XI. Sirius

Sirius essuya son front humide du à la chaleur de l'été. Il s'empara de son torchon et l'enroula autour de ses mains pour y enlever les traces d'huile sur ses mains. Encore quelques jours de travail et sa moto pourrait enfin fonctionner. Il avait vraiment hâte de rouler avec sa propre création, voire voler car il l'avait emménageait pour. Rien ne le rendrait plus heureux. Mais avant, elle avait besoin de finitions.

Torse nu, il but dans sa bouteille d'eau mais fut interrompu par l'arrivée d'Euphémia. Elle avait le visage grave et les lèvres pincées.

-Sirius, quelqu'un est venu pour toi.

-C'est Marlène ? demanda-t-il avec espoir.

-Non. C'est ta mère.

Il faillit s'étouffer avec son eau. Son cœur semblait s'être arrêter durant quelques secondes.

-C'est une blague non ?

Euphémia secoua la tête et entortilla ses doigts nerveusement. Sirius poussa un juron et laissa tomber le torchon au sol. Son état était lamentable : ses cheveux mi-courts étaient plaqués en arrière par la sueur, son torse était nu et son pantalon sale, mais en avait-il quelque chose à faire ? Non. Il n'avait pas peur de son jugement. Plus maintenant.

Il ne savait pas ce qu'elle venait faire ici, mais la colère affluait déjà dans ses veines. Si c'était pour le sermonner, alors il lui montrerait bien vite la porte.

En entrant dans la demeure, il aperçut une silhouette droite assise sur le sofa. Walburga Black se leva immédiatement. Une robe noire droite lui donnait une allure encore plus sévère que dans son souvenir. Elle portait son sac à main dans une main, et dans l'autre un papier qui semblait froissé entre ses doigts crispés. Son regard noir le détailla attentivement. Il n'y avait aucune trace de dégoût dans son expression, plutôt... de la déception.

-Que faites-vous ici ? demanda-t-il sèchement.

Elle ne répondit pas et vit alors la chevalière à son doigt. Son air glacial disparut aussitôt pour prendre place à la surprise. Sirius serra son poing par instinct.

-Que faites-vous ici, répéta-t-il d'un ton impatient.

-Vous donnez ce qui vous revient, répondit-elle d'une voix froide. Votre oncle Alphard est mort.

Elle lui annonçait cela sur un air tellement indifférent qu'il eut envie de la frapper. Son oncle était la personne la plus censée qu'il ait connu dans sa famille. Il l'avait aidé lors de sa fuite, ce qui lui avait valu d'être renié comme lui. Il s'était promis de lui rendre visite très bientôt, le remercier de tout ce qu'il avait fait, mais visiblement sa maladie l'avait achevé plus vite qu'il ne l'avait prévu. Une tristesse profonde lui serra le cœur, mais son expression resta stoïque. Sa mère ne devait pas le voir affecté.

-Il vous a légué ses coffres, reprit-elle, sa fortune et ses terres.

En un mot, tout. Même après sa mort il continuait de sacrifier ses biens pour lui.

-Rien pour Régulus ?

-Non. Ni pour vos cousines. Vous devez vous estimez heureux d'être le favoris d'un traître.

-Mais un traître qui possédait des richesses, rétorqua-t-il avec un petit sourire mesquin.

Elle tiqua mais ne répliqua rien. À la place, elle lui donna le testament qui témoignait de l'héritage.

-Quand se fera l'enterrement ?

-Il a déjà été fait. Il y a plusieurs semaines.

-Pardon ?

Plusieurs semaines ? Depuis combien de temps son oncle était-il mort ? Pourquoi personne ne l'avait mis au courant ? Sa colère menaça de surgir à tout moment.

-Pourquoi ? tonna-t-il en se faisant imposant.

Mais sa mère ne se laissa pas impressionner.

-Il y a un prix à payer lorsqu'on renie sa famille. Nous ne pouvions pas le faire pendant les vacances car Narcissa, Bellatrix et Régulus devaient aller en France.

-Raison de plus pour m'avoir prévenu. Le professeur McGonnagall m'aurait laissé y aller.

-Andromeda non plus n'a pas été prévenue. Vous êtes des traîtres à votre sang. Malgré ses choix, Alphard faisait encore partie de la famille.

-Vous n'aviez aucun droit de me tenir dans l'ignorance ! hurla-t-il en frappant de son poing la table.

Walburga sursauta, mais encore une fois, son visage ne refléta aucune crainte. Si elle savait qu'il n'hésiterait pas à lui arracher les yeux et la tuer sans s'en repentir.

-Ceci (il secoua le testament devant elle) témoignait du souhait de mon oncle pour lui rendre un dernier hommage. C'était la dernière chose que je lui devais pour tout ce qu'il a fait pour moi. Vous m'avez empêchez de me rendre à l'enterrement de mon propre oncle et j'apprends des semaines plus tard qu'il me lègue la totalité de ses richesses ! Quel genre d'honneur avez-vous, Mère, pour m'empêcher de dire au revoir à quelqu'un qui m'est cher ?

-Beaucoup de sang-pur étaient présents, je doute qu'ils aient appréciés que vous veniez.

-Je me fous totalement de ce qu'ils apprécient ou non ! hurla-t-il de nouveau. C'était mon oncle, merde !

-Sirius.

James était descendu les escaliers et observait le spectacle avec une certaine inquiétude dans les yeux. Il lui intima de se calmer, mais Sirius n'en avait aucune envie. Il la haïssait. De tout son être. Elle méritait de mourir, d'être enterrée six pieds sous terre.

-Vous avez assez humilié les Black pour vous permettre de créer d'autres scandales.

Ce fut de trop. Sirius voulut se jeter sur cette femme, lui strier la peau, lui arracher la langue pour l'empêcher de cracher son venin, entourer son cou de ses mains et serrer fort fort fort, voir son visage passer du rouge au bleu au noir, la voir mourir, mourir ! Mais en chemin, l'emprise de James l'empêcha de la toucher, ce qui ne fit qu'augmenter sa rage. Walburga recula de quelques pas, cette fois-ci avec crainte.

-Sale vipère ! lui hurla-t-il, tentant à la fois de se libérer des bras puissants de James, vous ne méritez que la mort, une mort terrible !

-Père !

Des pas déboulèrent dans la maison et Fleamont Potter arriva en trombe dans le salon. Son fils ne tiendrait pas longtemps, Sirius avait plus de force que lui, surtout en colère.

-Vous n'êtes pas ma mère ! Vous êtes un monstre, un sale monstre qui a gâché ma vie et celle de mon frère ! Tout est de votre faute, tout ! Je vous tuerai si je vous revoie !

Quand il arriva à se dégager de l'emprise de son meilleur ami, Fleamont arriva à ses côtés et l'empêcha à son tour de se jeter sur sa génitrice. Les deux hommes purent à eux deux le maintenir loin d'elle, non sans difficulté.

-Je vous hais !

Et il répéta ces mots jusqu'à ce qu'elle ne sorte, en boucle, comme une incantation à réciter pour la maudire à jamais. Il poussa avec véhémence Fleamont et James, après quoi il envoya valser une chaise et sortit de la maison avec l'envie de briser tout ce qui pouvait tomber sous sa main. Et malheureusement, ce fut sa moto qu'il trouva en premier. Dans un cri de rage, il arracha les pièces qu'il avait assemblé ce matin, lui donna des coups de pieds et l'écrasa contre le tronc d'un arbre qui se trouvait près sans parvenir à se calmer. Il voyait noir partout où il posait son regard. Il imagina sa mère à la place du véhicule et prenait tellement de plaisir à la briser. Oui, la briser, lui faire mal, la tuer, planter le couteau, planter, planter, planter. Il ne s'aperçut pas qu'il saignait, il n'entendit pas non plus les exclamations de James qui tentait de le ramener à la raison. Les voix finirent par s'éteindre, certainement ses parents qui le convainquaient de ne pas se mettre sur son chemin dans son état. Sirius termina sa destruction en pleurs, à moitié en colère, à moitié fatigué de tout ce trop plein d'émotion et de rage accumulé. Il détestait son existence, il détestait ce monde, cruel comme il était. Pourquoi avait-il du naître Black, pourquoi toutes ses idées l'avaient éloignés des personnes qui lui étaient chers. Il en voulait à tout le monde, et en particulier à lui même.

La nuit tomba, et il se trouvait toujours au milieu de pièces de métal qui autrefois avaient constitués une moto. Ses bras étaient couverts de sang, pour avoir arraché à mains nues de la ferraille. Mais surtout, il se sentait dévasté de l'intérieur. Il se haïssait lui-même, il haïssait sa mère, sa famille, son oncle pour ne pas l'avoir prévenu de sa mort prochaine. Il était un vulgaire déchet à présent. On lui avait même enlevé le droit de dire au revoir à un mort.

-Sirius ? Tu devrais rentrer à présent. La nuit tombe.

Un sanglot répondit à Euphémia. Son cœur maternel se serra douloureusement. Elle s'assit à ses côté et lui caressa les cheveux tendrement. Ce geste rappela à Sirius que jamais il ne connaîtrait ce sentiment d'être aimé par sa propre mère. Ni par son père. Ni par personne.

-Je dois soigner tes blessures. Viens.

Mais au moment où il releva la tête, il vit les pièces de sa moto éparpillés partout sur le gazon et un nouveau sanglot déchira sa poitrine. Faible qu'il était. Euphémia l'attira contre elle et continua son geste régulier, tout en lui chuchotant des mots doux à l'oreille.

Des mots doux. Ces choses que Sirius découvrait pour la première fois. Mais qu'avait-on fait de lui. Il était un monstre. Il avait faillit faire du mal à Fleamont et James, il avait brisé sa propre création. Que se serait-il passé s'il avait brisé autre chose ? Ou quelqu'un ?

La culpabilité le détruisit autant que l'avait fait sa rage. Il était peut-être comme eux au final. Comme sa famille. Comme sa mère. Un monstre.

-Viens, lui dit Euphémia. Rentre à la maison.

Elle l'aida à se relever en lui prenant le bras mais aussitôt sur pied, il se dégagea et plongea son regard gris dans celui de la mère de famille. Euphémia frissonna. Il était brisé. Bien plus brisé qu'il ne laissait paraître. La couleur de ses yeux était terne, sans pétillant. Il recula de quelques pas puis s'en alla. Entre les arbres aux sombres ombres et aux murmures incessants du feuillage, il disparut. Comme ça. Sans un mot.

C'était peut-être ce qu'il cherchait à faire. Partir. Tout laisser derrière, absolument tout, ne plus revenir. Arrêter de revenir, justement.

-Sirius !

James arriva aux côtés de sa mère puis, se rendant compte qu'il était partie, se tourna vers elle, les larmes plein les yeux.

-Pourquoi tu l'as laissé partir ?

Elle continuait de fixer les bois d'un air désespéré, comme si elle se le demandait elle-même. James poussa un juron et alla pour courir dans la direction que son meilleur ami avait pris quand elle l'en empêcha.

-Laisse-le mon chéri, laisse-le respirer. Il a besoin d'être seul.

-Non, Sirius ! Il fait nuit, non !

-On rentre, laisse-le.

Le lendemain, alors que James ressortait de sa nuit blanche pour aller prendre un petit-déjeuner, même si l'envie d'aller vomir était plus forte, il trouva un chien noir couchée sur le palier de la maison, l'aspect sale mais bel et bien vivant. Après quelques temps à insister pour savoir où est-ce qu'il était allé, il apprit qu'il avait été sur la tombe de son oncle.

Et qu'il avait songé toute la nuit si, lors de la mort de son frère, on prendrait la peine de prévenir le membre le plus haïs de la famille Black.

Hey tout le monde,
Alors certes, j'ai l'impression que ce chapitre ne sert à rien, mais après réflexion, je me suis dit que ça permettrait de renforcer l'impression d'abandon de Sirius et d'exposer son caractère plutôt colérique (en même temps on peut le comprendre). À partir de maintenant, tout va devenir beaucoup plus sombre et triste, mais j'espère que vous continuerez d'aimer:). Prenez soin de vous
Kisses

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