Elle avait dormi sur le banc, très peu, n'osant pas fermer les yeux pour les rouvrir sur l'inconnu. Elle avait eu froid, mais elle était restée immobile, ayant peur de sortir du décor. Elle s'était levée du banc en même temps que les premiers rayons de soleil effleuraient le toit des bâtiments endormis.
Aucuns souvenirs n'était revenu. Pas même l'image de son apparence.
La voilà à nouveau errante, redécouvrant la civilisation. Ici tout était génial ; tout semblait si simple et à la fois si complexe.
Le monde semblait la dévisager. Elle n'en savait pas vraiment la raison, et n'y prêtait pas attention tant elle était absorbée dans la contemplation urbaine. 

Elle marchait lentement, tout autour d'elle semblait être au ralenti. Elle ne reconnaissait personne, rien.
Elle se stoppa devant la vitrine d'une boutique, scrutant les articles sur les mannequins.Des vêtements en cuir, ou de tissus résistants et noir envahissait les étalages.
Alors qu'elle observait avec attention la veste, son reflet se modélisa sur le verre. Elle était vêtue d'un teeshirt blanc, encore humide de la rosé du matin, d'un jean bleu, et de baskets. Ses hanches étaient soulignés par une ceinture en similicuir. Ses cheveux en batailles, mouillés également, tombaient sur ses frêles épaules. Son nez fin était parsemé de quelques taches de rousseurs, ses yeux d'un marron clair semblaient aussi profond qu'un gouffre, dépourvus d'émotion, de mémoire.
"Yavel" pensait-elle... elle était hébétée devant cette vitrine, déboussolée.
Pourquoi ne se souvenait-elle de rien. 
Peut-être que le jeune homme de la veille pourrait l'éclairer.
Elle partie donc à sa recherche, sans espoir, en vagabondant dans les rues illuminées par le radieux soleil.