𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏









À tous ceux qui luttent pour survivre à leur passé tumultueux...
















Leïla






La violence ne résout rien, c'est vrai, sauf que c'est bien plus que ça.
La tension entre deux adversaires sur le tapis où l'on se démène n'est que fort, palpitant et excitant. Qui de nous deux gagnera, un combat d'ego et de supériorité s'installe alors.

Mon corps me le réclame, ce sport intensif et jouissif quand ton adversaire tombe plus bas que terre face à toi.
Je n'éprouve aucune pitié quand je me bats. C'est la règle numéro une.
Savoir des techniques spéciales est un privilège, grâce à mon entraîneur qui ne se prive pas pour me donner certains secrets.
S'il n'avait pas été à mes côtés dès le début, j'aurais baissé les bras bien plus d'une fois.

Évidemment, je ne me bats pas contre des garçons.

Quand je me retrouve face à l'une de mes adversaires, tout s'assombrit autour et je refais face aux souvenirs, au mal qu'on a pu me faire auparavant, et même à toutes cette merde qu'est la vie. Cela m'évoque une haine.

C'est comme un échauffement.
Une rage non entassée, toujours enfouie en moi, dont le besoin est de l'exprimer.
Je me mets ensuite à dévisager mon adversaire tout en lui dessinant son autoportrait au don de mon imagination débordante.
Mais pas n'importe quel visage, celui de mon agresseuse favorite. Une fille qui m'a harcelé à l'époque du lycée, ça me motive.

Alors soudain, tout devint plus fluide et ma colère s'exprime dans mes poings.
Mes phalanges serrées, mon pouce sortit, mon poing cognant dans sa mâchoire.
Sans plus attendre, je m'empresse de lui donner un autre coup dans son abdomen comme m'a enseigné mon coach.

À ce combat, j'apprends qu'on n'avait pas beaucoup misé sur moi, alors je n'ai gagné que très peu d'argent bien qu'elle eût un œil au beurre noir et une ouverture à la lèvre inférieure.

~~~

Leïla, m'interpelle mon mentor Isas, lâche-moi ce punching-ball.

Je tourne la tête m'arrêtant dans mon élan, déterminée à l'abattre pourtant, je reprends mon souffle tout en le regardant.
Mon regard défile sans que je ne le contrôle sur ses abdos tracés et sa ligne si bien dessinée, il ne pourrait pas mettre un tee-shirt quand il s'approche de moi ? Non, ce serait moins plaisant sinon.

Il aime bien s'exposer en public. Si je ne me faisais pas de films, je suis certaine que ce serait fait exprès.

Mais je dois rêver.

Viens avec moi au bar ce soir, c'est moi qui invite.

Je retire immédiatement mes bandeaux enlacés à mes poignets tout en me questionnant sur ce que ça voulait dire. 
Joyeuse et partante, j'accepte.
J'allais enfin pouvoir prendre l'air après cet entraînement intense qui a duré une semaine entière.

Je me dirige donc vers les vestiaires avec la plus grande énergie qui me reste encore.
Trempée de sueur, je prépare mes affaires en les sortant de mon casier attribué.
Une invitation au bar, c'était rare, mais là ça annonçait quelque chose de bien, du moins je l'espère.

Tournant le robinet vers le côté chaud, je soupire d'aise et penche la tête en arrière, me remémorant ma séance d'aujourd'hui avec Isas. Je ferme les yeux pour mieux apprécier cette chaleur quand je sens doucement une présence venir près de moi, se collant même derrière moi.
Reniflant mes cheveux, un souffle persécute mon cou. Un bras m'entoure la taille, me serre contre cette présence, je pense le sentir.

Isas ...

Je rouvre subitement les yeux, prends ma serviette et me sèche dans l'incompréhension sur ce qui vient d'arriver. J'essaye de reprendre des idées claires. Il faut que j'arrête de me prendre pour une adolescente amoureuse de son entraîneur, c'est pathétique.

Je me mets à imaginer des scènes de sexe avec lui, mais j'ai perdu les pédales, je dois cesser ce fantasme. Je ne me suis même pas rendu compte que je murmurais son nom comme une pauvre fille qui meurt d'envie de se le taper.

Une heure plus tard, j'arrive enfin au bar et j'ai les cheveux mouillés et qui gouttent encore, j'affiche une tête minable.

Mon entraîneur m'observe de haut en bas avec un air neutre et las.

Comme à son habitude.

Mais il doit être fatigué de sa longue journée.

Je m'assieds donc sur le tabouret près du comptoir et demande au serveur ma boisson qui n'est autre que vodka pomme.

À cet instant, je me demande bien pour quoi tout à coup, il se met à m'inviter dans un bar.

Souvent, c'est chez lui. Jamais autre part.

Je trouve ça étrange et je n'arrête pas de me poser des questions, ça doit se voir.

Alors que je supplie intérieurement à mon cerveau d'arrêter de causer, Isas se décide à briser la glace.

J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer.

D'un coup, je plisse les yeux, curieuse.

Tu as été de nouveau prise dans le groupe pour ce deuxième semestre, sourit-il en coin.

Sous l'euphorie, je ris avec nervosité et plonge mon regard dans le sien pour me persuader que je ne rêve pas et que ce qu'il vient de me dire est bien réel.

Ce concours fonctionne aussi par qualification et nous sommes composés de deux groupes. Un de filles et un autre de garçons. Nous sommes majoritairement pas plus de dix au départ.

Si l'un n'a pas assez été misé et ne fait rien remporter à son groupe, il dégage illico.
Et le fameux jour que l'on attend tous, un garçon et une fille peuvent remporter une somme alléchante.

Et pratiquement tous les mardis soirs et jeudis soirs, on mise sur la personne que l'on souhaite, et la gagnante du combat remporte son gain. Et nous avons bien un public, fidèle même. C'en est presque hallucinant comment les gens puissent adorer voir des gens se battre. On se croirait dans Fight Club.

C'est trop bien ! Je vais pouvoir montrer encore de quoi je suis capable, je souris de toutes mes dents, galvanisée.

Émue, je bois mon verre pour ne pas laisser paraître que je me réjouie à l'idée de continuer à m'entraîner avec lui.

Être de nouveau prise dans le groupe n'est pas seulement une simple bonne nouvelle, j'adore ce centre, même si c'est illégal, ça m'importe peu.

Toutes les chances sont de mon côté et je ne compte pas abandonner aussi facilement.

Il va falloir que je m'améliore encore plus si je veux participer au troisième trimestre et enfin avoir ma récompense.

Tu penses à la récompense n'est-ce pas ? Requiert-il en arquant un sourcil.

Je sors de mes pensées, ce type sait lire dans les miennes, c'est fou.

Peu importe ce que je peux penser, il devine comme s'il lit en moi comme dans un livre ouvert.

Chez lui, c'est son défaut, me persécuter à jour depuis le début que je suis entrée dans cette base.

Il m'a directement mis sur un piédestal, faisant bougonner la première fille qui s'était réfugiée ici autrefois. Sûrement pour les mêmes soucis que moi.

Elle aussi avait eu le droit aux soins professionnels d'Isas.

Ce dernier a vu ce jour-là que j'avais besoin d'aide, que je ne pouvais plus faire machine arrière et que c'était ma seule solution de m'en sortir financièrement. Il a comprit que j'avais des capacités sous-estimées, mais lui seul avait pu les apercevoir. Contrairement aux autres du groupe qui n'ont fait que juger mon apparence.

En trouvant ce que j'étais venue chercher, je souhaitais devenir plus forte et pas que physiquement, mais aussi psychologiquement.

Un jour, je quitterai cet endroit pas avec le moindre regret.

Bien que je ne peux pas rester là-bas éternellement, même si y penser là tout de suite me fend le cœur.

Cette récompense payera mes dettes et arrangera ma situation minable, fis-je une grimace.

Je te ferais déménager, il ajouta plein d'ambitions.

Je fais un mouvement négatif de la tête, hors de question qu'il m'aide sur ça. Je n'accepterais pas de toute manière.

Mais depuis combien de temps, il est aussi proche de mon visage ? Je sens son souffle sur mon visage que cela me procure de légers frissons.

Un peu en panique, je déglutis et regarde mon verre pour ne pas croiser ses yeux pigmentés verts et gris. Je me perdrais si je les fixais trop longtemps.

Il boit dans son verre me regardant avec son air sérieux. Je prends moi aussi mon verre entre mes mains et le rapporte à mes lèvres chassant ses idées qui me viennent en tête.

En a-t-il marre de jouer au professeur et à l'élève avec moi ?
J'ignore encore ce qu'il me prépare et ça me laisse sur ma faim.

Mon regard se dirige contre lui, sur ses lèvres, où ces dernières se posent sur le contour de son verre et pour m'achever encore plus, sa pomme d'Adam monte et redescend de façon vigoureuse.

Il savoure son alcool préféré, le bourbon.

Je le dévisage et suis tous ses faits et gestes de mes prunelles marron.

Son regard me reluque un instant en descendant furtivement vers mon accoutrement.

Je rougis un peu.

Il faudrait peut-être qu'un jour, je lui dise, qu'il m'attire irrésistiblement.

Un peu chamboulée, je prends la parole.

Demain matin footing ?

Il hoche simplement la tête et inspecte les horizons du bar, à la recherche d'une nouvelle proie sûrement.
Il lève les yeux au ciel quand je lui fais remarquer qu'il n'est pas discret.

Isas avait été marié jeune, il fut un temps, mais sa femme fut morte alors il a vaincu son deuil comme il pouvait et maintenant, il est libre comme l'air. Du moins, il s'amuse.

Mais je ne mesure pas sa souffrance pour autant qu'il a dû endurer pendant ces dernières années.

Il ne m'a jamais parlé de comment elle était partie.

Ses voisins dans son ancienne petite ville parfaite l'avait gavé, ces derniers étaient devenus trop généreux depuis sa disparition, lui offrant pleines de petites attentions auxquelles il n'avait jamais eu le droit avant qu'elle ne soit morte.

Croiser ses voisins chaque matin en sortant de sa demeure, voyant leur regard plein de pitié, ça lui avait donné la nausée.

Apparemment, tout le monde dans ce quartier l'appréciait depuis.

Lui, n'avait pas aimé cette charité et était parti loin de sa vie ancienne, de sa maison dont ils avaient bâti ensemble, des souvenirs. Cette histoire, il m'en avait parlé une fois, une seule, et ça ne me dérange pas qu'il ai du mal à montrer ce qu'il ressent au fond de son cœur.

À m'avouer son passé, qui en plus est dit à son élève. C'est tout à fait compréhensible et je ne m'éternise pas là-dessus.

Isas enchaîne malgré tout ses conquêtes presque chaque week-end, je les vois défiler tous les lundis matin quand je le rejoins chez lui pour que l'on s'entraîne ou même pour lui rendre visite.

Ce n'est plus une surprise, mais à chaque fois, j'ai ce mini pincement au cœur que je remballe aussi vite.

Je souhaite tout de même lui faire oublier cette douleur incurable, mais en vain, il ne laisse rien paraître auprès de moi. Arrogant et têtu comme il est, ce n'est pas facile.

Entre nous, je suis certaine que quelque chose d'ambigu nous contrôle.
Mais il aime jouer, tout autant que moi, et ce n'est pas un séducteur pour rien.

J'ai eu une forte attirance pour lui quelques mois seulement après notre rencontre, et je sais que ce n'est qu'un poison dans notre relation.

Un fardeau qu'il faut tout de suite oublier et ne pas accentuer.

Non, surtout pas.

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NOTE DE L'AUTEUR

Hello ! J'espère que ce premier chapitre vous as plu. N'hésitez pas à laisser un avis ou lâcher une petite 🌟 ça me ferait super plaisir !!

Désolée d'avance des fautes d'orthographes aussi.

J'essayerais de poster toutes les semaines !


-L.J

🥊 🖤 🥊

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