𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟐






Leïla



Assise sur un fauteuil en velours de couleur rouge, coûtant une fortune si je n'abuse, je scrute le grand Victor de mes yeux.
Il paraît froid et sévère, je n'ose pas imaginer sa réaction si tout ne se déroulerait pas dans son sens.

Je me demande bien ce qu'il me réserve, je le lorgne du coin de l'œil quand ce dernier se sert un verre de whisky.

Veux-tu un verre ? Il me propose tout en souriant, m'en tendant un.

Je refuse catégoriquement, à tout moment, il pourrait mettre quelque chose dedans.

Je me méfie d'eux, je ne les connais pas et j'ai en aucun cas confiance en ces types qui reflètent le péril.

Qu'est-ce que Max entend à propos que je sois la clé à protéger ?, le questionné-je de but en blanc.

Il a dit ça ?

Il s'avère surpris quand je surprends ses sourcils se redresser, mais ses mimiques redeviennent neutre et il vient s'installer en face de moi, buvant une gorgée de son bourbon.

Tu es importante oui, dans un sens, reprit-il. Mais il vaut mieux pour toi que ce soit nous qui t'ayons plutôt que les Nameless.

Les quoi ?, le coupé-je en me redressant.

Ce sont nos ennemies, de longues dates, mais nous n'avons jamais fait la paix et ça n'arrivera jamais.

En quoi cela me concerne ? Pourquoi il n'entre pas dans le vif du sujet, ça m'agace.
Il tourne autour du pot.

Je m'apprête à rétorquer, mais un vacarme près de l'entrée me coupe et je me lève dans l'immédiat.

Nous entendons des jurements et des plaintes, j'observe Victor qui lui se presse d'aller vérifier ce qu'il se passe. Je lui emboîte le pas et découvre plusieurs hommes vêtus tout en noir entrer dans la demeure, la plupart sont blessés et se tiennent recroquevillés.

Certains commencent à s'occuper des leurs en les faisant s'asseoir et prenant de quoi les panser.

Je contemple la scène avec effroi, j'aperçois du sang sur un homme blond, mais je crois bien que ce n'est pas le sien. Il n'a pas l'air touché. Que sont-ils partis faire ?

Arrête d'être dans le déni, ils ont tué, c'est certain.

Allez guérir les blessés et prenez soin d'eux, enjoint M.Williams. Pas de sang sur le canapé que je viens d'acheter !

Le temps que j'assimile ce que je suis en train de visionner, un autre des leurs pousses la porte avec difficulté vu qu'il supporte avec ses bras un autre homme.

Un brun qui m'a l'air très amoché, il l'emmène vers le salon et le couche sur le sofa.

Je ne peux m'empêcher de regarder le visage du blessé, après réflexion, je plaque ma main sur ma bouche.

Mais c'est Isas !

Je m'empresse de venir à ses côtés, confuse et impuissante face à la situation.

Il ouvre ses yeux mi-clos, mais les referme aussitôt et je ne manque pas de lui prendre la main, inquiète.

~~~

Isas a dormi vingt-quatre heures, je ne pense pas qu'il a réalisé que je suis ici.

Il ne s'est toujours pas réveillé, et j'attends sagement.

Ses blessures ont été soignées, mais son corps va mettre du temps à se rétablir, ils ne sont pas allés de main morte avec lui.
Il n'a pas mérité tout ça, ça me met la haine.

J'ai besoin de me défouler sur un punching-ball comme je fais à mon habitude quand je ne sais pas gérer mes émotions négatives.

Mais là, je ne peux rien faire à part m'acharner sur mon sort.

J'ai dû dormir dans une chambre qui m'a été attribuée, le lit était un King size et le matelas ressemblait à du coton.

J'avais extrêmement bien dormi, mais ça jamais je ne leur ferais part.

Quand je reviens dans la pièce à vivre, j'ai les poings serrés et j'essaye de calmer ma crise de nerf.

Il faut me comprendre, je suis ici pour une raison que j'ignore et personne n'ose m'avouer la vérité comme si c'était un sujet tabou.

L'ambiance est bizarre et complètement tordue.

Je zieute ces hommes, uns par uns, tous ont repris leur force et de ce que j'ai entendu, personne n'a été blessé par balle.

L'homme qui a ramené Isas me dévisage, je crois que son nom est Jesse et il n'a pas l'air surpris de me voir ici.

Ce connard de John a pris la fuite !

Je fais volte-face à la personne qui vient d'arriver de manière explosive.

Je vois devant moi celui que je hais, qui n'est autre que San, il a l'air remonté, mais il ne l'est pas tout autant que moi.

Il ne semble pas m'avoir remarqué encore, je m'avance à grand pas vers lui et en furie.

Mon coup-de-poing se plante tout droit dans son visage, il recule vivement en état de choc et du sang commence à couler de son nez.

J'entends derrière moi des réactions d'étonnement et quelques pouffer.

C'est de ta faute ce qui est arrivé à Isas !, je hausse le ton lui offrant un regard assassin.

San se pince l'arête du nez et découvre qu'il saigne abondamment. Il me toise avec sévérité, mais ça m'importe peu. Mon poing lui a peut-être remis les idées en place.

C'est quoi ce bordel ? Tu fous quoi ici ?, émet-il en plissant ses yeux sombres.

Ces derniers croisent ceux de son mentor avec un air confus au visage, je comprends alors qu'il n'était pas au courant qu'ils avaient l'intention de me chercher et de m'enlever illégalement.

Pourquoi elle est ici Victor ?, il s'adresse à lui comme si je n'existais plus.

Je vais tout t'expliquer, mais d'abord calme toi. Nous ne savions pas que Leïla connaissait Isas et dont toi d'ailleurs.

Alors renseignez-vous un peu mieux avant de kidnapper la personne, je vocifère sous les nerfs.

J'ai l'impression que je suis dans un mauvais rêve, ce n'est pas possible d'avoir une vie de misère comme celle-ci.

Vous avez fait quoi ?, s'égosille-t-il.
Il faut qu'elle rentre chez elle, tout de suite.

Non San, si elle retourne à Boston, les autres viendront la chercher comme ils ont essayé de faire avant nous. Mais Max a su faire preuve de perspicacité, il a attendu qu'elle revienne, explique M.Williams.

Je n'en crois pas mes oreilles, ils parlent tous comme si je n'étais pas là devant eux à les écouter.

Pourquoi ils en ont après elle ? Ça leur a pas suffi de pr-, il s'arrête à demi-mots et baisse la tête pour se contrôler.

Il relève la tête et desserre ses jointures entre elles puis me dévisage longtemps avant de déclarer.

Tu ne sais pas ce qui t'attend si tu restes ici.

Mes yeux le fixent, abasourdis par ce qu'il vient de me dire, comme si j'avais choisi d'être parmi eux.

Alors laissez moi partir, j'ignore pourquoi des hommes sont à mes trousses, mais je sais me défendre.

Je scrute la réaction de leur leader et il secoue sa tête.

Ma colère s'amplifie soudain, je n'ai pas le dernier mot sur ma propre vie.
Est ce normal ?

Je vais sortir de mes gonds.

Victor reprend la parole.

Tu ne peux rien faire contre des hommes armés réfléchis deux minutes.

Et s'ils ne veulent pas me tuer, mais plutôt discuter ?, je profère essayant de jeter ma dernière carte.

Comment tu peux en être sûr ?, ajoute San.

J'ignore sa question et observe toujours Victor.

Pourquoi ils en ont après moi ?, tenté-je une énième fois.

Tu es précieuse pour John, alors je ne compte pas lui laisser la chance d'obtenir ce qu'il souhaite.

Je ne connais même pas ce John donc pourquoi je serais précieuse à ses yeux ?

Des tonnes de questions s'alimentent dans mon esprit, il est vraiment en train de me dire que je suis une chose à cacher et ne pas donner ?

C'est donc ça la « clé à protéger » ?

C'est plutôt du sarcasme.

Je ne sais plus si je fais partie des gentils ou des méchants à partir de ce moment, ou peut-être que les deux sont le mal incarné et que je ferais mieux de m'enfuir au plus vite.

En quoi je suis précieuse pour lui ?

Un silence de mort s'ensuit, je croise les bras attendant une réponse qui vaille le coup. Même si je ne suis pas convaincue de la manière de faire malgré la raison qui les pousse à me garder ici...













🥊 🖤 🥊

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top