemis.

Le problème, c'est que je ne suis pas un objet à prendre ou à cacher quand on en ressent le besoin. Je n'ai pas demandé à être la fille d'un des plus grands directeurs de trafic de drogue.

Cependant, je suis confrontée à ce dilemme, jouer le jeu ou m'enfuir dès ce soir.
Même si ce serait compliqué vu les membres devant la porte qui assurent la sécurité la nuit en faisant des rondes toutes les heures.

Je le sais puisque je suis restée deux nuits et j'ai été curieuse à l'idée de fuir contre toute attente.

C'est vrai, je pourrais m'évader de cette baraque beaucoup trop immense et faire de l'auto-stop.

Depuis que Monsieur Hulk a cassé mon téléphone je n'ai plus le contact avec ma tante et cela m'embête énormément.
Elle doit être inquiète à l'heure qu'il est.

Jamais je pourrais lui dire que je suis en plein plan délirant d'un réseau dangereux et que je pourrais éventuellement mourir...

Il n'empêche pas que j'aie envie de discuter avec elle alors je cherche partout le plus âgé afin de lui quémander un nouveau téléphone sauf que je tombe par malheur, sur le camé.

Je le dévisage de haut en bas tout en plissant les yeux.

Il est agité, limite tremblant et sa pâleur devient de plus en plus flagrante.

Mon air sérieux me trahit et je ne peux m'empêcher de lui demander s'il va bien. San me répond simplement par un oui et finit par me contourner afin de rejoindre sa chambre.

Mon regard se détourne de lui quand des pas s'accentuent vers ma personne.
Relevant correctement la tête, j'aperçois Isas et cette fois-ci, plus calme.

Nos deux corps face à face, je soutiens son regard, mais lui l'évite.

Je suis désolé, je n'aurais pas voulu que ça se passe comme ça. Tu mérites mieux.

Il se mord l'intérieur de la joue pour réprimer sa colère, je sens qu'il s'en veut et qu'il croit que tout est de sa faute.

Alors que c'est faux.

À l'heure actuelle, je suis plus sûr de ce à quoi ma vie devrait ressembler. Le plus important c'est que tu es ici, avec moi.

Il prend ma main dans la sienne suite à mes mots bien que je remarque son regard désolant.

Je ne vais pas rester, du moins pas toujours. Je dois travailler, il profère tout autant peiné.

Mon cœur rate un battement.

Comment j'ai pu omettre son travail, ce qu'il a construit et mit du temps à avoir.
Il ne peut pas tout lâcher pour moi et je le conçois totalement.

Même si j'aurais préféré qu'il reste tout le temps que je suis censé subsister ici, pour être honnête.

Pour couronner le tout, j'ai l'impression que ces derniers temps nous nous sommes éloignés.

Mais pourquoi ?

Depuis que son frère a débarqué, je me sens loin de lui, en plus de ça, il ne m'entraînera pas avant un moment, du moins ce ne sera pas dans notre fameux donjon.

Je me demande comment va se passer le concours, il approche à grands pas et j'en fais toujours partie.

Hors de question que je me désinscris, ce n'est même pas envisageable.

Tous ces entraînements intensifs, toute cette haine n'aurait servi à rien et je ne peux pas le permettre.

Ma motivation, je l'ai toujours et je compte bien gagner la récompense.

Pour autant, j'acquiesce tout en me faufilant dans ses bras rassurant, je pose ma tête sur son torse et nous restons là, dans le couloir pendant de bonnes minutes puis je recule levant ma tête vers la sienne.

Il me faut un téléphone pour que je reste en contact avec toi, et aussi pour que j'appelle ma tante, lui évoqué-je.

Je vais régler ça, t'en auras un comme neuf et tu pourras même m'envoyer des photos olé olé dessus, blague-t-il.

Je pouffe un peu à mon tour tout en lui frappant l'épaule, là je le retrouve bien.

~~~

Après avoir pris une douche dans cette salle de bain luxueuse, j'enfile mon pyjama qui n'est autre que mon tee-shirt noir oversize fétiche où Nirvana y est inscrit dessus.

L'ambiance est calme depuis ma chambre, je n'entends rien de ce qui se passe à l'extérieur, c'est très bien isolé.

À cette heure-ci, beaucoup d'entre eux ne doivent pas dormir alors je trouve ça louche.

Ouvrant la porte, je manque de crier d'effroi, San se tient devant tel un zombie, il s'accroche à la paroi en bois qui contourne les portes et me lance un regard suppliant.

Je ne peux pas t'aider San, grincé-je entre mes dents.

Que veut-il que je fasse ? Des perles de sueur s'écoulent sur son front et sans que je ne puisse réagir, il se renverse sur moi.
Je sens directement son poids s'affaisser.
Je ne suis pas en mesure de le soutenir.

Avec difficulté, je le guide vers mon lit ne sachant quoi faire d'autre.

Je relève la tête vers la sienne et mon cœur rate un battement, un trou dû à un tir d'une balle est entre ses yeux, du sang coulent de ce dernier.

Son regard est vitreux et je ne vois que la mort autour de lui. Toute la chambre où je me trouve se rapetisse de plus en plus.

L'oxygène devient précieux, car j'étouffe, pas à cause du manque d'espace, mais celle des mains de San empoignées à mon cou.

Je suis littéralement en train de suffoquer.

Une veine ressort sur son front, je perçois de la haine mélangée avec un profond désespoir dans son regard, ses lèvres tremblent et il continue de serrer ses mains sur moi.

Qu'est-ce qu'il lui prend ? Il va me tuer...

Je sursaute dans mon lit, trempée de sueur froide, je retrouve peu à peu mon souffle.

Ce n'était qu'un cauchemar.

Un fichu cauchemar.

Il n'avait aucun sens, mais cela a eu le temps de m'angoisser.
L'idée de rester ici me met dans tous mes états. Je vais devenir folle si je ne contrôle pas mon stress.

Je décide de me lever et de descendre en bas pour boire. Je prends un verre dans un placard dans la cuisine tout en essayant de faire le moindre bruit, même si je suis certaine que c'est bien isolé, je le fais au cas où.

Je le remplis d'eau et le bois d'une traite. Par la suite, la faim me gagne, alors j'ouvre le frigo, cherchant désespérément un truc auquel je me rassasierais.

Des fraises me font de l'œil alors je les saisis, je referme le réfrigérateur et tout à coup, je tressaille en voyant une ombre.

Mon pouls s'accélère subitement.

On partage ?, prononce une voix grave.

S'approchant petit à petit, je me rends compte que c'est San.

Mon cauchemar de tout à l'heure me revient à l'esprit et je déglutis péniblement.

Sans que je ne le veuille, mes jambes se mettent à trembler et la boîte de fraises que je maintiens est à deux doigts de s'écraser sur le sol.

Est-ce que ça va ?, il fronce les sourcils et me prends la boîte des mains.

J'opine de la tête et essaye de reprendre un air serein. Hors de question d'avoir peur de lui, je ne vois pas pourquoi je le serais d'ailleurs.

Ça n'a aucun putain de sens de l'avoir.

Alors pourquoi tout mon être redoute sa présence en face de moi. Son aura me laisse perplexe, elle émane de la tension et en même temps une noirceur que je ne pourrais expliquer.

Il ne porte pas de t-shirt, évidemment, il est obligé de se pavaner comme ça.

Je ne remarque qu'après, qu'il a volé de mes mains, les fraises.

Je comptais les manger en cachette dans ma chambre, grimacé-je légèrement.

Il prend une place sur un tabouret de la cuisine et je l'accompagne.

C'est moi d'habitude qui les mange en pleine nuit, je suis étonné que ce soit ton cas aussi.

J'avais juste faim, c'est tout. Rien à voir, ne voit pas ça comme un point commun, lâché-je dépité.

Calme-toi ma jolie, ce sont juste des fraises, pas un date.

Je mange ma fraise tout en le fusillant du regard.

Qu'est-ce qu'il peut en dire des conneries.

N'empêche que si un jour on m'avait dit que je partagerais en pleine nuit des fraises avec le mec que je déteste le plus, je n'y aurais pas cru.

Après tout, il n'y a rien alors je continue d'engloutir le paquet.

Je sens San me dévisager du coin de l'œil alors je fais de même en arquant un sourcil, c'est quoi son problème ? Il a jamais vu une femme se régaler de son fruit préféré ou quoi ?

Quoi ? Monsieur le Camé, veux-tu une photo peut-être ?

Comment tu m'as appelé ?, il se lève soudain me fixant d'un air agité.

Je penche la tête et continue de mâcher, il croit pouvoir m'intimider alors je le laisse faire.

T'as très bien entendu, tu veux que je répète ?, chuchoté-je près de son visage.

Je ne sais pas comment ce dernier a pu se rapprocher autant du mien en quelques secondes, mais je peine à rester de marbre.

Sa main gauche vient agripper le comptoir derrière moi et son autre main s'avance vers ma tête.

Il attrape une mèche de mes cheveux lisses et la tourne dans son doigt avec un sourire malicieux. Ce geste me rend perplexe et ma respiration se coupe.

À ta place je ferais pas trop la maline.
Tu es en plein centre d'un merdier, dans la gueule du loup, alors un conseil, fermes ta jolie petite bouche sinon je le ferais de moi-même.

Mon rythme cardiaque s'accentue et je cherche dans ses yeux l'once d'une plaisanterie, mais il n'a pas l'air de rigoler car ses derniers flottent sur mes lèvres.

Puis ils reviennent s'ancrer dans les miens, signe qu'il contrôle parfaitement la situation.

À quoi joue ce pervers ?

Je m'apprête à lui flanquer une gifle monumentale, mais il rattrape mon poignet en plein vol.

Je reste stupéfaite.

Il l'abaisse tout en le serrant me faisant geindre de douleur.

Tu me fais mal.

Connard.

Ne t'avises plus jamais de lever la main sur moi tu m'as bien compris ?

Il lâche mon poignet et de son air meurtrier, il se recule de ma personne.

Je respire enfin, il prenait toute mon oxygène.

Outrée de son culot, je l'observe remontée à bloc.

Sinon quoi ? Tu vas m'envoyer chez les Nameless ? Isas te laissera pas faire, craché-je irritée tout en le poussant.

T'es sa petite protégée ça je l'ai bien enregistré, mais fais toi petite. Ici, t'es pas la bienvenue, vocifère-t-il.

Je t'emmerde, j'ai jamais demandé à être ici. alors vas te faire voir avant que je te remette une raclée sur le tapis.

Je lui lance tout en le foudroyant du regard,
je le contourne par la suite avançant vers ma chambre.

Cette conversation était plus qu'électrique.

Je le déteste d'autant plus qu'avant, il a gagné, je ne peux plus me le voir en peinture.









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